Fourrés pré forestiers

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

On a là des communautés de coupes et de clairières forestières sur sols calcaires ou marno-calcaires souvent assez riches en azote.

Ces formations sont fréquemment hétérogènes notamment du fait de la nature plus ou moins hydromorphe du substrat, du type de formation forestière qui les héberge ou encore du stade de leur évolution.

Il s’agit en effet de groupements temporaires qui précèdent les
associations forestières. Leur « durée de vie »peut être estimée à
une vingtaine d’années dans le cadre d’une évolution naturelle.

Les ligneux – jeunes arbres, arbustes et arbrisseaux à feuilles caduques – sont largement dominants, avec notamment des espèces pionnières comme le Saule marsault (Salix caprea).

L’influence de la forêt est marquée par la présence d’espèces de demi-ombre comme le Sureau noir (Sambucus nigra) ou appartenant au manteau forestier, le Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum) et le Troène (Ligustrum vulgare).

Toutes ces espèces se retrouvent ici en mélange avec des espèces thermo-héliophiles comme les ronces (Rubus sp.).
Les thérophytes sont par contre toujours des espèces héliophiles qui tendent à disparaître lorsque le stade forestier finit par s’installer.

Ici ou là, la strate arbustive peut être dominée par quelques arbres, spécialement des essences qui supportent mal la concurrence des espèces sociales, on pourra y trouver le Bouleau verruqueux (Betula pendula) ou le Peuplier tremble (Populus tremula).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen 1962 : manteaux arbustifs, fruticées et haies

  • Sambucetalia racemosae Tüxen 1950 : communautés des coupes forestières
    • Sambuco racemosae-Salicion capreae Tüxen & Neumann in Tüxen 1950

COR 1991
31 872 Clairières à couvert arbustif

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats
Nc

Confusions possibles

Dans notre région de plaine, l’habitat ne possède pas de bonnes caractéristiques (absence, notamment, du Framboisier, du Sureau à grappes et de divers chèvrefeuilles non lianoïdes, si typiques des étages montagnard et subalpin) ; on y rencontre en mélange des essences préforestières de bonne taille (Betula pendula, Salix caprea….), des espèces arbustives du manteau forestier ainsi qu’une strate herbacée formée de plantes des clairières ouvertes (voir fiches « Coupes, clairières sur sol acide » et « Coupes, clairières sur sol neutro-basophile ») .

On remarquera cependant l’absence d’arbres ayant atteint leur développement mature comme on peut les trouver en pleine forêt

Dynamique

Elle est toujours très importante et peut se traduire par une succession rapide d’espèces plus ou moins pionnières accompagnée par une fermeture rapide du milieu.

La forte densité des individus assurant le recouvrement total du sol ainsi que leur taille limitée, inférieure à 3 mètres, signent une végétation de fourré.

Espèces indicatrices

[plante2] Betula pendula, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Hedera helix, Populus tremula, Rubus fruticosus, Salix capraea, Sambucus nigra,
[lepidopteres] Callophrys rubi, Gonepteryx rhamni, Nymphalis antiopa, Nymphalis polychloros
[oiseaux] Luscinia megarhynchos, Sylvia atricapilla, Troglodytes troglodytes, Turdus merula, Turdus philomelos

Valeur biologique

D’une manière très générale, on ne rencontre dans cet habitat que des espèces banales, la valeur patrimoniale régionale est donc généralement faible. Cependant, en créant au sein du milieu forestier un espace un peu plus ouvert, la clairière à couvert arbustif favorise l’installation d’espèces végétales et animales d’interface.

Ainsi, au sein de la chênaie pubescente, en Charente-Maritime, apparaissent d’importantes populations de Séneçon du Rouergue (Senecio ruthenensis), espèce protégée.
Des oiseaux comme le Rossignol philomèle ou la Fauvette à tête noire trouvent là des conditions favorables à leur nidification.

Menaces

Ce type de végétation, conséquence des coupes de bois est peu prisé par les forestiers et aura donc tendance à disparaître rapidement dans les massifs soumis à une gestion intensive.

Il reste néanmoins assez bien représenté sur l’ensemble de la région Poitou-Charentes, favorisé par le morcellement des massifs boisés et par la disparition des pratiques rurales anciennes qui pouvaient se traduire par le pâturage des clairières forestières.


L’Aubépine à un style (Crataegus monogyna) est une espèce à très large amplitude écologique : on la rencontre aussi bien en sous-bois sombres que, comme ici, dans les clairières et ouvertures de divers types types de forêts (caducifoliées ou résineuses)

Statut régional

L’habitat est assez répandu sur l’ensemble de la région.

Le Sylvain azuré (Limenitis reducta) (à g.) et le Tircis (Pararge aegeria) (à dr.) sont deux papillons typiques des lisières et des clairières intra-forestières où ils recherchent les taches de lumière et adoptent souvent un comportement territorial.
 

Fourrés mésophiles

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

Il s’agit d’un ensemble de fourrés caractéristiques des lisières forestières (chênaies et chênaies-charmaies), des haies et des recolonisations des terrains boisés du domaine atlantique. Ces milieux hébergent de nombreuses espèces à fruits charnus de couleur noire ou rouge.

On distinguera deux grands types d’habitats :

Les fourrés médio – européens sur sols fertiles, riches en nutriments, neutres ou alcalins.

Les fruticées atlantiques des sols pauvres en calcaire ou décalcifiés, à affinité mésoacidiphile.

Sur les sols riches, se développe une formation très dense d’arbustes au sein de laquelle le Prunellier est dominant ; il est la plupart du temps associé à des ronces, au Troène, à l’Aubépine monogyne, au Chèvrefeuille des bois ou au Sureau noir, toutes espèces caractéristiques des lisières forestières et des sols riches notamment en azote.

Les sols pauvres laissent apparaître une formation moins diversifiée au sein de laquelle les ronces sont dominantes avec la Bourdaine, l’Ajonc d’Europe et constituent des haies et des buissons (une fruticée)

Dans les deux cas, ces formations correspondent à des stades évolutifs conduisant vers la forêt avec une composition floristique très proche du manteau. Aux stades avancés, on pourra trouver quelques espèces arborescentes : érables champêtre ou de Montpellier, ormes, Chênes pubescent sur sols chauds et secs ou Chênes pédonculé sur sols plus frais, Charme, Châtaignier sur sols décalcifiés. La faune associée à ces milieux est représentée par un ensemble de groupes (oiseaux, reptiles, mammifères, insectes…) regroupant des espèces qui y trouvent à la fois leur nourriture et un abri.

Les nanophanérophytes très largement dominants assurent un recouvrement maximum du sol ce qui limite d’autant le développement des annuelles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen1962
    • Prunetalia spinosae Tüxen 1952 : communautés arbustives des sols carbonatés ou plus ou moins désaturés
      • Tamo communis-Viburnion lantanae Géhu & al. 1983 : communautés calcicoles à neutrophiles, mésophiles
      • Frangulo alni-Pyrion cordatae Herrera & al.1991 : communautés acidiphiles thermoatlantiques
      • Ulici europaei-Rubion ulmifolii Weber 1997 : communautés acidiphiles atlantiques
      • Pruno spinosae-Rubion radulae Weber 1997 : communautés mésophiles à mésohygrophiles sur sols désaturés

COR 1991

  • 31.81 Fourrés médio – atlantiques sur sols fertiles
  • 31.83 Fruticées atlantiques des sols pauvres

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Beaucoup d’espèces de ces habitats se retrouvent dans les sous bois non entretenus, en lisière des milieux forestiers où ils constituent le manteau ; c’est donc la nature buissonnante qui doit permettre de les identifier.

La limite avec les groupements de fourrés xérothermophiles n’est pas toujours facile à trouver, c’est l’absence du buis ou des genévriers qui permet de faire la différence. En milieu acidiphile sur sols décalcifiés, c’est l’absence du genêt à balai ou des ajoncs que l’on recherchera pour les différencier des fourrés sur sols acides.

Dynamique

Lorsqu’ils ne sont pas soumis à des méthodes de gestion drastiques avec broyage mécanique, ce qui est quand même la plupart du temps le cas, ces habitats possèdent une dynamique très importante, spécialement sur sols riches. Ils peuvent alors évoluer rapidement vers le milieu pré- forestier avec l’apparition de phanérophytes arborescents.

Espèces indicatrices

[plante2] Clematis alba, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Frangula alnus, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Lonicera periclymenum, Prunus spinosa, Rosa sp., Rubus sp., Sambucus nigra, Tamus communis, Ulex europaeus, Viburnum lantana
[oiseaux] Emberiza citrinella, Hippolais polyglotta, Lanius collurio, Sylvia communis
[reptiles] Coluber viridiflavus, Lacerta bilineata, Vipera aspis
[lepidopteres] Aporia crataegi, Brenthis daphne, Callophrys rubi, Eriogaster catax, Gonopteryx rhamni, Hamaeris lucina, Iphiclides podalirius, Satyrium acaciae, Satyrium pruni, Thecla betulae
[orthopteres] Leptophyes punctatissima, Meconema thalassinum, Phaneroptera falcata, Tettigonia viridissima
[champignons] Calocybe gambosa, Mitrophora semilibera, Tubaria autochtona
[bryophytes] Hypnum cupressiforme, Scleropodium purum

Valeur biologique

Même s’ils n’hébergent pas d’espèces végétales ou animales protégées, ces habitats doivent être considérés comme présentant une valeur patrimoniale non négligeable dans le contexte actuel d’une nature dite « ordinaire » fortement agressée par l’agriculture productiviste et la multiplication des infrastructures. Parce qu’ils assurent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces animales, ils participent à l’existence de corridors biologiques au sein de milieux très fragmentés.

Localement, ils peuvent héberger quelques espèces rares dans les genres trop souvent négligés des Rosa et des Rubus, enfin on y trouve les plantes hôtes de nombreux papillons du groupe des théclas.

Menaces

Le côté envahissant et mal aimé, car souvent impénétrable, de ces habitats les soumet le plus souvent à une gestion humaine agressive (broyage mécanique pouvant être répété chaque année, arrachage…). Leur grande capacité de régénération leur permet de résister à cette pression lorsqu’ils ne sont pas totalement soumis à une éradication définitive.

Statut régional

Habitats encore répandus sur l’ensemble du territoire de la région Poitou-Charentes avec cependant des densités très variables d’un territoire à un autre. Ils sont plus fréquents dans les secteurs soumis à une déprise agricole, à proximité des zones boisées ou sur les terrains militaires.

 

Fourrés hygrophiles et fourrés marécageux à Myrica gale

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-écologie

Les fourrés hygrophiles sont des formations végétales arbustives qui se développent sur des sols constamment gorgés d’eau et parfois inondés. On peut distinguer 2 grands types de fourrés hygrophiles dans notre région :

– ceux qui sont soumis à une dynamique fluviale et à des inondations régulières : la saulaie arbustive planitiaire et collinéenne du SALICION TRIANDRO-VIMINALIS ;

– ceux qui sont installés sur des sols marécageux, parfois tourbeux et gorgés d’eau, mais ne sont pas nécessairement liés à un cours d’eau (alliance du SALICION CINEREAE) : la saulaie marécageuse à Saule roux Salix acuminata Mill. et/ou Saule à oreillettes Salix aurita L. et les fourrés à Piment royal Myrica gale.

Les saulaies arbustives alluviales sont constituées essentiellement du Saule pourpre Salix purpurea L. et sont localisées généralement en tête d’île ou en première ligne des forêts riveraines à bois tendre au contact de l’eau. Cette formation résiste à la forte érosion due au courant de la rivière et prépare ainsi l’installation de la saulaie arborée à Saule blanc Salix alba L.. On y rencontre régulièrement des espèces de la Saulaie blanche (COR 44.13) en mélange avec celles de la Saulaie arbustive telles que le Saule fragile Salix fragilis L. et l’Osier jaune Salix x rubens Schrank.

La saulaie arbustive marécageuse se développe quant à elle, sur des sols où la nappe d’eau est constamment proche ou au dessus du niveau du sol. Cette formation végétale se rencontre au niveau du lit majeur et des zones d’inondation des cours d’eau mais également dans les zones de dépression, les bords de mares et d’étangs (queues d’étang, zones de débordement des étangs…) et au niveau des bas de pente collectant les eaux de ruissellement. Sur sols eutrophes à mésotrophes, le Saule roux Salix acuminata Mill., fréquemment accompagné de son hybride avec le Saule à oreillettes, le Saule de Charrier Salix x charrieri, constitue l’essentiel de la composition arbustive de ce fourré. Sur des sols oligotrophes, le Saule à oreillette Salix aurita L. vient compléter la composition spécifique de ces fourrés hygrophiles marécageux. La strate herbacée est souvent constituée de plantes hélophytes telles que des carex (Carex acutiformis, Carex remota…) accompagnées parfois de fougères (Dryopteris sp.).

Enfin les fourrés à Piment Royal (Myrica gale) se développent sur des sols oligotrophes, en marge des tourbières et des bas marais acides. Le Piment royal Myrica gale, arbuste de petite taille (inférieure à 2 m) est en général accompagné par la Bourdaine et le Saule roux. Les conditions asphyxiantes du sol ne facilitent pas l’installation des ligneux arborés. Seuls quelques aulnes et bouleaux arrivent à développer leurs racines en surface et ainsi à être présents dans ce groupement. Il s’agit donc d’un taillis arbustif dense, souvent inextricable, avec une strate herbacée où les bryophytes (notamment les sphaignes), les carex et les fougères sont abondants.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • ALNETEA GLUTINOSAE Br.-Bl. et Tüxen ex Westhoff, Dijk et Passchier 1946
    • SALICETALIA AURITAE Doing Westhoff in Westhoff et den Held 1969 : communautés de saules sur sols très engorgés
      • Salicion cinereae Müller et Görs ex Passarge 1961
  • SALICETEA PURPUREAE Moor 1958
    • SALICETALIA PURPUREAE Moor 1958 : communautés arbustives riveraines, collinéennes, souvent pionnières
      • Salicion triandrae Müller et Görs 1958

COR 1991

  • 44.12 – Saulaies arbustives planitiaires et collinéennes (Salicion triandro-viminalis)
  • 44.92 Saulaies marécageuses (Salicion cinereae)
  • 44.93 Bois marécageux de bouleaux et Myrica gale (fourrés à Myrica gale des marges de bas marais acides)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible pour ce type d’habitat. Néanmoins on peut rencontrer les fourrés hygrophiles en mélange avec des stades dynamiques plus évolués. En effet, la saulaie marécageuse à Saule roux constitue souvent le manteau des aulnaies marécageuses (COR 44.91) et les saulaies arbustives à Saule pourpre alluviales préparent l’installation de la Saulaie arborée à Saule blanc (COR 44.13).

Dynamique

Pour les fourrés à Piment Royal Myrica gale, l’évolution vers un stade arboré est souvent rendue difficile par les conditions du sol très asphyxique. En revanche, les saulaies marécageuses à Saule roux et Saule à oreillettes, ainsi que les saulaies arbustives alluviales à Saules roux, peuvent connaître une évolution avec l’installation progressive d’espèces végétales arborées. Leur succèdent alors respectivement l’Aulnaie marécageuse (ALNION GLUTINOSAE ; COR 44.91) et la Saulaie arborescente à Saule blanc (SALICION ALBAE ; COR 44.13).

Espèces indicatrices

[plante2] Frangula dodonei ssp. dodonei, *Myrica gale, Salix acuminata, *Salix aurita, Salix fragilis, Salix purpurea, Salix triandra, Salix viminalis, Viburnum opulus.
[plante1] Acer negundo, Alnus glutinosa, Betula alba, Carex acutiformis, Carex remota, Carex riparia, Cirsium palustre, Lysimachia vulgaris
[briophytes] Amblystegium riparium, Calliergonella cuspidata, Drepanocladus aduncus, Fissidens adianthoides, Fontinalis antipyretica Sphagnum auriculatum, Sphagnum palustre
[mammiferes] Castor fiber
[lepidopteres] Fourrés à Piment royal : Leucodonta bicoloraria
Saulaie marécageuse : Brachylomia viminalis, Colobochyla salicalis, Euchoeca nebulata, Euproctis similis, Leucoma salicis.
Saulaie alluviale à S. pourpre : Boudinotiana touranginii, Colobochyla salicalis, Leucoma salicis.
[orthopteres] Conocephalus discolor, Meconema thalassinum, Metrioptera roeselii, Pteronemobius heydenii, Pteronemobius lineolatus, Tettigonia viridissima, Tetrix subulata

Valeur biologique

Les fourrés à Piment royal Myrica gale, sont en forte régression en lien avec leur caractère « improductif » et inexploitable pour l’homme, tout comme les tourbières auxquelles ils sont généralement associés. Ce sont des formations végétales originales, où peuvent s’exprimer des espèces rares et menacées pour le Poitou-Charentes telles que le Piment royal Myrica gale (espèce protégée au niveau régional et inscrite sur la liste rouge régionale) ou l’Osmonde royale Osmunda regalis L. (liste rouge régionale).

Outre le fait de préparer l’installation de la forêt alluviale, habitat relictuel sur le territoire national et dans notre région, les saulaies alluviales, quant à elles, constituent un stock alimentaire important pour le Castor d’Europe friand d’essences à bois tendre telles que les Salicacées (peupliers, saules). Ce rongeur aquatique protégé au niveau européen est en voie de colonisation dans le département de la Vienne et des Deux-Sèvres.

Les fourrés hygrophiles jouent souvent un rôle hydrobiologique important (zone tampon, zone d’extension des crues, épuration des eaux, lutte contre l’érosion…) au sein du lit majeur des hydrosystèmes.
Souvent inexploitables et difficiles d’accès, ce sont des milieux assez peu perturbés par l’intervention de l’homme. Ils jouent alors le rôle de milieux refuges pour la faune, comme par exemple les insectes xylophages qui profitent des nombreux bois morts laissés sur pieds (chandelle) ou en décomposition au sol (chablis).

Menaces

Il s’agit de milieux humides relictuels qui ont été détruits dans le cadre de tentatives d’une valorisation économique (drainage, remblaiement, plantation de peupliers). Seules les saulaies arbustives alluviales présentes sur les îles les plus inaccessibles et les fourrés hygrophiles fortement gorgés en eau n’ont jamais été véritablement inquiétés par cette pression d’aménagement.

Statut régional

En tant qu’habitat générique, les fourrés hygrophiles sont disséminés sur l’ensemble de la région. Certains types sont cependant plus localisés, notamment le fourré à Saule à oreillettes ou celui à Myrica gale.

Sites exemplaires ou représentatifs :

16 : vallons humides de la Double charentaise (« nauves ») pour le type oligotrophe à Myrica gale ; rives des étangs du Confolentais pour le fourré de Saule à oreillettes

17 : marais de l’Anglade pour le fourré sur tourbe alcaline à Bourdaine et Saule roux ; rives de la Charente pour le fourré alluvial de Saule à 3 étamines

79 : tourbière du Bourdet pour le fourré turficole à Bourdaine et Saule roux

86 : rives de la Vienne pour la saulaie à Saule pourpre

 

Fourrés littoraux à Tamaris

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

Il s’agit de communautés des milieux saumâtres. En Poitou-Charentes, on les rencontrera donc uniquement sur le littoral charentais maritime. Le caractère méditerranéen et thermo- atlantique de cette formation lui permet de s’exprimer en priorité sur le littoral saintongeais.

Le Tamaris d’Angleterre Tamarix gallica est une espèce qui résiste bien au sel et au vent, on l’observe donc à proximité immédiate du littoral ; cependant, il borde volontiers les fossés en zone de marais et peut s’enfoncer alors à l’intérieur des terres.

Le tamaris est un arbuste peu exigeant sur la qualité des sols, il réclame pourtant une certaine fraîcheur et préfère les terrains légers, argilo-sableux. La plante appartient à un genre qui présente des caractères morphologiques permettant une parfaite adaptation aux conditions de vie subdésertiques dont plusieurs se rencontrent en milieu littoral. Les feuilles, minuscules, sont dépourvues de stomates sur leur face supérieure, assurant au tamaris une bonne résistance à un climat très ensoleillé et à des sécheresses périodiques. La biologie de la plante l’apparente aux saules : habitat, graines de petite taille munies d’une aigrette ce qui facilite une réinstallation rapide après l’inondation, enfin bouturage très facile. Le tamaris absorbe des quantités importantes de sel.

La plante, très rameuse, se couche volontiers et multiplie son enracinement par marcottage : ainsi se forment de véritables fourrés laissant peu de place à l’installation d’autres espèces.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • NERIO OLEANDRI-TAMARICETEA AFRICANAE Br.-Bl. &O. Bolos 1958
    • TAMARICETALIA AFRICANAE Br.-Bl.& O. Bolos 1958
      • Tamaricion africanae Br.-Bl. & O. Bolos 1958

COR 1991

  • 44.813 Fourrés de tamaris

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

La situation, les conditions stationnelles, la présence du tamaris ne laissent la place à aucune confusion concernant cet habitat.

Dynamique

On n’observe pas de dynamique propre.
Lorsque les conditions du milieu sont stables, notamment en
l’absence d’intervention humaine (assèchement, débroussaillage…) l’habitat ne présente pas de dynamique.

Espèces indicatrices

[plante2] Tamarix gallica
[plante1] Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Solanum dulcamara, Ulmus minor
[champignons] Leucoagaricus idae-fragum
[oiseaux] Luscinia svecica namnetum
[amphibiens] Hyla meridionalis
[lepidopteres] Parapodia sinaica (galle provoquée par un lépidoptère)
[coleopteres] Psecrosema tamaricum (galle provoquée par un diptère)

Valeur biologique

Dans les marais littoraux, les haies de tamaris sont souvent les seules formations ligneuses pouvant atteindre deux à trois mètres de hauteur, elles constituent donc des brise-vent efficaces en même temps que des refuges et des observatoires pour de nombreux passereaux, voire d’autres animaux : insectes, reptiles….

Leur valeur biologique tient donc au rôle qu’elles jouent en
faveur des espèces qu’elles peuvent héberger de manière temporaire ou définitive. C’est tout particulièrement le cas pour la Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum, une sous-espèce endémique du littoral franco-atlantique (entre le sud Finistère et le bassin d’Arcachon) et dont la région Poitou-Charentes accueille près du cinquième de la population mondiale.

Menaces

Cet habitat est en régression. L’assèchement des zones humides, le nivellement des bosses, le remplacement des tamaris par des espèces allochtones également résistantes au sel comme le Séneçon en arbre Baccharis halimifolia sont autant de facteurs défavorables qui participent à sa raréfaction.

Statut régional

En Poitou-Charentes l’habitat est limité au littoral de la Charente-Maritime.

17 : îles de Ré, d’Aix, d’Oléron, Madame, marais de Brouage, marais de Seudre, estuaire Gironde.

La Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum est une espèce migratrice, présente dans nos contrées entre le début mars et septembre-octobre. En Poitou-Charentes, elle se cantonne surtout dans les anciens marais salants où les arbustes halophiles – Soude arbrisseau, Salicorne ligneuse – et les bosquets de tamaris lui servent à la fois de perchoir, de poste de chant et de site de nidification.

 

Fourrés méditerranéens

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

Le caractère méditerranéen de la Charente-Maritime et, plus particulièrement, de la Saintonge littorale est connu de longue date. La richesse de la flore et de la faune qui s’y trouvent associées est liée à l’existence d’une sécheresse estivale.

Pour Ruiz de la Torre (1971), le fourré méditerranéen ou « matorral » est une « formation de plantes ligneuses dont la partie aérienne n’arrive pas à se différencier en tronc et frondaison, étant en général très ramifiée dès le bas, et pouvant atteindre un port d’arbuste prostré ». Ce terme de matorral, d’origine espagnole, remplace d’une manière plus générale les mots français de « maquis » sur sol acide et de « garrigue » sur sol calcaire.

L’habitat « matorral à chênes verts » correspond à une série dynamique du groupement forestier climacique appartenant au Quercion ilicis . En région méditerranéenne sensu stricto l’agro- pastoralisme et les incendies à répétition sont en grande partie responsables de la régression de la chênaie yeuse vers le matorral. En Charente-Maritime, on le rencontre en manteau littoral de la forêt dunaire à Pin maritime et Chêne vert, le pin en est absent et le chêne est alors anémomorphosé sous l’action des vents dominants. Cet habitat fait la plupart du temps défaut, la gestion forestière en favorisant le Pin maritime, voire d’autres espèces de résineux résistants aux embruns, l’empêche de s’exprimer totalement. Le matorral à Chêne vert est une formation qui favorise au sol les essences les moins exigeantes en lumière en éliminant les plus héliophiles.

Un maquis bas silicicole à cistes, Daphné garou et Osyris blanc forme des fourrés sur sols sableux dunaires en Oléron. Daphne gnidium et Osyris alba sont ici spontanés. On a longtemps, par contre, discuté l’indigénat des cistes méditerranéens présents sur l’Ile d’Oléron et souvent découverts assez tardivement. Le caractère méditerranéen marqué du milieu est confirmé par la présence d’un certain nombre d’espèces dont celle de lichens – citons Cladonia mediterranea – dont plusieurs sont ici en aire de distribution disjointe. On est en droit d’estimer que c’est le cas de cet habitat.

Le fourré se développe la plupart du temps en lisière de la forêt au niveau du manteau ainsi qu’en limite de la forêt à proximité du littoral, les plantes résistant bien aux embruns. L’extension de l’habitat à l’intérieur du milieu forestier cesse avec le développement du couvert arborescent qui constitue alors un frein à l’existence d’espèces fortement héliophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • QUERCETEA ILICIS Br.-Bl. In Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
    • Quercion ilicis Br.-Bl. ex Molinier 1934
      • Querco ilicis-Pinenion maritimi Géhu & Géhu-Franck
  • CISTO LADANIFERI-LAVANDULETEA STOECHADIS Br.-Bl. in Br.-Bl., Molinier & Wagner 1940
    • Cistion laurifolii Rivas Goday in Rivas Goday, Borja, Monasterio, Galiano & Rivas-Martinez 1956

Association Daphno-Ligustretum

COR 1991

  • 16.28 x 32.34 Fourrés dunaires sclérophylles x Maquis bas à Cistes
  • 32.11 Matorral à chênes sempervirents

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

Pas de confusion possible avec d’autres types d’habitats sauf avec l’ourlet à Ciste à feuilles de sauge et Garance, de structure plus basse (il s’agit d’un ourlet et non d’un fourré) mais se rencontrant dans le même milieu : forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert sur dunes fossiles.

Dynamique

Elle est spontanée et dépend notamment de l’avancée ou du recul du manteau forestier, ainsi que des modifications du trait de côte.

Espèces indicatrices

[plante2] *Arbutus unedo, *Cistus laurifolius, *Cistus monspeliensis, *Cistus psilosepalus, Cistus x obtusifolius, Clematis flammula, *Cytinus hypocistis, Daphne gnidium, *Osyris alba, *Phillyrea angustifolia, *Phillyrea latifolia, Quercus ilex
[plante1] Carex arenaria, Cytisus scoparius, Erica scoparia, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Orobanche caryophyllacea, Pinus pinaster, Rubia peregrina, Ulex europaeus
[briophytes] Hypnum cupressiforme, Pleurochaete squarrosa, Scleropodium purum, Tortula ruraliformis
[lichens] Cladonia mediterranea
[lepidopteres] Lobesia botrana (= Eudémie de la vigne)
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Ephippiger ephippiger, Leptophyes punctatissima, Oecanthus pellucens, Phaneroptera falcata
[coleopteres] Dicladispa testacea

Valeur biologique

Le fourré arrière-dunaire à cistes, Daphne et Osyris constitue un habitat très rare en Poitou-Charentes et exceptionnel sur le littoral atlantique où il est limité à quelques rares localités littorales et surtout insulaires (Oléron essentiellement, Ré, Aix et presqu’île d’Arvert). Il constitue une irradiation thermo-atlantique relictuelle d’un habitat méditerranéen que l’on ne retrouve qu’en Corse.

On y note la présence d’espèces rares ou menacées avec le Ciste de Montpellier Cistus monspeliensis, le Ciste à feuilles de laurier Cistus laurifolius protégé en Poitou-Charentes, le Ciste à sépales poilus Cistus psilosepalus, espèce protégée au niveau national.

Le matorral à chênes verts ne présente pas d’espèces protégées, sa valeur biologique n’en est pas moins importante de par sa rareté puisqu’il ne peut s’observer qu’ici ou là dans l’Ile d’Oléron ou en presqu’île d’Arvert.

Menaces

Ces habitats en régression pour avoir été menacés par l’enrésinement des milieux dunaires littoraux, subissent maintenant une pression fortement négative liée au développement du tourisme balnéaire avec ses corollaires que sont le tourisme vert et les aménagements qui lui sont liés.

Le Daphné garou Daphne gnidium et l’Osyris blanc Osyris alba sont 2 arbrisseaux méditerranéens localement abondants au sein de la forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert du littoral charentais.

Statut régional

Habitat très rare, présent seulement dans quelques localités littorales, surtout insulaires, de Charente-Maritime

17 : île de Ré (forêt de Trousse-Chemise), île d’Oléron (forêt des Saumonards), île d’Aix, forêt de la Coubre, presqu’île d’Arvert

 

Fourrés sur sols acides

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

On a là des formations buissonnantes caractérisées par une strate dominante de ligneux à feuilles caduques d’une taille moyenne de l’ordre de 2 à 3 mètres. D’un point de vue physionomique, on les observe au voisinage des landes dites hautes.

En Poitou-Charentes, ces fourrés ne couvrent pas de grandes surfaces homogènes. Ils forment avec les milieux ouverts ou en marge des milieux forestiers des mosaïques avec les habitats voisins, ils constituent alors des milieux de transition.

Il s’agit de séries dynamiques souvent liées à l’abandon de prairies anciennement cultivées mais de faibles capacités agronomiques ou de landes autrefois pâturées sur un mode extensif.

La nature du sous sol, le type de sol déterminent l’apparition de deux grands types d’habitats :

  • Les fourrés à genêts à balais ou brandes sur sols faiblement acides, sur argiles de décalcification ou sur sols acides thermophiles.
  • Les fourrés à ajoncs d’Europe sur sols acides mésophiles voire hydromorphes.

Le recouvrement est maximum (100%), par définition le fourré est difficilement pénétrable.

Le genêt à balais comme l’ajonc d’Europe sont des espèces héliophiles, mellifères et acidiphiles à large spectre, elles possèdent en outre des caractères anatomophysiologiques qui leur confère des aptitudes exceptionnelles à coloniser des sols pauvres. Le genêt à balais possède une écorce chlorophyllienne, c’est donc la plante entière qui par ses organes aériens assure la photosynthèse. L’ajonc d’Europe comme la plupart des légumineuses héberge au sein de nodosités racinaires des bactéries symbiotiques assurant une fixation de l’azote atmosphérique entraînant à terme un enrichissement du sol.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • CYTISETEA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975 : végétations arbustives dominées par des Fabacées sur des sols profonds, subacides à acides
    • CYTISETALIA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975
      • Ulici europaei-Cytision striati Rivas-Martinez, Bascnes, T.E. Diaz, Fernandez Gonzalez & Loidi 1991 : communautés thermo-atlantiques
      • Sarothamnion scoparii Tüxen ex Oberdorfer 1957 : communautés atlantiques et continentales

COR 1991

  • 31.84 Landes à Genêts
  • 31.85 Landes à Ajoncs

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

Pas de confusions possibles

DYNAMIQUE

Ces fourrés peuvent être soumis à une dynamique importante. Ils doivent évoluer vers une chênaie à chênes tauzins sur les sols les mieux drainés ou vers une chênaie à chênes pédonculés sur les substrats plus humides. En Poitou-Charentes, dans les deux cas on va vers un bois acido-thermophile.

Espèces indicatrices

[plante2] Cytisus scoparius, Erica scoparia, *Pyrus cordata, Ulex europaeus
[plante1] Castanea sativa (juv), Frangula alnus, Lonicera periclymenum, Populus tremula (juv), Pteridium aquilinum, Pyrus pyraster, Quercus pyrenaica (juv), Quercus robur (juv), Rubia peregrina, Rubus section Fruticosi (sous-section Discolores), Rubus section Corylifolii,, Sorbus torminalis (juv) Salix acuminata, Ulmus minor
[briophytes] Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Pleurozium schreberi, Scleropodium purum
[orthopteres] Leptophyes punctatissima, Phaneroptera falcata, Phaneroptera nana, Tettigonia viridissima

Valeur biologique

Cet habitat n’héberge pas d’espèces végétales protégées.

Son intérêt biologique réside dans le fait qu’il s’agit d’un habitat de transition.

Menaces

L’aspect touffu des fourrés, leur situation en marge de milieux plus faciles à identifier, la difficulté à prendre en compte une approche dynamique des paysages, amènent trop fréquemment les aménageurs et les responsables de gestion à pratiquer des « nettoyages » et à faire disparaître ce type d’habitats.


Statut régional

L’habitat est assez répandu sur les substrats acides des 4 départements

 

Fourrés xéro-thermophiles

Rédacteur : David Suarez

Physionomie – écologie

Les fourrés xéro-thermophiles sont des formations arbustives denses qui se développent sur des substrats carbonatés ou basiques formés sur les calcaires secondaires du Jurassique et du Crétacé supérieur. Il s’agit le plus souvent de peuplements de Genévrier commun Juniperus communis, associés ou non à d’autres essences arbustives basses, dont la physionomie varie du fourré dense au voile épars, voire d’îlots parsemant les pelouses calcicoles auxquelles ils sont presque toujours associés. En fonction des conditions stationnelles, ces fourrés peuvent revêtir un caractère primaire, notamment sur les corniches rocheuses ou les fortes pentes soumises à des contraintes érosives bloquant la dynamique évolutive naturelle de cet habitat. Dans ces conditions, le Buis Buxus sempervirens remplace alors souvent le genévrier et forme des peuplements denses et monospécifiques. En dehors de ces stations particulières, il s’agit de formations secondaires instables issues de pratiques agropastorales extensives anciennes. En l’absence de pastoralisme ou de gestion mécanique permettant la régénération du genévrier et freinant le développement des jeunes arbres, la dynamique évolutive naturelle conduit à l’installation d’un boisement calcicole (chênaie pubescente, chênaie verte atlantique).

Le Genévrier est un arbuste répandu en Europe, des plaines jusqu’à l’étage subalpin, dont la hauteur peut atteindre 7 à 8 mètres et dont le port, très variable, est en rapport avec les conditions environnementales. Les sexes sont séparés et il existe des pieds mâles (plus nombreux mais à sénescence plus précoce) et des pieds femelles. La longévité moyenne est de l’ordre de 70-100 ans mais un record de 2000 ans est connu. La maturité sexuelle est tardive (vers 10 ans) et la période de fertilité optimale se situe entre 20 et 45 ans.

Le Buis est, quant à lui, un arbuste thermophile à affinités méditerranéo-montagnardes qui, après une extension importante à

la période xéro-thermique (- 4000 à – 5000 ans), n’a pu se maintenir en plaine centre-atlantique qu’à la faveur de biotopes particuliers tels que les corniches rocheuses, les sommets de falaises ou les pelouses calcicoles à sol très superficiel où sa présence a un caractère relictuel.

En Poitou-Charentes, la variabilité de l’habitat est faible puisque 3 associations végétales différentes sont présentes :

En Charente, sur les plateaux calcaires tabulaires durs du Turonien, aux environs d’Angoulême, se développe la junipéraie à Nerprun des rochers et brande Rhamno saxatilis-Ericetum scopariae , avec Rhamnus saxatilis, Rhamnus alaternus, Rosa pimpinellifolia.Ils sont ici associés aux pelouses calcicoles xérophiles du Xerobromion, et plus particulièrement à l’association du Sideritido guillonii-Koelerietum vallesianae.

En Charente, Charente-Maritime et Vienne, là aussi en association avec les pelouses calcicoles du Xerobromion sur des sols bruns calciques, se développe une association originale à tendance acidicline : la junipéraie à brande et Spirée d’Espagne Erico scopariae-Spiraetum obovati, avec Erica scoparia et Spiraea hypericifolia ssp obovata.

En Charente, aux alentours d’Angoulême sur les pentes rocheuses et les éboulis exposés au sud des plateaux calcaires durs, on observe ponctuellement la buxaie à Nerprun des rochers et buis Rhamno saxatilis-Buxetum sempervirentis, avec Buxus sempervirens et Rhamnus saxatilis .

Ces 3 associations bien caractérisées restent très rares en Poitou-Charentes. La plupart des autres stations de fourrés xéro-thermophiles de la région appartenant à l’alliance du Berberidion se présentent sous forme de junipéraies ou de buxaies monospécifiques de faible intérêt floristique par rapport aux pelouses calcicoles qu’elles accompagnent généralement.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance : Berberidion vulgaris (Braun-Blanq. 1950)

Sous-alliances : Berberidenion vulgaris Géhu, De Foucault Delelis 1983, Rosenion micranthae Arlot ex Rameau

Associations : Erico scopariae-Spiraetum obovati, Rhamno saxatilis-Ericetum scopariae, Rhamno saxatilis-Buxetum sempervirentis

COR 1991

31.82 Fruticées à Buis

31.88 Fruticées à Genévriers communs

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

5110 Formations stables xéro-thermophiles à Buxus sempervirens des pentes rocheuses

5130 Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec d’autres fourrés. Néanmoins, la dominance du genévrier ou du buis permet généralement de le différencier des fruticées à pruneliers et troènes, sur sols plus profonds, ou de la jeune chênaie pubescente, où les genévriers, généralement âgés, se raréfient au profit des chênes omniprésents. En cas de forte présence de la Brande (Erica scoparia), le Berberidion peut également être confondu avec la lande sèche, qui se développe sur les sols acides. Dans ce cas la présence d’autres éricacées comme la Bruyère cendrée (Erica cinerea) ou la Callune (Calluna vulgaris), permet de faire aisément la différence entre ces 2 habitats.

Dynamique

Formations secondaires issues de déforestations historiques anciennes et de régimes agri-pastoraux (pacage), parfois aussi d’une reconstitution séculaire du tapis végétal après abandon des cultures, les fourrés xéro-thermophiles évoluent naturellement vers la forêt calcicole. Cette évolution peut être plus ou moins rapide, en fonction de l’épaisseur du sol.

Espèces indicatrices

[plante2] *Berberis vulgaris, Buxus sempervirens, Juniperus communis, Prunus mahaleb, *Rhamnus alaternus, *Rhamnus saxatilis ssp infectoria, *Rosa pimpinellifolia, *Spiraea hypericifolia ssp obovata
[plante1] Acer monspessulanum, Brachypodium pinnatum, Cornus sanguinea, Erica scoparia , *Genista pilosa, Hedera helix, Laburnum anagyroides, Ligustrum vulgare , Lonicera periclymenum, *Phillyrea latifolia, Prunus spinosa, Quercus humilis, Quercus ilex, Rosa agrestis, Rosa gr.canina, Rosa micrantha, Rubia peregrina, *Sorbus aria, Taxus baccata, Teucrium chamaedrys, Viburnum lantana , Vincetoxicum hirundinaria
[briophytes] Bryum caespiticium, Ditrichum crispatissimum, Entodon concinnus, Fissidens dubius, Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Hypnum lacunosum, Pleurochaete squarrosa, Racomitrium canescens, Rhytidium rugosum, Scleropodium purum, Thuidium philiberti, Trichostomum crispulum
[champignons] Calocybe gambosa, Entoloma clypeatum, Mycena ustalis, Tricholoma scalpturatum, Tubaria autochtona
[oiseaux] Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta, Pipit des arbres Anthus trivialis
[coleopteres] Cicadetta montana, Empusa pennata

Valeur biologique

Cet habitat est encore relativement bien représenté en Poitou-Charentes. Néanmoins, la plupart des stations existantes sont constituées de peuplements quasi monospécifiques de Genévrier commun ou de Buis, le plus souvent accompagnés d’espèces pionnières de la chênaie pubescente. Le cortège floristique est alors banal, la majorité des plantes présentes étant communes dans les secteurs calcaires de la région.

Cependant, le groupement du Berberidion typique, à forte valeur patrimoniale, existe encore sur les sites très secs où il est en contact avec des pelouses du Xerobromion. Plusieurs espèces végétales protégées au niveau régional ou inscrites sur la Liste Rouge régionale peuvent alors êtres présentes comme Berberis vulgaris, Phillyrea latifolia, Rhamnus alaternus, Rhamnus saxatilis, Rosa pimpinellifolia, Spiraea hypericifolia ou Sorbus aria. Ces fourrés abritent également une faune diversifiée, notamment des reptiles, oiseaux et mammifères qui utilisent le couvert végétal dense souvent impénétrable pour l’homme comme lieu de refuge et de reproduction.

Menaces

Comme les pelouses calcicoles, les fourrés xéro-thermophiles de la région sont les témoins d’action anthropiques anciennes, et notamment du pâturage des coteaux par les ovins, et ce depuis des siècles. Depuis le milieu du XXème siècle, cet habitat a connu une régression due à différents facteurs comme l’abandon du pastoralisme, qui conduit peu à peu à des boisements de moindre intérêt biologique, l’enrésinement systématique des coteaux, la mise en culture des secteurs à faible pente, l’exploitation des carrières de calcaire, l’urbanisation… Sur certaines zones situées en périphérie urbaine, on observe parfois une colonisation du Berberidion par des arbustes exotiques échappés des jardins, comme les cotonéasters, pyracanthas, buddleias… qui peuvent prendre de l’ampleur rapidement et menacer le cortège végétal initial du groupement.

Statut régional

Cet habitat a une répartition assez large dans la région et peut couvrir des surfaces conséquentes au sein des secteurs calcaires, sa fréquence départementale reflétant assez fidèlement l’étendue des affleurements crétacés et jurassiques : très commune en Charente, commune en Charente-Maritime et Vienne, la chênaie pubescente devient plus localisée dans les Deux-Sèvres. C’est dans un petit secteur à cheval sur le nord de 17 et le sud de 79 que se trouvent les exemplaires de cet habitat les plus riches botaniquement de tout le Poitou-Charentes : il s’agit de fragments relictuels d’une ancienne ceinture de forêts s’étendant jusqu’aux environs d’Angoulême et connue sous le nom de « sylve d’Argenson », ensemble aujourd’hui morcelé , défriché et mis en culture depuis le Moyen Age.

16 : forêt de la Braconne, forêt de Boixe

17 : forêt de Benon, bois de St Christophe

79 : forêt d’Aulnay, forêt de Chizé, bois d’Availles

86 : forêt de Lussac, bois de St Benoît, de Chauvigny

 

Friches graminéennes mésophiles à xérophiles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie -écologie

Les friches graminéennes correspondent à des prairies vivaces pauci spécifiques se développant sur des sols plutôt secs, en conditions semi-rudérales : talus routiers et ferroviaires, bermes d’autoroutes, bords des chemins, anciennes parcelles agricoles laissées à l’abandon. Les sols sont secs à très secs, limoneux ou argileux, plus rarement sableux, souvent calcaires. Il s’agit en général de sols remaniés, à horizons peu différenciés, pauvres en humus et souvent plus ou moins tassés (porosité réduite). Dans le cas d’anciens terrains agricoles, ils peuvent encore contenir des résidus d’engrais ou de pesticides.

L’habitat est strictement héliophile et s’appauvrit ou disparait rapidement en cas d’évolution pré-forestière (abandon de l’entretien). Son économie en eau dépend évidemment de la granulométrie du substrat et de sa situation topographique : sur sol argileux tassé, les pluies hivernales peuvent entraîner une certaine stagnation de l’eau (cas de la communauté à Pâturin comprimé et Pas d’âne, par ex.), alors que sur le calcaire décapé des talus routiers en déblais, les conditions sont nettement arides et rappellent celles qui prévalent au niveau des pelouses calcicoles sèches.

Le développement de l’habitat est optimal sous climat subcontinental chaud et dans les petites régions où subsistent encore des espaces interstitiels ou de repos entre les emblavures. En Poitou-Charentes, sous climat océanique et dans un contexte agricole de plus en plus intensif, il est beaucoup moins diversifié qu’en Europe centrale d’où de nombreuses communautés ont été décrites.

La physionomie de la végétation est en général assez monotone : dominance forte des graminées stolonifères coloniales – agropyres, fromental, pâturins, parfois Grande Fétuque – et rareté des dicotylédones qui correspondent le plus souvent à des restes de stades antérieurs structurés par des annuelles. Le recouvrement au sol est en général fort, voire total, ce qui peut contribuer à un ralentissement de la dynamique végétale. La phénologie est avant tout pré-estivale mais peut être plus précoce dans certains faciès (nappes vernales de Passerage drabe, par ex.). Classiquement, l’habitat est partagé en 2 volets, en fonction de la sécheresse plus ou moins marquée du biotope, chacun représenté par différents types de groupements végétaux :

  • en conditions plutôt mésophiles – sol profond, à bonne teneur en argile – on rencontre surtout la communauté à Liseron et Chiendent (CONVOLVULO ARVENSIS-ELYTRIGIETUM REPENTIS) ou celle à Pâturin comprimé et Pas d’âne (POO COMPRESSAE-TUSSILAGINETUM FARFARAE) ;
  • en situations plus sèches, cas plus fréquent sur les terrains sédimentaires calcaires du Poitou-Charentes, on observe surtout les communautés du FALCARIO-POION dont la signature la plus forte est la présence de la Falcaire de Rivin (Falcaria vulgaris), une Apiacée à l’allure très particulière : FALCARIO VULGARIS-ELYTRIGIETUM REPENTIS, DIPLOTAXI TENUIFOLIAE-ELYTRIGIETUM REPENTIS, CARDARIO DRABAE-ELYTRIGIETUM REPENTIS, LATHYRO TUBEROSI-ELYTRIGIETUM REPENTIS. Sur les sables calcarifères de l’île de Ré, en situation de friches post-agricoles, on observe la communauté à Asperge et Chondrille (ASPARAGO OFFICINALIS-CHONDRILLETUM JUNCEAE). La typologie de ces communautés reste toutefois encore mal connue en Poitou-Charentes et l’intégration de certaines phytocénoses observées problématique.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • AGROPYRETEA PUNGENTIS Géhu 1968
    • Agropyretalia intermedii-repentis Oberdorfer , Müller & Görs 1969 : communautés graminéennes vivaces semi-rudérales, non littorales
      • Convolvulo arvensis-Agropyrion repentis Görs 1966 : communautés eurosibériennes mésophiles
      • Falcario vulgaris-Poion angustifoliae Passarge 1989 : communautés eurosibériennes méso-xérophiles à xérophiles

COR 1991

  • 87.1 Terrains en friche
  • 87.2 Zones rudérales

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc

Confusions possibles

Sa localisation particulière – talus routiers, bords de chemins – est en général un bon moyen pour identifier l’habitat. Dans certaines situations ambiguës toutefois, l’appréciation reste plus délicate ; c’est le cas des faciès sur talus calcaires décapés récents où la physionomie de « pelouse écorchée » pourrait faire penser à une pelouse xérophile plutôt qu’à une friche sèche ; l’étude de la composition floristique suffit en général à lever le doute : présence immanquable de post-rudérales telles que la Carote Daucus carota ou la Picride fausse-épervière Picris hieracoides qui sont toujours absentes des véritables pelouses des brometalia erecti.

Même si l’allure de la végétation peut évoquer un stade pionnier de pelouses calcaires, le sol va être occupé rapidement par l’une ou l’autre des graminées structurant l’habitat (Elytrigia, Arrhenatherum, Poa, Dactylis) et non par des Festuca ou des Bromus comme dans le cas des « vraies » pelouses calcicoles.

Dans d’autres cas, la friche peut présenter une forte introgression par des espèces d’ourlets, au premier rang desquelles le Brachypode Brachypodium pinnatum, l’Origan Origanum vulgare, la Coronille bigarrée Securigera varia ou la Knautie Knautia arvensis. Il peut alors s’agir de friches évoluant lentement vers des ourlets calcicoles, où manquent cependant certaines des espèces plus rares typiques des ourlets situés sur des lisières stabilisées.

Dynamique

Les friches graminéennes s’insèrent en général dans une dynamique de reconstruction de la végétation après destruction du tapis végétal d’origine par l’Homme : dans les espaces agricoles abandonnés, elles succèdent aux friches rudérales dominées par des annuelles (DAUCO-MELILOTION, ONOPORDION) au bout de quelques années seulement. Même si leur fort recouvrement permet de freiner pour un temps l’implantation des espèces ligneuses, celle-ci est inéluctable : elle est le fait à la fois d’arbustes zoochores à graines dispersés par les oiseaux (Rosa, Prunus, Crataegus) et d’essences forestières pionnières ou nomades à graines très légères dispersées par le vent : frênes, saules, érables. L’isolement plus ou moins grand de la friche vis-à-vis d’habitats semi-naturels (boisements notamment) influe bien sûr beaucoup sur sa vitesse d’évolution et de colonisation pré-forestière.

Dans le cas des talus routiers, la dynamique est en général bloquée par un entretien mécanique réalisé régulièrement pour des raisons de sécurité : la friche peut alors se prolonger indéfiniment dans le temps.

Espèces indicatrices

[plante2] *Althaea cannabina, Aristolochia clematitis, Asparagus officinalis, Convolvulus arvensis, Daucus carota, Diplotaxis tenuifolia, Elytrigia campestris, Elytrigia repens, *E. x moorei, Equisetum ramosissimum, Erigeron acer, Falcaria vulgaris, Galium mollugo ssp. erectum, Hypericum perforatum, Lepidium draba, Linaria vulgaris, Poa angustifolia, Poa pratensis, Torilis arvensis, Tragopogon dubius
[plante1] Achillea millefolium, Agrimonia eupatoria, Anacamptis pyramidalis, Anthyllis vulneraria, Arrhenatherum elatius, Brachypodium pinnatum, Carex flacca, Centaurea gr.pratensis, Centaurea scabiosa, Cerastium fontanum, Chondrilla juncea, Cirsium vulgare, Conyza canadensis, Dactylis glomerata, Daucus carota, Eryngium campestre, Festuca arundinacea, Foeniculum officinale, Knautia arvensis, Lactuca serriola, Lathyrus hirsutus, Lithospermum officinale, Lotus corniculatus, Medicago lupulina, Medicago sativa, Onobrychis viciifolia, Ononis spinosa, Origanum vulgare, Picris hieracoides, Plantago lanceolata, Poa compressa, Potentilla reptans, Ranunculus bulbosus, Reseda lutea, Rumex crispus, Sanguisorba minor, Securigera varia, Senecio erucaefolius, Senecio jacobaea, Trifolium pratense, Tussilago farfara, Vicia sativa
[briophytes] Brachythecium albicans, Eurhynchium praelongum,Pleurochaete squarrosa, Pseudoscleropodium purum, Tortula ruralis
[lepidopteres] Maculinea arion, Melitaea cinxia, Melitaea phoebe, Mellicta athalia, Mellicta parthenoides, Polyommatus thersites
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Euchorthippus declivus, Gryllus campestris, Mantis religiosa, Meconema thalassinum, Oecanthus pellucens, Platycleis tessellata

Valeur biologique

En tant qu’habitat, les friches graminéennes ne bénéficient d’aucun statut de menace ou de protection au niveau européen ou français.

Par ailleurs, l’habitat ne présente qu’un intérêt botanique très réduit : sa diversité spécifique est faible et très peu de plantes patrimoniales y trouvent leur localisation.

En revanche, leur valeur pour la faune est plus marquée : il s’agit d’un habitat interstitiel pouvant servir de lieu de vie, de couloir de passage ou de site d’alimentation pour des espèces animales appartenant à des groupes variés – micro mammifères, oiseaux granivores, orthoptères, lépidoptères – dans un environnement de plus en plus intensifié. Certains grands talus de l’autoroute A10 abritent ainsi de petites populations d’Azuré du serpolet Maculinea arion, un papillon menacé au niveau européen, mais également diverses mélitées ou des ascalaphes, devenu globalement rares, au moins au niveau régional ; la Linotte mélodieuse et le Tarier pâtre, 2 oiseaux en déclin, utilisent souvent les friches à agropyre comme lieu d’alimentation et la Chouette effraie y capture des micro mammifères.

Menaces

L’intensification est souvent la cause d’une dégradation, d’un appauvrissement ou d’une disparition pure et simple de l’habitat : le caractère essentiellement linéaire de celui-ci le rend en effet très vulnérable à l’eutrophisation de contact ou à la pollution par les intrants (engrais, pesticides) de la parcelle agricole mitoyenne, quand il n’est pas tout simplement victime d’un grignotage mécanique insidieux.

Le cas des jachères « long terme » telles qu’elles étaient prévues par l’ancienne PAC constitue un cas particulier : sur une durée de 20 ans, l’habitat pouvait en effet se développer à partir de la mise en repos d’une ancienne culture, succédant normalement à une friche annuelle au bout de quelques années. La suppression de ces jachères longue durée et/ou l’obligation d’y semer un couvert végétal a entrainé ainsi la disparition de nombreuses friches graminéennes et de leur cortège végétal et animal associé.

L’abandon total signe également, pour d’autre raisons, la mort de l’habitat : celui-ci s’insère en effet dans une série dynamique qui débouche à plus ou moins court terme sur des fourrés pré-forestiers, d’abord isolés (ronciers, taches de prunelliers, d’églantiers) puis coalescents, préparant l’arrivée d’une forêt pionnière. Si les talus routiers, autoroutiers et ferroviaires, soumis à une fauche régulière, échappent à cette issue, certaines parcelles agricoles ayant changé de vocation, évoluent inexorablement vers des végétations ligneuses, soulignant ainsi le caractère éphémère (sur 1, 2 ou 3 décennies) de l’habitat.

Statut régional

L’habitat est répandu sur l’ensemble de la région, surtout dans les secteurs calcaires.

La Falcaire de Rivin (Falcaria vulgaris) est une Apiacée assez étroitement inféodée aux friches graminéennes semi-rudérales sèches
Sur certains talus autoroutiers, l’habitat peut être très étendu et jouer un rôle d’accueil non négligeable pour certains éléments de faune ou de flore
Deux aspects contrastés de l’habitat : prairie graminéenne vert-glauque, pauci spécifique et dominée par des (agropyres Elytrigia sp.) (à g.) ; prairie plus ouverte sur sol moins profond, plus diversifiée, émaillée par les nombreuses inflorescences de Falcaire de rivin (Falcaria rivini) et de Carotte sauvage (Daucus carota) (à d.)
 

Prairies pâturées

Rédacteur : Geneviève Gueret

Physionomie – écologie

Les prairies pâturées mésophiles sont dominées par une strate herbacée basse irrégulière. L’aspect est hétérogène, formé de touffes, de taches plus hautes et souvent raides – refus du bétail – et de zones plus rases, plus broutées et piétinées. On repère des traces de déjections. Ces prairies sont entourées de clôtures ou de haies, ces dernières les intègrent dans les paysages de bocage du nord-ouest ou de l’est du Poitou-Charentes. Les troupeaux sont le plus souvent des bovins, parfois des équins, des ovins dans la région de Montmorillon. Ces animaux jouent un rôle important sur l’habitat : ils choisissent leur nourriture, préfèrent les espèces plus tendres, les jeunes pousses et broutent selon leurs caractéristiques propres, les bovins par exemple coupant l’herbe à 10 cm tandis que chevaux et moutons tondent plus ras ; ils agissent également par leurs passages réguliers et leur poids, tassent le sol, réduisent sa porosité et sa perméabilité, favorisent un micro-relief ; des plantes résistantes, généralement vivaces, s’y sont adaptées. Cet habitat présente donc des touffes de Poacées comme la Crételle Cynosurus cristatus, le Ray-grass Lolium perenne, entre lesquelles se développe un tapis de plantes rampantes telles que le Trèfle blanc Trifolium repens et les rosettes de la Pâquerette Bellis perennis ou du Pissenlit Taraxacum officinale. Les espèces nitrophiles comme l’Ortie Urtica dioica, peuvent s’y implanter mais sont généralement délaissées, ainsi que les autres refus : herbes coriaces, âcres (Rumex Rumex sp.) ou toxiques, (Renoncules Ranunculus sp,) parfois buissons ligneux et (ou) épineux (Ronce Rubus gr. fruticosus, Prunellier Prunus spinosa).
Cet habitat est nettement marqué par les actions humaines et la conduite du pâturage est un facteur important de variabilité, notamment la date de mise à l’herbe du bétail, l’espèce animale, la charge, la durée, la fumure. On trouve des prairies régulièrement fertilisées et améliorées (par des sursemis d’espèces à bonne valeur fourragère) en vue d’un pâturage intensif (COR 81.1) ; la strate basse est dense, fermée par les Poacées à croissance rapide avec du Dactyle Dactylis glomerata, des Fétuques Festuca sp, le Ray-grass italien Lolium multiflorum ; entre ces touffes, les Fabacées -Trèfles Trifolium sp.- Luzernes Medicago sp.- profitant de l’ouverture du milieu par le pâturage, s’y développent ; l’ensemble forme une végétation serrée qui laisse peu de place à la flore spontanée. À l’opposé, les pâturages abandonnés (COR 38.13) se présentent comme des prairies envahies de rudérales, souvent piquantes, comme le Chardon des champs Cirsium arvense, et de broussailles ligneuses. En gestion extensive et peu fertilisée, on rencontre des pâturages où domine le Ray-grass anglais Lolium perenne (COR 38.111), fournissant un fourrage régulier tout l’été mais pauvres en espèces, et des pâturages plus riches avec de nombreuses plantes à fleurs, Centaurée de Thuillier Centaurea thuillieri, Renoncule âcre Ranunculus acris (COR 38.112).
Les prairies eutrophes de notre région se rattachent au Bromo-Cynosurenion cristati. Cependant la situation géologique est source de diversité dans le cas des prairies mésophiles : les roches cristallines ou métamorphiques du Massif Armoricain au nord-ouest du PC., et des contreforts du Massif Central à l’est donnent des sols acides favorables aux prairies mésotrophes acidiclines du Polygalo-Cynosurenion et, en milieu plus humide, aux prairies méso-hygrophiles acidiclines du Cardamino-Cynosurenion ; on rencontre également ces faciès de l’habitat sur les terres rouges et les terres de brandes issues de dépôts continentaux tertiaires. Sur roche-mère calcaire du Jurassique supérieur ou du Crétacé, on peut observer les prairies mésotrophes basiclines du Sanguisorbo-Cynosurenion. Les communautés piétinées, eutrophes, sont très ouvertes et très basses, avec le Pâturin annuel Poa annua, la Renouée des oiseaux Polygonum aviculare et le Plantain majeur Plantago major ; ces communautés, qui appartiennent au Lolio-Plantaginion majoris, sont fréquentes prés des reposoirs ou des entrées de parcelles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Classe Arrhenatheretea elatioris Br.-Bl. 1949
Alliance Cynosurion cristati Tüxen 1947
sous-alliance Bromo mollis-Cynosurenion cristati Passarge 1969 communautés eutrophes
sous-alliance Sanguisorbo minoris-Cynosurenion cristati Passarge 1969 communautés mésotrophes neutrobasiclines
sous-alliance Polygalo vulgaris-Cynosurenion cristati Jurko 1974 communautés mésotrophes acidiclines
sous-alliance Cardamino pratensis-Cynosurenion cristati Passarge 1969 communautés mésohygrophiles acidiclines
Alliance Lolio perennis-Plantaginion majoris Sissingh 1969 communautés pâturées piétinées mésophiles

COR 1991

  • 38.1 Pâtures mésophiles
    38.11 Pâturages continus

    • 38.111 Pâturages à Ray-grass
    • 38.112 Pâturages à Cynosurus-Centaurea
    • 38.12 Pâturages interrompus par des fossés
    • 38.13 Pâturages abandonnés
  • 81.1 Prairies séches améliorées

Confusions possibles

Les prairies pâturées mésophiles peuvent être confondues avec les prairies humides avec lesquelles elles sont parfois en continuité dans une même parcelle agricole le long d’un gradient de pente mais dans ces dernières le sol est nettement hydromorphe et la composition floristique diffère.
La distinction -prairie de pâture/prairie de fauche- est en principe assez nette au niveau de la physionomie quand l’utilisation est distincte, mais dans la région où un régime mixte domine généralement, les limites sont plus floues : la plupart des prairies sont mises à pâturer l’été pour une utilisation extensive en raison d’une production de biomasse modérée à cette période de l’année, mais au printemps la vitesse de croissance est si élevée qu’elle est trop importante pour le bétail ; seule une partie des surfaces est mise en pacage (la moitié), le reste étant fauché pour récolter le foin ou faire de l’ensilage : ces prairies de pâture sont donc aussi des prairies de fauche (tout comme les prairies de fauche sont souvent pâturées sur le regain en automne).

Dynamique

Comme dans le cas des prairies de fauche, nous sommes en présence d’une dynamique régressive, issue de déforestations anciennes, et entretenue par la gestion du milieu. L’évolution du tapis prairial en cas d’abandon dépend beaucoup de son environnement : les prairies entourées de haies seront colonisées plus rapidement à partir des lisières que les parcelles isolées au sein d’espaces cultivés intensivement. Dans le premier cas, les ourlets, riches en dicotylédones, s’étendent rapidement en nappes, bientôt ponctuées par des ligneuses nomades (anémochores et zoochores), alors que dans le second, la densification se fait plutôt à partir du fonds graminéen préexistant (forte dominance des espèces stolonifères comme l’Agropyre) mais avec des remaniements d’abondance-dominance entre les espèces. Le surpâturage, par la consommation préférentielle de certaines espèces, la pression sur les autres, et l’installation d’annuelles conduisent à une déstructuration des communautés hémicryptophytiques et à une transition vers les pelouses thérophytiques nitrophiles (Polygono-Poetea annuae). Dans les milieux plus hydromorphes, le piétinement intense tasse le sol et l’imperméabilise, favorisant l’apparition d’espèces prairiales hygrophiles. Les prairies pâturées constituent donc un habitat à l’équilibre instable dépendant directement de la pression de gestion exercée.

Espèces indicatrices

[plante2] Bellis perennis, Cardamine pratensis, Cynosurus cristatus, Eryngium campestre, Lolium perenne, Phleum pratense, Plantago major, Poa annua, Rumex crispus, Rumex obtusifolius, Trifolium repens, Veronica serpyllifolia
[plante1] Achillea millefolium, Anthoxanthum odoratum, Bromus hordeaceus, Carex caryophyllea, Cerastium fontanum triviale, Cirsium arvense, Cynodon dactylon, Festuca rubra, Lepidium squamatum, Luzula campestris, Matricaria discoidea, Polygonum aviculare, Ranunculus acris, Ranunculus bulbosus, Ranunculus repens, Trifolium fragiferum, Trifolium hybridum ssp elegans
[briophytes] Brachythecium albicans, Eurhynchium hians
[champignons] Agaricus albertii, A. campestris, Bolbitius vitellinus, Bovista plumbea, Calocybe constricta, Coprinus comatus, Crinipellis scabella, Cuphophyllus niveus, C. pratensis, C. virgineus, Entoloma sericeum, E. serrulatum, Galerina laevis, Hygrocybe chlorophana, H. psittacina, H. tristis, Langermannia gigantea, Leucoagaricus leucothites, Mycena olivaceomarginata, Panaeolus foenisecii, P. semiovatus, P. sphinctrinus, Stropharia coronilla, Vascellum pratense
[coleopteres] Geotrupes stercorarius
[orthopteres] Chorthippus biggutulus, Chorthippus brunneus, Oedipoda caerulescens

Valeur biologique

Les espèces végétales des prairies pâturées ne présentent pas de caractère de rareté et la flore y est plus pauvre que dans les prairies de fauche. En revanche, l’hétérogénéité du milieu, avec ses touffes de refus, ses broussailles, ses zones tassées, égratignées, ses arbres isolés, ses haies périphériques, ses déjections plus ou moins localisées, constitue une mosaïque intéressante pour la faune ; les invertébrés, notamment les coprophages, entretiennent tout un cortège de prédateurs et sont au centre de nombreuses chaînes alimentaires intégrant l’avifaune.

Menaces

Depuis une cinquantaine d’années, on assiste à une forte régression de ces milieux par retournement et mise en culture en raison de différentes orientations de l’exploitation agricole : l’intensification des productions, l’utilisation de races moins rustiques, les méthodes d’élevage orientées sur la stabulation avec foin et ensilage en remplacement de la mise au pré, et enfin la concentration des élevages dans certains secteurs de la région.
L’abandon du milieu conduit rapidement à un embroussaillement, et à l’installation de communautés préforestières ;
le pâturage intensif destructure l’habitat ; une fumure excessive banalise le milieu en sélectionnant les espèces les plus exigeantes. Cet habitat nécessite un suivi de sa physionomie et de son cortège floristique pour en assurer un entretien régulier, avec un pâturage modéré quant à la charge ou dans le temps, une mise à l’herbe en fin de printemps (mai, juin) et au moins une fauche des refus par an. Des coupes d’entretien favorisent le maintien de la structure et de la diversité floristique. Si le milieu est trop dégradé, il ne peut plus être restauré.

Statut régional

Cet habitat couvre encore des surfaces importantes sur les terres médiocres de la bordure méridionale du Massif Armoricain (nord Deux-Sèvres) et sur la lisière occidentale du Massif Central (sud-est 86, est 16) mais son état de conservation s’est beaucoup altéré en raison de l’intensification. Ailleurs, il est en voie de disparition.

16 Confolentais
86 Montmorillonnais
79 Gâtine de Parthenay, Bocage bressuirais

 

Prairies de fauche

Rédacteur : Geneviève Gueret

Physionomie – écologie

Les prairies de fauche sont des formations herbacées hautes (plus d’1 mètre en général), à forte biomasse, dominées par des graminées sociales dont les plus fréquentes sont l’Avoine élevée Arrhenatherum elatius, la Gaudinie fragile Gaudinia fragilis, l’Avoine dorée Trisetum flavescens et le Brome mou Bromus hordeaceus. Diverses dicotylédones – des Apiacées comme les oenanthes, des Astéracées comme les centaurées ou la Marguerite commune Leucanthemum vulgare viennent compléter cette strate haute. En conditions plutôt mésotrophes, la strate basse peut être très diversifiée et comprendre de nombreuses espèces à port semi-érigé et dont la floraison abondante attire de nombreux pollinisateurs : Fabacées appartenant aux genres Trifolium, Vicia, Lathyrus, Lotus mais également diverses petites graminées des genres Agrostis, Bromus ou Vulpia, notamment. Les parcelles les plus eutrophisées – ou « améliorées » dans une optique de production agricole – font état généralement d’une diversité floristique amoindrie, et sont réduites alors à des faciès graminéens dominés par quelques Poacées très productives et de bonne qualité fourragère.
Ces prairies occupent des sols plutôt profonds et assez riches en nutriments mais une grande diversité de conditions stationnelles s’observe à travers toute la région, responsable d’une forte variabilité de l’habitat :

  • en fonction d’un gradient trophique, depuis les prairies mésotrophes dérivant de pelouses oligotrophes avec lesquelles elles peuvent être encore en contact spatial dans les systèmes peu intensifiés et au cortège desquelles elles empruntent encore quelques espèces relictuelles jusqu’au prairies très fertilisées où tout souvenir de la végétation originelle est perdu et où même la nature du substrat n’influe plus que de manière négligeable sur la flore ;
  • en fonction d’un gradient hydrique, les prairies mésophiles pouvant occuper des stations alluviales non ou faiblement inondables où elles différencient alors des faciès méso-hygrophiles riches en espèces caractéristiques des prairies humides (Agrostietalia stoloniferae) ;
  • le gradient édaphique joue un rôle de différenciation (communautés acidophiles/communautés calcicoles) dans les terroirs peu intensifiés mais tend à s’estomper avec la fertilisation croissante des parcelles.
    Les modalités de la pratique de fauche elles-mêmes, et de la conduite de la parcelle prairiale dans son ensemble, constituent une 2e série de facteurs se superposant aux conditions stationnelles : la date de la coupe, sa fréquence (une coupe annuelle unique ou plusieurs coupes successives), la nature et la quantité de fertilisation mise en œuvre, la réalisation d’un « déprimage » (pâturage précoce et bref d’une prairie de fauche), l’éventualité d’un pâturage du regain, la pratique d’un sursemis occasionnel (semis après hersage superficiel de semences de graminées fourragères destiné à « rattraper » une prairie « en dérive ») sont autant de facteurs influant sur la structure et les communautés végétales ou animales de l’habitat.
    Malgré une grande diversité de faciès observables sur des terroirs très contrastés de la région, la typologie de l’habitat est encore mal connue en Poitou-Charentes, situation d’autant plus regrettable que l’intensification agricole des dernières décennies a entraîné sa rapide banalisation et, probablement, la perte ou l’altération irrémédiable de plusieurs types originaux.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Classe Arrhenatheretea elatioris Br.-Bl. 1949 nom.nud
Alliance Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis Br.-Bl.1967 (=Lino biennis-Gaudinion fragilis (Br.-Bl.1967) de Foucault 1989)

COR 1991

38.2 Prairies de fauche de basse altitude
38.21 Prairies de fauche atlantiques

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

  • 6510 Pelouses maigres de fauche de basse altitude
    • 6510-1 Prairies fauchées thermo-atlantiques méso-hygrophiles du Sud-Ouest
    • 6510-3 Prairies fauchées mésophiles à méso-xérophiles thermo-atlantiques

Confusions possibles

En situations optimales, l’habitat est difficile à confondre, la fauche conférant au tapis prairial après mais aussi avant celle-ci une physionomie très facilement reconnaissable : hauteur et homogénéité de structure.
Dans les situations de régime mixte fauche-pâture, toutes les
transitions existent et il peut être alors difficile de trancher entre les 2 types. Par ailleurs, un apport massif de fertilisants et /ou une pratique régulière de sursemis peut faire basculer ces prairies semi-naturelles vers des prairies artificielles, objet d’une autre fiche.

Dynamique

La plupart des formes de cet habitat s’inscrivent dans des séries forestières – chênaies thermophiles acidiphiles, chênaies-frênaies, chênaies-charmaies atlantiques – dont elles sont issues à la suite de défrichements historiques. L’arrêt de toute exploitation peut entraîner un retour vers des habitats forestiers plus ou moins éloignés des types originels selon la durée et l’intensité de l’exploitation prairiale passée, en passant par des stades pionniers où les essences nomades telles que les saules, les frênes, les ormes, les bouleaux et les érables jouent un rôle clef.

Espèces indicatrices

[plante2] Alopecurus pratensis, Arrhenatherum elatius, Bromus hordeaceus, Centaurea thuillieri, Centaurea gr.nigra, Galium mollugo, Gaudinia fragilis, Heracleum sphondylium, Lathyrus pratensis, Linum bienne, Malva moschata, Oenanthe pimpinelloides, Rhinanthus minor, Trisetum flavescens
[plante1] Agrostis capillaris, Bromus racemosus, Crepis vesicaria taraxacifolia, Dactylis glomerata, Daucus carota, Festuca arundinacea, Festuca pratensis, Galium verum, Knautia arvensis, Leucanthemum vulgare, Lotus corniculatus , Luzula campestris, Lychnis flos-cuculi, Phleum pratense, Ranunculus bulbosus, Rumex acetosa, Senecio jacobea, Trifolium dubium, Trifolium pratense, Vicia sativa
[oiseaux] Cisticola juncidis, Miliaria calandra
[lepidopteres] Melanargia galathea, Pyrgus malvae

Valeur biologique

Les prairies de fauche mésophiles abritent une plus forte diversité d’espèces végétales que les prairies pâturées mais peu d’espèces rares ou menacées, lesquelles ne leur sont d’ailleurs pas liées exclusivement mais proviennent en général des pelouses dont ces prairies dérivent : orchidées diverses dont le Sérapias langue Serapias lingua ou l’Ophrys sombre Ophrys fusca, Narcisse Narcissus poeticus dans ses rares stations de la vallée de la Gartempe Les types les moins intensifiés, riches en dicotylédones, sont activement fréquentés par de nombreux groupes d’insectes, dont les Papillons, dont la régression alarmante au cours des dernières décennies est à mettre en relation avec l’appauvrissement floristique drastique de ces prairies.

Menaces

L’habitat est lié à un mode de gestion traditionnel – la fauche – qui permet seul de conserver sa structure et son cortège d’espèces. Les différentes modalités de cette pratique sont toutefois plus ou moins favorables à divers groupes d’espèces, notamment faunistiques (fauches retardées permettant à certains oiseaux ou insectes d’accomplir la totalité de leur cycle, par exemple). L’abandon qui entraîne la dérive vers des communautés préforestières, la surfertilisation qui provoque un appauvrissement extrême et un changement qualitatif d’habitat, le traitement mixte mal conduit (pâturage du regain trop précoce ou avec des charges trop fortes), la reconversion en cultures intensives, constituent les principales menaces pesant sur les prairies de fauche régionales.

Statut régional

L’habitat est aujourd’hui très disséminé et souvent dans un mauvais état de conservation (cortèges spécifiques appauvris). Les échantillons les mieux conservés – hors systèmes alluviaux traités dans la fiche « Prairie humide atlantique eutrophe » – ne s’observent plus que par cas isolés aux flancs de petites vallées encore peu touchées par l’agriculture intensive (est 86, est et sud 16, sud 17, nord 79).