Vipère aspic

Statut de protection

Protection nationale : Article 2

Directive habitat

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

Le statut taxonomique de la Vipère aspic est actuellement assez confus, aussi bien en ce qui concerne les espèces que les sous-espèces. Les principales controverses se situent entre les populations françaises et italiennes. Par exemple, il est possible que les Vipères aspics du sud-est de la France appartiennent à l’espèce Vipera atra, ou à la sous-espèce Vipera aspis atra. Le plus simple actuellement est de considérer que Vipera aspis occupe les deux tiers méridionaux de la France (grosso modo absente au nord d’une ligne St-Nazaire – Paris – Nancy), l’Italie et une petite partie de la Suisse. Elle est en régression sur la plupart de son aire de distribution (disparition des bocages).

Biologie et écologie


La Vipère aspic est le reptile français le plus étudié, et donc le mieux connu. Extrêmement polymorphes, les Vipères aspics du Poitou-Charentes ont tendance à être d’assez grande taille (parfois plus de 70 cm du museau au cloaque et plus de 300 g).

Chaque population présente des caractéristiques propres. Par exemple les vipères qui vivent dans les marais de Charente-Maritime sont très différentes (couleur du type Zinnikeri) de celles qui vivent près de Poitiers à coloration plus discrète.

Chez les femelles, la vitellogenèse et la gestation nécessitent environ six mois, de mars à septembre. Après les mises bas la majorité des femelles ne survivra pas.

Toutefois, une faible proportion de femelles produira deux ou trois portées ; avec une fréquence moyenne d’une reproduction tous les trois ans et une fécondité annuelle de 6 vipéreaux (4 à 10 en général). Les mises bas ont lieu fin août – début septembre ; les nouveaux-nés mettront environ 2 à 4 ans pour atteindre la maturité sexuelle.

Répartition

Les Vipères aspics occupent des milieux très variés. Abondantes dans les bocages serrés (même humides), les densités de populations sont assez faibles en forêt. Les futaies serrées sont trop sombres pour cette espèce. La Vipère aspic a probablement profité des pratiques agricoles jusqu’en 1950 environ.

Depuis, le remembrement, l’extension des monocultures et les traitements phytosanitaires (destruction des campagnols) entraînent une chute rapide de la plupart des populations. En effet, des suivis à long terme ont montré que la dynamique de population de la Vipère aspic est intimement liée aux fluctuations de l’espèce proie principale, Microtus arvalis.

Encore assez répandue dans l’ensemble du Poitou-Charentes, elle est désormais absente de grandes zones comme la plaine Niortaise par exemple. Très discrète dans les zones forestières, les données sur sa répartition sont certainement encore incomplètes.

Bien que persécutée, comme le sont les autres serpents, la Vipère aspic survit assez bien dans des zones refuges de relativement petite taille (forêt de Chizé-79 ou dans les marais près de Ballon-17).

Il est probablement illusoire de conserver les populations résiduelles, mais il est indispensable de conserver les refuges principaux, notamment les bocages serrés où elle est encore abondante.

Xavier BONNET

Triton palmé

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce, qui habite l’ouest de l’Europe, présente des populations encore importantes sur l’ensemble de son aire de répartition bien que les populations les plus nordiques soient considérées en danger.

Biologie et écologie

En Poitou-Charentes, l’espèce fréquente tous les types de milieux aquatiques stagnants ou non : flaques temporaires, fossés, mares, étangs, bras morts des rivières, eaux saumâtres, ruisseaux… Il peut coloniser parfois des milieux eutrophisés.

Lors des hivers doux, il peut être observé toute l’année dans l’eau, mais il est cependant plus souvent noté de février à mai, à l’époque de la reproduction. On peut alors parfois observer des rassemblements importants.
Le développement des larves dure environ 3 mois.

A partir de juin, la phase terrestre des adultes commence ; leur activité est alors nocturne. Le Triton palmé se nourrit de petits invertébrés terrestres et aquatiques.

Répartition

Dans la région, c’est le plus commun des tritons. Il est présent sur l’ensemble des 4 départements, sauf dans l’Ile de Ré.

Il est probable que les secteurs vides sur la carte reflètent plutôt le manque de prospection que l’absence de l’espèce, qui devra donc être recherchée, particulièrement au nord-ouest de la Charente, au sud-ouest des Deux-Sèvres et au sud de la Vienne.

La présence du Triton palmé en Poitou-Charentes est connue depuis le XIXe siècle (TRÉMEAU DE ROCHEBRUNE, 1843).

Cette espèce, de grande amplitude écologique, ne semble pas être menacée en Poitou-Charentes où on le trouve quasiment partout.

David SUAREZ

Classe des Amphibiens

Classe des Amphibiens :

Le Poitou-Charentes compte 22 taxons d’Amphibiens dont 2 introduits (le Xénope du Cap et la Grenouille rieuse) sur les 31 espèces présentes ou les 34 taxons présents en France.
Parmi ces espèces, le Crapaud commun est l’espèce qui a été la plus contactée, suivi du Triton palmé, de la Grenouille agile et de la Rainette méridionale.

Ordre des Urodèles : 6 espèces

Famille des Salamandridés : nombre de données

Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) : 393

Triton alpestre (Triturus alpestris) : 2

Triton palmé (Triturus helveticus) : 693

Triton crêté (Triturus cristatus) : 74

Triton marbré (Triturus marmoratus) : 339

Triton de Blasius (Triturus marmoratus x T.cristatus) : 11

Ordre des Anoures : 16 espèces

Famille des Discoglossidés : nombre de données

Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) :

Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata)

Famille des Pélobatidés

Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) : 63

Famille des Pélodytidés

Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) : 260

Famille des Bufonidés

Crapaud commun (Bufo bufo) : 822

Crapaud calamite (Bufo calamita) : 162

Famille des Hylidés

Rainette arboricole (Hyla arborea) : 277

Rainette méridionale (Hyla meridionalis) : 406

Famille des Ranidés

Grenouille rousse (Rana temporaria) : 55

Grenouille agile (Rana dalmatina) : 629

Petite grenouille verte (Rana lessonae) : 20

Grenouille de Perez (Rana perezi) : 96

Grenouille rieuse (Rana ridibunda) : 115

Grenouille verte (Rana Kl. Esculenta) : 39

Grenouilles vertes à sacs vocaux clairs (Rana esculenta, Rana lessonae) : 130

Grenouilles vertes à sacs vocaux noirâtres (Rana ridibunda, Rana perezi, Rana grafi) : 21

Famille des Pipidés

Xénope du cap (Xenopus laevis) : 0

Animaux morts ou blessés

De précieuses informations ont pu être recueillies par l’observation et l’identification de chauves-souris trouvées mortes ou blessées sur l’ensemble de la région. La majeure partie de ces données proviennent d’individus accueillis au Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage de Torsac en Charente. Ce centre a pour objectif de sauvegarder les oiseaux et les mammifères sauvages de la faune européenne, qu’ils soient blessés ou en difficulté.

Deux nouvelles espèces pour le Poitou-Charentes ont ainsi pu être trouvées, il s’agit de la Pipistrelle de Nathusius (en Deux-Sèvres) et de la Grande Noctule (en Charente).

L’ensemble des informations ainsi collectées n’est pas négligeable, puisqu’elles concernent 15 espèces sur les 20 connues dans notre région.

Liste des espèces trouvées mortes ou blessées en Poitou-Charentes et orgine des observations
nombre total choc véhicule prédation juvéniles tombés affaibli cause indéterminée mort naturelle animaux morts
Petit Rhinolophe 1 0 0 0 0 1 0 1
Grand Rhinolophe 4 0 1 0 0 2 1 4
Rhinolophe euryale 1 0 0 0 0 0 1 1
Oreillard roux 1 0 1 0 0 0 0 0
Oreillard gris 3 0 0 0 2 1 0 2
Pipistrelle commune 8 1 1 0 0 6 0 8
Pipistrelle de Kuhl 1 0 0 0 0 1 0 1
Pipistrelle de Nathusius 1 0 1 0 0 0 0 1
Grande Noctule 1 0 1 0 0 0 0 0
Noctule commune 13 0 0 12 0 1 0 1 ?
Sérotine commune 5 1 2 0 0 2 0 4
Murin à moustaches 1 0 1 0 0 0 0 01
Murin de Natterer 2 0 1 0 0 1 0 1
Grand Murin 2 0 0 0 0 0 2 2
Barbastelle 2 1 0 0 0 1 0 2
Minioptère de Schreibers 1 0 1 0 0 0 0 0
Total 53 5 9 13 2 18 6 35

Les causes de mortalité ou de blessures chez les chauves-souris ne sont pas toujours faciles à identifier. Les 53 données du tableau ci-dessus le démontrent, pour 34 % des individus la cause d’accueil est indéterminée. Ce nombre de données trop fragmentaire pour pouvoir faire une analyse précise, permet néanmoins les constats suivants :

  • près de 25 % des individus recueillis correspondent à de jeunes individus tombés de leur gîte,
  • la prédation, essentiellement due à des chats, représente 17% des observations ;
  • les chocs avec des véhicules ne sont pas toujours mortels (2 chauves-souris heurtées ont été relâchées).

Analyse de pelotes de régurgitation de rapaces nocturnes

Les chiroptères entrent occasionnellement dans l’alimentation de l’Effraie des clochers Tyto alba. Ces données sont, bien sûr, prises en compte dans la répartition des différentes espèces. Elles sont figurées sur la carte « période d’activité », partant du principe que le printemps et l’été sont plus propices aux rencontres entre chauves-souris et Effraie. Dans la région Poitou-Charentes, l’essentiel des données provient des analyses réalisées dans la Vienne, où 357 lots de pelotes ont été examinés. En Charente, quelques crânes de chiroptères ont été déterminés dans deux lots de pelotes (Sardin et coll., 1985), ainsi que dans les Deux-Sèvres.

Dans la Vienne, 113 crânes appartenant à 14 espèces ont été découverts parmi les 131 721 proies déterminées, ce qui équivaut à un chiroptère pour 1165 proies. Cette très faible proportion (0,08%) est voisine de celle observée dans d’autres régions françaises. En revanche la diversité des espèces est plus élevée. Le tableau suivant récapitule les résultats de la Vienne comparés à trois autres régions françaises.

Résultats de la Vienne comparés à trois autres régions de France
Alasace. Bersuder & kaiser (1988) Maine et Loire. Pailey (1996) Bourgogne. Baudvin (1983) Vienne. Boilevin (n.p.)
Proportion chiroptères 0,10% 0,15% 0,04% 0,08%
Grand Rhinolophe 0 5 0 2
Rhinolophe euryale 3 0 0 0
Grand Murin 69 6 1 4
Murin à moustaches 0 2 1 0
Murin de Natterer 2 3 0 5
Murin à oreilles échancrées 0 1 1 2
Murin de Daubenton 0 0 0 3
Murin de Bechstein 1 0 0 2
Sérotine commune 6 12 2 7
Noctule commune 1 0 0 3
Noctule de Leisler 0 0 1 0
Pipistrelle commune 3 8 1 24
Pipistrelle de Kuhl 0 36 0 13
Pipistrelle de Nathusius 0 0 0 1
Oreillard gris 5 4 0 7
Oreillard roux 0 0 1 5
Oreillard sp. 0 0 0 3
Barbastelle 0 0 0 6
Minioptère 1 0 0 0
Chiroptère sp. 19 3 8 26
Total individus 111 80 15 113
Nombre d’espèces 9 9 7 14

Par ailleurs on notera en Charente : Myotis emarginatus, Eptesicus serotinus, Pipistrellus pipistrellus, Pipistrellus kuhli et Miniopterus schreibersi.

Dans les Deux-Sèvres : Pipistrellus pipistrellus.

Minioptère de Schreibers

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Répartition régionale

Le Minioptère de Schreibers est une espèce migratrice fortement grégaire dont le Poitou-Charentes constitue la limite septentrionale d’aire de répartition dans l’ouest de la France.

Actuellement, seules deux colonies de parturition sont connues en Poitou-Charentes. La plus importante (colonie mère) se situe en Charente, près de la Rochefoucauld ; l’autre se trouve en Charente-Maritime et ne revêt qu’un caractère satellite par rapport à la première. Il est en effet très probable que les animaux de Charente-Maritime hibernent pour la grande majorité en Charente.

Quelques données de baguage attestent d’ailleurs l’existence d’échanges d’animaux entre ces deux départements.

Durant les périodes de transit, un grand nombre de cavités sont utilisées. Ainsi, dès le début avril, des Minioptères s’assemblent dans quelques carrières désaffectées de Charente-Maritime, avant de rejoindre leur gîte de reproduction à la fin du mois.

A l’automne, l’erratisme est plus marqué et des animaux apparaissent régulièrement dans les carrières du pays savinois, dans la région d’Angoulême, voire en Vienne et en Deux-Sèvres où l’espèce se reproduisait il y a une quarantaine d’années (Melle et Lussac-les-Châteaux).

Certains individus s’attardent même tout l’hiver dans certaines cavités de Charente-Maritime (région de Jonzac, de Saint-Savinien, de Saujon) ou dans l’ouest de la Charente (Cognac).

Effectifs régionaux

L’effectif hivernal du Minioptère dans la cavité mère de Charente est suivi annuellement depuis 1987. Il est soumis à d’importantes fluctuations inter annuelles (Barataud, in lit.) mais la tendance est stable sur 13 ans de suivi.

Les effectifs varient entre 8 500 et 23 000 individus, la moyenne sur la période étant de 14 600 animaux.

En période de reproduction, on ne dénombre plus qu’environ 5 000 animaux en Charente et 1 500 en Charente-Maritime.

Fréquence

Le Minioptère n’est noté que dans 7 % des mailles prospectées en Poitou-Charentes, l’essentiel des contacts étant constitué par des observations en milieu souterrain sur les sites de transit.

Gîtes utilisés

En hiver comme en été, le Minioptère est une espèce strictement troglophile. Elle fréquente de vastes grottes pourvues de grandes salles ainsi que des carrières souterraines abandonnées.

Nombre de Minioptères présents en janvier à Rancogne (16) entre 1987 et 1999 et tendance d’évolution (d’après les données de Michel Barataud)

En période de transit, il est possible qu’elle utilise quelques habitats sortant de la norme comme l’indique la découverte d’un cadavre dans un viaduc autoroutier en Charente-Maritime.

Habitats et terrains de chasse

On sait peu de choses sur l’utilisation de l’habitat par le Minioptère. Quelques captures indiquent qu’il vole parfois à basse altitude (moins d’un mètre) le long de lisières ou près de rivières et de points d’eau.

Des détections distantes de plusieurs dizaines de kilomètres des gîtes connus pourraient indiquer que l’espèce est capable de longs déplacements nocturnes.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Minioptère est une espèce très localisée, tant en période de reproduction (2 gîtes connus) qu’en hibernation (moins de 3 gîtes régulièrement utilisés).

Au niveau géographique, l’espèce a disparu en période de reproduction de deux départements mais la tendance sur les 13 dernières années semble stable en Charente.

Le Minioptère demeure menacé et strictement dépendant pour sa survie de la protection de ses gîtes de reproduction, de transit et d’hibernation.

PJ.

Rhinolophe euryale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Vulnérable

Remarque préliminaire

Cette espèce est extrêmement localisée dans la région. Depuis 1984 elle a été observée dans 7 sites et seules la Charente-Maritime et la Vienne accueillent régulièrement une population.

Effectifs

En janvier 1999, 399 individus ont été dénombrés dans 2 sites. Une cavité de la vallée de la Gartempe (86) accueille à elle seule 96% de cette population, le reste est observé en Charente-Maritime.

En période estivale, en dehors du site de la Gartempe où se reproduit la population hivernale, deux autres cavités abritent quelques femelles et leurs jeunes dans la Vienne et en Charente-Maritime.

Dans ce département, des données des années 80 font état de la présence de 300-400 animaux en transit prénuptial, dans un gîte où seules 10 à 20 femelles se reproduisent aujourd’hui. Enfin, 6 individus en train de s’accoupler sont notés en octobre 1997 dans la carrière protégée des Pieds Grimaud (86). Cette cavité accueille presque régulièrement 1 à 2 animaux en hiver.

Fréquence

En dehors des gîtes cités précédemment, le Rhinolophe euryale n’a jamais été capturé sur un terrain de chasse et aucun crâne n’a été découvert dans les pelotes de réjection d’Effraie.

Gîtes utilisés

Dans la région, le Rhinolophe euryale est exclusivement cavernicole. Les 7 sites connus sont constitués de deux grottes et de cinq carrières abandonnées. Le site majeur de la région est une grotte composée de quatre salles reliées par d’étroits boyaux.

En été, les Rhinolophes circulent dans toute la cavité. Durant l’hibernation tous les animaux sont concentrés dans une petite salle formant un cul-de-sac, où le taux de gaz carbonique est parfois suffisamment élevé pour provoquer une gêne respiratoire chez les humains.

En Charente-Maritime, la maternité est située dans une vaste carrière où pénètre profondément la lumière qui éclaire partiellement la colonie.

En reproduction, l’association avec d’autres espèces est toujours observée : le Grand Rhinolophe (2 cas) ou le Murin à oreilles échancrées (1 cas). En hiver les individus observés aux Pieds Grimaud étaient toujours dans l’essaim de Grands Rhinolophes, alors que dans un gîte de Charente-maritime la vingtaine d’animaux observés était éparpillée dans l’ensemble de la carrière.

Comentaires sur les habitats utilisés

En Charente-Maritime, le gîte de reproduction est situé au cœur d’une zone où alternent cultures céréalières et prairies pâturées, bordée de part et d’autre par des marais doux et salés.

Le site de la Vienne se trouve dans une chênaie pubescente dominant la vallée de la Gartempe bordée de prairies pâturées.

Enfin, l’habitat autour de la carrière de Pieds Grimaud, site de transit et d’hibernation, est constitué de cultures où subsistent quelques haies en périphérie d’un village.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Rhinolophe euryale est sans doute l’espèce la plus fragile de Poitou-Charentes en raison de son extrême localisation et de la sensibilité des sites qu’elle utilise tout au long de son cycle annuel.

Il apparaît d’ailleurs que les populations régionales sont parmi celles qui, en France, ont le plus diminué depuis 40 ans (Brosset et coll., 1988). On constate ainsi la désertion de plusieurs sites au cours des dernières décennies :

Charente.

  • Grotte de Rancogne : elle abritait la plus grande colonie d’euryales connue en France avec 1000 à 1500 individus jusque dans les années soixante.
  • Forêt de la Braconne : une cavité de reproduction (effectif non connu).
  • Château de la Rochefoucault : reproduction dans les cheminées.
    Deux-Sèvres.
  • Grotte de Loubeau : un essaim d’hibernation s’est maintenu au moins jusqu’en 1970, peut-être jusqu’en 1985.
  • Carrière de Tourtenay : quelques individus en hiver avec les Grands Rhinolophes. Disparition des chiroptères lors de la transformation des carrières en champignonnières vers 1965.
    Vienne.
  • Grotte de Fon-serin : quelques dizaines de femelles associées à un essaim de Myotis myotis jusqu’au milieu des années soixante.

Entre 1936 et 1960, le plus fort taux de baguage sur cette espèce en France a été obtenu dans la région Poitou-Charentes avec 1606 euryales bagués (Balliot, 1964). Cette pratique, stoppée en 1970, ainsi que le développement de la fréquentation du milieu souterrain, ont largement contribué à la diminution du Rhinolophe euryale en Poitou-Charentes.

Pour l’heure la protection de tous les sites accueillant cette espèce est une priorité absolue.

OP.

Crapaud accoucheur

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats : Article 1

Convention Berne : Annexe 4

Liste Rouge nationale : Annexe 2

Liste rouge régionale : Indéterminé

Espèce bien répartie dans la partie nord de la Péninsule ibérique et une grande partie de la France, bien qu’elle subisse une diminution d’effectifs sur la bordure nord-est de son aire de distribution.

Biologie et écologie

L’Alyte est un petit crapaud de couleur grisâtre de la famille des discoglossidées. Ses habitats préférentiels sont assez variés, mais il semble avoir une préférence pour les carrières abandonnées, les zones rocheuses, les vieux murs et/ou des talus herbeux parfois très proches des habitations.

Sa stratégie de reproduction, unique en Europe, fait en sorte qu’il ne s’éloigne que très rarement du milieu aquatique. La période de reproduction débute dès les premières nuits douces du printemps (avril mai) ; les mâles entament alors leur chant caractéristique, se rapprochant du chant du Hibou petit duc.

Chez l’Alyte, la fécondation a lieu hors de l’eau, le mâle prenant en charge les œufs (sous forme de petits chapelets de 50 à 60 œufs) sur ses pattes postérieures pendant toute la période de développement embryonnaire. Au moment de l’éclosion, le mâle gagne un milieu aquatique (mare, étang, rivière) où les têtards seront libérés. Il arrive qu’il y ait une deuxième période de reproduction en juillet, dans ce cas, les têtards passent l’hiver à l’état larvaire.

Répartition

En Poitou-Charentes, on peut l’observer sur les quatre départements mais il semble parfois assez localisé. On observe ainsi des zones ou il paraît totalement absent comme dans le nord-ouest des Deux-Sèvres, le nord-est de la Charente-Maritime, le nord-ouest et le centre de la Vienne et le sud-ouest de la Charente.

En Vienne, il suit les vallées alluviales des rivières principales, mais il est aussi souvent abondant au niveau des vallées sèches localisées autour de Poitiers. Le département de la Charente est celui pour lequel il y a le plus de stations connues. La aussi, il semble suivre les vallées alluviales tout comme en Charente-Maritime (fleuve Charente).

En Deux-Sèvres, de nombreuses stations connues hébergent, a priori, des petites populations à l’exception de quelques sites dans le sud de ce département, particulièrement autour de Chizé.

Le chant de ce petit crapaud est caractéristique, sa recherche n’est pas très compliquée et devra être de mise pour compléter les zones pour lesquelles aucune observation n’a été faite.

Miguel GAILLEDRAT

Triton alpestre

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : B3

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Le Triton alpestre est rare en Hongrie et en Bulgarie, menacé en Autriche et Danemark et en danger en Hollande, Belgique et Luxembourg.

Biologie et écologie

En période de reproduction, le mâle présente des couleurs vives qui rendent sa détermination aisée.

En plaine, l’espèce recherche les pièces d’eau plutôt fraîches et ombragées pour se reproduire : mares forestières et de bocage, fossés forestiers, tourbières…
L’herpétologue G.H. PARENT note le rôle pionnier et la résistance du Triton alpestre qui peut occuper des sites nouveaux et sans végétation, voire légèrement pollués.

Répartition

Le Triton alpestre occupe une vaste aire médio-européenne incluant la moitié Nord et Est de la France.

La plupart des auteurs considèrent que la Loire constitue dans notre pays une barrière géographique pour cette espèce. Le Triton alpestre est effectivement présent uniquement dans la partie nord de la Loire-Atlantique (P. EVRARD et D. MONTFORT), très rare dans le nord du Maine-et-Loire (P. PAILLEY) et dans le Nord de l’Indre-et-Loire (G. TARDIVO).

En 1844, MAUDUYT signale l’espèce aux environs de Poitiers mais sa description n’est pas convaincante et la donnée est ensuite mise en doute (GELIN, 1911). Dans les années 70 et 80, quelques observations ont été faites dans les Deux-Sèvres (M. FOUQUET) mais les stations ont aujourd’hui disparu et il pourrait s’agir d’introductions.

De même, depuis 1979, une population est observée dans une mare forestière des environs de Chauvigny, dans la Vienne (P. EVRARD). On peut bien sûr également douter de l’indigénat de cette population.

Toutefois on note que celle-ci semble parfaitement acclimatée et vit dans un biotope qui correspond bien à son écologie. De plus, le Triton alpestre vient d’être découvert dans l’Indre, dans la région des Marches Berrichonnes (P. BOYER), ce qui constitue un lien éventuel avec les populations connues du Limousin.

La présence naturelle du Triton alpestre reste donc à confirmer dans le département de la Vienne et celui des Deux-Sèvres.

Philippe EVRARD