L’émergence, une période critique

On qualifie d’émergence la phase de développement qui consiste, pour la libellule, à passer du milieu aquatique au milieu terrestre. Cette métamorphose qui transformera la larve en imago implique de multiples modifications physiologiques et morphologiques.

Le déroulement de l’émergence

1) la libellule est hors de l’eau, se positionne et s’apprête à la transformation qui l’attend ;

2) la peau du thorax et de la tête se craquelle, la libellule sort sa tête, son thorax et ses pattes, l’abdomen restant inséré dans l’exuvie ;

3) l’insecte est entièrement sorti mais n’a pas débuté l’extension de son corps et de ses ailes ;

4) les ailes et l’abdomen s’allongent sous la pression des fluides corporels. En fin de cette quatrième phase, l’insecte est capable d’entreprendre son premier vol.

La durée d’émergence varie selon l’espèce et les conditions météorologiques. Chez de nombreux odonates, elle prend entre une et deux heures.

Pour l’insecte, il s’agit notamment de passer d’une respiration aquatique à une respiration aérienne, de maîtriser le vol, d’adopter un comportement sexuel devant favoriser la reproduction de l’espèce.

Au plan morphologique, trois transformations radicales s’opèrent. La plus évidente est le développement des ailes, qui va permettre à l’insecte de se déplacer pour rechercher sa nourriture, des partenaires et éventuellement coloniser de nouveaux sites de reproduction. La face change aussi assez radicalement. Le bras mentonnier des larves disparaît laissant apparaître les puissantes mandibules. Enfin, des larves ternes et camouflées émergent des imagos qui, chez de nombreuses espèces, se teintent de vives couleurs après quelques heures ou quelques jours.

Ces transformations ne sont pas immédiates. Plusieurs jours avant l’émergence, les larves se rapprochent des berges et viennent souvent respirer en surface.

Ses risques

L’émergence est une période critique pour les odonates car durant plusieurs heures leur corps mou ne leur offre aucune protection. Leur survie est une affaire de chance. Que les conditions météorologiques se dégradent, qu’un prédateur repère la libellule et c’en sera fini du combat pour la vie. Chez certaines espèces d’odonates, des milliers d’individus vont se transformer en quelques jours. Leur présence constitue une véritable manne pour de nombreux prédateurs, qui modifient leurs modes de chasse pour focaliser leur attention sur les odonates.

Son déroulement

A leur sortie de l’eau, les larves de libellules gagnent un perchoir où elles pourront se transformer. Selon les espèces et les individus, ce parcours peut n’être que de quelques centimètres, mais certains insectes peuvent se métamorphoser exceptionnellement à plusieurs dizaines de mètres de l’eau.

La plupart des larves se perche sur des supports verticaux pour cette mutation. Certaines entreprennent toutefois leur transformation à l’horizontale (onychogomphes), voire occasionnellement la tête en bas (ischnures).

Le choix du support est essentiel. Il doit permettre à la libellule d’étendre son corps et ses ailes fragiles sans risquer de les abîmer par le contact d’une tige ou d’une branchette balancée par le vent.

Tant que l’émergence n’a pas commencé, les larves peuvent se laisser tomber en cas de danger. Une fois l’enveloppe chitineuse craquelée, le destin des libellules est soumis au hasard.

Record de distance d’émergence

Il est bien connu que certaines espèces d’odonates peuvent se métamorphoser à l’écart de l’eau. Plusieurs auteurs ont décrit des distances d’émergence parfois considérables. Ainsi, Pickess (1987) puis Jôdicke (1994) avancent une distance de 35 m pour l’Orthétrum réticulé Orthetrum cancellatum. Busse et Jôdicke (1996) font état d’émergence à 46 m de l’eau pour Sympétrum de Fonscolombe Sympetrum fonscolombii. Enfin, Coppa (1991) mesure des distances d’émergence pouvant atteindre plus de 50 m pour. La donnée apportée par Siva-Jothy (in Brook & Lewington, 2004 p. 62) concernant une distance d’émergence de 100 m pour Caloptéryx éclatant Calopteryx splendens nous a été confirmée par l’auteur (Siva-Jothy, in litt.). Elle semble constituer le record de distance enregistré en Europe.

La Charente-Maritime semble détenir les records de distance pour deux espèces : la Libellule fauve Libellula fulva avec 21 m et l’Orthétrum à stylets blancs Orthetrum albistylum 19 m (Jourde & Hussey, 2007).

De l’intérêt des exuvies dans l’étude des libellules

La collecte et la détermination des exuvies permettent de dresser l’inventaire des espèces se reproduisant dans l’habitat étudié. Il est parfois plus facile de trouver les exuvies que les imagos de certaines espèces discrètes, notamment de celles qui s’éloignent rapidement de l’eau.

Le dénombrement des exuvies permet aussi de comprendre les modalités d’émergence et de développement des libellules. En collectant quotidiennement toutes les exuvies d’une espèce dans un endroit donné, il est possible de déterminer sa phénologie d’émergence, de calculer la date à laquelle 50 % des émergences ont eu lieu (EM50) ou la période durant laquelle 90 % des émergences se sont produites (EM90).

Le décompte des exuvies peut aussi permettre de suivre l’évolution des populations dans le long terme et d’identifier les milieux optimaux de développement larvaire de chaque espèce.

 

Période d’émergence

On différencie généralement les espèces dites printanières, dont les émergences sont relativement synchrones, des espèces dites estivales, dont les émergences sont très étalées dans le temps. En fait, en fonction de leur environnement, une espèce peut être printanière ou estivale, voire les deux. Le Gomphe vulgaire Gomphus vulgatissimus fait partie des espèces printanières. L’Anax empereur Anax imperator peut être les deux. L’Aesche affine Aeshna affinis est une espèce de type estival.

Comme pour la date d’éclosion, la date d’émergence est aussi fonction des conditions environnementales. Pour une espèce donnée, elle varie d’un site à l’autre et d’une année sur l’autre.

 

Philippe Jourde

 

Bibliographie

Brooks S., Lewington R., 2004 – Field guide to the dragonflies and Damselflies of Great Britain and Ireland. 4ème édition. British Wildlife Publishing, Hook, 142 p.

Busse R., Jödicke R., 1996 – Langstrecken-marsch bei der Emergenz von Sympetrum fonscolombei (Sélys) in der marokkanischen Sahara (Anisoptera : Libellulidea). Libellula, 15 : 89-92.

Coppa G., 1991 – Notes sur l’émergence d’ (Charpentier) (Odonata : Cordudliidae). Martinia, 7 (1) : 7-16.

Jödicke R., 1994 – Marcha de larga distancia para la emergencia en Sympetrum fonscolombei (Sélys) y Orthetrum cancellatum (L.). Navasia, 3 : 5-6.

Jourde P., Hussey R., 2007 – Quelques cas d’émergences distantes de l’eau chez Ladona fulva (Müller, 1764) et Orthetrum albistylum (Selys, 1848) (Odonata, Anisoptera, Libellulidae). Martinia, 23 (2) : 67-69.

Pickess B.P., 1987 – How far will larvae of Orthetrum cancellatum (L.) travel for their emergence ? JBDS, 3 : 15-16.

Menaces et facteurs limitants d’origine naturelle

Climat

Le climat joue un rôle décisif dans la survie des libellules. Durant les vagues de froid, certains sites de développement larvaire peuvent geler. La survie des espèces les plus thermophiles est dès lors compromise.

Durant l’émergence, le vent, la pluie, la grêle peuvent totalement décimer la cohorte d’une journée. L’impact des gouttes suffit à faire tomber un insecte en cours de métamorphose. Le vent peut empêcher les libellules d’étaler correctement leurs ailes. Dans le meilleur des cas, les insectes voleront avec un handicap. Dans le pire, ils ne pourront pas décoller. Il arrive que le froid empêche les libellules de terminer leur émergence. Les insectes, à bout de force, restent alors prisonniers de l’exuvie où leur cuticule et leurs ailes se solidifient.

Durant la période de vol, des orages, de longues périodes de froid et de pluie peuvent réduire sensiblement les effectifs de libellules. A l’inverse, une sècheresse durable peut dessécher de nombreux sites de reproduction où réchauffer l’eau à un tel point que cette température dépasse le seuil admissible par les espèces eurosibériennes notamment, qui apprécient plutôt les eaux fraîches. L’assèchement désormais chronique de certains cours d’eau compromet localement la survie de plusieurs espèces.

L’ouragan de décembre 1999 a eu des conséquences notables sur la survie de plusieurs espèces rares comme le Leste à grands ptérostigmas Lestes macrostigma. En Charente-Maritime, la mer, en submergeant les sites de reproduction de l’espèce, l’a fait totalement disparaître de toutes ses localités continentales. L’espèce ne se trouve plus désormais que sur les îles de Ré et Oléron.

En fin de saison, les premières gelées sonnent le glas de nombreuses espèces.

Cette Leucorrhine à front blanc Leucorrhinia albifrons n’a pas pu s’extraire de sa dépouille larvaire et est morte en cours d’émergence.

Les parasites

Les libellules sont soumises à la pression des parasites à tous leurs stades de développement. De petits hyménoptères, essentiellement des Chalcidoïdés, pondent directement dans les œufs de libellules à ponte endophytique, que leurs larves dévorent. Ces espèces sont qualifiées de parasitoïdes car leur infestation se traduit invariablement par la mort de l’espèce hôte. Certains de ces parasites sont d’ailleurs à leur tour parasités par des hyménoptères eulophidés qui sont donc des hyperparasitoïdes, soit des parasitoïdes de parasitoïdes (Corbet, 2004).

D’autres parasites vivent aux dépens des adultes et s’alimentent en prélevant l’hémolymphe des imagos. Il s’agit d’acariens, mais aussi de petits diptères. Certains diptères milichiidés s’installent dans les poils des libellules et s’invitent au repas des odonates quand elles viennent de capturer une proie. On qualifie ces espèces de commensales.

Larves et adultes sont aussi porteurs de parasites internes tels que des grégarines ou des trématodes. Certains parasites passent d’hôte en hôte pour atteindre leur complet développement. Certains doivent avoir trois hôtes différents passant d’un mollusque aquatique à une larve d’odonate puis à un poisson, une grenouille ou un oiseau. La transmission du parasite se fait par ingestion de la libellule à l’état larvaire ou imaginal par l’hôte définitif.

Cette Cordulie métallique Somatochlora metallica a la pointe de l’abdomen infestée d’hydracariens.

La triste histoire de l’étang d’Allas

L’étang d’Allas se situe au sud-ouest de Jonzac, en Charente-Maritime. D’une superficie d’environ 11 ha, il abritait plus d’une trentaine d’espèces en 1999, dont 29 se reproduisaient de façon régulière. Une population forte de dizaines de milliers d’individus de Naïade aux yeux rouges Erythromma najas se reproduisait dans les vastes herbiers aquatiques du plan d’eau. En 2001, l’Écrevisse de Louisiane apparaît dans l’étang où elle se développe massivement puisque plusieurs tonnes sont découvertes à l’occasion des assèchements successifs de l’étang. La physionomie de l’étang change radicalement : les eaux deviennent boueuses, la totalité des herbiers disparaît. Du côté des libellules, l’arrivée de l’écrevisse est une catastrophe. De 29 espèces reproductrices en 1999, on passe à 7 en 2005 ! Cordulies et naïades font désormais partie de l’histoire de l’étang.

Prédateurs

Malheureusement pour les odonates, la liste de leurs prédateurs est longue et il nous est impossible ici d’en dresser l’inventaire complet.

Les hydracariens consomment les œufs des espèces à ponte exophytique et peuvent, semble-t-il, avoir un impact certain sur la productivité des libellules (Proctor & Pritchard, 1989). Il est par ailleurs fréquent de voir des poissons se rassembler sous les sites de ponte pour collecter les œufs, à mesure que les femelles les déposent.

Les larves sont souvent prédatées par des coléoptères et des hémiptères aquatiques, mais les odonates sont sans pitié les uns envers les autres. Les poissons, les amphibiens, certains reptiles mais aussi des oiseaux (canards, limicoles, martin-pêcheurs, aigrettes, cigognes) en consomment abondamment. Depuis quelques années, le principal prédateur des libellules est devenu l’Écrevisse de Louisiane Procambarus clarkii, une des espèces américaines introduites, qui détruit totalement les hydrosystèmes du Centre-Ouest.

Face à la prédation, diverses stratégies de défense ont été développées par les libellules. Au stade larvaire, certaines espèces arborent des épines dorsales qui rendent difficile leur ingestion par de petits poissons. D’autres sont devenues expertes dans l’art du camouflage. D’autres encore simulent la mort (thanatose) et quelques unes abandonnent volontairement une partie de leur corps (autotomie). Il s’agit généralement d’une patte ou d’une lamelle caudale. Chez de nombreuses espèces toutefois, le taux de survie jusqu’à l’émergence n’est que de quelques pour cent, généralement moins de dix, souvent moins de cinq.

Lors de l’émergence, le nombre de prédateurs s’accroît. Fourmis, araignées, punaises, limaces, escargots et vertébrés de tous poils et de toutes plumes profitent de la manne. A titre d’exemple, une seule Cigogne blanche a été observée dévorant 850 sympétrums en 20 minutes lors d’une phase d’émergence massive (Jourde, inédit). Dans certains secteurs, la Bergeronnette des ruisseaux et la Rousserolle effarvatte nourrissent essentiellement leurs petits avec des zygoptères capturés à l’émergence. Près des cours d’eau, certains moineaux, merles ou étourneaux vont même jusqu’à se spécialiser dans ce type de proie. De nombreux mammifères opportunistes font aussi la tournée des berges. Dans la région, surmulots, hérissons, genettes ont par exemple été observés en quête de libellules en métamorphose (Jourde, inédit).

Les adultes aussi doivent faire face à de nombreux dangers. Les zygoptères se prennent souvent dans les toiles d’araignées. Ils sont aussi capturés par de nombreux insectes prédateurs comme les asiles, puissantes mouches aux mœurs carnassières, les mantes religieuses ou les frelons mais aussi d’autres espèces de libellules, zygoptères comme anisoptères.

Cette araignée a capturé un Agrion jouvencelle Coenagrion puella.

Les amphibiens se tiennent souvent à l’affût pour tenter de capturer les imagos qui s’approchent de l’eau ou des berges. Les femelles et les tandems en ponte sont particulièrement menacés. En Charente-Maritime, la Cistude est un prédateur classique des femelles d’anax en ponte. Elle les capture en approchant discrètement sous l’eau, généralement dissimulée sous des tapis de lentilles. En vol, les zygoptères doivent se méfier des gobemouches et des bergeronnettes, qui apprécient les bords de cours d’eau. Les anisoptères sont recherchés par le Faucon hobereau, qui chasse notamment les libellulidés au-dessus des plans d’eau et, le soir, les aeschnes en lisière de forêt. Le Guêpier d’Europe est aussi un prédateur classique de libellules et ce d’autant plus que ses colonies sont souvent installées dans des sablières en eau ou des berges de cours d’eau. Certaines aeschnes, au vol crépusculaire ou nocturne, sont aussi prédatées par les chauves-souris. Les restes de l’Aeschne paisible Boyeria Irene s’observent souvent sous les gîtes de Grands Rhinolophes, mais aussi parfois d’oreillards et de murins (Grand murin notamment). Dans certains secteurs, la Chevêche d’Athéna et le Petit-Duc scops peuvent ponctuellement prélever quelques odonates, notamment les anax durant leur premier vol nocturne.

Prédation d’une émergence par un Guêpier d’Europe Merops apiaster.

La capture d’odonates par des plantes est un phénomène peu commun mais bien documenté. En Europe, les cas les plus fréquents concernent des plantes carnivores du genre Drosera, qualifiés en français de Rossolis, littéralement qui brille comme la rosée au soleil. Les rossolis croissent sur des sols pauvres, généralement dans des tourbières ou des landes humides. Pour survivre, ils ont développé un comportement carnivore en digérant les petits arthropodes qui se collent aux tentacules luisants et gluants de leurs feuilles. Si leurs proies principales sont des diptères, quelques odonates se font parfois capturer. En Poitou-Charentes, il s’agit essentiellement d’Enallagma cyathigerum, Ceriagrion tenellum, Pyrrhosoma nymphula, Ischnura elegans, Ishnura pumilio et Coenagrion puella.

Des plantes non carnivores sont aussi susceptibles de capturer des insectes. Il s’agit essentiellement de végétaux qui ont développé des systèmes de dispersion de leurs graines par les animaux (épizoochorie). De petits poils crochus permettent aux graines, aux capitules floraux ou aux épillets de s’accrocher à la fourrure des mammifères et d’être transportés par ce biais vers de nouveaux milieux à coloniser. Ces petits barbillons retiennent parfois les libellules qui se posent sur les plantes, au point d’empêcher leur envol et de provoquer leur mort à court terme.

En Europe, les odonates peuvent se prendre aux pièges involontairement tendus par les gratterons Galium spp, les bardanes Arctium spp et surtout la Sétaire verticillée Setaria verticillata. Cette poacée, que l’on trouve souvent en marge des cultures de maïs, peut parfois provoquer de véritables hécatombes en bordure de cours d’eau. Ainsi, le long du fleuve Charente, plus de 200 libellules de six espèces différentes ont été découvertes accrochées aux barbules de trois stations de la graminée (Jourde, 2000). La capture d’odonates par cette plante quasi cosmopolite a aussi été constatée en Camargue (Papazian, 1998) ainsi qu’en Namibie (Martens et al, 2003).

A toutes ces menaces auxquelles les espèces sont adaptées et réussissent généralement à faire face, se greffent de nombreux périls provoqués par l’homme. Les impacts des destructions d’habitats naturels, de la pollution, des assèchements des cours d’eau, de l’introduction d’espèces exotiques seront détaillés au chapitre menaces.

Cette petite Nymphe au corps de feu {Pyrrhosoma nymphula} s’est engluée dans les feuilles d’une plante carnivore, un rossolis {Drosera intermedia}.

 

Philippe JOURDE

 

Bibliographie

Corbet P.S., 2004 – Dragonflies : Behaviour and Ecology of Odonata. 2nd – edition. Harley Books, 830 p.

Jourde P., 2000 – Nouvelles données de captures d’odonates par un végétal non carnivore. Martinia, 16 (1) 3-7.

Martens A., Suhling F., 2003 – The barbed inflorescences of the grass Setaria verticilliata (L.) Palisot de Beauvois (Poaceae) as a lethal trap for dragonflies (Odonata). Cimbebasia, 18 : 243-246.

Papazian R., 1998 – Les odonates et les plantes épizoochores. L’Entomologiste, 54 (5) : 193-196.

Proctor H., Pritchard G., 1989 – Neglected predators : water mites (Acari : Parasitengona : Hydrachnella) in freshwater communities. Journal of the North American Benthological Society, 8 : 100-111.

La ponte

Ne pas mettre tous les œufs dans le même panier

La ponte intervient généralement rapidement après l’accouplement, souvent immédiatement. Les odonates utilisent plusieurs techniques pour déposer leurs œufs. De nombreuses espèces les insèrent dans des végétaux morts ou vivants. On parle de ponte endophytique. Il s’agit généralement de plantes aquatiques flottantes ou faiblement immergées. Les femelles de caloptéryx, en s’agrippant à la végétation, peuvent pénétrer totalement dans l’eau pour aller pondre. Certaines femelles de Petite Nymphe au corps de feu Pyrrhosoma nymphula peuvent même descendre le long des tiges de plantes aquatiques à plus d’un mètre de profondeur.

D’autres espèces, comme les lestes, insèrent leurs œufs dans des tissus végétaux situés nettement au-dessus de l’eau. La femelle du Leste vert Chalcolestes viridis parvient même à insérer sa ponte sous l’écorce de branchettes surplombant les rivières ou les points d’eau.

Les gomphes et les libellulidés pondent directement leurs œufs au-dessus de l’eau ou de terrains qui seront submergés durant l’hiver. On parle de ponte exophytique, c’est-à-dire faite hors de la structure d’un végétal. Selon les espèces, les œufs peuvent être déposés alors que la femelle vole à plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de l’eau mais il arrive souvent que la femelle les relâche en tapotant la surface de l’eau de la pointe de son abdomen.

Qu’elle soit endophytique ou exophytique, la ponte est généralement déposée au fil d’un petit cheminement le long d’une plante ou d’un parcours aérien. Chez l’Epithèque bimaculée Eptitheca bimaculata cependant, la femelle dépose en une fois une grappe d’œufs qui formera une sorte de ruban gélatineux, assez semblable à la ponte d’un crapaud. Cette ligne d’œufs s’ancre à la végétation.

La ponte peut être déposée par la femelle seule comme chez l’Anax empereur Anax imperator ou l’Aeschne bleue Aeshna cyanea. Chez de nombreuses espèces toutefois, la femelle est soit gardiennée, soit directement accompagnée par le mâle qui demeure accroché à elle après l’accouplement dans la position du tandem. Cette tactique permet au mâle de protéger sa partenaire des convoitises des autres individus de son espèce et de garantir ainsi la bonne transmission de son patrimoine génétique.

Les liens du couple se délitent dès la ponte achevée, parfois même en cours de ponte quand l’activité bat son plein sur les sites de reproduction. Les mâles partent immédiatement en quête de nouvelles partenaires. Une femelle ayant juste pondu peut parfois être capturée par un autre mâle et entreprendre une seconde ponte dans la foulée. Elles tentent toutefois généralement de s’écarter un peu pour échapper à la fureur des mâles.

Le nombre d’œufs déposés varient selon les espèces, l’état physiologique des femelles et le nombre de pontes déjà effectué dans la journée. Il varie de quelques dizaines à quelques centaines. En nombre cumulé, une femelle sympétrum par exemple peut pondre plusieurs dizaines de milliers d’œufs par saison. Cette importante production d’œufs permet de compenser l’énorme perte exercée par la pression de prédation notamment.

 

Philippe Jourde

 

La maturation et le rôle de la couleur

Durant la période de maturation, les libellules terminent les transformations physiologiques qui leur permettront d’atteindre la maturité. On qualifie ces insectes d’imagos ténéraux.

Les libellules en cours de maturation se reconnaissent généralement au fait que leur coloration adulte n’est pas encore apparue. Durant cette période, de quelques jours, il n’est pas rare que les insectes s’écartent, parfois à grande distance, de leurs sites de reproduction.

Certaines demoiselles peuvent déjà s’accoupler et pondre alors que leur coloration n’est pas encore parfaitement apparue. D’autres au contraire, comme le Leste vert Chalcolestes viridis, ne se reproduisent que plusieurs mois après leur émergence.

Les libellules sont des insectes chez qui la vue est un sens particulièrement élaboré. Beaucoup d’espèces ont développé des parures colorées qui permettent aux mâles de se faire remarquer par leurs congénères. Dans certaines régions tropicales existent des familles d’odonates aux couleurs chatoyantes. En Europe, la plupart des espèces ont des colorations plus modestes, mais certaines sont toutefois remarquables. C’est par exemple le cas des caloptéryx aux ailes colorées et au corps métallisé, du Crocothémis écarlate Crocothemis erythraea ou de l’Orthétrum brun Orthetrum brunneum, dont le mâle est entièrement bleu azuré.

Chez beaucoup d’espèces, les vifs coloris se confondent étonnamment bien dans le paysage une fois l’insecte posé. Les taches bleues, jaunes, vertes et brunes des aeschnes les dissimulent efficacement dans le feuillage des arbres ou des arbustes. Le jaune et le noir des gomphes et des cordulégastres rendent les insectes invisibles dans l’atmosphère mi-ombre mi-lumière des cours d’eau boisés.

En règle générale, les femelles sont moins colorées que les mâles. Chez de nombreuses espèces de zygoptères toutefois, certaines femelles présentent des colorations de mâles. Elles sont dites andromorphes.

Certaines espèces sont passées maîtres dans l’art du camouflage. Le Leste brun Sympecma fusca ressemble à une branchette ; l’Aeschne paisible Boyeria irene, ponctuée de beige, d’olive et de brun, semble revêtue d’un treillis militaire.

Quelques libellules ont adopté des couleurs mimant celles d’insectes menaçants. La femelle de la Libellule déprimée Libellula depressa rappelle par exemple un gros frelon. Il est probable que ce mimétisme effraie certains prédateurs.

La coloration des insectes joue aussi un rôle dans leur régulation thermique. En période froide, les aeschnes sont plus sombres qu’en période chaude. L’assombrissement permet une meilleure captation de la chaleur solaire.

Enfin, la coloration des insectes varie en fonction de l’âge. Les vieilles femelles de libellules (Libellula, Orthetrum, Sympetrum notamment) se couvrent parfois d’une pruinosité proche de celle des mâles.

 

Philippe Jourde

 

Cordulégastre bidenté

Cordulégaster bidentata (Linnaeus, 1758).

Cordulégastre bidenté

Répartition

L’aire de répartition de ce cordulégastre est assez réduite et plutôt morcelée en Europe. Il est présent, souvent assez rare, de l’Allemagne aux Balkans, de la Grèce aux Pyrénées.

En France, il est totalement absent à l’ouest d’une ligne reliant les Ardennes au Pays basque. A l’est de cette ligne, il privilégie très nettement les zones de relief.

Les données les plus proches du Poitou-Charentes proviennent de la bordure occidentale du Massif central. L’espèce a été citée une fois au nord-est de la Dordogne en 1987 (Cloupeau in Dommanget, 1987) et à notre connaissance, n’y a plus été mentionnée depuis. Par contre les observations réalisées en Haute-Vienne sont beaucoup plus récentes. L’espèce a été trouvée en 2001 dans les gorges du Thaurion, un affluent de la Vienne, à une soixantaine de kilomètres des départements de la Charente et de la Vienne (SLO, 2003). L’espèce n’a jamais été mentionnée dans la région Poitou-Charentes.

Écologie et potentialités régionales

Ce gros anisoptère occupe des habitats particuliers. Il affectionne particulièrement les eaux de toute petite taille sur des pentes boisées à forte déclivité, et ce à moyenne altitude. On le rencontre donc près des petites sources en zone abrupte, sur des suintements, des rigoles, de minuscules ruisselets. La quantité d’eau qui dévale ne doit pas être importante et il suffit parfois que le substrat reste juste imbibé pour que cet odonate s’en accommode. Les larves vivent dans les amas de débris végétaux et de sable à l’abri du courant principal (SLO, op. cit.).

Quelques parties du territoire régional, notamment les marges est de la Charente et le sud-est de la Vienne, peuvent offrir les conditions écologiques optimales à cette espèce, à savoir des pentes escarpées et boisées, coupées de façon régulière par des clairières ou des chemins forestiers et pourvues de minuscules écoulements. L’altitude très modérée ne semble pas gênante puisque les observations en Limousin ont été réalisées entre 170 et 600 m (SLO, op.cit.). Il semble vraiment que ce soit le caractère abrupt des pentes qui soit primordial. Dans cette région, c’est la recherche systématique des larves dans ces milieux très particuliers qui a permis d’augmenter de façon remarquable le nombre de données sur cette espèce (Lolive et Guerbaa, 2007). Il paraît indispensable de suivre cet exemple en Poitou-Charentes d’autant plus que la recherche des imagos semble assez aléatoire, les femelles étant extrêmement discrètes et les mâles n’occupant les zones de reproduction que durant une période limitée (SLO, op.cit.). La période de vol de cette espèce s’étend de début juin à début septembre.

Eric PRUD’HOMME

Bibliographie

S.L.O., 2003 – Atlas des Libellules du Limousin. Epops, HS : 110 p.

Gomphe serpentin

Ophiogomphus cecilia (Geoffroy in Fourcroy, 1785).

Gomphe serpentin

Répartition

Ce gomphidé possède une distribution qui s’étend de l’ouest et du nord de l’Europe jusqu’à la Sibérie occidentale.

En France, hormis quelques stations dans le nord-est et dans le sud-ouest sur l’Adour, les principales populations sont implantées le long du cours moyen de la Loire, en particulier dans les départements du Loiret, du Cher, du Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire.

L’espèce n’a jamais été mentionnée dans la région Poitou-Charentes.

Écologie et potentialités régionales

Les récoltes d’exuvies le désignent comme le gomphidé dominant dans certaines localités de la Loire, souvent en association avec Gomphus flavipes, mais en plus grand nombre (Lett et al.,2001). Ophiogomphus cecilia semble toutefois plus souple dans le choix de ses milieux de développement. On le trouve en effet non seulement sur le cours principal mais aussi sur les bras secondaires (Lohr, 2003). La taille des cours d’eau qu’il occupe en Europe centrale ou du nord est d’ailleurs très variable. Paradoxalement, aucune donnée de reproduction sur les affluents de la Loire n’est pour l’instant connue, en dépit de la présence parfois régulière de l’espèce. C’est notamment le cas de la Vienne dans sa partie Indre-et-Loire, où Lett et al. (2001) mentionnent l’observation « d’assez nombreux imagos ». Comme pour G. flavipes, le cours de la Vienne constitue une entrée privilégiée pour cette espèce dans la région Poitou-Charentes. D’ailleurs le nouveau profil de la rivière, suite à l’arasement du barrage de Maisons Rouges, paraît plus favorable à O. cecilia. Selon Cloupeau et al., (2000), la période d’émergence, qui débute en mai, culmine en juin et juillet. Un suivi régulier du cours de la Vienne et de la Creuse, en amont du Bec des Deux Eaux (département de la Vienne), en juillet et surtout en août, semble la meilleure option pour tenter d’établir la présence, même occasionnelle, de cette belle espèce dans notre région.

Olivier PREVOST

Bibliographie

Cloupeau R., Boudier F., Levasseur M. et Cocquempot C., 2000 -Les odonates de Touraine (Département d’Indre-et-Loire, France). Bilan de l’inventaire en cours. Martinia, 16 (4) : 153-170.

Lett JM., Cloupeau R., Pratz JL. et Male-Malherbe E. (Coord.), 2001 – Liste commentée des Odonates de la région Centre (Départements de Cher, de l’Eure-et-Loir, de l’Indre, de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret). Martinia 17 (4) : 123-168.

Lohr M., 2003 – Etude faunistique des odonates des plaines alluviales de l’Allier et de quelques affluents au nord-ouest de Moulins (Départements de l’Allier, du Cher et de la Nièvre). Martinia, 19 (4) : 123-148.

Sympétrum déprimé

Sympetrum depressiusculum (Sèlys, 1841).

Sympétrum déprimé

Répartition

Le Sympétrum déprimé possède une vaste aire de répartition qui s’étend de l’Europe médiane au Japon. Cependant l’espèce est souvent considérée comme rare, en tout cas comme la plus menacée et en régression de son genre en Europe (Van Tol et Verdonk, 1988).

En France, seuls quelques départements des Alpes et de la vallée du Rhône abritent des populations importantes et pérennes (Deliry, 2008, Grand et Boudot, 2006). Les observations sur le reste du territoire sont isolées et sporadiques. La France constitue la limite occidentale de son aire de répartition.

Mentions anciennes

Dans la région, un seul auteur a déjà mentionné la présence de Sympetrum depressiusculum. Il s’agit de René Martin qui signale l’espèce en 1888 à Montmorillon dans la Vienne. Depuis, aucune publication n’apporte de données sur l’espèce en Poitou-Charentes. Cependant deux spécimens, un mâle et une femelle, attrapés en Charente par René Martin au début du XXe siècle, prennent place dans la collection H. et T. Piel de Churcheville, boîte n°11, MNHN.Z.6692 gardée au Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes (Meurgey, 2001) mais ni date ni lieu précis n’accompagnent cette collecte.

Données récentes et potentialités régionales

Le bilan de l’Inventaire cartographique des odonates de France (Dommanget et al., 2002) signale l’espèce comme présente en Charente. Après vérification, cette unique observation résulte d’une malheureuse erreur informatique et a d’ailleurs été totalement infirmée par l’observateur concerné par cette donnée (Prud’homme et Suarez, 2007).

Les autres données récentes concernant les départements limitrophes au Poitou-Charentes sont tout à fait occasionnelles. D’après Dommanget et al., (op.cit.), 2 données proviennent du département du Maine-et-Loire et une donnée est mentionnée pour le département de la Dordogne. Cette dernière concerne un individu capturé dans la région de la Double (Jouandoudet in Jourde, 2005). Dans les régions où les populations de ce sympétrum sont pérennes et régulièrement observées, l’espèce fréquente des eaux peu profondes, envahies par la végétation aquatique, qui peuvent se réchauffer l’été, voire s’assécher. La période de vol de l’espèce est plutôt tardive, les premières émergences commencent en juin et les imagos volent jusqu’à mi-octobre. Il est assez peu probable qu’il existe en Poitou-Charentes des populations installées de S. depressiusculum car cette espèce semble vraiment très occasionnelle à l’ouest de la vallée du Rhône et de la Camargue. Toutefois, il n’est pas à exclure la possibilité de capturer ou d’observer des individus erratiques.

Eric PRUD’HOMME

Bibliographie

Meurgey F., 2001 – Les collections d’odonates du Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes. 1. Collection H. et T. Piel de Churcheville. Inventaire et révision. Martinia, 17 (2) : 55-56.

Lett JM., Cloupeau R., Pratz JL. et Male-Malherbe E. (Coord.), 2001 – Liste commentée des Odonates de la région Centre (Départements de Cher, de l’Eure-et-Loir, de l’Indre, de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret). Martinia 17 (4) : 123-168.

Grande Aeschne

Aeshna grandis (Linnaeus, 1758).

Grande Aeschne

Répartition

Cette espèce possède une vaste répartition allant du nord à l’est de l’Europe jusqu’en Sibérie.

En France, elle est présente essentiellement sur les reliefs et dans le quart nord-est du pays.

Mentions anciennes

Cette belle aeschne d’origine euro-sibérienne n’a pas été observée dans la région depuis au moins un siècle ! Et on peut d’ailleurs s’interroger dans quelle circonstance elle le fut un jour. Gelin (1908), remarquait fort justement à propos d’A. grandis, « (qu’)il n’a encore été fait dans l’Ouest aucune capture authentique ».

En Charente-Maritime, sa présence éventuelle repose sur l’observation de Beltremieux (1884), au sein d’une liste très réduite de 8 taxons, étrangement hétérogène quant au statut des espèces signalées, les plus rares côtoyant les plus communes (Jourde, 2005). Sa présence en Vienne et en Charente est seulement mentionnée dans un tableau de synthèse publié par Martin (1907b), qui ne fait aucun commentaire à son sujet. La légende du tableau indique que l’espèce est rare ou exceptionnelle en Charente, et commune en Vienne. Cette information est étonnante, car Martin la signalait à la même époque comme rare dans l’Indre limitrophe (1888c, 1907b). L’hypothèse d’une population isolée, mais abondante, en Vienne est peu crédible. Par contre, il serait logique que l’auteur ait pu la rencontrer exceptionnellement dans le Montmorillonnais, proche de la Brenne, et qu’il fréquentait régulièrement. La Grande aeschne n’a jamais été mentionnée dans les Deux-Sèvres.

Données récentes et potentialités régionales

Les inventaires des deux dernières décennies n’ont pas modifié le statut de cet odonate dans la région centre, où il est considéré comme rare (Lett et al., 2001), et notamment en Brenne, où il n’existe aucune observation récente. En définitive, les stations de reproduction les plus proches se situent aux confins de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse, avec une abondance optimum au-dessus de 450 m d’altitude (Guerbaa, 2002). Déjà éloigné de la limite occidentale de répartition de l’espèce, le Poitou-Charentes, avec une altitude maximum de 366 m (nord-est de la Charente), a peu de chance de l’accueillir. Le réchauffement climatique pourrait, de plus, accélérer un retrait progressif d’Aeshna grandis vers des altitudes plus élevées, et l’éloigner définitivement de notre région.

Olivier PREVOST

Bibliographie

Beltremieux E., 1884 – Faune vivante de la Charente-Inférieure. Académie des belles lettres, Sciences et Arts de la Rochelle. Extrait Annales Soc. Sci. Nat. Charente-Inférieure.

Gelin H., 1908 – Catalogue des Orthoptères et Libellules observés dans l’ouest de la France (zone littorale océanique d’altitude inférieure à 300 m). Clouzot, Niort : 35-57.

Guerbaa K., 2002 – Les espèces d’odonates « remarquables » du Limousin. Martinia 18(1) : 3-12.

Lett JM., Cloupeau R., Pratz JL. et Male-Malherbe E. (Coord.), 2001 – Liste commentée des Odonates de la région Centre (Départements de Cher, de l’Eure-et-Loir, de l’Indre, de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret). Martinia 17 (4) : 123-168

Martin R., 1888c – Tableau synoptique (Faune de France). Tribu des aeschnines. (Insectes névroptères du sous-ordre des odonates). Feuille jeun. Nat., 18 (211) : 99-103.

Martin R., 1907b – Les odonates de la Haute-Vienne, (suite et fin). Revue scient. Limousin, 15 (170) : 17-20.

Introduction aux monographies

Chaque monographie spécifique est divisée en plusieurs rubriques :

  • Statut de protection : ce paragraphe fait apparaître le statut légal et l’intérêt patrimonial de chaque espèce, faisant référence à l’inscription de celle-ci sur une liste officielle, à caractère juridique ou non, établie par la communauté scientifique. Le détail des différents statuts est développé dans le chapitre (cf. Protection des Libellules).

Les principaux critères utilisés dans les monographies sont l’inscription à/aux :

    • annexe II et IV de la directive 92/43/CEE du Conseil du 21/05/1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages, dite Directive Habitats-Faune-Flore ;
    • la liste des insectes protégés de France d’après l’arrêté du 23/04/2007 ;
    • la liste rouge des Libellules menacées du Poitou-Charentes (Poitou-Charentes Nature, 2007).

Ces éléments sont matérialisés par des symboles de couleur :

Vert : annexe II et IV de la directive Habitats-Faune-Flore

Orange : protection nationale

Rouge : liste rouge des Libellules menacées du Poitou-Charentes

  • Etymologie : les éléments présentés dans cette partie sont tirés de Fliedner (1997) sauf mention contraire.
  • Répartition : dans ce paragraphe, quelques éléments succincts de la répartition européenne et française de l’espèce sont rappelés, avant de consacrer une part plus importante à sa ré partition et à son statut en région Poitou-Charentes.
  • Phénologie de vol : il s’agit d’un paramètre majeur dans la connaissance et l’étude des libellules. Il est en effet primordial de savoir à quelle période chercher une espèce donnée. La période de vol peut varier d’une année sur l’autre en fonction des conditions météorologiques et des conditions environnementales de chaque station. Cependant, calculée sur plusieurs années, ces disparités sont intégrées en apportant des valeurs englobantes.

    Les analyses présentées dans cette partie des monographies concernent les données d’imagos collectées dans les zones humides entre 1988 et 2007. Les graphiques qui en découlent permettent de repérer les pics de présence de l’espèce considérée.

    En outre, en cumulant les données de toutes les espèces présentes dans la région, il est possible de présenter une courbe de phénologie servant de référence et permettant d’établir des comparaisons interspécifiques.

    Ainsi, pour chaque espèce la phénologie de vol peut être visualisée grâce à un graphique montrant le nombre d’observations de l’espèce par semaine et la courbe du nombre de données collectées par semaines toutes espèces confondues à fin de comparaison (voir ci-dessous).

  • Habitats : étant donnée la superficie que représente le Poitou-Charentes et l’étendue de la répartition de la plupart des libellules, il est difficile de présenter une description exhaustive des habitats fréquentés par chaque espèce. Aussi, une description sommaire des habitats larvaires et des milieux préférentiels utilisés par les imagos sont présentés dans ce paragraphe.
  • Biologie : cette rubrique souligne les préférences, les rythmes d’activités et les particularités les plus marquantes concernant le comportement de l’espèce traitée (vie larvaire, émergence, maturation, déplacement, accouplement, ponte …).
  • Menaces : à l’échelle de la région, l’appréciation des menaces tient compte de la densité des populations et de la répartition de l’espèce concernée, avec le cas échéant des informations sur le déclin et les facteurs du déclin constaté.
  • Mesures de protection : il s’agit de propositions de mesures visant à maintenir des populations viables dans des sites où l’espèce est menacée, ainsi que des mesures visant la création de milieux d’accueil favorables.
  • Bibliographie spécifique : sont rappelées ici, les références bibliographiques utilisées pour la rédaction de la monographie spécifique concernée.
  • Les cartes. Les cartes régionales de répartition permettent de localiser les sites d’observation de chaque espèce en différenciant les simples observations (en orange) des données de reproduction certaine (en rouge). La représentation des données par nuage de points a été retenue afin d’obtenir à la fois des observations précisément localisées et de visualiser la densité d’information.

Légende des cartes :

simple observation d’un ou de plusieurs imago(s) sans comportement reproducteur

donnée de reproduction certaine : émergence, accouplement, ponte ou bien observation de larve, ou bien encore récolte d’exuvies.

  • Les illustrations. Pour chaque espèce, une ou deux photographies apportant des éléments pertinents sur son identification ou sur son milieu de vie, sont présentées. Toutes les photographies ont été prises en région Poitou-Charentes, sauf celles des espèces disparues et à rechercher.

Remerciements

La réalisation de l’inventaire des libellules du Poitou-Charentes, entre 2002 et 2006, qui a donné lieu à l’édition de cet ouvrage, n’aurait pu être mené à bien sans le soutien financier régulier du Conseil Régional Poitou-Charentes, de la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN) Poitou-Charentes et de l’Union Européenne (fonds FEOGA). Que ces partenaires qui accompagnent Poitou-Charentes Nature depuis de nombreuses années soient ici sincèrement remerciés.

Nous tenons aussi à souligner l’aide apportée par le Conseil Régional Poitou-Charentes, le Conseil Général de la Vienne ainsi que la DIREN Poitou-Charentes à la publication de ce livre.

Nous remercions également l’Observatoire Régional de l’Environnement Poitou-Charentes (ORE) pour la réalisation de cartographies spécifiques à cet ouvrage.

Enfin, nous remercions chaleureusement les contributeurs bénévoles à l’atlas des libellules du Poitou-Charentes, sans qui cette valorisation n’aurait pu exister. Leur investissement a permis la collecte de plusieurs dizaines de milliers d’informations ainsi que la réalisation de très nombreuses photos.

Liste des contributeurs à l’inventaire régional des libellules :

Airaud Jean-Yves, Allenou Olivier, André Alain, Arcos Monique, Aurat Michel, Baillargeat Sébastien, Bailly Tony, Barataud Julien, Barataud Michel, Baron Guillaume, Barre Hélène, Barret Virginie, Bashford David, Beduchaud William, Belin Alban, Bernard Rodolphe, Bernard Yannig, Berton Louisette, Besseau Gérard, Biodiversita, Blanpain Nicolas, Boissinot Alexandre, Boitin Florence, Bonifait Sylvain, Bonneau Virginie, Bonnin Jean-Baptiste, Boutry Julien, Bracco Sandrine, Bragard Sébastien, Bramard Michel, Brugier Arnaud, Brun Monique, Brun Albert, Bussière Raphaël, Caillaud Sylvie, Carrière Marc, Caupenne Michel, Cavallin Pascal, Celeyron Ariane, CERA-environnement, Ceylo Dominique, Chamard Johannie, Champion Emmanuelle, Charron Claude, Chériot Thierry, Chevalier Patrick, Chevereau Jérôme, Collober Olivier, Corbin Johanna, Cormier Mickaël, Cotrel Nicolas, Coué Bruno, Couturier Samuel, Couturier Thibaud, Darquey Anne-Chrystelle, Debordes Laurent, Delafoulhouze Laurent, Delage Jacques, Dhéron Béatrice, Dorfiac Matthieu, Douillard Emmanuel, Douteau Maurice, Drouhet Pierre, Dubech Pascal, Dubois Thierry, Ducept Samuel, Dufour Héléna, Dumas Thibaud, Dupaix Alice, Durepaire Philippe, Dutrey Alexandre, Faupin Grégory, Fillon Bruno, Fontaine Guillaume, Fouquet Antoine, Gaborit Thibaut, Gailledrat Miguel, Garnier Jean-Pierre, Gatignol Patrick, Gendre Nicolas, Gerbaud Siegfried, Gerepi, Giret Nicolas, Goulevant Cyril, Grand Daniel, Groupe naturaliste de Vienne Nature, Groupe odonate de Charente Nature, Guerbaa Karim, Guillot Matthieu, Guinard Eric, Halouis Marie-Emmanuelle, Hamet Isabelle, Henry Jean-François, Herbrecht Franck, Holthof Eric, Holthof Julie, Holthof Matthieu, Hussey Robert, Jeannot Nicolas, Jiguet Frédéric, Jolivet Samuel, Josse Anthony, Jouandoudet Franck, Jourde Philippe, Joussemet Sébastien, Kerbiriou Estelle, Kim Alain, Labbaye Agnès, Lagarde Frédéric, Laluque Olivier, Laroche Isabelle, Lavoué Pascal, Lecomte François, Legay Philippe, Lemaitre Christophe, Levesque Robert, Lorin Tony, Luini Estelle, Lutton Vincent, Luzzato Thomas, Mahé Dimitri, Marseau Simone, Marteau Clarisse, Masse Tony, Maximilien Fabien, Meloche Jean, Menu Thomas, Mercier Fabien, Metayer Rodolphe, Monadier Benoît, Moncomble Mathieu, Mondion Julien, Montenot Jean-Pierre, Moreau Gaëlle, Morelle Sébastien, Mortier Patrick, Nadal Yann, Obios, Ollivier David, Ouest Aménagement, Ouvard Etienne, Pagniez Pierre-François, Parc interrégional du Marais Poitevin, Parvery Danielle, Pasquet Guillaume, Pasquier Antoine, Pelletier Pascal, Perret Benoît, Perrinet Michel, Persuy Alain, Petit Loïc, Philippe Stéphanie, Plat Pierre, Ponthoreau Nathalie, Précigout Laurent, Prévost Olivier, Proux Catherine, Provost Dominique, Provost Jean, Prud’homme Eric, Prud’homme François, Prud’homme Laurence, Quinault Sébastien, Rainaud Danièle, Renoulleau Richard, Rivault Damien, Rivron Annabelle, Rochelet Benoît, Roger Sophie, Rouillier Philippe, Sandras Michel, Sardin Jean-Pierre, Schmitt Hubert, Shorthouse Sam, Société des Sciences Naturelles de Châtellerault, Suaudeau Romain, Tapon Pascal, Taupin Eric, Terrisse Jean, Thomas Sophie, Tillet Johan, Tourneur Paul, Traineau Christelle, Trouve Isabelle, Turpaud-Fizzala Victor, Turpaud-Fizzala Xavier, Vaillant François, Vanappelghem Cédric, Ventroux Julien, Vernaud Sébastien, Viarteix Philippe, Vigier Aude, Vrignaud Nicolas, Von Tillmann Didier, Wilson Joséphine, Wolf Didier.