Suivi des Gomphes de Graslin

Le Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii) est une libellule des cours d’eau lents, protégée au niveau national et européen. Cette espèce fait l’objet d’un suivi annuel depuis 1999 sur un réseau de placettes réparties sur un tronçon de 45 km du fleuve Charente dans sa partie charentaise-maritime. Chaque année, les exuvies de cette espèce sont collectées et dénombrées selon un protocole standardisé.

Soumises à de fortes perturbations de son milieu de vie (altération de la qualité d’eau, introduction de l’Ecrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii), développement du tourisme fluvial, disparition des prairies alluviales, apports de pesticides agricoles…), cette libellule connaît un déclin régulier et préoccupant (-61 % en 12 ans). Elle est un des marqueurs de tout un cortège d’espèces dont la situation devient de plus en plus préoccupante…

En savoir plus sur les Libellules du Poitou-Charentes

Suivi des chauves-souris troglophiles du Poitou-Charentes

Chaque hiver, les naturalistes de Poitou-Charentes Nature dénombrent les chauves-souris hibernant dans les cavités souterraines de la région Poitou-Charentes. Ce comptage standardisé permet d’obtenir des informations sur la tendance des diverses espèces qui fréquentent le milieu souterrain et dont plusieurs présentent un enjeu de conservation de niveau européen.

Les tendances ci-jointes sont calculées à partir du dénombrement des 17 principaux sites régionaux. Les résultats permettent d’obtenir des tendances pour des espèces (ici le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) et le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi) ), mais aussi pour l’ensemble des chauves-souris des milieux souterrains.

Au niveau régional, l’évolution des chauves-souris hibernant en milieu souterrain paraît plutôt favorable avec une stabilité du Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et une légère augmentation du Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus). L’effectif, toutes espèces confondues mais hors minioptères, augmente régulièrement malgré de forts accidents liés soit à des sources majeures de dérangement (rave-parties dans des sites majeurs) ou des phénomènes climatiques exceptionnels (en cas d’hiver doux, les chauves-souris sont moins nombreuses dans les grandes cavités).

Cette tendance est probablement à mettre au crédit des importantes protections de sites intervenues notamment dans le cadre de Natura 2000. L’indicateur « chauves-souris » devra à terme favoriser le dénombrement de sites non protégés pour déterminer si l’évolution observée reflète une réelle augmentation de la population ou un simple regroupement des animaux dans des sites protégées (phénomène d’agglomération susceptible de dissimuler un éventuel déclin global).

Le cas du Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi) est plus contrasté avec de fortes variations d’effectif. Cette espèce est capable de grands déplacements. Très grégaire, elle forme des rassemblements importants dans des colonies-mères. En fonction de paramètres encore obscurs, de nombreux animaux choisissent un site régional ou hors région pour hiberner. L’espèce a par ailleurs subi une importante mortalité en 2003, conduisant à un effondrement global des effectifs nationaux, déclin constaté aussi en Poitou-Charentes.

Pour cette espèce, la protection efficace de toutes les colonies importantes est une nécessité absolue.

Pour en savoir plus :

Suivi des oiseaux emblématiques du Poitou-Charentes

Le travail mené par les naturalistes de PCN permet aujourd’hui d’obtenir des courbes de tendance pour les trois espèces visées par cet indicateur.

La Cigogne blanche (Ciconia ciconia) fait l’objet d’une attention soutenue depuis son apparition en Charente-Maritime. Après une tentative avortée d’installation dans les années 1960, la Cigogne blanche est en constante progression depuis le début des années 1990. Malgré quelques accidents de parcours, liés notamment à des facteurs climatiques défavorables (2002), la population augmente de façon constante.

Cette augmentation est sans doute liée à l’arrivée de l’Ecrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) qui a envahi les écosystèmes aquatiques. Faute de pouvoir enrayer l’expansion de cette espèce exotique à problème, la Cigogne blanche contribue à limiter les populations de ce crustacé ravageur.

Le Râle des genêts (Crex crex), est une espèce dont la situation est devenue précaire en Europe occidentale. Autrefois commune dans les prairies alluviales et certaines prairies de fauche, l’espèce subit aujourd’hui un déclin rapide et constant faisant craindre une disparition à court ou moyen terme.

Les causes de régression du Râle des genêts sont liées à la transformation des prairies inondables en culture, à la modification des pratiques de fauche (fauche mécanisée rapide détruisant les nichées, voire les adultes), une altération du régime des crues et surtout un drainage des parcelles qui permet des fauches de plus en plus précoces.

Plusieurs programmes de conservation ont été entrepris au niveau national et régional mais les actions se heurtent au manque d’intégration de la préservation de la biodiversité dans la Politique agricole commune et à une intensification toujours croissante des pratiques agricoles.

La LPO relance un programme LIFE en partenariat avec tous les acteurs locaux pour tenter d’éviter la disparition régionale de cet oiseau emblématique.

L’Outarde canepetière (Tetrax tetrax), acclimatée aux cultures, était vraisemblablement commune en Poitou-Charentes jusque dans les années 1970. Les profondes modifications des pratiques agricoles (mécanisation, apport massif de pesticides et d’intrants, augmentation de la taille des parcelles suite aux remembrements et homogénéisation des couverts végétaux) ont fait disparaître l’espèce de nombreuses régions agricoles.

Entre 1996 et 2010, la population régionale a décliné de 48 %. Le programme de conservation et de réintroduction piloté par la LPO en partenariat avec les associations de Poitou-Charentes Nature a permis de stopper le déclin de l’Outarde dont l’essentiel de la population se concentre aujourd’hui dans les Zones de protection spéciales désignées pour sa conservation.

L’espèce demeure fragile, notamment du fait de la mauvaise prise en compte des enjeux de préservation de la biodiversité dans les zones agricoles. La disparition des jachères pourrait sonner le glas de cette espèce devenue aujourd’hui strictement dépendante de mesures de conservation fortes.

Pour en Savoir plus :

Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC-EPS)

Le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) permet d’obtenir des données chiffrées sur l’évolution des populations d’oiseaux dans le temps.

Ce programme est mis en œuvre partout en Europe et se décline au plan national et régional. Il est considéré par l’Union européenne comme un de ses Indicateurs structurels. Ce projet est coordonné en France par le Muséum National d’Histoire Naturelle et régionalement par la LPO Vienne.

En Poitou-Charentes, le STOC mobilise près de 110 observateurs, qui effectuent chaque année des relevés sur 700 points d’écoute.

Les données récoltées peuvent être analysées espèce par espèce ou par groupes d’espèces. Les premières analyses lancées en 2009 ont par exemple permis d’étudier l’évolution comparée des oiseaux généralistes (Pigeon ramier, Merle noir, Mésange charbonnière, Coucou gris, etc.), des milieux agricoles (Alouette des champs, Perdrix rouge, Tarier pâtre, Bruant proyer, etc.), des milieux forestiers (Pic épeiche, Pouillot véloce, Grimpereau des jardins, Grive musicienne, etc.), et des milieux bâtis (Tourterelle turque, Rougequeue noir, Moineau domestique, Hirondelle de fenêtre, etc.).

Le cortège d’oiseaux généralistes augmente sensiblement alors que les cortèges d’oiseaux des milieux bâtis, agricoles et forestiers déclinent de façon régulière.

Ces tendances préliminaires seront complétées et détaillées sous peu, une étude plus fine des résultats des STOC régionaux étant actuellement en cours.

Formation Papillons du 6 juin 2009

Formation Papillons du 6 juin 2009

Matinée : Partie en salle


55 personnes étaient présentes, des 4 départements, pour assister aux présentations diapo suivantes (à télécharger) :

Lors de la pause café, chacun peut prendre connaissance de la documentation laissée à disposition, pour partie à emporter (poster CG79 …), à commander (guide Lépidoptères Lafranchis et guide des
papillons de Haute-Saintonge notamment) et à récupérer dont l’attendu livret de synthèse des connaissances régionales réalisée en 2008, malgré quelques erreurs (corrigée dans la version à télécharger)

Pique-nique et visite du nouvel aquarium à Loutre et Tortues

Une présentation des derniers aménagements est proposée par B. Ragot du Zoodyssée et notamment du parc aquatique où des hélophytes locaux (Joncs, Rubanier…) ont été plantés, constituant à la fois un filtre naturel pour les parcs aquatiques et un espace de reproduction pour Amphibiens (Crapaud commun Bufo bufo, Grenouille verte Rana kl. esculenta et plusieurs odonates dont de nombreuses exuvies d’Anax empereur Anax imperator) : aquarium et parc à Loutre et bassins à tortues dont la Cistude (Emys orbicularis). Pendant le repas sur place, 1 Thécla de l’orme (Satyrium w-album) est observé sur le Zoodyssée (G. Royer).

Après-midi : sortie terrain en forêt de Chizé


Après avoir assisté à la dernière présentation sur les Mélitées et profitant d’une accalmie, la sortie est lancée pour mettre en application les présentations du matin. Ainsi, pas moins de 23 espèces rencontrées malgré des conditions météorologiques (vent, couverture nuageuse, température) peu favorables :

Carrefour de l’empereur, route forestière n°4
(Villiers-en-Bois)
Prairies de Terre-Neuve, ancien camping de Péré
(Beauvoir-sur-Niort)
Hespérie de la houque (Thymelicus sylvestris) Hespérie de la houque (Thymelicus sylvestris)
Hespérie du chiendent (Thymelicus acteon) Demi-argus (Cyaniris semi-argus)
Demi-deuil (Melanargia galathea) Demi-deuil (Melanargia galathea)
Nacré de la ronce (Brenthis daphne) Souci (Colias crocea)
Belle-Dame (Vanessa cardui) Belle-Dame (Vanessa cardui)
Céphale (Coenonympha arcania) Céphale (Coenonympha arcania)
Fadet commun (Coenonympha pamphilus) Fadet commun (Coenonympha pamphilus)
Sylvaine (Ochlodes faunus) Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius)
Tircis (Pararge aegeria) Hespérie de la mauve (Pyrgus malvae/malvoides)
Mélitée du mélampyre (Melitaea athalia) Thécla de la ronce (Callophrys rubi)
Bel-Argus (Polyommatus bellargus) Bel-Argus (Polyommatus bellargus)
Azuré des coronilles (Plebejus argyrognomon) Sylvain non identifié/capturé (Ladoga/Azuritis sp)
Piéride non identifié/capturé (Pieris sp) Azuré du serpolet (Maculinea arion)
Myrtil (Maniola jurtina) Myrtil (Maniola jurtina)
Paon du jour (Inachis io)
Petite Violette (Clossiana dia)
16 espèces 14 espèces

 

Autres espèces (pèle-mêle)
Circaète Jean-le-blanc (Circaetus gallicus) Zygène du trèfle (Zygaena trifoli)
Sténoptère roux (Stenopterus rufus) Zygène de la filipendule (Zygaena filipendulae)
Ecaille villageoise (Epicallia villica) Zygène transalpine (Zygaena transalpina)
Nid d’engoulevent avec ponte Zygène du lotier (Zygaena loti)
Sténoptère roux (Stenopterus rufus)
Milan noir (Milvus migrans)

Des surprises étaient au rendez-vous lors de cette sortie :

  • belle population d’Azuré des coronilles et présence de la Mélitée du mélampyre sur le remier site
  • présence, en plus d’une période de vol très précoce (apparition habituelle fin juin), de l’Azuré du serpolet sur le second site, espèce protégée au niveau national, ainsi que du Demi-argus

Nicolas Cotrel (DSNE)

Formation Papillons du 8 mai 2010

Formation Papillons du 8 mai 2010

Dans le même esprit que la formation de l’année dernière à Chizé, cette seconde formation régionale, ouverte à tous, s’est déroulée à Saintes, avec une matinée en salle et une après-midi de terrain.

90 personnes ont assisté à cette journée, un record dans les formations régionales !

La matinée a été consacrée à des exposés auprès des 71 participants. Les uments présentés peuvent être téléchargés ci-dessous :

Le groupe s’est dirigé en début d’après-midi sur la commune de Saint Savinien pour un pique nique convivial tiré des sacs avec une grosse partie des troupes de la matinée et une quinzaine de nouveaux arrivants, avant une prospection sur les Chaumes de Séchebec.
Profitant de la présence programmée de Matthieu HOLTHOF et Thomas HERAULT, tous deux chargés de missions au Conservatoire Régional d’Espaces Naturels (antenne Charente-Maritime), sur ce site appartenant au CREN, chacun a pu apprécier une présentation des lieux

Les espèces suivantes ont été contactées :

Lépidoptères Rhopalocères

HESPERIDAE
Erynnis tages (Point de Hongrie)
Spialia sertorius (Hespérie des Sanguisorbes)

PAPILIONIDAE
Iphiclides podalirius (Flambé)

PIERIDAE
Pieris rapae (Piéride de la Rave)
Pieris brassicae (Piéride du Chou)
Anthocharis cardamines (Aurore)
Colias alfacariensis (Fluoré)

LYCAENIDAE
Callophrys rubi (Thécla de la Ronce)
Everes alcetas (Azuré de la Faucille)
Cupido minimus (Argus frêle)
Cyaniris semiargus (Azuré des Anthyllides)
Polyommatus bellargus (Bel-Argus)
Polyommatus icarus (Azuré de la Bugrane)

NYMPHALIDAE
Pararge aegeria (Tircis)
Lasiommata megera (Mégère)
Coenonympha arcania (Céphale)
Coenonympha pamphilus (Fadet commun)
Vanessa atalanta (Vulcain)
Vanessa cardui (Belle-Dame)
Polygonia c-album (Robert-le-Diable)
Melitaea phoebe (Mélitée des Centaurées)
Melitaea cinxia (Mélitée du Plantain)
Mellicta parthenoides (Mélitée des Scabieuses)

Coléoptères
CERAMBYCIDAE
Dorcadion fuliginator (Dorcadion fuligineux)

Lépidoptères Hétérocères
ARCTIIDAE
Diaphora mendica

GEOMETRIDAE
Pseudopanthera macularia
Ematurga atomaria

LASIOCAMPIDAE
Chenille de Lasiocampa quercus

NOCTUIDAE
Chenille de Amphipyra pyramidea
Euclidia glyphica
Minucia lunaris

Oiseaux
Fauvette pitchou (Sylvia undata)
Bondrée Apivore (Pernis apivorus)
Milan noir (Milvus migrans)

Flore
Helianthemum apenninum (Hélianthème des Apennins)
Globularia vulgaris (Globulaire commune)
Spirea hispanica (Spirée hispanique)

ORCHIDEES
Orchis morio (Orchis bouffon)
Aceras anthropoforum (Homme pendu)
Ophrys aranifera (Ophrys araignée)
Ophrys passionis (Ophrys passion)
Ophrys insectifera (Ophrys mouche)

La formation s’est achevée vers 17h, avec rendez-vous pris dans chaque département pour des formations locales.

Le Compte-rendu exhaustif de la formation

Contact pour renseignements : Olivier ROQUES (Nature Environnement 17) Tél : 05 46 41 39 04

 

Une couverture départementale de l’inventaire des landes

L’inventaire des landes de Poitou-Charentes, associé à une analyse cartographique des données, a permis de tirer un bilan de la distribution et de l’état de conservation général des landes de la région dans l’objectif d’améliorer la connaissance de ce milieu pour mieux le préserver. Les prospections n’ayant pas pour vocation la réalisation d’analyses faunistiques et floristiques approfondies, nous avons cherché à définir les principales caractéristiques du site afin d’estimer l’opportunité et la faisabilité d’une action de protection.
La phase de terrain a donc permis de mettre en évidence un ou plusieurs sites remarquables à l’échelle de chaque département afin d’en déterminer à court terme les grands axes de gestion conservatoire. Dans le cadre de cet inventaire, nous avons pu caractériser chaque habitat de landes par ses spécificités écologiques, son degré de menace et son état de conservation, afin de mettre en œuvre une stratégie de préservation.
Malgré un recensement volontairement très large, il n’a pu être totalement exhaustif car de petits îlots de landes peuvent subsister de façon éparse dans les massifs forestiers faute d’avoir pu être détectés.

Charente

Après comparaison des résultats d’inventaires avec les données issues des services forestiers, la Charente totalise une surface d’environ 328 ha sur 34 sites de landes.
La plupart des sites sont situés dans le sud du département (le Petit Angoumois, les collines de Montmoreau et le Pays d’Horte) qui accueille la quasi-totalité des landes sèches et mésophiles. La majorité des landes humides se réparti dans le nord de la Charente (les terres froides) et seulement avec des surfaces extrêmement réduites dans le sud.
L’inventaire a mis en évidence une tendance départementale au vieillissement de ces habitats avec un grand nombre de landes dans un état boisé ou proche du boisement, et de nombreux sites soumis à une sylviculture intensive.
Sur le territoire charentais, les landes ne forment désormais plus qu’un habitat relictuel (superficie moyenne de 10 ha) fortement menacé de disparition. Toutefois, la présence de sites remarquables au sein de la zone Natura 2000 « Landes de Touverac Saint-Vallier » en fait des sites prioritaires pour une gestion conservatoire, vecteurs d’une volonté de préservation des landes à l’échelle du département.

Charente-Maritime

Sur les 109 sites inventoriés dans le département, les landes recouvrent une surface estimée à 1 246 ha (soit une superficie moyenne de 6 ha par site). Ces habitats apparaissent fortement relictuels en Charente-Maritime avec des sites de petite taille répartis sur la frange sud du département (cf. carte 1) La distribution des sites de landes sur le territoire est marquée par la formation de quatre unités paysagères distinctes (cf. carte 4) : deux à l’ouest (la presqu’île d’Arvert et la campagne de Pont l’Abbé / Gémozac), une au centre (les bois et forêt de la Lande) et l’autre à l’est du département (la Double Saintongeaise et le Petit Angoumois).
Seule la pointe sud-est du département compte encore de grandes surfaces de landes reliées entre elles par un réseau de petits sites qui peuvent jouer le rôle de corridors biologiques. Cette dynamique des landes du secteur de la Double Saintongeaise pourrait s’étendre aux sites du sud de la Charente si des landes étaient découvertes dans le secteur aujourd’hui non prospecté de Charente-Maritime. Des prospections complémentaires permettront d’affiner cette analyse.
L’inventaire des landes en Charente-Maritime confirme leur vulnérabilité face au boisement et à la fermeture naturelle du milieu, tout en soulevant le problème du développement urbain aux dépens des milieux naturels (cf. carte 3).
Cette répartition permet d’entrevoir un stade déjà avancé de régression des superficies de landes en Charente-Maritime (cf. carte 2). Toutefois, un réseau encore dense de landes au sud-est du département, bénéficiant pour certains sites d’un classement Natura 2000, laisse présager des potentialités d’actions de conservation sur ce secteur de la Double Saintongeaise.

Deux-Sèvres

Les Deux-Sèvres comptabilisent 41 sites de landes, essentiellement des landes sèches et mésophiles, couvrant une surface plutôt réduite de près de 225 ha.
Les prospections ont mis en évidence l’urgence d’agir pour la prise en compte de ces habitats figurant à l’état relictuel dans le département (superficie moyenne inférieure à 6 ha) et fortement menacés par leur abandon et le boisement productif.
Les contreforts de la Gâtine, au nord du département, constituent le principal secteur de landes des Deux-Sèvres avec près de 180 ha retenus lors de l’inventaire. Les 70 ha de landes inclus dans le périmètre Natura 2000 « Vallée de l’Argenton » ont fait l’objet de propositions de gestion conservatoire dans le cadre de l’élaboration du ument d’objectifs. L’application de mesures CAD ou contrat Natura 2000 sur ces secteurs permettrait d’assurer le maintien voire la restauration de la lande Deux-Sévrienne avant sa disparition complète. Mais, depuis la validation du OB en 2004, aucune mesure n’a été signée en faveur de ces habitats. Seuls deux sites font l’objet de mesures conservatoires en 2006 : les landes de l’Hôpiteau (propriété du CREN) et les landes du Cébron (site du Conseil Général).

Vienne

Avec 148 sites et environ 5 450 ha de surfaces de landes recensés, la Vienne reste le département le plus riche en landes de la région Poitou-Charentes.
Le paysage de la Vienne est dominé par de la lande mésophile accompagnée de landes sèches et humides en mosaïque, formant par endroits des landes à mares souvent créées par l’extraction de pierres meulières.
Leur distribution sur le territoire s’étend sur tout l’est du département et sur sa pointe nord-ouest. Cette répartition est marquée par la présence de grands sites déjà connus et gérés (sites Natura 2000, réserve naturelle nationale, terrains militaires…) dont une dizaine dépasse la centaine d’hectares. L’inventaire a révélé que ces grandes surfaces de landes s’accompagnent d’une multitude de petits sites épars (cf. carte 2). Il existe donc encore en Vienne une dynamique paysagère constituée de grandes entités de landes connectées entre eux par de petits sites épars, formant ainsi de véritables réseaux fonctionnels de landes essentiels à la biodiversité.
Nombreux sont les sites localisés au sein même des massifs forestiers. Sur les sols favorables, la lande s’y développe suite à l’exploitation forestière, aux phénomènes de tempête, voire même aux incendies. Mais sur ces sites à vocation forestière, les landes non entretenues sont vouées à s’embroussailler puis à évoluer vers le boisement pour n’être présentes qu’en sous-bois ou dans les trouées. Ainsi, au sein d’un massif forestier s’opère un équilibre entre la fermeture naturelle des landes et leur ouverture suite aux coupes.
Cet équilibre reste cependant fragile puisque la disparition des landes en Vienne est bien réelle. De Longuemar estimait qu’il en restait quelques 90 000 ha en 1877. Aujourd’hui, la Vienne ne conserve plus que 5% de ces landes originelles. Cette régression se poursuit actuellement avec la colonisation du milieu par les boisements, qu’ils soient volontaires (plantation de résineux) ou naturels avec le vieillissement des landes.

Il apparaît donc important de photographier plus d’un siècle plus tard l’état de ces milieux à l’échelle de la région Poitou-Charentes.

Synthèse pour le Poitou-Charentes

Jean Terrisse (POITOU-CHARENTES NATURE, 2006) estime qu’aucune lande du Poitou-Charentes ne peut être considérée comme primaire. Elles résultent toutes d’anciennes forêts acidophiles qui ont été incendiées ou pâturées pour favoriser le développement d’une végétation herbacée. Toutes ces pratiques traditionnelles ont aujourd’hui presque totalement disparu en Poitou-Charentes, hormis sur certains espaces protégés comme la Réserve Naturelle du Pinail où des ovins ont été réintroduits comme outils de gestion.
En l’absence de facteurs de rajeunissement, la lande sèche ou mésophile « vieillit » et se trouve envahie plus ou moins rapidement – selon la profondeur et la richesse trophique du substrat – par des espèces pré-forestières. Ainsi, des espèces pionnières comme le Prunellier, l’Ajonc d’Europe, le Genêt à balais, les ronces, le Pin maritime, voire la Bourdaine précèdent l’implantation d’essences forestières telles que les chênes (Chêne tauzin, Chêne pédonculé, voire Chêne pubescent dans quelques cas).
De même, les landes humides du Poitou-Charentes sont devenues des espaces « improductifs » soumis à l’évolution progressive de la végétation. Leur abandon conduit au sur-développement de la Callune, à une invasion par la Molinie et la Fougère aigle, à l’installation d’arbustes pionniers plus ou moins hygrophiles tels que la Bourdaine, le Saule roux, voire le Pin maritime ou le Chêne pédonculé quand des porte-graines existent à proximité (cas fréquent dans la région où les landes ont fait l’objet d’enrésinements massifs).
Les landes à ajoncs et genêts quant à elles ne couvrent pas de grandes surfaces homogènes. Il s’agit de milieux ouverts difficilement pénétrables, présents en marge des milieux forestiers où ils constituent alors des milieux de transition. Guy Chézeau (POITOU-CHARENTES NATURE, 2006) les associe à l’abandon de prairies anciennement cultivées mais de faibles capacités agronomiques ou de landes autrefois pâturées sur un mode extensif. La nature du sous-sol et le type de sol, plus riche que celui des landes à bruyères, déterminent ensuite l’apparition de ces deux grands types d’habitat. Les fourrés à Genêts à balais se localisent sur des sols faiblement acides, sur des argiles de décalcification ou sur des sols acides thermophiles, et les fourrés à Ajoncs d’Europe se retrouvent sur sols acides mésophiles voire hydromorphes. Ces fourrés évoluent vers une chênaie acido-thermophile à Chêne tauzin sur les sols les mieux drainés ou vers une chênaie à Chêne pédonculé sur les substrats plus humides.

Ainsi, la plupart des landes régionales identifiées au cours de cet inventaire présentent des faciès âgés, transitoires avec des forêts potentielles dont la composition est plus ou moins proche des forêts originelles du Poitou-Charentes. Si la prolifération des grands animaux peut entraîner localement une réouverture du milieu, cela ne suffit toutefois pas à empêcher la lente restauration d’un milieu forestier qui va peu à peu faire disparaître les espèces landicoles typiques, plus ou moins strictement héliophiles.
Ainsi, alors que le défrichement pour une reconversion des landes en terre arable n’existe pratiquement plus (cf. carte 3), les surfaces régionales de landes continuent de régresser. Ce constat démontre l’importance encore accrue des autres causes de disparition de la lande, à savoir les plantations et, comme nous l’avons vu précédemment, la dynamique de colonisation naturelle.

Toutefois, des actions de préservation des landes sont possibles sur l’ensemble des départements par le biais du réseau Natura 2000 qui ouvre la voie d’une politique européenne volontariste de concertation entre protection des milieux naturels et développement socio-économique des territoires. Peuvent être également menées des actions régionales, comme celles du CREN Poitou-Charentes (acquisitions, baux, conventions… et gestion conservatoire) et ainsi contribuer à la création de réserves naturelles régionales. Enfin, les départements peuvent également agir par l’utilisation de la taxe départementale des espaces naturels sensibles.

Des résultats discutés…

La rencontre de l’ensemble des partenaires du programme a permis de rendre compte des limites et difficultés rencontrées dans la réalisation d’un inventaire d’envergure régionale où coexistent intérêts écologique et économique.
Malgré la validation en comité de pilotage d’un protocole de terrain avec une fiche standardisée à remplir, certaines structures ont réalisé un travail plus approfondi dans la récolte des données de terrain. Ainsi, le sud de la Charente-Maritime, secteur où semblent se concentrer les sites de landes du département, n’a pu être prospecté en totalité par manque de temps. L’inventaire de Charente-Maritime sera donc complété dans le cadre de la poursuite du programme.
D’autre part, les photographies aériennes utilisées en amont de la phase de terrain pour repérer les sites de landes ne sont pas récentes (1999 pour la Vienne et les Deux-Sèvres et 1996 pour la Charente et la Charente-Maritime). Par ailleurs, elles datent toutes d’avant la tempête de 1999 qui a pu découvrir des surfaces forestières plus ou moins importantes et potentiellement favorables au développement de landes.
Or, ces trouées identifiées comme des sites de landes lors de leur découverte sur le terrain restent des secteurs à vocation forestière. Ces sites sont donc majoritairement destinés soit à être reboisés par plantation soit à se reboiser rapidement de façon naturelle.
En accord avec les partenaires forestiers, il a été convenu de conserver ces sites dans les fiches du Catalogue mais de préciser dans leur état de conservation s’il s’agit de landes découvertes après la tempête et/ou de landes transitoires [18], en mélange avec des boisements. À partir des uments contractuels établis par les représentants de l’État et engageant les propriétaires forestiers dans le reboisement de leurs parcelles, il a été possible d’affiner les surfaces de landes transitoires au plus juste.

Grand Rhinolophe

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Répartition régionale

La répartition du Grand Rhinolophe n’est encore que partiellement connue. Les données concernant cette espèce correspondent pour l’essentiel à des observations effectuées en milieu souterrain et la cartographie de la présence de l’espèce reflète parfaitement celle des cavités prospectées.

L’espèce n’est pourtant pas cantonnée aux zones karstiques ou aux secteurs de carrières et de mines. Elle est présente en phase d’activité dans le bocage ou les milieux boisés de nombreux secteurs démunis de cavités souterraines. Sa présence est alors beaucoup plus difficile à établir, l’espèce n’étant pas aisément repérable par détection ultrasonore (faible portée des signaux, fréquence très élevée).

Effectifs régionaux

En période hivernale, la population de Grand Rhinolophe est importante puisque plus de 5000 individus ont été dénombrés en 1998-99 dans près de 200 gîtes, ce qui représente environ 15 % de l’effectif national connu.
L’essentiel des gîtes d’hibernation n’abrite que quelques dizaines d’individus mais certains hébergent jusqu’à 800 animaux (Charente-Maritime).

Population hivernale de Grand Rhinolophe en Poitou-Charentes en 1999
<20 20-50 51-200 201-500 >500 Total
Charente 60/15 60/3 160/2 230/1 595/1 1105/22
Charente-Maritime 122/26 92/4 381/5 229/1 823/1 1647/37
Deux-Sèvres 60/16 0 336/2 0 0 396/18
Vienne 300/95 154/5 459/5 1135/4 0 5196/109
Totaux 542/152 306/12 1336/14 1594/6 1418/2 5196/186

Légende : 1erchiffre : effectif ; 2ème chiffre : nombre de sites.

La population reproductrice n’est encore que très imparfaitement connue. Pour l’heure, nous ne connaissons qu’une quinzaine de colonies totalisant moins de 1000 individus.

Un gros travail de prospection est donc à entreprendre afin de découvrir et protéger les gîtes de parturition les plus importants.

Fréquence

Au total, le Grand Rhinolophe a été contacté dans 47 % des mailles prospectées. Il s’agit sans doute de l’espèce la plus fréquemment observée en milieu souterrain. Elle est facilement repérable et fréquente une multitude de petits sites où stationnent quelques individus de façon plus ou moins régulière.

Gîtes utilisés

Les gîtes utilisés en période de reproduction sont encore largement méconnus mais plusieurs colonies de parturition ont été trouvées dans des églises et des granges (Deux-Sèvres et Vienne) ou des cavités souterraines (Charente-Maritime).

Dans les carrières, les femelles s’installent dans des cheminées obturées au sommet par des dalles de béton, directement exposées au rayonnement solaire. Les animaux s’accrochent donc à de véritables radiateurs.

En période de transit, des gîtes variés, parfois de très petite taille, peuvent être utilisés. En Charente-Maritime par exemple, un viaduc autoroutier à structure creuse abrite plusieurs dizaines d’individus à l’automne.

Habitats et terrains de chasse

Les quelques données dont nous disposons indiquent que les Rhinolophes fréquentent en Poitou-Charentes les milieux semi-ouverts où alternent bois, haies et prairies.

Statut patrimonial et évolution des populations

D’après les quelques données historiques dont nous disposons (BROSSET, 1959, BERTRAND, 1989), la population régionale de Grand Rhinolophe paraît stable, voire en légère augmentation.

La population hivernante picto-charentaise de Grand Rhinolophe représente près de 15 % de l’effectif national et plusieurs gîtes disposent d’effectifs de niveau d’importance européenne.

La région Poitou-Charentes joue donc un rôle majeur dans la conservation de cette espèce en déclin et se doit donc de garantir la pérennité de sa population, notamment par la protection stricte des gîtes les plus importants et par la mise en œuvre de mesures adéquates pour maintenir l’intérêt des terrains de chasse utilisés.

PJ.


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Sommaire liste espèces animales déterminantes

  • Méthodologie
    • Le choix des groupes faunistiques traités
    • Groupes faunistiques étudiés
    • Fiches de synthèse
    • Systématique employée
  • Espèces déterminantes en Poitou-Charentes
  • Département de la Charente
  • Département de la Charente-Maritime
  • Département des Deux-Sèvres
  • Département de la Vienne
  • Annexe 1 : Liste faunistique exhaustive,
    première étape du catalogue des espèces animales du Poitou-Charentes
  • Annexe 2 : Liste des espèces déterminantes par groupe faunistique

Sommaire liste espèces végétales déterminantes

  • Bilan des espèces végétales déterminantes en Poitou-Charentes
  • Liste régionale des espèces végétales déterminantes
  • Liste des espèces végétales déterminantes en Charente
  • Liste des espèces végétales déterminantes en Charente-Maritime
  • Liste des espèces végétales déterminantes en Deux-Sèvres
  • Liste des espèces végétales déterminantes en Vienne