Plantations de conifères

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les peuplements artificiels de résineux constituent un milieu homogène consacré à la production de bois. Les premières espèces mises à contribution dans la région Poitou-Charentes ont été des pins (Pin maritime sur sols siliceux et Pin sylvestre sur sol calcaire) espèces pionnières très rustiques, le Pin maritime appartenant par ailleurs à la flore indigène. Ces deux espèces constituent encore sans doute les essences les plus utilisées (60000 ha pour le Pin maritime et 10000 ha pour le Pin sylvestre)

De nombreuses espèces exotiques ont par la suite été introduites avec des succès mitigés, soit en peuplements purs, soit beaucoup plus rarement en mélange. On peut citer les espèces suivantes :

  • Le Sapin de Nordmann – origine Caucase – en départements 16 et 17
  • L’Epicéa de Sitka – origine Amérique du NO – en 16
    -Le Douglas vert (ou pin de l’Orégon) – origine Amérique du NO – en16 (3500 ha)
  • Le Mélèze du Japon – origine Japon – en 16
  • Le Pin laricio de Corse – origine Corse – en 16, 79 et 86 (4000 ha)
  • Le Pin noir d’Autriche – origine Europe des Balkans – en 16 79 et 86
  • Le Pin pignon (ou pin parasol) – origine pourtour méditerranée – en 17
  • Le Pin Weymouth – origine Amérique de l’Est – en 16 et 86

On y ajoutera des essences plantées en parcs et jardins (Cèdre de l’Atlas, Cyprès divers, Mélèze du Japon, If, Sapin de Vancouver….)
L’ensemble couvre une surface représentant 6% des surfaces plantées en Poitou-Charentes.

Les plantations de conifères se font en plein ou en alignements.

En plein, on recherche la simplicité. Les forestiers utilisent une seule essence avec des populations constituées d’individus du même âge et de même dimensions, issus de techniques de clonage, ce qui rend la plantation facile à conduire. Les plants sont alignés et régulièrement espacés de manière à faciliter les opérations de gestion, les différentes étapes pouvant être mécanisées. L’espace est occupé en totalité, on éclaircit par une succession de dépressages. La végétation adventice est considérée comme concurrente et donc éliminée. Il arrive de plus en plus fréquemment que l’on pratique des améliorations génétiques par sélection, que l’on fertilise le sol et que l’on s’assure d’un bon état sanitaire par utilisation de pesticides, la culture mono spécifique favorisant les attaques de parasites.

L’exploitation se fait par coupe rase sans chercher à retrouver une régénération par semis, on ne conserve donc pas de semenciers.

Il arrive que les plantations en plein de résineux soient masquées par alignements de feuillus disposés en écran paysager.

Ailleurs, ce sont les résineux qui sont disposés en alignements, notamment en brise vent ce que favorise leur feuillage persistant. Ici ou là, ces alignements ont pu constituer des éléments remarquables du paysage local, citons ici les alignements de Cyprès de Lambert dans les îles du Ponant.

Les conifères sont responsables d’une acidification du sol avec un appauvrissement de la pédoflore bactérienne et cryptogamique, la décomposition de la litière à la surface du sol en est ralentie.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc.

COR 1991

  • 83.31 Plantations de conifères

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Aucune.

Dynamique

Pas de dynamique naturelle.

Espèces indicatrices

[plante2] (Abies nordmanniana), (Larix kaempferi), Monotropa hypopitys, (Picea sitchensis), (Pinus nigra ssp.nigra), (Pinus nigra ssp.laricio), Pinus pinaster, (Pinus pinea), (Pinus strobus), (Pinus sylvestris), (Pseudotsuga menziesii)
[coleopteres] Ergastes faber
[lepidopteres] Dendrolimus pini, Thaumatopea pityocampa

Valeur biologique

Outre les résineux plantés, il est possible de rencontrer quelques espèces qui vivent soit en parasites soit en commensaux, ou qui trouvent en sous bois un abri favorable. La flore mycologique peut présenter parfois un certain intérêt (bolets, tricholomes, russules, Sparassis crépu…).

Menaces

Les ouragans du type de celui qui s’est abattu fin décembre 1999 sur le département de la Charente-Maritime constituent la première menace pour les plantations. L’utilisation du Pin à l’encens Pinus taeda lors des reconstitutions des peuplements sinistrés constitue parfois une bonne alternative, ce pin possédant un enracinement plus important. Toutes les espèces sont soumises à l’attaque de parasites, processionnaires, charançons, cochenilles, chenilles défoliatrices, pissodes, pyrale du tronc, scolytes, tordeuses, ou champignons (rouilles, fomes, agents de chancre…)

Le grand gibier peut poser de sérieux problèmes sur les jeunes plantations, le chevreuil étant à lui seul responsable des principales dégradations.

Statut régional

La Charente-Maritime, dans sa partie Saintonge boisée, et la Charente hébergent les surfaces enrésinées les plus importantes. Les plantations y sont en relation avec la déprise agricole.

Ces régions sont de culture forestière ancienne mais les plantations mixtes ont été supplantées dans la seconde moitié du 20ème siècle par des plantations mono spécifiques de résineux.

 

Lieux piétinés humides

Rédacteur : Anthony Le Fouler

Physionomie – écologie

Les lieux piétinés humides correspondent aux zones qui sont à la fois périodiquement inondées et fortement pâturées. Une végétation à recouvrement souvent épars à base de graminées rampantes et d’oseilles ou de grands joncs se développe sur des sols compactés par un piétinement excessif et très enrichis en éléments nutritifs apportés par une concentration de déjections animales. Les conditions abiotiques (eau, sol, nutriments) sont alors très contraignantes et limitent les possibilités floristiques. L’habitat correspond le plus souvent aux zones d’abreuvoir, aux parcs de contention, aux cours de ferme mais peut aussi apparaître spontanément en bordure de cours d’eau ou en queue d’étang.

Le piétinement intensif et les inondations rendent le tapis végétal discontinu. Le surpâturage favorise des plantes graminoïdes stolonifères coloniales et peu appétantes comme la Laîche hérissée et les grands joncs. Ces plantes forment alors des touffes denses plus ou moins étalées en surface (zones de refus). Les espèces les plus représentatives de l’habitat sont le Plantain majeur (Plantago major), l’Agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera), le Vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), l’Oseille crépue (Rumex crispus) ainsi que la Potentille ansérine (Potentilla anserina).

En outre, on observe dans certains cas l’apparition d’une strate supérieure dominée soit par le Chiendent rampant (Elymus repens), soit par les grands joncs. L’apparition d’une telle strate modifie ainsi considérablement la physionomie de l’habitat.

Au moins 4 associations végétales sont reconnues en Poitou-Charentes et correspondent à des stades de dégradation par piétinement d’autres communautés végétales. Leur déterminisme dépend des conditions stationnelles :

  • en conditions mésophiles sur substrats limoneux à sablo-limoneux, on rencontre la communauté à Oseille crépue et Vulpin genouillé (RUMICI CRISPI-ALOPECURETUM GENICULATI) à affinités nord- et sub-atlantiques ;
  • en conditions hygrophiles et thermophiles sur substrats alcalins à texture variable, on observe une communauté souvent ouverte et donc riche en plantes annuelles, mais dominée par la Menthe pouillot et le Grand plantain (PLANTAGINI MAJORIS-MENTHETUM PULEGII) ;

Il existe aussi sur le littoral de Charente-Maritime, 2 communautés subhalophiles et thermo-atlantiques dérivant des communautés prairiales des marais arrière-littoraux :

  • le PLANTAGINI MAJORIS-TRIFOLIETUM RESUPINATI apparait en conditions mésohygrophiles sous l’action d’un piétinement excessif des prairies subhalophiles du CARICI DIVISAE-LOLIETUM PERENNIS ;
  • le RANUNCULO OPHIOGLOSSIFOLII-MENTHETUM PULEGII dérivant en conditions hygrophiles de la dégradation par piétinement des dépressions du RANUNCULO OPHIOGLOSSIFOLII-OENANTHETUM FISTULOSAE des marais subhalophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

AGROSTIETEA STOLONIFEREA Th. Müll. & Görs 1969

  • Potentillo anserinae-Polygonetalia avicularis Tüxen 1947
    • Agropyro-rumicion crispi p.p. : communautés piétinées et pâturées collinéennes, mésohygrophiles et eutrophes.

COR 1991

  • 37.24 – Prairies à Agropyre et Rumex
    • 37.241 – Pâture à grand jonc
    • 37.242 – Prairies inondables à Agrostis stolonifère et Fétuque faux-roseau

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Lorsque que le milieu est ouvert, une confusion peut être faite entre l’AGROPYRO-RUMICION et le LOLIO-PLANTAGINION MAJORIS. La distinction réside dans le degré l’humidité du sol à l’année.

En effet, l’association à Raygrass anglais et Grand plantain ne supporte pas ou peu les périodes d’inondation. Une confusion est aussi possible pour les groupements végétaux transitoires avec les végétations prairiales en cas de piétinement modéré. Dans les conceptions modernes en effet, l’AGROPYRO-RUMICION est intégré dans diverses alliances de végétations prairiales dont il ne représente qu’un stade de dégradation.

Dynamique

La dynamique de l’habitat est liée principalement à l’intensité, la fréquence et le type de pâturage ainsi qu’à la durée d’inondation.

En cas de baisse de ces contraintes et perturbations, l’habitat retourne aux communautés des prairies humides avec la réapparition lente et progressive des graminées et une fermeture du milieu.

En cas de piétinement extrême, les vivaces ne se maintiennent pas et on observe alors une prédominance des thérophytes et donc un passage à la classe des POLYGONO-POETEA ANNUAE.

Espèces indicatrices

[plante2] Alopecurus geniculatus, Carex hirta, Carex cuprina, Elytrigia repens, *Inula britannica, Juncus conglomeratus, Juncus effusus, Juncus inflexus, Lysimachia nummularia, Mentha pulegium, Mentha suaveolens, Plantago major, Potentilla anserina, Potentilla reptans, Rumex crispus
[plante1] Agrostis stolonifera, *Damasonium alisma, Festuca arundinacea, Juncus bufonius, Lolium perenne, Lythrum hyssopifolia, Matricaria discoidea, Plantago coronopus, Poa annua, Polygonum aviculare, Pulicaria dysenterica, *Ranunculus ophioglossifolius, Ranunculus repens, Ranunculus sardous, Rorippa sylvestris, Rumex conglomeratus, Rumex obtusifolius, Trifolium fragiferum, *Trifolium michelianum, *Trifolium ornithopodioides, Trifolium repens, Trifolium squamosum.
[briophytes] Archidium alternifolium, Bryum bicolor, Calliergonella cuspidata, Eurhynchium hians, Riccia sorocarpa

Valeur biologique

Puisque l’habitat est conditionné par le surpâturage sur des sols gorgés d’eau l’hiver, il n’est pas rare en Poitou-Charentes.

En effet, dans la plupart des systèmes d’élevage actuels, les chargements en équivalent gros bétail sont élevés et inadaptés aux capacités fourragères des prairies.

En dépit de la banalité de ces communautés végétales, exceptés celles placées en contexte arrière-littoral, les lieux piétinés humides sont fréquentés par une faune et une flore généralement variées. Toutefois, dans le cas des prairies temporaires, le système de rotation des cultures impliquant le retournement du sol nuit à la diversification spécifique de ces communautés.

Dans les talwegs et les queues d’étang, les prairies à grands joncs constituent des refuges de premier choix pour de nombreux gastéropodes, des crustacés d’eau douce, des alevins et des poissons de petite taille, ainsi que pour des tritons et des grenouilles.

Certains oiseaux comme la Poule d’eau ou la Foulque utilisent volontiers le sommet des touffes de joncs comme base pour la construction de leur nid leur permettant ainsi d’éviter une submersion de leur ponte par une hausse soudaine du plan d’eau.

En contexte arrière-littoral, l’habitat présente une valeur biologique plus importante du fait de la présence de plantes transgressives des prairies et dépressions subhalophiles. Par exemple, la Renoncule à feuille d’ophioglosse, plante protégée sur l’ensemble du territoire national, supporte relativement bien le piétinement et peut donc se maintenir dans ce type de communautés.

Menaces

L’existence de l’habitat étant en grande partie conditionnée par les activités anthropiques, les lieux piétinés humides de l’intérieur des terres ne sont pas ou très peu menacés. Le cas est différent pour les communautés du littoral car celles-ci se raréfient et présentent une valeur patrimoniale importante.

Cet habitat abrite potentiellement plusieurs plantes rares et/ou protégées, dont la Renoncule à feuille d’Ophioglosse Ranunculus ophioglossifolius ou
le Trèfle faux-pied d’oiseau Trifolium ornithopodioides.

Les communautés spontanées de bords de rivière et queues d’étang sont elles aussi menacées. Les principales causes de régression de l’habitat sont la rectification des berges dans le cadre des recalibrages des cours d’eau et la plantation en plein de peupliers.

Statut régional

L’habitat est répandu sur l’ensemble de la région, mais certains faciès sont plus localisés (faciès subhalophile des marais arrière-littoraux, faciès des rives d’étangs).

 

Dans certaines prairies fortement pâturées, le contraste est parfois brutal entre les faciès graminéens appétants tondus à ras et les refus de joncs totalement ignorés par le bétail


Deux espèces caractéristiques de l’habitat : la Lysimaque nummulaire (Lysimachia nummularia) (à g.) et la Potentille des oies (Potentilla anserina) (à d.)

 

Friches rudérales annuelles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Cet habitat regroupe divers types de friches se développant dans des sites fortement influencés par l’Homme et régulièrement perturbés : jachères récentes (dont il constitue le 1er stade dans la dynamique de recolonisation), espaces industriels vacants, terrains vagues, gares, ports, jardins et squares urbains, base des murs… La physionomie et la composition spécifique sont très variables (au moins 15 communautés différentes présentes en Poitou-Charentes), mais toujours caractérisées par la domination d’espèces annuelles : thérophytes d’hiver, germant au moment des pluies d’automne, passant l’hiver à l’état de dormance et fleurissant au printemps suivant, et thérophytes d’été, de cycle plus court, germant au printemps et fleurissant/fructifiant dans le courant de l’été jusqu’en début d’automne. Il s’agit donc de plantes à cycle biologique court, mais cependant trop long pour pouvoir s’implanter dans les espaces régulièrement labourés et cultivés, et trop court pour pouvoir perdurer dans les friches pluri-annuelles (DAUCO-MELILOTION, ONOPORDION ACANTHII) où la concurrence des grandes espèces (Carduus, Verbascum, Melilotus…) leur est fatale.

Les sols occupés par l’habitat sont très variés quant à leur texture (source de différenciation en sous-types), souvent tassés par le piétinement, mais toujours secs et bien drainés, et plus ou moins riches en nutriments. L’habitat prospère dans des conditions climatiques plutôt douces (climat tempéré chaud et méditerranéen humide), des températures hivernales trop basses limitant beaucoup la diversité des thérophytes.

Certaines familles (et genres) y sont particulièrement bien représentées : Poacées (genre Bromus, notamment), Amaranthacées (Amaranthus), Chénopodiacées, (Chenopodium), Astéracées (Conyza), Brassicacées (Sisymbrium, Raphanus). De
nombreuses espèces exotiques adventices, introduites volontairement (espèces décoratives) ou non y prospèrent le temps d’une saison de végétation sans toutefois gêner le développement de la flore autochtone ; d’autres, au contraire, ont été introduites autrefois et sont naturalisées de longue date (Datura, Xanthium, Hyoscyamus).

La différenciation de l’habitat en sous-types se fait selon 2 gradients : l’un trophique (richesse du sol en dérivés azotés) et l’autre thermique (températures annuelles). On distingue ainsi :

  • les friches annuelles, subnitrophiles à nitrophiles, médioeuropéennes, des sols à texture fine à moyenne du SISYMBRION : les sols y sont modérément riches en azote, le climat tempéré et la phénologie plutôt vernale. Ce sous-type est représenté dans la région par au moins 5 associations végétales différentes, certaines très répandues comme la communauté à Brome stérile et Orge des rats (BROMO STERILIS-HORDEETUM MURINI) ;
  • les friches subnitrophiles, thermophiles du LAGURO-BROMION sur arrière-dunes perturbées : très répandu sur le littoral et les îles de Charente-Maritime, ce sous-type se différencie en plusieurs communautés (au moins 4) caractérisées par l’abondance du Lagure Lagurus ovatus, de divers bromes Bromus sp et, dans certains cas, de l’Orge des lièvres Hordeum murinum ssp. leporinum. Il occupe des surfaces parfois importantes sur les arrière-dunes exposées à une forte pression touristique et divers autres sites littoraux à substrat sableux, fortement influencés par l’Homme ;
  • les friches très nitrophiles, à phénologie estivale-automnale du CHENOPODION MURALIS, dominées par des chénopodes, des amaranthes ou des vergerettes (Conyza) occupent quant à elles les sites les plus enrichis (urine, déjections, détritus divers).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • SISYMBRIETEA OFFICINALIS Gutte & Hilbig 1975 : végétation anthropogène nitrophile, à dominante d’annuelles ou de bisannuelles des sites rudéralisés
    • Brometalia rubenti-tectorum Rivas-Martinez & Izco 1977 : communautés subnitrophiles, thermophiles
      • Laguro ovati-Bromion rigidi Géhu & Géhu-Franck 2004 : communautés des arrière-dunes perturbées
    • Sisymbrietalia officinalis Tüxen 1962 : communautés nitrophiles eurosibériennes
      • Sisymbrion officinalis Tüxen, Lohmeyer &Preising 1951 : communautés vernales, de climat tempéré
      • Hordeion murini Br.-Bl. 1936 : communautés surtout méditerranéennes
    • Chenopodietalia muralis Br.-Bl. 1936 : communautés très nitrophiles, estivales
      • Chenopodion muralis Br.-Bl. 1936 : communautés nitrophiles, thermo-continentales

COR 1991

  • 34.81 Groupements méditerranéens subnitrophiles de graminées
  • 87.2 Zones rudérales

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Cet habitat doit être soigneusement distingué d’habitats proches susceptibles d’occuper les mêmes biotopes et qui, souvent, le précédent ou lui succèdent dans la dynamique naturelle de la végétation (dans ces situations de transition, des espèces de l’un perdurent souvent dans l’autre).

On le distinguera ainsi des friches du DAUCO-MELILOTION qui est, quant à lui, dominé par des espèces vivaces et tend donc à le remplacer si aucune perturbation majeure ne vient entraver la dynamique.

De même, on le distinguera de l’ONOPORDION par l’absence des grandes espèces bisannuelles ou vivaces (chardons, cirses, molènes) qui caractérisent ce type de friche. On l’isolera plus facilement des friches hautes de l’ARCTION, à structure de mégaphorbiaie rudérale, d’aspect très différent (biomasse beaucoup plus forte). On le séparera enfin des friches graminéennes du CONVOLVULO-AGROPYRION ou du FALCARIO-POION par l’absence de Poacées vivaces comme les agropyres ou le brachypode.

Dynamique

Les friches rudérales annuelles constituent la 1ère étape de recolonisation végétale sur des substrats perturbés : si les facteurs détruisant périodiquement la végétation cessent d’agir, la friche annuelle va être progressivement supplantée par une friche vivace plus dense et à recouvrement plus fermé ; tôt ou tard, des semences anémochores (saules tels que Salix atrocinerea ou S .alba en situations fraîches, Orme champêtre Ulmus minor) ou ornithochores (Prunellier Prunus spinosa, Aubépine monogyne Crataegus monogyna, Ronce bleuâtre Rubus caesius, Ronce des bois Rubus fruticosus, Cornouiller sanguin Cornus sanguinea, églantiers divers Rosa sp., Lierre Hedera helix) vont germer et créer des fruticées pionnières ; dans un 2ème temps, des essences post-pionnières ou nomades (frênes, érables, Tremble, peupliers) finiront par structurer une forêt dont la strate arborée sera peu différente des forêts naturelles régionales (alors que la strate herbacée de départ intégrait de nombreux éléments « exotiques ») : ormaie-frênaie plus ou moins rudéralisée, frênaie, chênaie-frênaie etc.

Espèces indicatrices

[plante2] Amaranthus albus, A. blitum, A. graecizans, A. hybridus, A.retroflexus, (Ambrosia artemisiifolia), *Apera interrupta, Avena barbata, Borago officinalis, Bromus diandrus, B.hordeaceus sp.hordeaceus, B.hordeaceus ssp. pseudothominei, B.hordeaceus ssp. thominei, B.madritensis, B.sterilis, B.tectorum, Chenopodium album, C.murale, *C.vulvaria, Conyza sumatrensis, C.canadensis, (Cosmos bipinnatus), Crepis capillaris, C.setosa, Datura stramonium, Erodium moschatum, Hordeum murinum, H.murinum ssp.leporinum, *Hyoscyamus niger, Lactuca serriola, Lagurus ovatus, Lepidium ruderale, Malva neglecta, Medicago orbicularis, (Nycandra physaloides), Odontites vernus ssp.serotinus, (Oxalis valdiviensis), (Phacelia tanacetifolia), *Plantago scabra, Portulaca oleracea, Raphanus sativus, Rapistrum rugosum, Sisymbrium officinale, Torilis nodosa, Urtica urens, Vicia sativa ssp.sativa, Vicia villosa, Xanthium spinosum, X.strumarium
[plante1] Andryala integrifolia, Atriplex patula, Calendula officinalis, Galium aparine, Mercurialis annua, Myosotis arvensis, Raphanus raphanistrum ssp. landra, Reseda luteola, Solanum nigrum, Sonchus oleraceus, Stellaria media, Verbena officinalis, Vulpia fasciculata, V.membranacea
[briophytes] Barbula unguiculata, Bryum bicolor, Entosthodon fascicularis, Ephemerum serratum, Phascum cuspidatum, Riccia sorocarpa
[oiseaux] Carduelis cannabina, Carduelis carduelis, Galerida cristata, Passer montanus
[orthopteres] Aiolopus thalassinus, Chorthippus biggutulus, Euchorthippus declivus, Eumodicogryllus bordigalensis, Oedipoda caerulescens, Platycleis tessellata
[champignons] Lepista personata, Leucoagaricus bresadolae

Valeur biologique

Aucune de ces friches ne possède de valeur patrimoniale intrinsèque au titre de la biodiversité. Bien que leur diversité floristique soit importante (plus de 50 espèces caractéristiques), elles n’hébergent que très peu de plantes patrimoniales (Jusquiame Hyoscyamus niger, Plantain des sables Plantago scabra). L’habitat est par ailleurs connu pour abriter des espèces exotiques fugaces, à la floraison parfois spectaculaire (Nycandra, Oxalis). Pour l’avifaune, ces friches constituent un site de recherche alimentaire très fréquenté par divers passereaux granivores (Linotte, Chardonneret, Moineau friquet) dont le déclin constaté au cours des dernières décennies est peut-être à relier à la régression de l’habitat.

Enfin, dans le cas des communautés du LAGURO-BROMION, elles constituent un outil de choix pour porter un diagnostic et apprécier le degré de dégradation de certains sites dunaires.

Menaces

L’habitat est en nette régression : l’abandon des jachères et l’intensification de l’agriculture, la densification de l’espace urbain avec la disparition des terrains vagues, le remplacement des friches semi-naturelles par des plantations à but ornemental par les Services des Espaces Verts municipaux, la gestion toujours plus « policée » des espaces urbains et périurbains interstitiels (épandages systématiques d’herbicides sur les « mauvaises herbes ») en constituent les causes majeures. La mode actuelle de décorer les abords des villages en milieu rural par des « jachères fleuries » où un semis massif d’une unique espèce exotique horticole (Cosmos, Phacelia…) remplace des dizaines de plantes indigènes semble, au-delà des « bonnes intentions », également très néfaste à l’habitat et aux espèces qu’il abritait autrefois.

Sur le littoral au contraire, les communautés du LAGURO-BROMION sont en constante progression et témoignent d’une érosion accrue des milieux dunaires soumis à une intense fréquentation humaine. Seules des mesures draconiennes – mise en défens par des clôtures infranchissables comme le fait l’ONF sur certaines dunes dont il la gestion à l’île de Ré par ex. – peuvent alors permettre de retrouver un niveau trophique acceptable et de restaurer, au moins partiellement, les communautés. Il n’est toutefois pas certain que, passé un certain seuil de dégradation-eutrophisation, cette restauration des communautés dunaires soit encore possible.

Statut régional

Bien qu’en régression, l’habitat reste fréquent sur l’ensemble de la région mais les communautés du LAGURO-BROMION sont limitées à une étroite frange littorale de Charente-Maritime (îles de Ré, d’Aix et d’Oléron, notamment).

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Friches rudérales vivaces nitrophiles

Rédacteur : Anthony Le Fouler

Physionomie – écologie

On regroupe sous cette appellation des formations herbacées hautes de 1-2 mètres, souvent dominées par les bardanes (Arctium minus, Arctium lappa), la Berce commune Heracleum sphondylium ou le Sureau yèble Sambucus ebulus. Comme tout type de végétation de friche, elles colonisent des milieux anthropiques : villes et villages, jardins, terrains vagues, décombres, décharges, bordure des chemins ruraux. Les 2 sous-types classiquement reconnus en France sont présents en Poitou-Charentes :

– l’Arctienion lappae, qui comprend au moins 6 associations différentes, correspond aux friches mésohydriques dominées par les bardanes ou la Berce commune. Ces formations végétales affectionnent plus volontiers des lieux un peu ombragés et des sols frais et riches en nitrates. La végétation y est structurée en proportion équivalente par des plantes annuelles, des bisannuelles et des vivaces. Certaines d’entre elles sont capables de produire un grand nombre de graines à longévité importante et sont de ce fait particulièrement adaptées à un régime de perturbation élevé. Il s’agit de formations peu colorées, à structure hétérogène, où les grandes feuilles des bardanes se mêlent aux nappes de Grande ortie Urtica dioica et d’où émergent les hautes tiges de Cardère Dipsacus fullonum ou de diverses ombellifères (Anthriscus sylvestris, Pastinaca urens, Conium maculatum) qui subsistent sous forme de hampes sèches jusqu’en plein hiver. Grâce à l’immense taille de leurs feuilles (jusqu’à 1 m de largeur et de longueur), les bardanes passent rarement inaperçues et la traversée de leurs peuplements en automne ne laisse personne indifférent lorsque les bractées crochues de leurs capitules mûrs s’accrochent alors au moindre vêtement et toute toison. Cet exemple classique d’épizoochorie permet aux akènes de bardanes de réaliser d’importants déplacements et de coloniser sans cesse de nouveaux milieux au fur et à mesure de leur destruction (il s’agit souvent de milieux instables).
Ces friches à hautes herbes sur sol eutrophe sont un haut lieu d’implantation de la Renouée du Japon Reynoutria japonica et Reynoutria x bohemica, son hybride avec la Renouée de Sakhaline Reynoutria x sachalinensis. Ces plantes originaires d’Asie et introduites comme plantes ornementales et fourragères, se sont naturalisées et largement propagées en Poitou-Charentes au cours du XXème siècle grâce à l’absence de phytophages spécifiques et à leur forte capacité de multiplication végétative à partir de fragments de tige ou de rhizome. Elles forment par endroits de vastes peuplements monospécifiques dégradant les berges des cours d’eau par leur rhizome traçant sur plusieurs mètres. Une lutte se met peu à peu en place à l’aide de méthodes expérimentales.

– le Sambucenion ebuli, lié aux sols plus secs et de préférence calcaires, parfois en pleine lumière, ne comprend qu’une seule association végétale. Cette communauté est dominée par le Sureau yèble Sambucus ebulus, une plante vivace à l’allure de petit arbrisseau, dont le rhizome rampant vivace produit de nombreuses tiges annuelles formant des colonies denses très caractéristiques.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • ARTEMISIETEA VULGARIS Lohmeyer, Preising & Tüxen 1951 : végétation rudérale, anthropogène, nitrophile à dominance d’espèces vivaces
    • Arction lappae Tüxen 1937 : communautés planitiaires vivaces
      • Arctienion lappae Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : communautés mésophiles à méso-hygrophiles
      • Sambucenion ebuli O.Bolòs & Vigo in Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : communautés mésophiles à méso-xérophiles

COR 1991

  • 87.1/87.2 Friches vivaces à hautes herbes bisannuelles sur sol eutrophe

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc

Confusions possibles

La friche à Sureau yèble ne peut être assimilée à aucun autre habitat. Les friches à bardanes et Berce commune peuvent être confondues avec des groupements voisins de la classe des GLECHOMO-URTICETEA (ourlets vivaces nitrophiles, objets d’une fiche séparée) : les ourlets externes de l’Aegopodium podagraria et les ourlets internes de l’Alliarion petiolatae. Tous ces habitats affectionnent un sol frais et riche en nitrates. Ils ont en commun la Grande ortie Urtica dioica, la Benoîte commune Geum urbanum, le Lierre terrestre Glechoma hederacea, le Lamier blanc Lamium album. La distinction se base sur le niveau de perturbation (les ourlets sont plus stables que les friches), l’exposition lumineuse et la présence/absence des espèces caractéristiques.

Dynamique

Espaces de transition, les friches rudérales s’installent sur des espaces pionniers nitrophiles ou des prairies riches et abords herbacés abandonnés. Leur non-entretien aboutit, suivant une
dynamique spontanée, à l’installation de ligneux, notamment de
l’ormaie rudérale avec l’Orme champêtre et le Cornouiller sanguin, mais aussi des espèces opportunistes comme l’Arbre à papillons Buddleja davidii ou encore nitrophiles comme le Sureau hièble.

Espèces indicatrices

[plante2] Arctium lappa, Arctium minus, Ballota nigra, Conium maculatum, Heracleum sphondylium, Rumex obtusifolius, Sambucus ebulus
[plante1] Acer pseudoplatanus, Aegopodium podagraria, Aehtusa cynapium ssp.elata, Alliaria petiolata, Anthriscus sylvestris, (Artemisia verlotiorum), Artemisia vulgaris, Borago officinalis, Brachypodium sylvaticum, Bryonia alba, (Buddleja davidii), Chaerophyllum temulum, Chelidonium majus, Cirsium arvense, Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Geranium pyrenaicum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Hedera helix, Lactuca serriola, Lamium album, Lamium maculatum, Malva sylvestris, Pastinaca urens, (Reynoutria japonica), (Reynoutria x bohemica), Rubus caesius, Urtica dioica, Viola odorata
[champignons] Lepista personata, Leucoagaricus bresadolae

Valeur biologique

La flore des friches à bardanes et Sureau yèble est relativement banale car les plantes qui la composent présentent une large répartition géographique et transgressent dans d’autres habitats. A noter que dans les départements de la Vienne et de la Charente-Maritime, la Grande Bardane Arctium lappa est une espèce déterminante pour la désignation des Z.N.I.E.F.F. Plus qu’une valeur biologique intrinsèque, ces friches rudérales vivaces nitrophiles constituent des habitats d’espèces. Le cortège abrite de nombreuses plantes entomogames attirant en été de nombreux insectes à la recherche de nectar. Le développement tardif de cette communauté végétale est à favoriser pour permettre notamment à des espèces d’insectes de se reproduire (fonction de gîte et de couvert).

Ce sont aussi des habitats refuges et des corridors de déplacement d’un milieu à l’autre pour l’avifaune, les micromammifères, les hérissons et petits mustélidés. Par conséquent ils peuvent devenir des foyers de ressource alimentaire pour des prédateurs et des territoires de chasse, notamment pour les rapaces.

Menaces

Ces friches nitrophiles des milieux frais délaissés ne seraient menacées que par un entretien drastique de l’espace rural. La floraison et la fructification tardives de ses espèces caractéristiques nécessitent un entretien également tardif, à l’automne, afin de permettre aux espèces d’assurer leur cycle de reproduction.

C’est aussi valable pour la faune associée qui apprécie, notamment le long des routes et chemins, de pouvoir s’y réfugier, s’y déplacer, voire de s’y reproduire. Les friches et autres espaces délaissés constituent toujours des habitats refuge à prendre en compte.

Statut régional

L’habitat est bien représenté sur l’ensemble du territoire concerné, le long des chemins, sur les espaces urbains et ruraux délaissés, toujours à proximité de la fréquentation humaine.

 

Lieux piétinés secs

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La végétation qui constitue cet habitat est capable à la fois de supporter l’extrême tassement du sol, qui devient alors asphyxique, et de résister au surpiétinement de ses organes végétatifs. L’aspect de ce type de végétation diffère en fonction de l’importance du tassement. Ainsi cet habitat se présente sous la forme d’un tapis ras, plaqué au sol, composé d’un mélange d’espèces végétales de faible taille, annuelles et vivaces, à racines pivotantes, en rosette (plantains, P. major, P. coronopus), en touffe (Pâturin annuel Poa annua), traçante (Renouée des oiseaux Polygonum aviculare) ou couvrante (Mauve commune Malva neglecta). La végétation des lieux piétinés se rencontre principalement au niveau des chemins ruraux d’exploitation avec notamment la Matricaire odorante Matricaria discoidea (sur les bords et au milieu), mais aussi dans l’étroit espace de transition entre le bitume et la banquette herbeuse des bords de route tassé par les roues des voitures qui débordent légèrement de la chaussée, au pied des arbres dans les villes et les villages, ou encore sur les trottoirs non goudronnés. Par ailleurs, la moindre fissure du bitume des trottoirs et des routes des agglomérations peut permettre l’expression de cet habitat, avec par exemple l’apparition de touffes de Pâturin annuel Poa annua ou de Herniaire velue Herniaria hirsuta entre le bitume et le pied des murs.

Cet habitat se rencontre également au sein des pelouses urbaines des parcs et jardins régulièrement tondues et très fréquentées. Les espèces végétales sont ici accompagnées par le semis de départ composé de graminées (Lolium perenne, Festuca sp., Poa pratensis…). Ce type de pelouse parfois pelé, laissant apercevoir la terre nue aux endroits les plus tassés (lieu surfréquenté) est en générale pauvre en espèces. En effet, seules quelques espèces de graminées (semis de départ) assurent la majorité du recouvrement.

Les bords de chemins, les parkings et les sols stabilisés en graviers sur sols sableux voient se développer un faciès de cet habitat avec une dominance d’Eragrostis minor accompagné parfois par la Sagine apétale Sagina apetala.

Enfin, les prairies temporaires récemment semées et les prairies surpâturées sont également des milieux propices au développement de la végétation des lieux piétinés. Ces prairies se caractérisent en général par une abondance de Patience élégante Rumex pulcher souvent accompagnées de Pâquerette Bellis perennis, du Trèfle rampant Trifolium repens et de l’Achillée millefeuille Achillea millefolium.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • POLYGONO ARENASTRI-POETEA ANNUAE Rivas Mart. 1975 corr.Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées
    • Polygono arenastri-Coronopodion squamati Braun-Blanq. Ex G.Sissingh 1969 : communautés eurosibériennes estivales
    • Polycarpion tetraphylli Rivas-Martinez 1975 : communautés méditerranéennes occidentales pré-estivales à irradiation thermoatlantique

COR 1991

  • 87.2 – Végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées (POLYGONO-POETEA)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

La confusion n’est en général pas possible. Néanmoins, comme détaillé dans le paragraphe précédant, ce type de végétation peut se rencontrer au sein d’une formation végétale (prairies, gazons). Cet habitat est également proche des friches rudérales annuelles, stade dynamique suivant par arrêt du piétinement.

Dynamique

L’arrêt du piétinement et du désherbage périodique va permettre à cet habitat de s’enrichir des espèces des friches rudérales annuelles. C’est la première étape du cheminement vers les friches à hautes herbes du Dauco-Melilotion et, au bout de nombreuses années d’évolution, si la gestion et le type de sol sont adaptés, vers les prairies mésophile de fauche riches en fleurs

Valeur biologique

Il s’agit d’une végétation pionnière colonisatrice des espaces urbains pour l’instant impropres à l’installation de toutes autres formations végétales. Elle participe donc souvent à la biodiversité ordinaire des villages et des agglomérations qui ont malgré tout bien du mal à lui accorder une petite place (le désherbage quasi-systématique est de rigueur).

En absence de désherbage, les processus biologiques de dégradation de la matière organique issue de cette végétation pionnière, conduisent à la formation d’humus superficiel (parfois par-dessus le bitume ou le béton) qui prépare l’installation d’autres espèces végétales. Par ailleurs les espèces végétales de cet habitat participent à l’aération et la restructuration des sols grâce à leurs racines qui jouent un rôle de décompactage des sols au moins en superficie.

Espèces indicatrices

[plante2] Capsella bursa-pastoris, Coronopus squamatus, (Coronopus didymus), Crassula tillaea, Eragrostis minor, Erophila verna, (Euphorbia maculata), Hernaria glabra, Lepidium ruderale, Malva neglecta, Matricaria discoidea, Poa annua, Poa infirma, Polygonum aviculare, Polycarpon tetraphyllum, Plantago coronopus, Plantago major ssp. major, Portulaca oleracea, Sagina apetala, Spergularia rubra, Trifolium suffocatum.
[plante1] Achillea millefolium, Bellis perennis, Cynodon dactylon, Rumex pulcher, Sagina procumbens, Sporobolus indicus, Trifolium repens
[briophytes] Barbula convoluta, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Pseudocrossidium hornschuchianum
[orthopteres] Oedipoda caerulescens
[champignons] Panaeolus foenisecii, Psathyrella lacrymabunda, Russula pectinatoides, Scleroderma cepa, Scleroderma polyrrhizum, Vascellum pratense

Menaces

Sur les trottoirs des villes et les allées des parcs ou des cimetières, cette végétation est régulièrement détruite, soit par des moyens mécaniques (binage, arrachage…), soit par des moyens chimiques (désherbants). Cet habitat présente néanmoins un fort pouvoir de recolonisation par les plantes annuelles et n’est donc absolument pas menacé.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est très fréquent. On le rencontre principalement au sein des agglomérations, sur les trottoirs, les allées et les pelouses urbaines des espaces verts, mais aussi au sein des prairies surpiétinées.

Pelouse des lieux hyperpiétinés

Chiendent dactyle Cynodon dactylon

Grand Plantain Plantago major et Plantain corne-de-cerf Plantago coronopus

Végétation des bords de route

 

Friches rudérales pluriannuelles mésophiles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les friches rudérales pluriannuelles mésophiles, communément dénommées friches à hautes herbes, sont généralement localisées sur les talus des bords de routes, les vieilles jachères (plus 3 ans au moins) et les friches ouvertes périurbaines. Elles sont composées de nombreuses vivaces et bisannuelles (hémicryptophytes). Elles présentent donc une strate herbacée relativement haute (environ 1 mètre) qui domine un tapis herbacé bas. La terre nue y est relativement rare ce qui ne permet plus aux adventices et plantes messicoles annuelles de s’y développer en grande abondance.

Ce type de friche semble indifférent à la nature des sols. Il se développe aussi bien sur sols calcaires, argileux ou sableux. Plusieurs faciès peuvent être observés en Poitou-Charentes :

  • les friches à carottes et Picris hieracioides, sur sols neutres à basiques où la Picride et la Carotte sauvage, particulièrement abondantes, donnent son aspect à l’habitat.
  • les friches sur sols sableux à Viperine Echium vulgare, molènes Verbascum sp. et onagres Oenothera sp..
  • les friches des bords de route avec une certaine abondance du Fromental Arrhenatherum elatius, de l’Armoise Artemisia vulgaris et, plus rarement dans notre région, de la Tanaisie Tanacetum vulgare.

En automne et en hiver, lorsque l’habitat n’est pas fauché, les restes secs de l’armoise, de la carotte ou encore des molènes persistent au sein d’une nappe de graminées sèches couleur paille généralement plus basse.

A l’inverse, la fauche fréquente des friches pluriannuelles mésophiles contraint les espèces vivaces et bisannuelles à un stade végétatif bas, sous la forme de rosettes et peut donner à l’habitat l’aspect de pelouses entretenues, type gazon. Ainsi la gestion différenciée appliquée aux pelouses des espaces verts urbains ou des pelouses de jardins particuliers habituellement tondus tous les quinze jours permet généralement l’expression d’une friche à hautes herbes, parfois plus ou moins proche d’un stade plus évolué : les prairies mésophiles de fauche à Fromental.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • ARTEMISIETEA VULGARIS Lohmeyer, Preising et Tüxen ex von Rochow 1951
    • ONOPORDETALIA ACANTHII Braun-Blanq. & Tüxen ex Klika in Klika & Hadač 1944
      • Dauco carotae-Melilotion albi Görs 1966 : communautés subouvertes de hautes herbes, non thermophiles, de substrats grossiers, souvent rapportés

COR 1991

87.1 x 87.2 Friches moyennement sèches à hautes herbes (carottes, mélilots, onagres) sur sols pauvres

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Les confusions peuvent exister lorsqu’il y a persistance de quelques espèces d’autres types de friches de stades dynamiques différents, tels que les friches rudérales thermophiles (chardons) et les friches rudérales annuelles (adventices nombreuses). On peut
également parfois confondre cet habitat avec son stade dynamique postérieur, les prairies mésophiles de fauche, dont il partage quelques espèces comme, par exemple, le Fromental Arrhenatherum elatius.

Dynamique

La dynamique des friches rudérales pluriannuelles mésophiles va dépendre de la fréquence et du type de fauche réalisés.

La fauche tardive avec exportation de la matière va entraîner un appauvrissement du sol qui va être propice à son évolution vers le stade des prairies mésophiles de fauche. Généralement, les jachères et les bords de route sont broyés sans que la matière issue de la coupe ne soit exportée ce qui a tendance à maintenir l’habitat au stade de la friche à hautes herbes.

En revanche l’abandon de la fauche conduit l’habitat au boisement. La friche laisse alors assez rapidement la place à l’ormaie rudérale.

Si le sol est légèrement décapé (tonte trop rase, passage de la herse-étrille), les stades régressifs peuvent alors se développer avec l’apparition des chardons et/ou des adventices et plantes messicoles annuelles.

Espèces indicatrices

[plante2] Artemisia vulgaris, Cichorium intybus, Daucus carota, Echium vulgare, Hypericum perforatum, Linaria vulgaris, Pastinaca sativa, Picris hieracioides, Malva sylvestris, Melilotus officinalis, Melilotus albus, Oenothera sp., Reseda lutea, Reseda luteola, Senecio jacobaea, Tanacetum vulgare, Tragopogon porrifolius subsp. porrifolius, Verbascum thaspsus, Verbascum pulverulentum, Verbena officinalis
[briophytes] Eurhynchium hians, Eurhynchium stokesii, Plagiomnium undulatum
[champignons] Agaricus arvensis, Agaricus bitorquis, Agaricus romagnesii, Volvariella gloiocephala, Volvariella murinella
[mammiferes] Lepus europaeus, Oryctolagus cunniculus
[oiseaux] Alectoris rufa, Burhinus oedicnemus, Carduelis cannabina, Carduelis carduelis, Phasianus colchicus, Tetrax tetrax
[reptiles] Coluber viridiflavus, Lacerta viridis
[orthopteres] Euchorthippus declivus, Meconema thalassinum, Oecanthus pellucens, Phaneroptera falcata, Platycleis albopunctata, Platycleis tessellata, Tettigonia viridissima
[lepidopteres] Iphiclides podalirius
[coleopteres] Graphosoma italicum
[mollusques] Helicella itala

Valeur biologique

En été, ce type d’habitat est particulièrement riche en insectes et notamment en orthoptères, qui peuvent être parfois relativement abondants. Ces friches constituent alors de véritables réservoirs alimentaires pour l’avifaune de plaine et/ou urbaine (oedicnème, perdrix, outarde, pouillot, rouge-gorge …). Lorsque ces friches se rapprochent de la composition spécifique des prairies mésophiles, il arrive qu’elles soient riches en fleurs et donc attractives pour de nombreux insectes butineurs (syrphes, papillons, abeilles sauvages et domestique…). Par ailleurs il n’est pas rare de voir chasser des oiseaux de proie tels que le faucon crécerelle à la recherche de quelques micro-mammifères parfois abondants au sein de ce type d’habitat.

Le maintien de la population d’Outarde canepetière, espèce menacée à l’échelle européenne, tout comme l’Oedicnème criard, en Poitou-Charentes, dépend étroitement de celui des jachères dans le paysage agricole intensif.

Menaces

Les friches à hautes herbes ne sont pas particulièrement menacées. Cependant la promotion des agro-carburants, rendant obsolète le seuil de 10% de gel agricole obligatoire, porte un coup fatal au maintien des jachères dans les plaines agricoles. Ainsi, certaines vieilles jachères jusqu’alors inexploitées risquent d’être labourées pour les besoins de l’agriculture intensive.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est très fréquent. On le rencontre principalement au sein des vieilles jachères des plaines agricoles, des friches périurbaines, des espaces verts urbains et des bords de route.

 

Friches rudérales pluriannuelles thermophiles

Rédacteur : David Suarez

Physionomie – écologie

Cet habitat se présente sous la forme d’une friche herbacée plus ou moins dense, dont la physionomie est marquée par l’abondance d’espèces végétales bisannuelles hautes et souvent épineuses, accompagnées en sous-strate par un mélange discontinu d’annuelles et de vivaces plus basses.

Ces friches se développent sur des sols récemment remués, secs et bien éclairés, généralement sur terrains calcaires et/ou caillouteux bien drainés : zones remaniées par des travaux de terrassement (constructions de routes, extension de l’urbanisation…), talus routiers, de voie ferrée, sites industriels, abords des carrières, cultures abandonnées, terrains « vagues »… C’est un groupement pionnier et fugace qui ne subsiste guère plus de 3-4 ans, rapidement remplacé par des fourrés à ronces et prunelliers du Pruno-Rubion fruticosi ou par des prairies mésophiles en cas de fauche régulière. Le cortège végétal y est souvent très diversifié : composées épineuses (Carduus, Carthamus, Eryngium, Cirsium), mélilots, molènes, onagres, accompagnés par des adventices issues d’autres continents pouvant parfois se montrer localement envahissantes (Ambrosia artemisiifolia, Datura ssp, Senecio inaequidens…). Parfois quelques annuelles à affinité plutôt messicoles peuvent y trouver refuge, lorsque la végétation n’est pas trop dense (Iberis amara, Papaver rhoeas, Ajuga chamaepitys). Cette diversité floristique attire de nombreux insectes butineurs, qui trouvent ici une réserve de nourriture qui peut s’avérer précieuse en zone urbaine.

En Poitou-Charentes, ces friches sont présentes un peu partout, souvent en périphérie des grandes agglomérations comme Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Niort… où elles apparaissent et disparaissent çà et là, au gré des nombreux remaniements d’origine anthropique et de leur dynamique évolutive rapide.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance : Onopordion acanthii Br.-Bl, Gajewski, Wraber Walas 1936

COR 1991

87.1 Friches sèches à grands chardons et molènes sur sols très riches en azote

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Non retenu

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu principalement avec les autres types de friches que l’on peut rencontrer sur les terrains remaniés : friches rudérales pluriannuelles mésophiles du Dauco-Melilotion albi sur sols plus riches et à dominante de vivaces, friches rudérales vivaces nitrophiles de l’Arction lappae, sur sol profond et très riche en azote… La différenciation n’est pas toujours aisée, car ces différentes friches sont parfois en contact direct. Un groupement pionnier à annuelles (Sisymbretea) se développe sur les terrains nus avant l’apparition des friches, et continue d’exister ensuite par place dans les zones dénudées au sein de celles-ci, formant une mosaïque plus ou moins complexe en fonction des différents stades d’évolution.

Dynamique

Ce groupement succède aux friches rudérales à annuelles des Sisymbretea, pionnières des sols secs remaniés. Lorsque les terrains sur lesquels il se développe ne sont pas entretenus, les ronces se montrent rapidement envahissantes et l’on passe alors aux fourrés du Pruno-Rubion fruticosi. Des arbustes apparaissent ensuite, comme le Prunellier Prunus spinosa, le Fusain d’Europe Euonymus europaeus, le Sureau noir Sambucus nigra, le Budleya Budleja davidii, puis des arbres : Orme champêtre Ulmus minor, Robiniers Robinia pseudaccacia… Une ormaie rudérale achève ainsi la dynamique naturelle.

En cas de fauche régulière, des graminées vivaces font leur apparition, et la structure de la végétation se densifie : on passe alors à une friche graminéenne sèche du Falcaro-Poaion, puis à une prairie de fauche.

Espèces indicatrices

[plante2] Althaea cannabina, Artemisia absinthium, Carduus nutans, Carthamus lanatus, *Centaurea calcitrapa, Cichorium intybus, Cirsium eriophorum, Cynara cardunculus, *Cynoglossum creticum, Cynoglossum officinale, Dipsacus fullonum, *Ecballium elaterium, *Echium asperrimum, Echium vulgare, *Galactites elegans, *Hyoscyamus niger, Lactuca viminea, *Lavatera cretica, Marrubium vulgare, *Nepeta cataria, Onopordum acanthium, Pastinaca sativa, Picris echioides, Rapistrum perenne, *Scolymus hispanicus, Silybum marianum, *Stachys germanica, Verbascum blattaria, Verbascum densiflorum, Verbascum lychnitis, Verbascum phlomoides, Verbascum floccosum, *Verbascum sinuatum, Verbascum thapsus, Verbascum virgatum
[plante1] Artemisia vulgaris, Amaranthus deflexus, Anchusa italica, (Artemisia verlotiorum), Cirsium arvense, Cirsium vulgare, (Conyza sumatrensis), Daucus carota, Diplotaxis tenuifolia, Euphorbia lathyris, Hypericum perforatum, Lactuca scariola, Malva sylvestris, (Oenothera biennis), Orobanche amethystea, Picris hieracoides, Reseda lutea, *Scorzonera laciniata, (Senecio inaequidens), Silene latifolia subsp. alba, *Sisymbrium austriacum, Tordylium maximum
[briophytes] Barbula unguiculata, Brachythecium rutabulum, Dicranella varia, Hypnum cupressiforme, Hypnum lacunosum, Phascum cuspidatum, Pottia davalliana, Pottia intermedia, Pottia lanceolata, Scleropodium purum
[oiseaux] Chardonneret élégant (Carduelis carduelis)
[champignons] Coprinus comatus, C. micaceus

Valeur biologique

Cet habitat très commun dans la région ne présente pas de valeur biologique majeure. Néanmoins, la gamme étendue de substrats sur lesquels il se développe peut parfois permettre l’installation d’espèces végétales plus rares, issues d’autres groupements pionniers. C’est le cas de certaines plantes adventices des cultures (messicoles), qui, suite à l’utilisation massive d’herbicides, trouvent ici un habitat de substitution. Cependant, l’apparition de ces espèces est souvent fugace, puisqu’il s’agit souvent d’annuelles qui ne supportent pas longtemps la densification rapide de la végétation. Dans notre région, située au croisement de plusieurs influences climatiques, notamment méditerranéenne, l’extension de l’aire de répartition de certaines espèces s’effectue souvent le long des grandes voies de communication (voies ferrées, grandes routes…), via les friches installées sur leurs talus. Cette colonisation existait déjà du temps des romains. La grande diversité floristique qui le caractérise attire de nombreux insectes butineurs, parmi lesquels on peut parfois observer des lépidoptères peu communs.

Menaces

Cet habitat n’est pas menacé en Poitou-Charentes, puisqu’il est bien présent un peu partout, notamment en périphérie urbaine. Par contre, les surfaces occupées ainsi que leur localisation sont changeantes, puisque ce groupement lié aux terrassements et remaniements de terrains reste fugace, victime de sa propre dynamique naturelle.

Statut régional

Habitat commun partout en Poitou-Charentes, notamment aux abords des grandes agglomérations.

Les Astéracées épineuses sont en général bien représentées dans les friches thermophiles.

Les molènes comptent parmi les végétaux les plus spectaculaires des friches thermophiles.

 

Pavements

Rédacteur : Guy Chezeau

Physionomie – écologie

Cet habitat est formé d’un tapis végétal ras discontinu occupant les espaces présents entre les pavés au sol ou dans les fissures d’autres types de revêtements durs. Il s’agit d’un milieu soumis à un piétinement et ou à un roulage intenses. Le sol n’est pas véritablement développé mais simplement constitué d’éléments plus ou moins décomposés, toujours enrichis en azote et mélangés à la terre ou au sable qui ont servis à sceller les pavés lors de leur mise en place.

Ces derniers sont constitués de matériaux la plupart du temps allochtones (granite, grès reconstitué, dalles de calcaire ou de ciment….). Les conditions de vie au niveau de ces microhabitats sont sévères : gorgés d’eau après une pluie, arides en période de sécheresse, soumis à des désherbages fréquents, ils ne peuvent être colonisés que par un faible nombre d’espèces.

Parmi les hémicryptophytes, l’espèce la plus représentée est la Sagine rampante, accompagnée de quelques thérophytes comme le Pâturin annuel auxquels se joignent des mousses du genre Bryum, l’ensemble constituant une végétation à faible recouvrement.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Saginion procumbentis Tüxen Ohba in Géhu, Richard Tüxen 1972

Communautés eurosibériennes, mésophiles à mésohygrophiles, dans les interstices des pavés, riches en Bryophytes pionniers.

Polycarpion tetraphylli Rivas-Martinez 1975

Communautés méditerranéennes occidentales, pré-estivales, à irradiation thermoatlantique.

COR 1991

86 p.p. Villes et villages

Confusions possibles

Un groupement végétal est très voisin et montre la plupart des mêmes espèces. Il s’agit du Polygono arenastri – Coronopodion squamati Br.-Bl. correspondant à la végétation des pelouses urbaines très piétinées et négligées. Cependant, l’absence des pavés permettra d’éviter la confusion.

Dynamique

Il n’y a pas de dynamique naturelle sauf cas exceptionnel lié à l’abandon avec arrêt du piétinement.

Espèces indicatrices

[plante2] Sagina procumbens
[plante1] (Euphorbia maculata), Poa annua, Plantago major ssp.major, Polycarpon tetraphyllum, Polygonum aviculare, Portulaca oleracea, Sagina apetala, Saxifraga tridactylites, *Tragus racemosus, *Tribulus terrestris, Verbena officinalis
[briophytes] Barbula convoluta, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Lunularia cruciata, Marchantia polymorpha
[lichens] Collema tenax

Valeur biologique

Ce type d’habitat ne renferme en général pas d’espèce végétale patrimoniale (sauf dans certaines localités du littoral 17 où peuvent apparaître des espèces thermophiles comme la Croix-de-Malte Tribulus terrestris) ; c’est un milieu pratiquement azoïque, les pavés même disjoints ne permettant pas l’installation d’espèces animales. Sa valeur biologique reste donc faible.

Menaces

Le Saginion procumbentis correspond à une communauté qui n’a jamais été banale ni répandue en Poitou-Charentes, les pavements ne constituent pas, en effet, une technique très utilisée dans les cours de ferme ou les chemins sur des sols qui restent filtrants et sèchent rapidement.

Les pavements modernes sont parfaitement ajustés et ne laissent place à aucune espèce végétale, on peut donc souhaiter que les rares pavements anciens encore rescapés soient conservés en l’état.

Statut régional

Ces milieux n’ont fait l’objet d’aucun inventaire en région, ils sont par conséquent mal connus. On peut cependant estimer qu’ils subsistent essentiellement en milieu urbain.

 

Ruines et vieux murs

Rédacteur : Guy Chezeau

Physionomie – écologie

Ces habitats créés par l’homme sont artificiels, cependant un abandon prolongé leur confère des analogies importantes avec les milieux rocheux naturels. Si la nature du substrat ne joue qu’un rôle limité, l’exposition et surtout le nombre et l’importance des anfractuosités constituent des facteurs primordiaux conditionnant la nature de la végétation et la présence d’une faune conséquente. La proximité géographique ou historique des activités humaines a pour conséquence un enrichissement de ces milieux en azote. L’épaisseur relativement faible du mur détermine des variations de température qui peuvent être assez brutales en fonction des conditions météorologiques mais aussi de l’exposition. Ceci explique en partie l’importance que prennent les Cryptogames dans la végétation : lichens, mousses et fougères. Les plantes à fleurs sont représentées par des thérophytes (pâturin, cardamine…), des hémicryptophytes (pariétaire) et des chaméphytes herbacés (cymbalaire, giroflée) ou succulents (sedum), toutefois lorsque les trous et fissures sont suffisamment importants peuvent se développer des phanérophytes notamment des lianes (lierre) voire des arbustes (figuier). Le recouvrement est très variable, de 10 à 20% en général, il peut atteindre plus de 50% lorsque des lithophytes de type lichens et mousses se développent en utilisant leurs proprietés de reviviscence.

On pourra distinguer entre d’une part les facades très chaudes et ensoleillées des murs riches en lithophytes et en chasmophytes appartenant à la classe des Asplenietea trichomanis, abritant la majeure partie de la faune et d’autre part les facades plus humides avec mousses et fougères de la classe des Parietarietea judaicae.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Communautés nitrophiles, seules présentes en ville :

PARIETARIETEA JUDAICAE Rivaz-Martinez in Rivaz Goday 1964

Syn. : Cymbalario-Parietarietea diffusae Oberdorfer, Görs, Korneck, Lohmeyer, Müller, Philippi Seibert 1967 nom. nud. (atr. 2B, 8)

Parietarietalia judaicae Rivaz-Martinez ex Rivaz Goday 1964

Communautés vivaces non nitrophiles

ASPLENIETEA TRICHOMANIS (Br.-Bl. In Meier Br.-Bl. 1934) Oberdorfer 1977

COR 1991

86.1 Villes

86.2 Villages

Confusions possibles

L’artificialité de ces habitats rend les confusions difficiles, pourtant l’identification phytosociologique ne semble pas toujours facile, spécialement lorsque le nombre des espèces est faible. Il n’est en effet pas rare d’avoir à faire à une végétation monospécifique (pariétaire) ou limitée à un très petit nombre d’espèces.

Dynamique

La dynamique est faible voire nulle lorsque la végétation muricole est installée ; les interventions humaines souvent drastiques peuvent entrainer par contre une réinstallation puis une évolution rapide de cette même végétation.

Sur les ruines laissées à l’abandon, on assiste à l’évolution vers un mileu préforestier avec l’installation d’espèces arbustives puis d’arbres correspondant au manteau.

Espèces indicatrices

[plante2] (Centranthus rubrer) , (Cheiranthus cheiri), (Corydalis lutea), (Corydalis ochroleuca), (Cymbalaria muralis), (Dianthus caryophyllus), (Erigeron karvinskianus), Parietaria judaica, Umbilicus rupestris
[plante1] Asplenium adiantum-nigrum, Asplenium ruta-muraria, Asplenium ceterach, Hedera helix, Polypodium cambricum, Polypodium interjectum, Polypodium vulgare, Sedum acre
[briophytes] Anomodon viticulosus, Bryum caespiticium, Bryum capillare, Didymodon rigidulus, Didymodon vinealis, Grimmia crinita, Grimmia orbicularis, Grimmia pulvinata, Homalothecium sericeum, Hypnum cupressiforme, Orthotrichum anomalum, Pseudocrossidium revolutum, Schistidium apocarpum, Tortula muralis, Trichostomum crispulum
[mammiferes] Eliomys quercinus, Myotis mystacinus, Myotis nattereri, Pipistrellus ssp., Plecotus austriacus, Suncus etruscus
[mollusques] Balea perversa, Chilostoma squamatinum, Clausilia rugosa parvula, Lauria cylindracea, Pupilla bigromata, Pupilla triplicata, Pyramidula spp.
[reptiles] Hierophis viridflavus, Podarcis muralis
[oiseaux] Athene noctua, Petronia petronia, Phoenicurus ochruros, Phoenicurus phoenicurus, Troglodytes troglodytes
[arachnides] Segestria ssp.
[coleopteres] Anthophora ssp., Osmia ssp., Sitaris muralis,

Valeur biologique

Ces habitats abritent une flore et une faune constituées d’espèces pouvant paraître banales, pourtant ils constituent des témoins des écosystèmes qui ont accompagné l’homme au
cours des temps historiques dans ses installations en milieu
urbain.

Actuellement, ils participent grandement au maintien de corridors biologiques en secteur urbain.

Menaces

La menace principale vient des réfections qui sont menées au nom de la modernisation et de l’embellissement et qui ont entrainé un ravalement des murs tant en ville que dans la plupart des communes rurales. En rase campagne de nombreux murs de pierre sèche ont également été sacrifiés au bénéfice des remembrements.

Statut régional

Ces habitats ne sont pas recensés au titre des inventaires naturalistes et à ce titre sont souvent mal connus ; leur fonction dans le maintien d’une biodiversité dite « ordinaire » est mise à mal un peu partout, elle est pourtant incontestable, ils mériteraient donc d’être sérieusement répertoriés.
En Poitou-Charentes, les secteurs où les parcelles agricoles sont délimitées par des murs de pierre sèche sont rares, on les rencontre encore dans certaines parties des Deux Sèvres et de la Vienne. Les vieux murs sont toujours en secteur bâti.

Les vieux murs sont le lieu de naturalisation de nombreuses espèces végétales introduites depuis longtemps pour leurs vertus décoratives ou médicinales

 

Grottes et cavités artificielles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les grottes et les cavités artificielles ont une physionomie et des conditions de température et d’hygrométrie qui leur sont particulières.

Les grottes naturelles sont issues de la dissolution de la roche calcaire formant ainsi un réseau karstique. La région Poitou-Charentes compte plusieurs centaines de grottes naturelles. Leur développement reste cependant assez modéré si on le compare avec celui des cavités d’autres régions plus connues pour la pratique de la spéléologie, telles que celles Var ou de l’Aveyron. Les grottes se caractérisent par l’absence ou presque de lumière, une température généralement stable, une absence de courant d’air et une hygrométrie souvent élevée.

La combinaison de ces critères correspond aux exigences écologiques des chiroptères en hibernation, mais aussi en période de reproduction pour certaines espèces. Les chauves-souris cavernicoles recherchent en hiver des gîtes pourvus d’une ambiance fraîche et humide (10°C ; 80% d’humidité), une grande tranquillité et une absence de courant d’air. Une température plus élevée est indispensable pour la période de reproduction.

Les grottes comportent souvent des passages étroits parfois inaccessibles pour l’homme et permettant généralement la communication entre des « salles » de plus grands volumes.

Certaines grottes sont parfois caractérisées par le passage de rivières souterraines ou la présence d’une nappe phréatique.

L’entrée des grottes naturelles est généralement insérée au sein des parois rocheuses ou simplement se présente sous forme d’un gouffre situé à même le sol.

Les cavités artificielles, très nombreuses dans la région, se présentent généralement sous la forme de galeries labyrinthiques, hautes de plafond (2 à 3 mètres, quelques fois plus) avec un développement qui peut atteindre plusieurs kilomètres avec peu ou pas de dénivelé. La lumière y est là aussi absente, sauf dans les premiers mètres après l’entrée, la température généralement stable peut néanmoins connaître des écarts plus importants à la proximité des entrées et des puits d’aération. Ces derniers peuvent d’ailleurs être à l’origine de courants d’air qui parcourent une partie ou la totalité des galeries.

L’hygrométrie est généralement moins importante que dans les cavités naturelles.

Les cavités naturelles et artificielles de la région Poitou-Charentes constituent, en hiver, le milieu de prédilection des chauves-souris cavernicoles dont elles accueillent d’importantes populations. Par ailleurs quelques cavités naturelles abritent aussi de fortes colonies de reproduction. Ces populations sont, pour certaines espèces, d’intérêt national. Par conséquent, plusieurs de ces gîtes sont désignés comme sites à haute valeur patrimoniale (site Natura 2000, ZNIEFF, Site CREN).

Phytosociologie et correspondances typologiques

CORINE 1991

65.4 Grottes naturelles

88 Espaces souterrains artificiels (carrières, mines…)

Directive Habitats 1992

8310 Grottes non exploitées par le tourisme

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible avec un autre habitat naturel. Les abris sous roche sont très peu profonds et ne sont pas considérés pas comme des grottes car la lumière y pénètre dans leur totalité ou quasi-totalité. Généralement, ces excavations sont moins riches en biodiversité faunistique car elles ne réunissent pas les conditions nécessaires à l’hivernage ou la reproduction des chiroptères. Ces abris peuvent néanmoins accueillir temporairement quelques individus de chauves-souris en période de transit entre les gîtes d’été et d’hiver ou être utilisés comme gîtes secondaires au cours des nuits de chasse.

Dynamique

La dynamique végétale est nulle car la lumière ne permet pas à la végétation de se développer. Seules les entrées de grottes peuvent accueillir quelques fougères, accompagnées de quelques bryophytes, tant que l’apport de lumière reste suffisant. L’ouverture d’une entrée nouvelle va donc perturber l’équilibre de la grotte en créant un puit de lumière, mais aussi en favorisant l’apparition de courants d’air, en diminuant les conditions d’hygrométrie et en rendant la grotte plus vulnérable aux écarts de température. De telles ouvertures vont donc généralement nuire à la richesse biologique de la grotte.

Espèces indicatrices

[mammiferes] En hibernation : Barbastella barbastellus, Eptesicus serotinus, Miniopterus schreibersi, Myotis bechsteini, Myotis blythii, Myotis daubentoni, Myotis emarginatus, Myotis myotis, Myotis mystacinus, Myotis nattereri, Nyctalus lasiopterus, Nyctalus leisleri, Nyctalus noctula, Pipistrellus kuhlii, Pipistrellus nathusii, Pipistrellus pipistrellus, Plecotus auritus, Plecotus austriacus, Rhinolophus euryale, Rhinolophus ferrrumequinum, Rhinolophus hipposideros
En reproduction : Rhinolophus euryale, Miniopterus schreibersi, Myotis emarginatus, M.myotis, Rhinolophus ferrumequinum
Meles meles, Vulpes vulpes
[oiseaux] Chouette effraie (Tyto alba), Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)
[lepidopteres] La Découpure (Scoliopteryx libatrix) ; en hibernation : Paon du jour (Inachis io), Vulcain (Vanessa atalanta)
[arachnides] Meta bourneti, Meta menardi

Valeur biologique

Les grottes naturelles et, parfois, les cavités artificielles jouent un rôle prépondérant pour le maintien des populations de chauves-souris. Ces mammifères sont tous protégés et figurent aux annexes II et/ou IV de la Directive européenne Habitats Faune-Flore.

Les grottes constituent des gîtes de reproduction ou d’hibernation, parfois simplement des gîtes temporaires pour les chauves-souris. Selon les espèces, elles sont fréquentées plutôt l’hiver ou plutôt l’été, soit par des colonies de mâles soit par des colonies de reproduction, et parfois les deux pour les espèces qui se reproduisent dans les cavités naturelles.

Certaines cavités de la région Poitou-Charentes abritent des colonies de chauves-souris dont les effectifs sont d’importance nationale et européenne.

Les grottes, outres les chauves-souris, accueillent une faune comprenant des espèces très spécialisées telles que l’Araignée cavernicole Meta menardi qui vit et chasse dans les grottes ou encore la noctuelle (lépidoptère) nommée « la Découpure » Scoliopteryx libatrix. Quelques papillons de jour fréquentent les grottes pour y passer la mauvaise saison comme le Paon du Jour ou le Vulcain. Certains animaux comme le Loir fréquentent les entrées de grottes où la lumière est faible mais encore présente. Le Blaireau, le Lapin ou le Renard peuvent à l’occasion y creuser leur terrier. Des oiseaux peuvent même y nicher à l’image du Troglodyte mignon ou du Rougequeue noir. Enfin les grottes peuvent servir d’abri à quelques amphibiens pour passer l’hiver.

Menaces

La fréquentation humaine est à l’origine de dérangements parfois fatals au sein des colonies de chauves-Souris. Les périodes hivernale et estivale sont particulièrement sensibles. Les chauves-souris plongées en léthargie hivernale vont utiliser l’énergie utile à leur hibernation à chaque réveil occasionné par d’éventuels dérangements. Cela peut compromettre leur survie lors du réveil printanier car elles sont alors trop faibles pour aller chasser. L’été ce sont les jeunes encore non volants qui sont menacés par l’affolement de la colonie qui risque de les faire tomber (à terre) sans possibilité d’en réchapper.

D’autres activités humaines parfois observées dans les cavités artificielles telles que le feu, l’organisation de soirées improvisées (« rave party »)… sont autant de menaces qui peuvent peser sur leur richesse biologique.

L’aménagement des grottes (création d’ouverture ou de nouvelles entrées) peut enfin modifier les conditions internes (température, hygrométrie) à un tel point qu’elles deviennent défavorables à l’installation d’une colonie de chauves-souris pour les années à venir.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est localisé aux régions au sous-sol calcaire. La Charente et la Vienne sont les départements où cet habitat est le plus fréquent. En revanche, en Deux-Sèvres, les grottes sont plus rares.

Les sites les plus remarquables sont intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : grotte de Rancogne, Fosse Mobile, grotte de Grosbot
17 : carrière de l’Enfer, carrière de Fief de Foye
79 : carrières de Loubeau
86 : carrières des Pieds Grimaud, grottes de la basse vallée de la Gartempe, de la vallée de l’Anglin, carrière des Lourdines