Linotte mélodieuse

Espèce répandue dans une très grande variété d’habitats, avec
cependant une prédilection notable pour les milieux ouverts, bocage, friches, landes, vignes. L’essentiel est pour la Linotte de bénéficier de zones dénudées pour la nourriture à proximité de zones de
buissons ou d’arbustes pour la nidification. Le nid en corbeille est placé dans un buisson, entre 0,5 et 1,5 m du sol, parfois même par terre.

Le comportement hivernal grégaire ne se perd pas totalement en période de nidification et on peut trouver de nombreux couples sur une zone restreinte. Les couples se cantonnent début avril et quittent complètement les sites de reproduction au début d’août.

Le nid est souvent très accessible et visible. Le chant, régulier de mars à juillet, émis d’un arbre ou de la cime d’un arbuste, est une suite irrégulière de roulades, de trilles et de sons flûtés très
mélodieux. Le cri “ ti-gitt ” est facilement reconnaissable. Transport de matériaux (par la femelle) et transport de nourriture (les 2
parents).

Oiseau peu farouche en période de reproduction, facilement
observable.

L’incubation des 5 ou 6 œufs dure 12 à 13 jours. Un seconde couvée est la règle (en juin).

Après avoir séjourné 12 à 14 jours dans le nid, les jeunes sortent du nid et sont entraînés hors des sites de nidification par les parents qui continuent à s’occuper d’eux pendant environ 3 semaines.

Eric PRUD’HOMME, Charente Nature

Bouvreuil pivoine

A rechercher dans les zones de boisements feuillus, résineux et
mixtes. A besoin de sous-bois plutôt denses. Occupe aussi les
bosquets, vergers avec grosses haies et les taillis. Fait son nid, une plate-forme concave à l’aspect lâche, le plus souvent dans la partie basse et touffue d’un conifère.

Observable toute l’année car en grande majorité sédentaire. Les jeunes mâles sont actifs tôt et les couples déjà établis (il semble qu’ils restent unis plusieurs années) se cantonnent dès la fin mars. La période de reproduction s’étale d’avril à mi-juillet.

Chant assez irrégulier, lent et haché mélangeant les sons flûtés et graves du cri “ diuh ” ou “ pyu ” à des sons étouffés et grinçants. Transports de matériaux et de nourriture (surtout le mâle). La
présence d’une petite famille, couple et quelques jeunes, en été, est un bon indice car l’erratisme lié à la recherche de nourriture ne
commence qu’en septembre.

Pas vraiment farouche mais très discret en période de reproduction et l’été. En outre, le comportement est toujours très calme ; ce
manque d’agitation n’aide pas à le repérer. Patience et attention sont donc de mise.

Couvés par la femelle, les 4 ou 5 œufs éclosent au bout de 13 à 14 jours. Les secondes couvées sont très fréquentes (juillet).

Les jeunes quittent le nid à l’âge de 16 à 18 jours fin mai, début juin. Ils sont émancipés au bout d’une dizaine de jours. Leur aspect
durant l’été, avant la mue, est assez différent de celui des adultes : sans calotte noire ni teinte rouge mais avec le croupion blanc et la barre alaire claire bien visible. Parents et jeunes restent ensemble jusqu’en hiver.

Eric PRUD’HOMME, Charente Nature

Bec-croisé des sapins

Boisements de résineux (épicéas, pins, sapins). Niche sur un conifère entre 2 et 20 m du sol. Les brindilles de conifères avec de la mousse et du lichen constituent la structure principale du nid, garni de brins d’herbe, de crin, poils et plumes.

La reproduction peut débuter dès le mois de janvier mais peut être plus tardive. Elle dépend essentiellement de la fructification des conifères et plus particulièrement des épicéas.

Observation directe et cris émis par l’oiseau en vol ou posé : forts, répétitifs, presque métalliques “ kip kip kip ”, et très faciles à
identifier. Le chant rappelle un peu celui du Verdier d’Europe. Les cônes de pins ou d’épicéas dont les écailles sont ouvertes et fendues en deux sont de bons signes de présence mais en aucun cas des
preuves de nidification.

Il est important de différencier des groupes qui “ envahissent ”
quelquefois la région mais qui ne nichent pas (cas les plus fréquents) d’éventuels oiseaux nicheurs (ce qui reste très rare dans la région). Il est donc nécessaire après un premier contact, de retourner
régulièrement sur le site afin de vérifier d’éventuels indices de
nidification. Savoir toutefois que les rares cas de reproduction
régionaux ont souvent lieu à la suite d’une “ invasion ”.

Peu farouche ; l’observation à quelques mètres de distance est assez facile.

13 à 16 jours ; 3 à 4 œufs . Une seule ponte par an en général.

Sortie et envol des jeunes à une vingtaine de jours, dépendent encore des parents pendant 3 à 4 semaines.

Pierre GRILLET, GODS

Gros-bec cassenoyaux

Toujours en milieu arboré ; niche dans les fourrés, buissons, ou
arbres de forêts de feuillus (chênaies, hêtraies) ou mixtes (hauteur entre 2 et 10 mètres). Semble peu fidèle au site du nid d’une année sur l’autre.

Mars à début juin. Des migrateurs nordiques peuvent être présents jusqu’en mars.

Oiseau trapu, plus gros qu’un pinson. Gros bec, tête rousse, barres alaires claires bien visibles. Femelle plus pâle. Vol haut, onduleux et rapide lorsqu’il change de quartier.

Oiseau très discret malgré un plumage contrasté. Observé très
régulièrement en hiver (parfois en bandes), il se fait beaucoup plus rare en période de nidification, peut passer inaperçu même quand il est nicheur. Se tient à la tête des arbres. Chant faible. Cri : un “ tsicc ” ou “ pix ” bref et métallique. Manifestations vocales un peu plus importantes au moment des parades nuptiales, poursuites et accouplements (dès fin février).

Cheminement avec point d’écoute et d’observation dans les futaies en mars et avril. Mis à part les mâles cantonnés et les
accouplements, les autres indices sont difficiles voire quasi
impossibles à mettre en évidence (nidification dans la canopée).

A priori faible, vu qu’il se tient la plupart du temps dans la canopée.

Une seule ponte de 5 œufs, couvés 12 ou 13 jours par la femelle.

Envol à 2 petites semaines. Les jeunes restent groupés avec les
adultes jusqu’en août puis dispersion.

Joseph CHAUVEAU, GODS

Bruant jaune

Prairies, pâturages et cultures entrecoupées de haies et de buissons. Nid de brindilles, d’herbes sèches et de mousse, garni d’herbes fines et de crins. Le nid est caché au sol parmi les herbes ou posé dans un buisson ou un arbuste, en général à moins de 50 cm du sol.

Les premiers chants sont émis en février après dispersion des bandes hivernales. Ponte de mi-avril à mi-août.

Confusion possible avec le Bruant zizi ; mâle : tête jaune vif rayée d’olive dessus et sur les côtés, dessous jaune vif, teinté de roux à la poitrine et aux flancs, croupion roux vif, queue brun noir bordée de blanc sur les côtés. Femelle moins jaune et plus fortement rayée à la tête et dessous.

Chants des mâles, transport de matériaux et de nourriture pour la nichée. Le Bruant jaune est connu pour son chant monotone et
mélancolique, constitué de phrases courtes, stéréotypées, de plus en plus aiguës, avec un final appuyé “ tsi-tsi-tsi-tsi-tsi-duuh ”. Son chant est entendu dès février.

Écoute, affût, l’oiseau est assez difficile à observer lorsque la
végétation est dense.

Espèce discrète et farouche en période de reproduction.

Deux à trois pontes par an, incubées par la femelle seule pendant 11 à 14 jours.

Sortie des jeunes au bout de 9 à 14 jours, s’envolent 2 jours plus tard, il est donc aisé de les observer durant cette période.

Matthieu DORFIAC, Charente Nature

Bruant zizi

Terrains ensoleillés et secs à végétation clairsemée, parsemés
d’arbres et de buissons. Haies, vergers, friches buissonnantes. Nid de brindilles, d’herbes sèches et de mousse, garni d’herbes fines et de crins. Bien caché au cœur d’un buisson touffu, en général entre 50 cm et 1,50 m du sol.

Espèce sédentaire, il est grégaire en dehors de la période de
reproduction. Pontes de mi-mai à août.

Attention, le Bruant jaune et le Bruant zizi sont assez semblables surtout les femelles. Mâle : calotte gris olivâtre striée de noir,
dessous jaune, côtés de la poitrine et flancs roux rayés de noir,
croupion gris olive. Femelle moins jaune et plus striée dessous, tête brunâtre avec 2 larges raies jaunâtre sur les côtés.

Chants des mâles perchés sur un poteau ou un fil aérien ou bien encore dissimulés dans la végétation. Chant monotone qu’il émet généralement perché : 6 notes aiguës suivies d’une note finale
mélancolique “ tsi tsi tsi tsi tsi tsi-tui ”. Diffère du chant du Bruant jaune par un final moins prononcé. Transport de matériaux et de nourriture pour la nichée.

Ecoute et affût. Nicheur tardif, sa reproduction est à rechercher entre mi-mai et fin août. Plus farouche que le Bruant jaune, il est plus difficile à observer.

Espèce discrète et farouche en période de reproduction.

2 à 3 pontes par an, incubées par la femelle seule pendant 11 à 13 jours.

Sortie des jeunes 10 à 13 jours et s’envolent 2 jours plus tard.

Matthieu DORFIAC, Charente Nature

Bruant proyer

Grande variété de milieux ouverts : plaines céréalières, prairies, marais, s’installe parfois en milieu dunaire, dans les friches et les landes évite le bocage, s’il est lâche. Nid grossier, situé à terre,
encastré dans le sol ou simplement posé parmi les herbes.

Même si certains chants plus ou moins sporadiques peuvent être entendus plus tôt, les mâles commencent à vraiment chanter de
février à mars, et s’affirment en mai. Sortie des derniers jeunes fin juillet.

De février à mi-août, chanteur au sommet d’un buisson, un arbre isolé, piquet, et sur les fils et poteaux téléphoniques. “ tchip ”
vigoureux et rauque du mâle. Le chant se termine par un bruit
singulier prolongé “ tic tic-tic-tic-ticticticticssssss”, comme un trousseau de clés qu’on agite. Au vol, le mâle laisse pendre ses
pattes quand il se déplace entre deux postes de chant. A l’époque des parades, le mâle excité s’envole, s’élève un peu et redescend en vol plané sur son perchoir où il se pose en levant les ailes et chantant avec vigueur, décrit des cercles au ras des herbes ou parade queue en l’air. Transport de nourriture pour les jeunes.

Observation des mâles chanteurs perchés sur un point haut et de leurs déplacements vers le nid.

Bien sûr, éviter de marcher dans les herbes où peut se trouver le nid, risque d’abandon.

Ponte fin mai à fin juin de 4/5 œufs. Seconde ponte en juin ou juillet.

Sortie des jeunes 9 à 12 jours après l’éclosion dans la seconde
quinzaine de juin et au début juillet. Quittent le nid à l’âge de 9 à 12 jours et se cachent à terre dans les environs.

Didier WOLF, Charente Nature

Bruant ortolan

L’Ortolan fréquente principalement les zones agricoles, notamment les plaines céréalières sur sols séchants (calcaire, sables…),
ponctuées de postes de chants (arbres isolés, ceps de vignes, haies, fils téléphoniques, pied de tournesol…). Souvent associé aux petites vignes familiales dans lesquels sont présents des fruitiers. Le nid est construit au sol dans des milieux divers à végétation relativement basse et clairsemée (vigne, bordure de chemin, céréale, tournesol…).

L’espèce est présente de la mi-avril à fin septembre, mais la période du 15 mai à fin juin est la plus propice pour repérer les chanteurs puis les nicheurs.

Pas de difficulté, surtout pour le mâle. Le chant peut être confondu avec celui du Bruant jaune mais est moins rapide avec la dernière note descendante et atténuée.

Chant : “ bin bin bin bin tu ”. Transport de matériaux, de nourriture ou de sacs fécaux. Il convient en premier lieu de repérer les mâles chanteurs.

Point d’écoute dans les zones favorables puis affût.

Espèce assez tolérante. La femelle peut feindre la blessure pour éloigner l’observateur lorsque celui-ci l’a contrainte à quitter son nid.

11 à 12 jours. 4/5 œufs ; éclosion : principalement en juin. Une seule ponte en général.

Sortie des jeunes entre 10 et 13 jours. Les jeunes sont alors non volants. Ils sont encore nourris pendant une ou deux semaines.

Didier PAPOT, LPO Vienne

Introduction

Comme dans la plupart des régions françaises, les connaissances sur les chiroptères de Poitou-Charentes étaient extrêmement fragmentaires lors de la parution de l’Atlas des Mammifères de France en 1984. Ce constat était d’autant plus inquiétant que les données disponibles à l’époque indiquaient un déclin important des populations françaises de chiroptères. Il était donc urgent de développer nos compétences afin d’asseoir une politique cohérente et efficace de protection des chauves-souris de nos régions.

En Poitou-Charentes, les inventaires furent entrepris :
– à partir de 1984 en Charente ;
– de 1985 à 1989 puis à partir de 1996 en Charente-Maritime ;
– à partir de 1986 dans les Deux-Sèvres ;
– à partir de 1987 dans la Vienne ;

Les prospections furent menées avec plus ou moins de régularité selon les départements mais ont permis une avancée notable de notre savoir en matière de chauves-souris. En 1995 un programme régional Chiroptères voyait le jour sous l’égide de Poitou-Charentes Nature. Ce programme prévu pour trois années a bénéficié du soutien financier du Conseil Régional Poitou-Charentes, de la Fondation Nature et Découverte et de l’Union Européenne. La dynamique créée par ce projet a permis le développement d’un groupe chiroptères fort d’une trentaine de personnes au sein de Poitou-Charentes Nature. De nombreuses données nouvelles furent collectées dans le cadre de ce programme, de sorte que la nécessité d’en publier une synthèse s’imposa bientôt.

Cet Atlas préliminaire fait donc le point de nos connaissances sur le statut et la répartition des chiroptères dans la région Poitou-Charentes. Il reprend toutes les données des différents inventaires départementaux réalisés depuis la parution de l’Atlas national et celles, plus récentes, collectées durant les trois années du Programme régional Chiroptères.

Il s’agit avant tout d’un ument de travail, qui, s’il permet de mesurer les progrès réalisés depuis quinze ans, indique surtout les pistes à suivre pour combler les nombreuses lacunes qui subsistent tant dans la couverture géographique des prospections, que dans notre connaissance de l’écologie des différentes espèces. Il ne faut donc pas considérer cet atlas comme un point d’arrêt aux études sur les chiroptères du Poitou-Charentes mais bien comme un départ vers de nouvelles campagnes de prospections et des recherches plus ciblées.

Olivier PREVOST

Couverture de l’atlas et pression d’observation

Au mois de janvier 1999, près de 54 % des mailles au dixième de grade (environ 10 x 7 km) de l’atlas régional ont fait l’objet d’observations chiroptérologiques. La couverture entre les quatre départements, considérée comme étant le rapport des mailles prospectées avec succès au nombre total de mailles, est homogène et partout supérieure à 50 %. Elle s’échelonne entre 51 % en Charente-Maritime et 56 % pour les Deux-Sèvres.

Rapport entre le nombre de mailles prospectées avec succès
et le nombre total de mailles

Cela dit, plusieurs secteurs géographiques n’ont fait l’objet que de peu d’observations. C’est notamment le cas de la région de Barbezieux, d’Aigre et de Mansle en Charente ; de l’Aunis, du val de Gironde et de l’arrondissement de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime ; du secteur de Bressuire et de l’Argentonnais en Deux-Sèvres ; de l’arrondissement de Civray et de la région de Moncontour dans la Vienne.

La pression d’observation reste faible à l’échelle régionale. En effet, dans plus de la moitié des mailles prospectées avec succès, moins de 4 espèces ont été observées. Seules 12 % de ces mailles correspondent à des observations de 10 espèces et plus.

Pression d’observation au niveau régional
exprimée en nombre d’espèces par maille prospectée avec succès

Le nombre maximal d’espèces observées dans une maille est de 17, chiffre tout à fait remarquable quand on sait que le Poitou-Charentes héberge 20 espèces de chauves-souris. Généralement, le nombre maximal d’espèces par maille est atteint dans les secteurs de cavités souterraines où les suivis chiroptérologiques réguliers, notamment en hiver, engendrent de nombreuses observations.

PJ.