Autres forêts caducifoliées

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Cet habitat générique englobe divers types de boisements caducifoliés non hygrophiles, généralement dominés par une essence unique (rarement plus), appartenant au fonds dendrologique indigène ou naturalisée depuis longtemps (Castanea, Robinia) et formant généralement un sylvofaciès clairement distinct au sein des massifs forestiers régionaux. Les essences plantées et/ou nécessitant une intervention humaine plus ou moins soutenue pour leur survie (peupliers par ex.) ne sont pas incluses ici et font l’objet d’une fiche spécifique (PLANTATIONS DE FEUILLUS).

La physionomie, la structure et l’écologie de ces peuplements étant très variables, celles-ci seront examinées successivement en fonction de chacun des 6 principaux types distingués dans la région :

les bois de Châtaignier : le Châtaignier Castanea sativa n’est pas une essence indigène dans l’ouest atlantique (arbre originaire des basses montagnes du pourtour méditerranéen) mais il y a été introduit dans les régions à hiver doux depuis très longtemps (époque romaine) pour la valeur calorique de ses fruits (châtaignes) et les multiples usages de son bois. Si l’usage alimentaire est devenu marginal de nos jours, la croissance rapide de l’espèce et sa capacité à rejeter de souche en font encore une essence largement plantée et exploitée, souvent en substitution de forêts acidiphiles (20 000ha en Poitou-Charentes en 2009). Il prospère sur des sols pauvres en calcaire et en bases, souvent sableux ou sablo-limoneux, ni trop frais ni trop secs. Les châtaigneraies régionales ont en général l’aspect d’un taillis peu élevé (10-15m), homogène quant aux classes d’âge, d’où émergent parfois 1 ou 2 grands Quercus témoins de la forêt potentielle. La flore y est généralement une version appauvrie de la chênaie calcifuge, en raison d’une feuillaison précoce qui limite la lumière parvenant au sol et d’une litière à décomposition lente ;

les bois de Robinier : le Robinier Robinia pseudacacia est un arbre d’origine nord-américaine introduit en France en 1601 à des fins ornementales et aujourd’hui largement naturalisé, le plus souvent dans des sites rudéralisés (talus et délaissés routiers, voies ferrées, lisières anthropisées et coupes de massif forestiers). Essence pionnière s’accommodant de sols très variés, le Robinier possède, comme l’Aulne glutineux, des racines et des nodosités capables de fixer l’azote atmosphérique. Son bois est un excellent combustible et possède de très bonnes propriétés mécaniques. Les robiniaies « spontanées » forment généralement des bosquets linéaires et/ou de faible étendue, alors que les robiniaies plantées (4500 ha en Poitou-Charentes en 2009) occupent de petites parcelles disséminées au sein des massifs ; les peuplements y sont clairs et la strate herbacée, très fournie, comprend de nombreuses nitrophytes. La variabilité de la flore est importante et dépend en partie de la réaction du sol (robiniaies sur sols acides/r.sur sols alcalins) ;

les bois de Charme : le Charme Carpinus betulus est une essence indigène en Poitou-Charentes (plus commune toutefois dans la moitié est de la région) qui participe à divers habitats forestiers relevant du FRAXINO-QUERCION, en compagnie des chênes, des frênes, des érables, des tilleuls, du merisier, sur des sols profonds et riches, calcaires à modérément acides. Son bois, dense et très dur, le rend apte à diverses utilisations spécialisées (tournerie, pièces de machine) et produit un combustible de qualité. Ces diverses qualités, associées au fait que l’arbre rejette fortement de souche après coupe et tolère bien la taille, font qu’il est parfois planté en peuplements purs sur de petites surfaces. Ces charmilles produisent des peuplements assez sombres et généralement homogènes quant aux classes d’âge, dont la flore n’est qu’une variante appauvrie de la chênaie-charmaie régionale ;

les bois de Tremble : le Tremble Populus tremula est une essence pionnière à enracinement superficiel, de faible longévité (moins d’un siècle), rejetant de souche et drageonnant abondamment. Il prospère sur des sols variés – argiles, limons, sables -, basiques ou acides, mais souvent plus ou moins hydromorphes (sols mouilleux). Très rarement planté en raison de la médiocrité de son bois comme combustible et d’anciens usages pour la pâte à papier ou les allumettes aujourd’hui assumés par les peupliers euraméricains, beaucoup plus productifs, il forme parfois de petits bosquets dans les forêts dégradées (après coupes ou incendies) dont il constitue une étape de la cicatrisation. Son houppier clair laissant passer la lumière permet à une flore de sous-bois assez diversifiée de se développer (variable en fonction du degré d’engorgement du sol, de la densité des drageons etc.) ;

les bois de Bouleau : le Bouleau verruqueux Betula pendula est une essence pionnière, héliophile, à croissance rapide et faible longévité. Très rustique, il s’accommode d’une grande variété de sols, avec une prédilection toutefois pour les substrats acides. Il fournit un bon combustible et son bois se prête bien à la fabrication de pâte à papier ou de contre-plaqué alors que son écorce d’un blanc argenté et son feuillage virant au jaune d’or en automne lui confèrent d’indéniables qualités ornementales. Les bois de bouleau se présentent le plus souvent sous la forme de petits bosquets clairs participant à la reconstitution d’une forêt acidiphile après coupe ou incendie, ou à la dynamique naturelle de vieillissement d’une lande à bruyères. Plus rarement, ils s’observent en situation pionnière dans des sites rudéralisés (carrières abandonnées, y compris sur calcaire !, friches urbaines ou industrielles). La faiblesse du couvert favorise le maintien d’une strate herbacée peu différente des habitats voisins, mêlant des éléments de landes, de fourrés calcifuges hauts à Ajonc ou Genêt où finissent par s’implanter tôt ou tard les semences des essences post-pionnières qui vont constituer la future forêt (glands enterrés par les micromammifères, ou divers Corvidés) ;

les bois d’Orme : l’Orme champêtre Ulmus campestris s.lato appartient à un groupe de petites espèces dont la systématique est peu claire et dont le statut régional est encore largement inconnu. Dans tous les cas, il s’agit d’une essence nomade, à longévité élevée (jusqu’à 500 ans), affectionnant les sols riches en bases et en azote, à bonne alimentation en eau. Son bois, très apprécié autrefois comme combustible, est aujourd’hui réservé à des usages nobles comme l’ébénisterie ou la tournerie. Très largement planté autrefois autour des habitations – et parfois conduit en têtard par l’émondage régulier (le feuillage était donné en pâture au bétail) – l’orme forme encore de nombreux bosquets dans le paysage rural régional. Ces ormaies, souvent défigurées par la graphiose – une maladie cryptogamique causée par un champignon microscopique qui se propage dans les galeries d’un insecte le Scolyte de l’orme Scolytus scolytus – présentent une structure très variable selon leur localisation et leur état sanitaire ; seules ou associées à d’autres essences nomades et plastiques comme les frênes ou les érables, elles forment le plus souvent des haies linéaires qui, dans certains secteurs, contribuent à la formation d’un bocage plus ou moins structuré. Leur flore associée peut, selon les cas, être très nitrophile (ormaies rudéralisées, péri-urbaines) ou, au contraire, inclure diverses mésophytes forestières comme le Lierre, l’Iris fétide, l’Arum d’Italie ou le Fragon.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Les 6 sous-types s’insèrent dans la grande classe des QUERCO ROBORIS-FAGETEA SYLVATICAE Br.-Bl. & Viegler 1937 (forêts tempérées caducifoliées). Certains, comme les châtaigneraies et les bétulaies, sont plus liés aux communautés acidophiles des Quercetalia roboris Tüxen 1931, les autres aux forêts acidiclines à calcicoles des Fagetalia sylvaticae Pawlovski 1928.

Les robiniaies, les tremblaies et les ormaies peuvent aussi dans certains cas participer à des manteaux ou fruticées des CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen 1962.

COR 1991

  • 41.A Bois de charmes
  • 41.B bois de bouleaux
  • 41.D Bois de Tremble
  • 41.F Bois d’ormes
  • 41.H Autres bois caducifoliés

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Chacun des sous-types étant défini par la dominance physionomique d’une essence spécifique particulière, leur reconnaissance ne pose pas de problème particulier. Comme toujours en milieu naturel, on peut toutefois être confronté à des situations de transition – taillis de châtaigniers sous une futaie plus ou moins dense de chênes, accrus de bouleaux au sein d’une chênaie acidophile, faciès à orme en lisière d’une chênaie-frênaie etc. Dans tous ces cas, l’attribution à l’un ou l’autre des habitats est affaire d’échelle de perception : si l’on se réfère à la dynamique forestière, on peut considérer n’être en présence que d’un sylvofaciès de la forêt potentielle (= faciès à Betula pendula d’une chênaie acidophile) ; si on veut au contraire souligner l’originalité structurale et spécifique du faciès (car après tout un bois de bouleaux n’a pas la même structure et n’abrite pas les mêmes cortèges d’espèces qu’une chênaie), rien n’empêche de l’isoler d’une manière ou d’une autre (cartographie, dénomination phytosociologique ..).

Dynamique

Ces boisements s’insèrent dans la dynamique de la série forestière à laquelle ils participent, très variable selon les sous-types et les situations (cf. éléments dans le & « Physionomie-Ecologie »).

Espèces indicatrices

[plante2] Betula pendula, Carpinus betulus, Castanea sativa, Populus tremula, Robinia pseudacacia, Ulmus campestris
[champignons] Châtaigniers : Russula violeipes fo. citrina

Bouleaux : Lactarius glycyosmus, Lactarius necator, Lactarius pubescens, Lactarius torulosus, Leccinum molle, Leccinum scabrum, Leccinum versipelle, Paxillus involutus, Russula betularum, Russula versicolor

Valeur biologique

Aucun des habitats décrits ci-dessus ne présente un quelconque caractère de rareté. Pour certains (bétulaie, tremblaie), leur intérêt réside dans le fait qu’ils représentent une étape obligatoire de la reconstitution d’une forêt mature après sa dégradation ou un évènement catastrophique (incendie). Pour les autres, leur intérêt d’un point de vue de la biodiversité dépend étroitement de leur structure (boisements linéaires ou spatiaux), de leur histoire (sites fortement anthropisés/sites naturels), de leurs contacts (boisements isolés/boisements jouxtant des massifs forestiers) et, bien sûr du type de gestion sylvicole pratiquée (taillis à courte révolution/maturation avec conservation de bois morts et d’arbres sénescents).

La flore associée à ces boisements n’abrite en principe pas d’espèce rare ou menacée.

Ils n’hébergent pas d’éléments spécifiques de faune vertébrée : les mammifères et l’avifaune y sont semblables à celles des séries forestières auxquelles ils se rattachent. En ce qui concerne les invertébrés, le Robinier et le Châtaignier n’étant pas des essences indigènes, leurs communautés associées sont beaucoup plus pauvres que celles du Tremble, du Charme ou de l’Orme.

Menaces

Aucune menace particulière ne pèse sur ces habitats. On signalera seulement que le Châtaignier et l’Orme sont sensibles à diverses maladies cryptogamiques (encre et chancre pour le premier, graphiose pour le second) qui peuvent compromettre la qualité et la quantité des produits récoltés mais ne semblent par particulièrement nuisibles à la biodiversité globale de ces habitats.

Statut régional

Les 6 sous-types existent dans chacun des 4 départements mais avec des abondances variables selon la nature des sols :

bois de châtaigniers : ils couvrent des surfaces importantes sur les argiles à silex et les terres rouges du nord 16, sud-est 79, sud-ouest 86 ainsi qu’en Saintonge centrale (17) et dans les 2 Doubles (16 et 17)

bois de robiniers : ils sont surtout répandus en 86, notamment sur les sables du Loudunais, du Saumurois, ainsi qu’en plaine de Thouars (79)

bois de charmes : ils sont fréquents dans une grande partie de 86, sur les terres rouges de 79, la marge orientale de 16 et en Saintonge centrale

bois de trembles : ils sont dispersés partout sans pattern particulier

bois de bouleaux : ils sont fréquents sur les terrains non calcaires : Basse-Marche de 86 et 16, bocage et hauteurs de Gâtine en 79, ainsi qu’à un degré moindre dans la Double (16 et 17)

bois d’orme : ils sont présents à peu près partout

 

Coupes et clairières sur sol acide

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La végétation des clairières sur sols acides, se développe par taches au sein de forêts acidiphiles, mésophiles à xérophiles, au gré des coupes forestières. Elle se caractérise bien évidemment par l’absence de strates arbustive et arborée suite à l’abattage des ligneux (coupe à blanc). La coupe des arbres induit un changement climatique local important pour la strate herbacée des sous-bois. Avec l’augmentation de l’ensoleillement au niveau du sol, les variations de température et d’humidité sont plus marquées. Ainsi les espèces sciaphiles disparaissent progressivement au profit des espèces plus héliophiles. La lumière va provoquer la germination souvent massive des graines d’espèces végétales stockées depuis plusieurs années dans le sol. Les espèces sylvatiques se mélangent donc peu à peu avec d’autres espèces, notamment des nitrophiles et parfois des adventices des cultures. On y rencontre également assez fréquemment des espèces des milieux frais et humides (hydrophytes) car la réserve en eau du sol qui n’est plus pompée par les arbres, augmente et se rapproche de la surface du sol. Les espèces qui s’y développent, généralement avec un fort taux de recouvrement, sont essentiellement des annuelles et des bisannuelles telles que la Digitale pourpre Digitalis purpurea L. et l’Epilobe en épi Epilobium hirsutum L.. Cette profusion de fleurs rend ces clairières très attractives pour de nombreux insectes pollinisateurs, notamment les papillons et les hyménoptères, qui y sont souvent très abondants. L’expression de cet habitat transitoire est optimale à partir de la deuxième année suivant la coupe, avant la recolonisation rapide par les espèces ligneuses arbustives puis arborées du boisement proche lorsqu’aucun entretien n’est réalisé.

Les coupes effectuées dans les forêts hygrophiles favorisent en général le développement de grands hélophytes en peuplements denses tels que les carex, puis un retour rapide à la forêt, qui ne permet pas l’expression de cet habitat temporaire. La végétation des clairières calcifuges s’exprime dans notre région, au sein des forêts à Chêne sessile et Chêne pédonculé (COR 41.5 ; Quercion robori-petraeae) ou des chênaie-hêtraies à Houx (COR 41.12 ; Ilici-Fagenion). Dans le cas des forêts humides sur sols acides, telles que les chênaies acidophiles à Molinie (COR 41.51 ; Molinio caeruleae-Quercion roboris), la coupe conduit le plus souvent à une prairie pauvre dominée par la Molinie en peuplement dense, ne permettant pas non plus l’expression de la végétation des clairières sur sols acides.

La végétation des coupes forestières peut prendre un tout autre aspect lorsqu’elle est colonisée par des espèces sociales telles que les ronces, la Fougère aigle ou encore la Callune suite à des coupes à blanc. Le retour à la forêt devient alors difficile, voire impossible, tant l’occupation du sol par ces espèces est importante. En effet, la Fougère aigle Pteridium aquilinum lorsqu’elle est déjà présente en sous bois avant l’abattage des arbres, se trouve stimulée par l’apport de lumière. Elle forme alors une nappe quasi continue (COR 31.86 ; Holco mollis-Pteridion aquilini), excluant les autres espèces du groupement végétal, hormis le Muguet Convallaria majalis L. qui arrive parfois à subsister.

La coupe forestière peut également conduire à une podzolisation importante du sol favorisant l’expression d’une lande sèche à mésophile (voir fiche des landes sèches à mésophiles COR 31.23). La Callune Calluna vulgaris (L.) Hull y est alors très abondante et la reconstitution forestière est difficile.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • EPILOBIETEA ANGUSTIFOLII Tüxen & Preising ex von Rochow 1951 : végétation herbacée pionnière des chablis et coupes forestières
    • Epilobion angustifolii Tüxen ex Eggler 1952 : communautés méso-acidiphiles à acidiphiles des sols faiblement enrichis en azote
  • MELAMPYRO PRATENSIS-HOLCETEA MOLLIS H.Passarge 1994 : pelouses pré-forestières et ourlets, sur sols acides oligotrophes
    • Holco mollis-Pteridion aquilini (H.Passarge 1994) Rameau all. nov. et stat. prov. : communautés de lisières, dominées par Pteridium aquilinum

COR 1991

  • 31.8711 Coupe, clairière sur substrat acide : clairière à épilobes et digitales (EPILOBION ANGUSTIFOLII)
  • 31.86 Landes à Pteridium aquilinum

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible pour ce type d’habitat. Malgré tout, il est possible de rencontrer d’autres types de végétation en milieu ouvert intra forestier : la végétation des ourlets mésophiles ou des ourlets méso-hygrophiles (voir la fiche des ourlets mésophiles (COR 34.42 ; Trifolion medii) et des ourlets nitrophiles mésophiles à méso-hygrophiles (COR 37.72 ; Galio-Alliarietalia).

Dynamique

La première année suivant la coupe, les espèces du sous-étage forestier se maintiennent sans qu’aucune nouvelle espèce ne vienne enrichir la composition spécifique. En revanche, à partir de la deuxième année, de nombreuses annuelles et bisannuelles se mélangent souvent en masse aux espèces des sous-bois les plus tolérantes aux changements climatiques induits par la coupe des arbres. La dynamique naturelle de cet habitat conduit en général au retour rapide à la forêt (chênaie acidophile, chênaie-hêtraie…) si aucun entretien n’est réalisé. Suite à une coupe à blanc, la recolonisation par les ligneux forestiers est parfois rendue difficile, voire impossible, lorsque certaines espèces sociales (Fougère aigle, ronces, callune…) se sont développées en nappe dense ou lorsque la coupe induit une podzolisation importante du sol (groupement à Callune).

Espèces indicatrices

[plante2] Carex pilulifera, Carex ovalis, Carex pallescens, (Conyza canadensis), Digitalis purpurea, Epilobium angustifolium, (Erigeron annuus), Fallopia dumetorum, Fragaria vesca, Holcus mollis, Hypericum pulchrum, Linaria repens, (Phytolacca americana), Pteridium aquilinum, Rubus sp., Senecio sylvaticus, Veronica officinalis.
[plante1] Agrostis capillaris, Asphodelus albus, *Calamagrostis arundinacea, Calluna vulgaris, Centaurium erythraea, Hieracium lachenalii, Hieracium sabaudum, Luzula campestris, Malva moschata, Pulmonaria longifolia, Rumex acetosella, Ulex europaeus, Viola riviniana
[briophytes] Atrichum undulatum, Hylocomium splendens, Hypnum jutlandicum, Pleurozium schreberi, Polytrichum formosum
[lepidopteres] Callopistria juventina, Mellicta athalia, Petrophora chlorosata, Saturnia pavonia
[orthopteres] Gomphocerippus rufus, Nemobius sylvestris, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis tessellata, Tettigonia viridissima
[champignons] Boletus calopus, Boletus erythropus

Valeur biologique

Les clairières sont un facteur de diversité biologique favorisant les espèces végétales de lumière, généralement absentes des sous-bois sombres. Il s’agit d’un habitat généralement riche en fleurs et donc très attractif pour les insectes pollinisateurs. C’est en effet une source de nourriture pour de nombreux insectes notamment pour les lépidoptères et les hyménoptères. Les clairières sont également un lieu de gagnage pour les mammifères herbivores qui y trouvent une nourriture en quantité plus abondante que dans les sous-bois. C’est également un terrain de chasse pour de nombreux oiseaux insectivores tels que la Bondrée apivore qui se nourrit essentiellement d’hyménoptères ou encore le Faucon hobereau.

Les milieux ouverts intra-forestiers sont également utilisés par certains grands mammifères pour le rapprochement des sexes, tels que le Cerf à la période du brame.

Menaces

Les clairières sont propices au développement d’espèces végétales pionnières adventices dont certaines peuvent se révéler être envahissantes comme, par exemple, le Raisin d’Amérique Phytolacca americana L.. Par ailleurs, la circulation fréquente d’engins lourds pour les travaux forestiers aura tendance à tasser ou déstructurer le sol ce qui ne sera pas de nature à favoriser la diversité de ce milieu.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est fréquent. On le rencontre partout où il y a des massifs forestiers installés sur des placages d’argiles, de sables du quaternaire, ou sur les sols issus de la dégradation des roches métamorphiques (granits, schistes, grés…) de la Gâtine Poitevine (79), du pays Montmorillonnais (86) et du Confolentais (16).

Il peut manquer toutefois sur de vastes surfaces dominées par des terrains sédimentaires riches en calcaire (terres de groies, sols de Champagne) : parties centrales de la Charente et la Charente-Maritime, île de Ré etc.

 

Coupes, clairières sur sols neutro-basophiles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La présence des clairières au sein de massifs forestiers est souvent liée à l’exploitation humaine et la gestion sylvicole des forêts et, plus rarement, à la régénération naturelle des forêts (chablis et incendies provoqués par les tempêtes ou les orages).

L’abattage d’arbres au sein des forêts sur sols neutres à basiques conduit à un habitat qui se caractérise par une végétation herbacée en générale dense et exubérante. En effet, l’activité biologique importante de ce type de sol conduit à un humus (de type mull) très riche en matière nutritive favorisant ainsi les espèces nitrophiles à croissance rapide. La germination de ces dernières est par ailleurs stimulée par l’augmentation de l’ensoleillement et de la chaleur au niveau du sol. Il s’agit d’un habitat temporaire qui, dès la remise en lumière du sol, est en concurrence avec les jeunes pieds des espèces arbustives du stade dynamique suivant du SAMBUCO-SALICION CAPRAEAE (voir la fiche « Fourrés pré-forestiers » COR 31.7872). En effet, les arbustes prennent le pas assez rapidement (2 ou 3 ans après la coupe) en formation dense et étouffent la strate herbacée de cet habitat. La végétation des clairières s’exprime, dans notre région, au sein des chênaies-charmaies (COR 41.2 ; Carpinion betuli), des chênaies à Chêne pubescent (COR 41.711 ; Quercion pubescenti-sessiliflorae) ou de la rarissime hêtraie sur sols calcaires (COR 41.12 ; Carpinion betuli).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • EPILOBIETEA ANGUSTIFOLII Tüxen & Preising ex von Rochow 1951
    • Atropion belladonae Tüxen ex Eggler 1952 : communautés des sols enrichis en azote, souvent sur substrat calcaire

COR 1991

  • 31.8712 Coupes, clairières sur substrat calcaire : clairière à bardanes et Belladone (ATROPION BELLADONAE)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible pour ce type d’habitat. Cependant, son caractère transitoire ne permet pas souvent d’observer ce type de végétation sans qu’elle ne se trouve en mélange avec des espèces des stades dynamiques plus évolués (stades arbustifs et forestiers). La végétation de cet habitat peut s’apparenter parfois à celle des ourlets nitrophiles (voir la fiche « Ourlet nitrophile mésophile à méso-hygrophile » GALIO-ALLIARIETALIA COR 37.72), quoique généralement plus exubérante.

Dynamique

Il s’agit d’un stade transitoire qui s’exprime assez rapidement après la remise en lumière du sol. Très rapidement (2 à 3 ans après la coupe) les espèces ligneuses arbustives se développent en nappe dense et touffue, dominant ainsi la strate herbacée caractéristique des clairières. Le maintien de cet habitat est donc conditionné à un entretien régulier, ce qui est rarement le cas puisque les clairières sont bien souvent le résultat d’une exploitation forestière dont l’objectif de gestion est le stade forestier.

Cette formation arbustive prépare l’installation de la forêt future dans le processus de régénération.

Espèces indicatrices

[plante2] Angelica sylvestris, Arctium nemorosum, *Atropa belladonna, Bromus ramosus, Campanula trachelium, Carex divulsa, Cirsium arvense, Cirsium vulgare, Dactylis glomerata, Digitalis lutea, Epilobium montanum, Eupatorium cannabinum, Fragaria vesca, Hypericum hirsutum, Rubus sp., Sambucus ebulus, Stachys alpina, Stachys sylvatica, Verbascum lychnitis, Verbascum nigrum
[plante1] Alliaria petiolata, Anthriscus sylvestris, Arctium minus, Brachypodium sylvaticum, (Conyza canadensis), Glechoma hederacea, Lapsana communis, Myosotis arvensis, Prunella vulgaris, Viola odorata
[briophytes] Brachythecium rutabulum, Cirriphyllum piliferum, Hypnum cupressiforme, Scleropodium purum, Thuidium tamariscinum
[orthopteres] Gomphocerippus rufus, Nemobius sylvestris, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis tessellata, Tettigonia viridissima

Valeur biologique

Les clairières sont facteurs de biodiversité au sein des grands ensembles forestiers. Comme les layons forestiers, elles peuvent être relativement attractives pour de nombreux insectes, constituant ainsi un stock alimentaire important pour de nombreux oiseaux insectivores. L’augmentation de la lumière et de la chaleur au niveau du sol peut être également favorable à certains reptiles qui sont en générale totalement absents du boisement voisin dans lequel s’insèrent ces clairières. A noter également que cette végétation est l’habitat optimum pour l’expression de la Belladone Atropa belladonna L., espèce rare et menacée en Poitou-Charentes présente seulement dans deux départements de notre région (Deux-Sèvres et Charente-Maritime).

Menaces

L’enrésinement des boisements conduit à un appauvrissement de la composition spécifique de ce biotope par acidification du sol. Il arrive alors que des ronciers quasi-monospécifiques couvrent le sol et ainsi remplacent la végétation caractéristique des clairières neutro-basophiles.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est fréquent. On le rencontre partout où il y a des massifs forestiers. Il se fera plus rare, voire inexistant, lorsque la roche calcaire laisse la place aux roches métamorphiques (granits, schistes, grés…) comme par exemple au sein de la Gâtine poitevine Deux-Sèvrienne, du pays Montmorillonais dans la Vienne ou du Confolentais en Charente.

 

Ourlet maigre xéro-thermophile

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

L’ourlet forestier désigne le milieu de transition établi selon une bande assez étroite entre la pelouse et le manteau préforestier.

En Poitou-Charentes, l’ourlet xérothermique apparaît sur des sols calcaires filtrants peu profonds de type rendzines. Ces sols se sont formés sur les calcaires marneux du Jurassique ou du Crétacé ; ils sont en conséquence bien développés en Charente et Charente-Maritime mais beaucoup plus rares en Deux-Sèvres et Vienne. Cet habitat est exclusivement associé à la chênaie pubescente.

L’analyse phytosociologique conduit à distinguer en lisière de bois ou en clairière une succession la plupart du temps soumise à une dynamique et constituée par :

  • la végétation d’ourlet, toujours la plus riche floristiquement (Geranion sanguinei) ;
  • le manteau arbustif (Berberidion vulgaris) ;
  • la chênaie de Chêne pubescent (Quercion pubescentis)

Les espèces de l’ourlet sont héliophiles ou de demi-ombre pour certaines ; inféodées aux sols secs et chauds, elles sont dites thermo-xérophiles.
On note la très nette prédominance d’espèces vivaces hémi cryptophytes associées à des chaméphytes ou à des nanophanérophytes (ex. Rosa pimpinellifolia), l’ensemble indiquant le passage de la pelouse rase au manteau arbustif.

Les floraisons sont abondantes et prolongées, aussi l’ourlet constitue-t-il un milieu particulièrement fréquenté par l’entomofaune et, corrélativement, par les prédateurs de cette dernière.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • TRIFOLIO MEDII-GERANIETEA SANGUINEI Müller 1962 : pelouses pré-forestières héliophiles à hémi-sciaphiles, calcicoles à acidiclines
    • Geranion sanguinei Tüxen in Müller 1962 : communautés thermophiles, plus ou moins xérophiles

COR 1991

34.41 Lisières thermo-xérophiles

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

S’il est assez aisé de distinguer la végétation de l’ourlet de celle de la pelouse du Mesobromion qui la précède et du manteau qui lui succède lorsqu’on se déplace en direction du milieu forestier, il est en revanche plus délicat de faire la distinction entre l’ourlet xérothermophile (le Geranion sanguinei) de l’ourlet mésophile calcicole (le Trifolion medii)

Dans le second cas, cependant, on note la présence d’un certain nombre d’espèces prairiales absentes dans l’ourlet xérophile.

Plusieurs espèces, notamment des Orchidées, se retrouvent au niveau du Mesobromion en même temps que du Geranion sanguinei : Ophrys apifera, Ophrys scolopax, Orchis ustulata, Anacamptis pyramidalis…d’autres espèces comme Limodorum abortivum, Senecio doronicum, Hypochoeris maculata et Geranium sanguineum signent l’ourlet forestier.

Dynamique

Dans les stations les plus sèches, la dynamique est lente voire nulle ; ailleurs, on assiste au déplacement du manteau, les espèces arbustives puis arborescentes peuvent alors envahir l’ourlet. Lorsque les clairières ou les allées sont de dimension réduite, l’ourlet peut ainsi totalement disparaître.

Valeur biologique

Avec 19 espèces végétales inscrites sur la Liste Rouge régionale, l’ourlet xéro-thermophile est un habitat très original et précieux sur le plan botanique : le Séneçon du Rouergue Senecio doronicum ssp. ruthenensis, Astéracée endémique française inscrite au Livre Rouge National comme taxon prioritaire, y possède ses rares stations régionales. Beaucoup des autres espèces rares de l’habitat sont des plantes méridionales en limite d’aire de répartition (Scorzonera hirsuta, Inula spiraeifolia) ou en aire disjointe (Astragalus hypoglottis, Centaurea triumfetti, Xanthoselinum austriacum).

Espèces indicatrices

[plante2] Anthericum ramosum, Aquilegia vulgaris, Aster linosyris, *Astragalus hypoglottis, *Bellis sylvestris ssp.pappulosa, Bupleurum falcatum, Campanula persicifolia, *Centaurea triumfetti, Cephalanthera longifolia, Digitalis lutea, *Euphorbia esula ssp.tristis Filipendula vulgaris, Fragaria viridis, Geranium sanguineum, Helleborus foetidus, Hypericum montanum, *Hypochoeris maculata, Inula salicina, *Inula spiraeifolia, *Laserpitium latifolium, Lathyrus latifolius, Limodorum abortivum, *Limodorum trabutianum, Lithospermum purpureocaeruleum, Melampyrum cristatum, Orobanche gracilis, *Peucedanum officinale, *Rosa pimpinellifolia, *Scorzonera hirsuta, *Scorzonera hispanica, Securigera varia, *Senecio doronicum ssp. ruthenensis, *Seseli libanotis, Stachys heraclea, Tanacetum corymbosum, *Thalictrum minus, Trifolium rubens, Veronica austriaca ssp. teucrium, Vicia tenuifolia, Vincetoxicum hirundinaria, *Viola alba, *Viola suavis, *Xanthoselinum austriacum
[plante1] Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Campanula rapunculus, Carex hallerana, Festuca marginata, Helianthemum nummularium, Lathyrus niger, Melittis melissophyllum, Origanum vulgare, Pulmonaria longifolia, Rubia peregrina, Viola hirta
[briophytes] Ctenidium molluscum, Ditrichum flexicaule, Entodon concinnus, Hypnum lacunosum, Pleurochaete squarrosa,
Scleropodium purum
[champignons] Amanita ovoidea, Calocybe gambosa, Tuber aestivum, T. brumale, T. excavatum, T. melanosporum, T. mesentericum
[reptiles] Hierophis viridiflavus, Lacerta bilineata
[orthopteres] Oecanthus pellucens, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis albopunctata, Platycleis tessellata

Menaces

On est là en présence d’un habitat menacé. Les profondes modifications dans la gestion des espaces forestiers (enrésinements, mécanisation de l’entretien…) mettent en péril le Geranion sanguinei. La chênaie pubescente produit peu de bois de valeur, elle est exploitée pour le bois de feu et valorisée par la chasse, l’entretien des allées peut être négligé.

Ailleurs, la mise en culture des terrains jusqu’à l’extrême limite du manteau forestier a fait totalement disparaître l’ourlet.

Le maintien d’un ourlet conséquent et en bon état est fortement dépendant d’une bonne gestion. A l’intérieur des boisements, il est nécessaire de favoriser le maintien de secteurs ouverts conséquents, clairières et chemins forestiers. L’entretien du manteau est alors, de manière idéale, manuel et à défaut mécanique, l’ourlet étant soumis à une fauche retardée.
L’ourlet externe doit être favorisé par l’existence d’une bande non cultivée et son entretien soumis aux mêmes règles.

L’ourlet xéro-thermophile constitue l’habitat de nombreuses plantes rares du Poitou-Charentes

Statut régional

L’habitat est présent dans les 4 départements, quoique avec des fréquences variables. Les plus beaux exemplaires se rencontrent sur calcaires jurassiques durs du nord 17, extrême sud 79 et nord-est 16, en lisière de bosquets relictuels de chênaies pubescentes correspondant à l’ancienne « sylve d’Argenson ».

16 : forêt de Boixe, forêt de Tusson, bois des environs d’Aigre

17 : bois de St Christophe, bois de Benon, forêt de Benon

79 : bois du Grand Breuil, forêt de Chizé, Chênaie de Viron, bois de Breuillac

86 : vallée du Talbat, coteau des Pendants, bois des environs de Vendeuvre-du-Poitou

 

Ourlet maigre mésophile

Rédacteur : David Suarez

Physionomie-écologie

Les ourlets mésophiles se présentent sous la forme de lisières herbacées situées en marge des boisements et des fourrés qui se développent sur des sols profonds et bien drainés. Ces conditions stationnelles étant particulièrement favorables à la croissance rapide des phanérophytes (arbres et arbustes), cet habitat est souvent ponctuel et fugace en l’absence d’entretien régulier ; c’est pourquoi on le rencontre le plus souvent sur les talus des routes forestières, les layons pare-feux, les bords des chemins, sous les lignes haute-tension traversant les bois… Le cortège végétal y est dominé par les dicotylédones, nombreuses et variées avec des floraisons échelonnées très appréciées par les insectes butineurs. Ces ourlets présentent une grande variabilité, définie par le type de sol et les conditions micro-climatiques locales (exposition, humidité ambiante, température…) :

Sur les terrains calcaires, on observe deux sous-alliances distinctes : en lisière des boisements thermophiles du QUERCION PUBESCENTI-PETRAEAE, habituellement occupée par l’ourlet xéro-thermophile du GERANION SANGUINEI en station sèche, un groupement mésophile appartenant au TRIFOLIO MEDII-GERANIENION SANGUINEI peut se développer à la faveur de conditions locales plus fraîches (exposition nord, combes…), avec l’Ancolie commune Aquilegia vulgaris, la Gesse noire Lathyrus niger, l’Origan Origanum vulgare… Sur sol plus profond, en bordure des chênaies-charmaies et chênaies-frênaies, l’ourlet du TRIFOLIO MEDII-AGRIMONIENION MEDII trouve les conditions optimales pour son implantation. Il est caractérisé par le Trèfle intermédiaire Trifolium medium, souvent en stations denses, la Véronique petit-chêne Veronica chamaedrys, la Vesce des haies Vicia sepium

Sur les terrains neutres à légèrement acidophiles, toujours sur sol profond, l’ourlet du TRIFOLIO MEDII-TEUCRIENION SCORODONIAE fait son apparition, avec l’Aigremoine eupatoire Agrimonia eupatorium, la Vesce de Cassubie Vicia cassubica, la Knautie des champs Knautia arvensis

Enfin, sur les terrains granitiques nettement acides des confins du Poitou-Charentes (nord-est de la Charente, sud-est de la Vienne et nord des Deux-Sèvres), en contact avec les chênaies acidophiles du QUERCION ROBORI-PETRAEAE, on observe un habitat appartenant à la classe des MELAMPYRO PRATENSIS-HOLCETEA MOLLIS, avec deux alliances représentées dans la région : le CONOPODIO MAJORIS-TEUCRION SCORODONIAE, caractérisé par la Stellaire holostée Stellaria holostea, le Mélampyre des prés Melampyrum pratense, la Gesse des montagnes Lathyrus linifolius ssp montanus, la Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia… Et le HOLCO MOLLIS-PTERIDION AQUILINI, un faciès principalement occupé par la Fougère aigle Pteridium aquilinum.

Ces ourlets sont bien représentés dans l’ensemble de la région Poitou-Charentes, au sein de nombreux massifs boisés de toute taille, mais les surfaces qu’ils occupent sont souvent réduites.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • TRIFOLIO-GERANIETEA Müller 1962 : ourlets calcicoles à acidiclines
    • Trifolion medii (Müller 1962) : communautés xéroclines à mésophiles, mésothermes
  • MELAMPYRO PRATENSIS-HOLCETEA MOLLIS Passarge 1994 : ourlets des sols acides et oligotrophes
    • Holco mollis-Pteridion aquilini (Passarge 1994) : communautés dominées par Pteridium aquilinum
    • Conopodio majoris-Teucrion scorodoniae (Julve ex Boullet & Rameau) : communautés atlantiques à subatlantiques

COR 1991

  • 34.42 Lisières mésophiles

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc

Confusions possibles

Cet habitat ne peut guère être confondu qu’avec l’ourlet thermophile du GERANION SANGUINEI, qui se développe sur des stations plus sèches, avec des plantes adaptées qui présentent le plus souvent une surface foliaire réduite. La plus grande difficulté concerne la caractérisation des différents types d’ourlet mésophiles tant leur variabilité est importante. En effet, en fonction des conditions climatiques locales, du type et de la profondeur du sol, les cortèges végétaux diffèrent au sein d’un même secteur. En terrain acide, il est aussi assez délicat de distinguer le TRIFOLIO MEDII-TEUCRIENION SCORODONIAE, qui appartient à l’alliance du TRIFOLION MEDII, du CONOPODIO MAJORIS-TEUCRION SCORODONIAE, car plusieurs espèces, dont la Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia, sont présentes dans les 2 groupements.

Dynamique

Les ourlets mésophiles sont des formations végétales transitoires entre le stade prairial et le fourré arbustif, et leur maintien nécessite des actions d’entretien régulier permettant de bloquer la dynamique évolutive. Ils se développent sur des sols assez profonds et bien drainés, très fertiles et favorables à une croissance rapide de la végétation arbustive et arborée, ce qui fait de cet habitat un milieu très fugace, rapidement colonisé par les ronces et les arbustes comme le Prunellier, l’Eglantier et l’Aubépine monogyne. On notera que les ourlets stabilisés par la fauche régulière se montrent bien plus riches en espèces végétales que ceux qui apparaissent suite à des actions ponctuelles d’exploitation forestières où qui se développent dans des prairies abandonnées.

Espèces indicatrices

[plante2] Agrimonia eupatoria, *Agrimonia procera, Aquilegia vulgaris, Astragalus glycyphyllos, Clinopodium vulgare, Conopodium majus, Euphorbia angulata, Hieracium maculatum, Hieracium sabaudum, Hieracium umbellatum, Holcus mollis, Hypericum pulchrum, Knautia arvensis, Lathyrus linifolius ssp montanus, Lathyrus niger, Lithospermum officinale, Lithospermum purpuro-caeruleum, Melampyrum pratense, Melittis melissophyllum, Origanum vulgare, Peucedanum gallicum, Polygonatum odoratum, Potentilla sterilis, Primula vulgaris, Pulmonaria angustifolia, Silene nutans, Solidago virgaurea, Stachys officinalis, Stellaria holostea, Teucrium scorodonia, Trifolium medium, Veronica chamaedrys, *Vicia cassubica, Vicia sepium
[plante1] *Anthericum liliago, Anthericum ramosum, Anthriscus sylvestris, Asphodelus albus, Brachypodium pinnatum, Brachypodium sylvaticum, Campanula glomerata, Campanula trachelium, Cruciata laevipes, Digitalis lutea, Fragaria vesca, Geranium sanguineum, Hypericum hirsutum, Hypericum montanum, Hypericum perforatum, Lathyrus latifolius, Mycelis muralis, *Myosotis sylvatica, Pteridium aquilinum, Sedum cepaea, Silene dioica, Trifolium rubens, Vicia cracca, Vincetoxicum hirundinaria, Viola odorata
[briophytes] Ourlets calcicoles : Entodon concinnus, Homalothecium lutescens, Hypnum lacunosum, Pleurochaete squarrosa, Thuidium philiberti

Ourlets calcifuges/oligotrophes : Brachythecium albicans, Ceratodon purpureus, Hypnum cupressiforme, Pleurozium schreberi

[reptiles] Elaphe longissima, Hierophis viridiflavus, Lacerta bilineata
[lepidopteres] Callophrys rubi, Cupido alcetas, Erynnis tages, Leptidea sinapis, Maniola jurtina, Melanargia galathea, Mellicta athalia, Minois dryas, Pararge aegeria, Polyommatus icarus, Pyrgus malvae, Pyronia tithonus
[orthopteres] Chorthippus vagans, Ephippiger ephippiger, Gomphocerippus rufus, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis albopunctata, Platycleis tessellata

Valeur biologique

Cet habitat est encore relativement bien représenté en Poitou-Charentes. Néanmoins, la plupart des stations existantes sont de faible surface. Même si la richesse floristique est moindre que celle de l’ourlet thermophile, on y observe néanmoins quelques espèces patrimoniales, comme la rare Vesce de Cassubie Vicia cassubica, la Phalangère à fleurs de lys Anthericum liliago, l’Aigremoine odorante Agrimonia procera ou le Myosotis des bois Myosotis sylvatica. Ces ourlets abritent également de nombreux invertébrés butineurs (lépidoptères, hyménoptères) et phytophages (Orthoptères, mollusques) qui attirent des prédateurs (reptiles, amphibiens, araignées, carabes…). Cette diversité floristique et faunistique fait de l’ourlet mésophile un habitat à forte valeur biologique.

Menaces

Largement réparti au sein de la plupart des massifs boisés de la région Poitou-Charentes, cet habitat ne semble pas menacé, si ce n’est par sa dynamique naturelle à évolution rapide. Néanmoins, les entretiens périodiques qui permettent son maintien ne sont pas toujours effectués à des périodes favorables (trop précoces), ou sont répétés trop souvent, ce qui favorise les graminées et conduit rapidement à un cortège prairial de moindre intérêt. De plus, les stations de certaines espèces végétales sensibles, comme la Vesce de Cassubie Vicia cassubica, nécessiteraient des mesures de protection.

Statut régional

L’habitat est présent et assez répandu dans les 4 départements.

 

Ourlet nitrophile mésophile à méso-hygrophile

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-écologie

Les ourlets nitrophiles mésophiles à méso-hygrophiles sont des habitats naturels herbacés linéaires composés majoritairement de dicotylédones assez hautes (env. 1 mètre) et souvent à larges feuilles (adaptées à l’ombre). Ils se développent sur des sols riches en matières azotées, frais à humides, mais rarement gorgés d’eau (marécageux) ou inondables (milieux alluviaux), au niveau des chemins forestiers, des clairières intra forestières et des lisières externes. Ils sont avant tout associés aux forêts fraîches sur sol riche, telles l’ormaie rudérale, mais également aux forêts de bas de pente (frênaie-chênaie par ex.).

Les ourlets nitrophiles diffèrent en fonction de la quantité de lumière qu’ils reçoivent. Ainsi, on peut distinguer dans notre région deux grands types de végétations : les communautés héliophiles à hémi-héliophiles, relativement bien éclairées, représentées par l’AEGOPODION PODAGRARIAE et les communautés sciaphiles à hémi-sciaphiles, adaptées aux conditions plus ou moins ombragées, représentées par l’alliance du GEO URBANI-ALLIARION PETIOLATAE.

Les ourlets nitrophiles héliophiles sont localisés principalement au niveau des lisières externes des boisements frais (frênaie, ormaie…) et leur composition spécifique est conditionnée par le type d’entretien réalisé ou par les milieux naturels adjacents :

  • les ourlets externes forestiers à Ortie (URTICO DIOICAE-CRUCIATETUM LAEVIPEDIS et URTICO DIOICAE-AEGOPODIETUM PODAGRARIAE),
  • les bords de chemins à Anthrisque des bois Anthriscus sylvestris (ANTHRISCETUM SYLVESTRIS),
  • les talus forestiers et chemins forestiers à Sureau yèble Sambucus ebulus (SAMBUCETUM EBULI)

Les ourlets nitrophiles sciaphiles de notre région présentent également une certaine variabilité liée à l’influence des cortèges spécifiques des milieux naturels dont ils matérialisent la lisière (milieux boisés et milieux ouverts) :

  • lisières sur sols profonds à Alliaire officinale et Cerfeuil enivrant (ALLIARO PETIOLATAE-CHAEROPHYLLETUM TEMULI),
  • lisières ombragées, pieds de falaises ou de murs, sur sols frais (CHELIDONIO MAJI – PARIETARIETUM OFFICINALIS)
  • lisières ombragées des bords de chemins à Cerfeuil enivrant et Géranium luisant (CHAEROPHYLLO TEMULI-GERANIETUM LUCIDI),
  • talus forestiers : communauté à Torilis du Japon (TORILIDETUM JAPONICAE)
  • lisières fraîches à Cardère poilue (DIPSACETUM PILOSII).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

GALIO APARINES-URTICETEA DIOICAE : ourlets nitrophiles des sols plus ou moins humides

  • Galio aparines-Alliarietalia petiolatae Oberd. ex Görs & Th.Müll. 1969 : communautés des sols bien alimentés en eau
    • AEGOPODION PODAGRARIAE Tüxen 1967 : communautés hémi héliophiles
    • GEO URBANI-ALLIARION PETIOLATAE W.Lohmeyer & Oberd. ex Görs & Th.Müll. 1969 : communautés sciaphiles

CORINE 1991

37.72 Franges des bords boisés ombragés (AEGOPODION,GEO-ALLIARION)

Directive Habitats 1992

6430-6 Végétations des lisières forestières nitrophiles, hygroclines, héliophiles à semi-héliophiles

6430-7 Végétations des lisières forestières nitrophiles, hygroclines, semi-sciaphiles à schiaphiles

Confusions possibles

La végétation des ourlets nitrophiles comme celle des autres types d’ourlets est marquée par la pénétration des espèces végétales de la forêt et des milieux ouverts adjacents dont ils constituent la lisière. La présence de nombreuses espèces nitrophiles permet de distinguer la végétation de ces ourlets de celles des autres types.

Quelques confusions peuvent néanmoins subsister avec la végétation des ourlets hygrophiles (voir fiche « Ourlet hygrophile ») dont la composition spécifique comprend également quelques espèces nitrophiles.

Dynamique

La dynamique naturelle des lisières nitrophiles est en général progressive. La lisière a tendance à être colonisée par les espèces ligneuses du manteau arbustif de la forêt et à gagner sur le milieu ouvert, déplaçant ainsi le front de colonisation de la forêt.

Néanmoins, les lisières nitrophiles sont en général stabilisées lorsqu’elles se trouvent sur les bords de chemins et de routes, en lisières externes ou au bord de certaines clairières, par l’entretien régulier de ces espaces. Il peut également arriver que la végétation nitrophile des lisières s’étende au sein des forêts dans le cas de la remise en lumière du sol suite à une coupe à blanc des arbres.

Espèces indicatrices

[plante2] Lisières héliophiles : Aegopodium podagraria, Cruciata laevipes, *Lamium maculatum, Silene dioica 
[plante1] Lisières héliophiles : Anthriscus sylvestris, Chelidonium majus, Cirsium arvense, Dactylis glomerata, Galeopsis tetrahit, Galium aparine, Glechoma hederacea, Heracleum sphondylium, Lamium album, Ranunculus ficaria, Roegneria canina, Sambucus ebulus, Urtica dioica

Lisières sciaphiles  : Alliaria petiolata, Anthriscus sylvestris, Brachypodium sylvaticum, Bryonia dioica, Campanula trachelium, Cardamine impatiens, Carduus crispus, Chaerophyllum temulum, *Dipsacus pilosus, Epilobium montanum, Euphorbia stricta, Galium mollugo ssp. erectum, Geranium lucidum, Geranium robertianum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Lamium galeobdolon, Lapsana communis, Moehringia trinervia, Mycelis muralis, Poa nemoralis, Scrophularia nodosa, Torilis japonica, Veronica chamaedrys, Viola reichenbachiana

[briophytes] Eurhynchium praelongum, Eurhynchium speciosum, Pseudoscleropodium purum, Thuidium tamariscinum
[lepidopteres] Araschnia levana, Anthocharis cardamines, Argynnis sp., Pararge aegeria, Plusiinae (Noctuidae)

Valeur Biologique

Cet habitat se compose la plupart du temps d’espèces banales et doit son intérêt biologique à sa position d’interface (zone de transition, écotone) entre la forêt et le milieu ouvert adjacent. Il est ainsi source de diversité au sein d’un massif forestier et peut constituer des milieux refuges ou couloirs de circulation (corridors biologiques) pour un certain nombre d’espèces.

Menaces

Les ourlets nitrophiles sont des habitats relativement répandus et ne connaissent que très peu de menaces dans notre région.

Lorsque les lisières externes sont en contact avec l’agriculture intensive, les ourlets peuvent être absents, remplacés par les cultures qui viennent jusqu’au pied des arbres. Ces lisières peuvent également subir les mêmes traitements chimiques d’origine agricole que la culture voisine, ce qui n’est pas favorable à l’expression de cet habitat.

Enfin, dans le cas très fréquent des lisières forestières longeant des routes, les ourlets sont soumis à l’entretien des talus et bermes pratiqués par les services municipaux de voirie : des fauches trop précoces ou trop fréquentes, l’aspersion de produits phytocides, constituent autant de pratiques très défavorables à la pleine expression de leur diversité.

Statut régional

Bien que les ourlets nitrophiles aient un intérêt patrimonial à l’échelle européenne, ils sont assez répandus dans notre région. Ce sont rarement des habitats d’espèces rares ou patrimoniales en Poitou-Charentes.

Les ourlets nitrophiles occupent de petites surfaces linéaires en lisière des forêts fraîches au sein des 4 départements de notre région.

 

Ourlet hygrophile

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-écologie

Les ourlets hygrophiles sont des habitats naturels de transition entre un boisement alluvial ou une prairie inondable et un cours d’eau. Ils se développent donc la plupart du temps sur les berges et sur la terrasse alluviale associée, le plus souvent sur des sols gorgés d’eau et chargés en matières organiques et/ou azotées. Soumis à aucune gestion d’origine anthropique (fauche, pâturage), cet habitat de type mégaphorbiaie est composé de grandes herbes de 1 à 2 mètres, le plus souvent disposées de manière linéaire le long des berges. Ces ourlets présentent une certaine variabilité en fonction de leur position au sein du bassin versant.

La communauté fluviale estuarienne à Angélique des estuaires Angelica heterocarpa (ANGELICION LITORALIS) se rencontre aux sommets des berges des fleuves au niveau de leur estuaire, sur des sols argilo-limoneux toujours gorgés d’eau. Il s’agit d’un habitat linéaire et composé de hautes herbes (env. 1,50 m). L’influence des marées régulières et de la légère salinité qu’elles occasionnent sont des conditions nécessaires à l’installation de ce groupement végétal. L’Angélique des estuaires est une endémique de la façade atlantique française que l’on rencontre dans notre région, en Charente-Maritime au niveau de l’estuaire de la Charente et de la Gironde. Cet habitat connaît une certaine variabilité au niveau des marais maritimes plus ou moins enrichis en matières organiques avec la présence du groupement à Guimauve officinale et Laîche cuivrée et du groupement à Chiendent à fleurs serrées et Guimauve officinale (AGROPYRO PUNGENTIS-ALTHAETUM OFFICINALIS).

Les ourlets riverains mixtes (CONVOLVULION SEPIUM) se rencontrent quant à eux sur les berges et les terrasses alluviales bordant les cours d’eau de plaine. Ils sont généralement associés aux milieux alluviaux riverains tels que les forêts alluviales ou les prairies inondables, sur des sols de natures diverses (limons, sables, argile…) gorgés d’eau. Cette végétation des berges résiste à de courtes périodes d’immersion régulières, lors des crues hivernales. La composition spécifique est dominée par quelques espèces de grande taille et des lianes qui confèrent à cet habitat sa physionomie, telles que la Baldingère, l’Angélique sauvage ou le Liseron des haies.

Enfin, la communauté riveraine à Petasites hybridus (PETASITION OFFICINALIS), habitat plutôt sub-montagnard, ne se rencontre dans notre région que sur les berges d’un unique petit cours d’eau privilégié (sources de la Touvre, 16). La physionomie de ce type de lisière herbacée est marquée par la dominance du Pétasite hybride et de ses larges feuilles, qui lui confère en plus de sa structure végétale plutôt horizontale, une certaine uniformité physionomique.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • FILIPENDULO ULMARIAE-CONVOLVULETEA SEPIUM :

    mégaphorbiaies méso-eutrophes des stations humides

    • Convolvuletalia sepium Tüxen 1950 nom. nud. : communautés riveraines et alluviales, eutrophes, sur sédiment minéral
      • Convolvulion sepium Tüxen in Oberd. 195 : communautés de la partie supérieure et moyenne des cours d’eau et des bordures de lacs
      • Angelicion litoralis Tüxen in W.Lohmeyer et al.1962 : communautés de zones subestuariennes, soumises aux mares d’eau douce
      • Petasition officinalis Sill. 1933

CORINE 1991

  • 37.71 Lisières à grandes herbes des bords de cours d’eau
    • 37.712 Communauté fluviale estuarienne à Angelica heterocarpa
    • 37.713 Ourlet riverain à Althaea officinalis
    • 37.714 Communauté riveraine à Petasites hybridus
    • 37.715 Ourlets riverains mixtes bordant les cours d’eau planitiaires

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

6430 Mégaphorbiaies hydrophiles d’ourlets planitiaires et des étages montagnard à alpin

Confusions possibles

En ce qui concerne les ourlets à Angelica heterocarpa, la confusion est possible avec des mégaphorbiaie-roselières sub-halophiles avec lesquelles ils sont en général en contact : roselière à Angélique des estuaires et Roseau commun, roselière à Angélique des estuaires et Baldingère faux-roseau commun. Ils s’en distinguent par l’absence de la structure verticale caractéristique des roselières.

Quant aux autres ourlets hygrophiles, des confusions sont possibles avec les mégaphorbiaies marécageuses et les communautés à grandes laîches (voir fiches « Mégaphorbiaie marécageuse » et « Magnocaricaies »). Les ourlets hygrophiles se distinguent des magnocaricaies par la présence abondante des plantes dicotylédones dominant l’habitat et lui conférant une structure exubérante.

La distinction d’avec les mégaphorbiaies tient avant tout à richesse du substrat : plutôt mésotrophe pour les mégaphorbiaies marécageuses, plutôt eutrophe pour l’ourlet hygrophile.

Dynamique

La dynamique de la communauté fluviale estuarienne à Angelica heterocarpa est peu marquée. En effet, il s’agit d’un habitat pionnier soumis à l’effet des marées, qui permet un rajeunissement lié au remaniement régulier des berges par le courant et aux dépôts de sédiments.

Les ourlets mixtes riverains et l’ourlet à Pétasite hybride peuvent évoluer vers la fruticée ou la saulaie riveraine puis vers la forêt alluviale de type aulnaie-frênaie-ormaie, si le régime fluvial du cours d’eau auxquels ils sont associés permet l’installation des ligneux (absence de forts courants, inondations courtes…). A l’inverse, si lors de fortes crues la lisière de la forêt alluviale recule, l’espace ainsi libéré sera certainement colonisé par les espèces des ourlets hygrophiles, dont certaines sont déjà présentes en sous-étage.

En revanche l’exploitation agricole (fauche, pâturage) des ourlets, les fait évoluer vers les cortèges spécifiques des prairies inondables pâturées ou de fauche caractérisés par une diversité spécifique plus importante et par une certaine abondance des graminées.

Espèces indicatrices

[plante2] Aegopodium podagraria, Althaea officinalis, *Angelica heterocarpa, Angelica sylvestris, Apium graveolens, (Aster x salignus), Barbarea vulgaris, Bolboschoenus maritimus var. compactus, Calystegia sepium, *Dipsacus pilosus, Galega officinalis, (Impatiens glandulifera), *Inula helenium, *Inula helvetica, *Leonurus marrubiastrum, *Lepidium latifolium, Myosoton aquaticum, Oenanthe lachenalii, *Oenanthe foucaudii, *Petasites hybridus, *Poa palustris, (Reynoutria japonica), Senecio aquaticus, (Solidago canadensis), Sonchus arvensis
[plante1] Atriplex prostrata, Bryonia dioica, Carex cuprina, Dipsacus fullonum, Epilobium hirsutum, Epilobium tetragonum, Eupatorium cannabinum, Filipendula ulmaria, Heracleum sphondylium, Humulus lupulus, Hypericum tetrapterum, Lythrum salicaria, Melilotus altissimus, Mentha suaveolens, Phalaris arundinacea, Phragmites australis, Rumex crispus, Scrophularia auriculata, Scirpus sylvaticus, Stachys palustris, Urtica dioica
[briophytes] Calliergonella cuspidata, Eurhynchium hians, Eurhynchium speciosum, Plagiomnium undulatum, Thuidium tamariscinum
[lepidopteres] Anthocharis cardamines, Araschnia levana, Lycaena dispar, Polygonia c-album
[orthopteres] Stethophyma grossum

Valeur Biologique

Les ourlets hygrophiles occupent un espace restreint sur les berges entre le cours d’eau et les milieux alluviaux riverains. Généralement fleuris à partir du mois de juin et pendant tout l’été, ils attirent de nombreux insectes butineurs et pollinisateurs.

La structure verticale et enchevêtrée des ourlets hygrophiles bordant les cours d’eau de plaine permet également aux araignées piégeuses de tisser leurs toiles à l’affût de quelques moucherons ou libellules. Les ourlets hygrophiles sont des zones de maturation et de chasse pour les libellules inféodées aux rivières.

Bien que cet habitat naturel présente un intérêt patrimonial indéniable, il est généralement dominé par quelques espèces, donc plutôt pauvre et composé d’espèces végétales relativement banales.

En revanche la communauté estuarienne à Angelica heterocarpa, héberge des espèces rares, dont l’Angélique des estuaires Angelica heterocarpa, espèce endémique de la façade atlantique Française, protégée à l’échelle nationale et européenne (Dir. Eur. 92/43/CEE), accompagnée sur les vases de la Charente et de la Gironde par l’Oenanthe de Foucaud (Oenanthe foucaudii), également protégé au niveau national.

Enfin, l’ourlet riverain à Pétasite hybride, habitat plutôt continental-montagnard ne se rencontre que très rarement dans notre région. Plusieurs plantes très rares ou en station unique en Poitou-Charentes sont strictement inféodées à l’habitat : l’Inule de Suisse (Inula helvetica), dont la présence dans le nord 16 sur les bords de l’Aume constitue une énigme biogéographique, l’Agripaume faux-marrube (Leonurus marrubiastrum) sur les rives de la Bouleur en sud 86, le Pâturin des marais (Poa palustris) en nord 86 ou encore la Cardère poilue (Dipsacus pilosus) sur les bords du Chambon en sud 79.

Menaces

Toutes les actions susceptibles de modifier le régime hydrologique des hydrosytèmes, telles que la canalisation des ruisseaux, l’enrochement, l’endiguement, les drainages agricoles, les seuils et les barrages, les pompages à vocation agricole, les aménagements de berges, l’urbanisation, sont de nature à porter atteinte à la conservation de cet habitat.

De même, la régulation des cours d’eau conduisant à diminuer la fréquence des périodes de crues n’est pas favorable à son maintien. Il s’agit également d’un habitat assez sensible à l’invasion par des espèces exogènes,
telles que la Renouée du japon (Reynoutria japonica), les
balsamines (Impatiens sp)

Cet habitat supporte en général mal les actions de gestion agricole courantes telles que la fauche et le pâturage, qui le font évoluer vers le cortège spécifique des prairies inondables.

En revanche, il s’accommode très bien des pollutions diffuses et des excès de matières azotées dans l’eau : l’eutrophisation généralisée des cours d’eau de la région favorise ainsi la transformation des mégaphorbiaies mésotrophes en ourlets hygrophiles eutrophes, avec la perte d’originalité floristique qui s’ensuit.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, les ourlets hygrophiles sont des milieux à valeur patrimoniale élevée.

Les communautés fluviales estuariennes à Angelica heterocarpa ne sont présentes qu’en Charente-Maritime, au niveau de l’estuaire de la Charente et de la Gironde.

Les ourlets hygrophiles bordant les cours d’eau de plaine sont des habitats ponctuels occupant de petites surfaces, généralement en lisière des forêts alluviales au sein des 4 départements de notre région.

L’ourlet hygrophile prend parfois la forme de nappes extensives de Grand liseron (Calystegia sepium) capables de recouvrir toute la végétation alentour.
L’ourlet hygrophile subhalophile des bordures estuariennes abrite plusieurs plantes remarquables dont, notamment, l’Angélique des estuaires (Angelica heterocarpa), espèce endémique de la façade franco-atlantique.
Le Sphinx de l’épilobe (Proserpinus proserpina) est un papillon de nuit aux mœurs… crépusculaires, dont les chenilles se développent sur divers épilobes dont, notamment, l’Epilobe hirsute (Epilobium hirsutum), une des espèces les plus fréquentes des ourlets hygrophiles.
 

Landes humides

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les landes humides se développent sur des sols pauvres en substances nutritives, très acides (pH4.5), de type podzols, sur des roches-mères variées – sables siliceux des dépôts continentaux tertiaires (Eocène), meulière issues de la silicification de marnes lacustres (Oligocène), roches cristallines et métamorphiques du socle primaire – et dans des situations topographiques diversifiées : cuvettes et dépressions au sein des grands complexes de landes, bords d’étangs oligotrophes, versants avec suintements d’eau tellurique. Dans tous les cas, une nappe d’eau, temporaire ou permanente, à fluctuations saisonnières plus ou moins marquées, est présente à faible profondeur et imprègne une partie du profil, générant la formation d’un pseudogley (voire parfois d’un gley véritable). Selon le degré d’hydromorphie du sol, le substrat est plus ou moins minéral ou organique, et entraîne des différences dans le cortège végétal : la présence de sphaignes notamment caractérise les faciès les plus fortement engorgés alors que celles-ci manquent dans les variantes moins humides.
La différenciation des landes humides se fait sur des critères à la fois climatiques et floristiques. En Poitou-Charentes, deux associations de lande humide sont présentes : la lande thermo-atlantique à Bruyère à balais, B. à 4 angles et Bruyère ciliée, et la lande mésotherme à Ajonc nain et Bruyère à balais, en dehors de l’aire régionale de la Bruyère ciliée.
Comme dans les autres types de landes, la physionomie est marquée par la dominance des chaméphytes (bruyères et Callune) et des nanophanérophytes (Erica scoparia, ajoncs), la présence systématique de la Bruyère à 4 angles étant le meilleur réactif floristique de la lande humide. Selon les faciès, la structure verticale peut toutefois varier : strate basse de 0.3 à 0.7m de hauteur pour la lande à Ajonc nain et Bruyère à 4 angles, strate moyenne atteignant 2.5m pour la lande à Bruyère à balais et Bruyère à 4 angles. Dans certaines situations (landes dégradées surtout), la dominance de la Molinie peut induire un aspect nettement herbacé alors que la présence de tapis discontinus de sphaignes, parfois bombés, caractérise les variantes les plus hygrophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance Ulicion minoris Malcuit 1929

Sous-Alliance Ulici minoris-Ericenion ciliaris (Géhu 1975) Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ulici-Ericeta tetralicis (landes humides non tourbeuses) :

  • Ericetum scopario-tetralicis (Rallet 1935) J.M.Géhu et J.Géhu 1975 (lande thermo-atlantique de répartition aquitano-ligérienne)
  • Ulici minoris-Ericetum tetralicis (Allorge 1922) Lemée 1937 emend.J.M et J.Géhu 1975 (lande atlantique mésotherme)

COR 1991

31.11 Landes humides atlantiques septentrionales

31.12 Landes humides atlantiques méridionales

31.13 Landes humides à Molinia caerulea

Directive Habitats 1992

4010 Landes humides atlantiques septentrionales à Erica tetralix

4020 Landes humides atlantiques tempérées à Erica ciliaris et Erica tetralix

Confusions possibles

La distinction entre les landes atlantiques septentrionales et méridionales n’est pas aisée, ces dernières étant avant tout caractérisées par la co-présence de la Bruyère ciliée et de la Bruyère à 4 angles, alors que dans les premières seule la Bruyère à 4 angles existe (dans ces situations, la Bruyère ciliée est reléguée dans des landes plus mésophiles où la Bruyère à 4 angles manque).
Dans les grands complexes de landes, la lande humide vient souvent en contact avec la lande mésophile : l’absence d’Erica tetralix permet alors de distinguer celle-ci de celle-là.
Dans les milieux les plus engorgés, la lande humide à sphaignes peut passer progressivement à une tourbière acide : seul l’examen du spectre biologique (balance chaméphytes / sphaignes) et de la composition floristique (poids des espèces turficoles comme Eriophorum angustifolium) permet alors de trancher.

Dynamique

Comme les landes sèches ou mésophiles, les landes humides du Poitou-Charentes résultent toutes de défrichements plus ou moins anciens suivis d’un entretien souvent pluriséculaire par la fauche (pour la litière), le pâturage et les incendies courants qui ont empêché indéfiniment la régénération de la forêt initiale. Depuis leur sortie du circuit économique agropastoral et la cessation des modalités de gestion qui assuraient leur entretien et leur pérennité, les landes humides – à l’égal des autres types de landes – sont devenues des espaces « improductifs » repris par l’évolution progressive de la végétation. De nos jours, en l’absence de rajeunissement, les landes humides ont tendance à vieillir (homogénéisation structurale et perte de diversité floristique : sur-développement de la Callune, invasion par la Molinie, la Fougère aigle) tout en étant progressivement envahies par des arbustes pionniers plus ou moins hygrophiles tels que la Bourdaine, le Saule roux, le Piment royal, voire le Pin maritime ou le Chêne pédonculé quand des porte graines existent à proximité (cas fréquent dans la région où les landes font l’objet d’enrésinements massifs). Si la prolifération des sangliers peut entraîner localement une réouverture du milieu, cela ne suffit pas toutefois à empêcher la lente restauration d’un milieu forestier qui va peu à peu faire disparaître les espèces typiques, en général strictement héliophiles.

Espèces indicatrices

[plante2] Erica ciliaris, Erica tetralix
[plante1] Agrostis canina, Calluna vulgaris, *Carex binervis, Carum verticillatum, Cirsium dissectum, Dactylorhiza maculata, Erica scoparia, *Eriophorum angustifolium, Frangula alnus, Genista anglica, *Gentiana pneumonanthe, Hydrocotyle vulgaris, Juncus acutiflorus, Lobelia urens, Molinia caerulea, *Myrica gale, *Narthecium ossifragum, Pedicularis sylvatica, Polygala serpyllifolia, Potentilla erecta, Pseudarrhenatherum longifolium, Salix atrocinerea, *Salix repens, Schoenus nigricans, Scorzonera humilis, Scutellaria minor, Serratula tinctoria, Ulex minor
[briophytes] Aulacomnium palustre, Dicranum bonjeani, Hypnum jutlandicum, Microlepidozia setacea, Rhytidiadelphus squarrosus, Sphagnum auriculatum, Sphagnum compactum, Sphagnum inundatum
[oiseaux] Sylvia undata, Circus cyaneus
[reptiles] Anguis fragilis, Vipera aspis
[lepidopteres] Carterocephalus palaemon, Celastrina argiolus, Coenonympha oedippus, Heteropterus morpheus, Maculinea alcon
[orthopteres] Chrysochraon dispar, Locusta migratoria, Pteronemobius heydenii

Statut régional

Habitat rare et très localisé, ne subsistant plus que dans les grands ensembles de landes régionaux : Double saintongeaise et charentaise, Montmorillonais, nord de Poitiers. Les autres localités, très ponctuelles, sont très menacées par le drainage et la reconversion sylvicole.
Les sites comportant encore des surfaces significatives de cet habitat ont presque tous été intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : landes des cantons de Blanzac, Montmoreau, Chalais
17 : landes de Montendre, landes de Cadeuil
86 : landes du Pinail, camp militaire de Montmorillon
79 : brandes de l’Hôpiteau, environs d’Argenton-Château

 

Landes sèches à mésophiles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les landes sèches à mésophiles occupent des sols sableux, ou sablo-argileux, oligotrophes, généralement acides à pH5 (mais la lande à Bruyère vagabonde colonise des stations peu acides, souvent en contexte calcaire), parfois podzoliques, à réserve en eau faible à moyenne sauf dans quelques variantes fraîches de l’habitat où il peut y avoir présence d’une nappe battante (présence d’un pseudogley à faible profondeur), sur des roches-mères variées : sédiments détritiques transportés depuis le Massif Central à l’Eocène dans la Double charentaise et saintongeaise (dépôts du Sidérolithique, podzols de la région de Montendre 17), épandages argilo-sableux à bancs de grès indurés des « terres de brandes » du Montmorillonnais 86, altérites sur granites roses de la vallée de l’Issoire 16, doucins sableux de la région de Cadeuil 17, argile à meulière recouvrant des marnes et des calcaires lacustres cénomaniens au Pinail 86 etc.. Les situations topographiques sont aussi très diverses – plateaux, pentes faibles, crêtes rocheuses – mais ne comprennent jamais des cuvettes qui sont en principe occupées alors par la lande humide ou tourbeuse.

Avec 8 associations végétales recensées à ce jour en PC, la variabilité régionale est importante, la différenciation typologique se faisant sur des critères à la fois édaphiques et climatiques (landes arides/sèches/fraîches, landes thermophiles/landes tempérées) alors que la reconnaissance sur le terrain s’appuie souvent sur l’espèce physionomiquement dominante. On distinguera ainsi deux landes dominées par la Bruyère cendrée Erica cinerea, une par la Bruyère vagabonde Erica vagans, deux par la Bruyère ciliée Erica ciliaris, une par la Bruyère à balais Erica scoparia et deux par des Cistacées ligneuses, l’Hélianthème en ombelle Halimium umbellatum et l’Hélianthème faux-alysson Halimium alyssoides.

En corrélation avec la diversité typologique, la physionomie est assez variable : landes rases à moyennes (20 à 80cm de hauteur) pour la majorité des faciès, mais landes hautes (jusqu’à 2m, voire 2.5m) dès que la Bruyère à balais est présente ou que la dynamique pré-forestière est active. Par ailleurs, la structure horizontale varie elle aussi beaucoup en fonction de la topographie, du stade évolutif et des facteurs anthropo-zoogènes : couverture sub-continue de chaméphytes dans les sites non perturbés ou « rajeunis » ou nappes ouvertes d’Ericacées trouées de clairières occupées par des hémicryptophytes divers, voire des cryptogames (lichens, bryophytes). Enfin, l’habitat se présente rarement isolément mais forme plutôt des mosaïques ou des séquences selon un gradient topographique par exemple avec la lande humide ou divers autres habitats oligotrophiques.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance Ulicion minoris Malcuit 1929

Sous-Alliance Ulicenion minoris Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ulici minoris-Ericeta cinereae (landes sèches atlantiques à Ulex minor) : Rubio peregrinae-Ericetum vagantis, Potentillo montanae-Ericetum cinereae, Helianthemo umbellati-Ericetum cinereae, Ulici minoris-Ericetum cinereae

Groupe d’associations Helianthemo alyssoidis-Ericeta cinereae (landes arides, thermo-atlantiques, dégradées) : Arrhenathero thorei-Helianthemetum alyssoidis

Sous-Alliance Ulici minoris-Ericenion ciliaris (Géhu 1975) Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ericeta scopario-ciliaris (landes mésophiles thermophiles) : Arrhenathero thorei-Ericetum cilaris, Scorzonero humilis-Ericetum ciliaris, Ulici minoris-Ericetum scopariae

 

COR 1991

31.23 Landes atlantiques à Erica et Ulex

31.24 Landes ibéro-atlantiques à Erica, Ulex, Cistus

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

4030 Landes sèches européennes

4030-4 Landes sèches thermo-atlantiques

4030-7 Landes atlantiques subsèches

4030-8 Landes atlantiques fraîches méridionales

Confusions possibles

Les landes sèches à Erica vagans ou Erica cinerea ne présentent guère de risques de confusion. Celles à Erica ciliaris devront en revanche être distinguées soigneusement des « landes humides méridionales » où cette espèce co-domine avec Erica tetralix. Par ailleurs, la présence d’Erica scoparia ne suffit pas à « signer » l’appartenance à la lande mésophile puisque cette espèce de grande amplitude écologique peut se rencontrer à la fois dans les landes sèches avec la Bruyère cendrée et les landes humides avec la Bruyère à 4 angles, voire même dans des manteaux méso-oligotrophes qui ne sont plus de véritables landes au sens strict du terme : dans ces cas-là, la totalité du cortège végétal doit être prise en compte pour statuer précisément sur la nature de l’habitat.

Dynamique

Contrairement à certaines landes littorales ou montagnardes, climaciques, toutes les landes de la région sont des formations secondaires résultant de l’exploitation par l’homme d’anciennes forêts acidophiles : défrichement, pâturage extensif, fauche, incendies contrôlés destinés à faire régresser les sous-arbrisseaux ligneux au profit des végétaux herbacés. Toutes ces pratiques traditionnelles ont aujourd’hui presque totalement disparu en Poitou-Charentes, hormis sur certains espaces protégés (cf Réserve Naturelle du Pinail) où elles ont été réintroduites comme outils de gestion. En l’absence de facteurs de rajeunissement, la lande sèche ou mésophile « vieillit » et se trouve envahie plus ou moins rapidement – selon la profondeur et la richesse trophique du substrat – par des espèces pré-forestières, préfigurant le stade forestier terminal de la série : des espèces pionnières comme le Prunellier, l’Ajonc d’Europe, le Genêt à balais, les ronces, le Pin maritime, voire la Bourdaine ou le Saule roux dans les variantes fraîches, précèdent ainsi l’implantation d’essences nomades telles que les chênes (C.tauzin, C.pédonculé, voire C.pubescent dans quelques cas) dont l’arrivée va précipiter l’élimination de la majorité des espèces landicoles plus ou moins strictement héliophiles.

Espèces indicatrices

[plante2] *Ajuga occidentalis, *Allium ericetorum, *Avenula sulcata, Calluna vulgaris, *Daphne cneorum, Erica ciliaris, Erica cinerea, Erica scoparia, *Erica vagans, *Gladiolus illyricus, *Halimium alyssoides, *Halimium umbellatum, Simaethis planifolia, Ulex minor, Viola lactea
[plante1] Agrostis curtisii, Agrostis tenuis, Agrostis vinealis, Arenaria montana, Asphodelus albus, Cytisus scoparius, Danthonia decumbens, Deschampsia flexuosa, Euphorbia angulata, Genista anglica, Hypericum pulchrum, Lobelia urens, Polygala serpyllifolia, Potentilla montana, Pseudarrhenatherum longifolium, Pteridium aquilinum, Quercus pyrenaica, *Scilla verna, Scutellaria minor, Serratula tinctoria, Solidago virgaurea, Succisa pratensis, Ulex europaeus, Viola canina, Viola riviniana minor
[briophytes] Campylopus introflexus, Dicranum scoparium, Hypnum cupressiforme, Hypnum jutlandicum, Polytrichum juniperinum, Scleropodium purum
[lichens] Cladonia sp.pl.
[oiseaux] Acanthis cannabina, Caprimulgus europaeus, Circus cyaneus, Sylvia undata
[reptiles] Coronella austriaca, Lacerta lepida
[lepidopteres] Clossiana dia, Ematurga atomaria, Lycophotia porphyrea, Pavonia pavonia, Xestia agathina
[orthopteres] Chorthippus binotatus, Chrysochraon dispar, Gomphocerippus rufus, Myrmeleotettix maculatus
[coleopteres] Agapanthia asphodeli

Valeur biologique

Certains faciès de l’habitat – lande aride à Avoine de Thore et Hélianthème faux-alysson, lande sèche à Hélianthème en ombelle et Bruyère cendrée, lande calcicline à Garance voyageuse et Bruyère vagabonde, lande mésophile à Avoine de Thore et Bruyère ciliée – ne sont connus dans la région que d’une poignée de stations où ils représentent des localités marginales par rapport au barycentre sud-ouest européen de leur répartition. Cet habitat abrite de nombreuses espèces végétales rares ou menacées en Poitou-Charentes – Ail des bruyères, Daphné camélée, Bruyère vagabonde, Glaïeul d’Illyrie, Hélianthème faux-alysson, Hélianthème en ombelle, Ciste à feuilles de sauge (hors littoral) – tandis que d’autres, assez répandues dans la partie sud-occidentale de la dition (Double), deviennent très rares vers le nord-est où elles fonctionnent comme des « marqueurs biogéographiques » (Avoine de Thore, Phalangère à feuilles planes, Sabline des montagnes, Violette laiteuse…).

Menaces

Comme les prairies, les landes sèches et mésophiles sont des habitats dont l’expansion au cours de la période historique est le fruit de l’action humaine et de ses animaux qui ont permis leur épanouissement et leur maintien durant des siècles à partir d’un fonds d’espèces végétales et animales préexistantes. Depuis le milieu du XXe siècle au moins, cet habitat a connu une régression spectaculaire victime d’un double mouvement d’intensification se traduisant par un défrichement de la lande et son remplacement par des cultures, ou au contraire d’abandon, les espaces de landes étant réoccupés peu à peu par des forêts maigres de chênes. De nos jours, l’habitat n’occupe plus en Poitou-Charentes que des stations relictuelles, généralement sur des surfaces réduites et, le plus souvent, dans un état de conservation médiocre à mauvais (structure atypique, cortège incomplet, absence d’espèces caractéristiques). La valorisation sylvicole – surtout enrésinement à base de Pin maritime dans la région – reste aujourd’hui, avec le défrichement pour mise en culture, le principal facteur de menace des derniers grands secteurs de landes du Poitou-Charentes.

Statut régional

Habitat très disséminé : présent surtout en sud 17 et 16 (région de la Double), dans le Confolentais 16, et dans le Montmorillonnais 86. Très rare en 79.

Les sites comportant encore des surfaces significatives de cet habitat ont presque tous été intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : landes de Touvérac, gorges de l’Issoire à St-Germain-de-Confolens.
17 : camp militaire de Bussac, landes de Cadeuil
86 : camp militaire de Montmorillon, brandes de la Pierre-là.
79 : brandes de l’Hôpiteau, environs d’Argenton-Château


 

Autres fourrés

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

On regroupe ici un ensemble d’habitats ayant la structure du fourré, c’est-à-dire essentiellement, voire uniquement, constitués d’arbustes et présentant une densité des individus qui rend le milieu difficile à pénétrer.

Il s’agit de stades pionniers évoluant vers un développement forestier, possédant une diversité végétale souvent faible, certains de ces habitats se révélant quasiment mono spécifiques (fourrés de genévriers communs, fourrés de noisetiers, fourrés de bruyère à balais….)

On trouve là, d’une manière très générale, des formations secondaires après exploitation : coupes forestières (recrus forestiers caducifoliés, pré bois de résineux), abandon du pâturage (fourrés de genévriers), friches agricoles et ou industrielles (fourrés mixtes…)

Ce sont des stades transitoires, possédant une biodiversité assez faible, recouvrant des surfaces généralement limitées (on peut relever cependant quelques exceptions comme les terrains militaires), très souvent mal considérés. « Broussailles », « friches », « fourrés », sont autant de termes à connotation péjorative pour les désigner avec, pour conséquence, d’en faire des milieux mal connus et mal renseignés.

Seule la strate des phanérogames arbustifs est développée, les annuelles sont peu présentes et la densité d’individus assure une couverture totale du sol.

En fonction de la nature du sol, de l’exposition, de l’utilisation et de la gestion qui ont précédé l’installation du fourré, on pourra trouver les végétations suivantes :

  • les fourrés de noisetiers doivent être considérés comme un faciès particulier des fourrés mésophiles au sein duquel le noisetier est dominant jusqu’à devenir parfois l’unique espèce ;
  • les recrûs forestiers caducifoliés désignent la végétation constituée par l’ensemble des pousses qui se développent sur les souches après la coupe du taillis. Seuls les essences à feuilles caduques rejettent de souche et, parmi celles-ci, certaines espèces rejettent abondamment, comme le charme ou le châtaignier, et peuvent donner des fourrés très fournis ;
  • les taillis correspondent à l’ensemble des plantes arborescentes basses formées de cépées, c’est-à-dire de bouquets de jeunes troncs partant d’une souche commune. Le taillis simple apparaît après la coupe de l’ensemble des arbres et s’apparente au recru forestier, le taillis sous futaie intéresse les espèces sciaphiles ou de demi ombre (charme et châtaignier) ;
  • le fourré mixte constitue le premier stade de recolonisation haute de forêts mélangées ; il est marqué par la prédominance de jeunes individus d’espèces forestières hautes et sa composition est fonction de l’habitat forestier climax ;
  • le prébois de résineux est le premier stade de recolonisation forestière en forêt de conifères après la coupe des arbres adultes : en Poitou-Charentes, essentiellement du Pin maritime.
  • à noter en zone littorale le possible développement excessif d’une espèce introduite, d’origine américaine, le Séneçon en arbre (Baccharis halimifolia), d’abord utilisé comme plante ornementale en raison de sa grande résistance aux embruns et qui peut par sa prolificité et sa grande capacité à rejeter de souche, constituer d’importants fourrés totalement mono spécifiques, nécessitant alors des campagnes d’arrachage. Le Baccharis est alors considéré comme plante invasive.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen 1962 : manteaux arbustifs, fruticées et haies

  • Prunetalia spinosae Tüxen 1952 : communautés des sols carbonatés ou plus ou moins désaturés

CYTISEA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975 : fourrés dominés par des Fabacées, sur sols profonds et acides

QUERCO ROBORIS-FAGETEA SYLVATICAE Br.-Bl. & Vlieger 1937 : forêts tempérées caducifoliées

COR 1991

31.8 C Fourrés de noisetiers

31.8 D Recrus forestiers caducifoliés

31.8 E Taillis

32.8 F Fourrés mixtes

32.8 G Fourrés de conifères

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Ces fourrés peuvent être difficiles à identifier précisément, entre autre dans les premières années de leur installation, celles qui suivent la réalisation des coupes forestières.

Ce n’est toutefois pas le cas pour les prébois de résineux.

Dynamique

Elle est spontanée et importante pour l’ensemble de ces fourrés. Sans intervention humaine, on peut estimer de 15 à 30 ans la « durée de vie » de ces habitats avant de retrouver à nouveau le stade forestier.

Espèces indicatrices

[plante2] Acer campestre, A. monspessulanus, (Baccharis halimifolia), Carpinus betulus, Castanea sativa, Clematis vitalba, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Cytisus scoparius, Euonymus europaeus, Hedera helix, Juniperus communis, Ligustrum vulgare, Lonicera periclymenum, L. xylosteum, Pinus pinaster, Quercus ilex, Q. petraea, Q. pubescens, Q. pyrenaica, Q. robur, Rubus fruticosus, Rosa canina, Salix caprea, Sambucus nigra, Ulex europaeus
[plante1] Deschampsia flexuosa, Fraxinus excelsior, Rubia peregrina, Pteridum aquilinum
[briophytes] Eurhynchium praelongum, Plagiomnium undulatum, Pseudoscleropodium purum, Thuidium tamariscinum

Valeur biologique

Ces habitats présentent une valeur patrimoniale régionale faible ; cependant, parce qu’ils peuvent constituer des milieux refuge pour diverses espèces animales – oiseaux, reptiles ou mammifères – ils peuvent parfois, localement, présenter un intérêt non négligeable.

Toujours dans une approche locale, ces milieux peuvent participer à la mise en place de liaisons de biodiversité lors de la réalisation des trames vertes et bleues.

Menaces

Ces habitats ne sont véritablement menacés dans notre région.
Ils sont dédaignés ou au pire mal considérés par le grand public, ce qui peut entraîner parfois leur éradication.

Très localement, les déprises qu’elles soient industrielles ou agricoles favorisent leur installation.


Le Noisetier (Corylus avellana) (chaton de fleurs mâles, à g.) forme parfois une strate de fourrés subcontinue sous les arbres de haut jet comme ici dans cette forêt après une coupe sélective (à dr.)

Statut régional

L’habitat est répandu sur l’ensemble de la région.


Le pré-bois de résineux n’est pas une formation spontanée en Poitou-Charentes : il se développe en général à proximité immédiate des grandes plantations de Pin maritime qui caractérisent les secteurs sableux ou siliceux de la région (littoral, Double charentaise). A la faveur de perturbations anthropiques, comme ici dans un ancien déblai créé il y a 30 ans lors de la construction de l’autoroute A10, d’autres conifères nomades, comme le Pin sylvestre, peuvent se mêler aux pins maritimes.