Friches rudérales vivaces nitrophiles

Rédacteur : Anthony Le Fouler

Physionomie – écologie

On regroupe sous cette appellation des formations herbacées hautes de 1-2 mètres, souvent dominées par les bardanes (Arctium minus, Arctium lappa), la Berce commune Heracleum sphondylium ou le Sureau yèble Sambucus ebulus. Comme tout type de végétation de friche, elles colonisent des milieux anthropiques : villes et villages, jardins, terrains vagues, décombres, décharges, bordure des chemins ruraux. Les 2 sous-types classiquement reconnus en France sont présents en Poitou-Charentes :

– l’Arctienion lappae, qui comprend au moins 6 associations différentes, correspond aux friches mésohydriques dominées par les bardanes ou la Berce commune. Ces formations végétales affectionnent plus volontiers des lieux un peu ombragés et des sols frais et riches en nitrates. La végétation y est structurée en proportion équivalente par des plantes annuelles, des bisannuelles et des vivaces. Certaines d’entre elles sont capables de produire un grand nombre de graines à longévité importante et sont de ce fait particulièrement adaptées à un régime de perturbation élevé. Il s’agit de formations peu colorées, à structure hétérogène, où les grandes feuilles des bardanes se mêlent aux nappes de Grande ortie Urtica dioica et d’où émergent les hautes tiges de Cardère Dipsacus fullonum ou de diverses ombellifères (Anthriscus sylvestris, Pastinaca urens, Conium maculatum) qui subsistent sous forme de hampes sèches jusqu’en plein hiver. Grâce à l’immense taille de leurs feuilles (jusqu’à 1 m de largeur et de longueur), les bardanes passent rarement inaperçues et la traversée de leurs peuplements en automne ne laisse personne indifférent lorsque les bractées crochues de leurs capitules mûrs s’accrochent alors au moindre vêtement et toute toison. Cet exemple classique d’épizoochorie permet aux akènes de bardanes de réaliser d’importants déplacements et de coloniser sans cesse de nouveaux milieux au fur et à mesure de leur destruction (il s’agit souvent de milieux instables).
Ces friches à hautes herbes sur sol eutrophe sont un haut lieu d’implantation de la Renouée du Japon Reynoutria japonica et Reynoutria x bohemica, son hybride avec la Renouée de Sakhaline Reynoutria x sachalinensis. Ces plantes originaires d’Asie et introduites comme plantes ornementales et fourragères, se sont naturalisées et largement propagées en Poitou-Charentes au cours du XXème siècle grâce à l’absence de phytophages spécifiques et à leur forte capacité de multiplication végétative à partir de fragments de tige ou de rhizome. Elles forment par endroits de vastes peuplements monospécifiques dégradant les berges des cours d’eau par leur rhizome traçant sur plusieurs mètres. Une lutte se met peu à peu en place à l’aide de méthodes expérimentales.

– le Sambucenion ebuli, lié aux sols plus secs et de préférence calcaires, parfois en pleine lumière, ne comprend qu’une seule association végétale. Cette communauté est dominée par le Sureau yèble Sambucus ebulus, une plante vivace à l’allure de petit arbrisseau, dont le rhizome rampant vivace produit de nombreuses tiges annuelles formant des colonies denses très caractéristiques.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • ARTEMISIETEA VULGARIS Lohmeyer, Preising & Tüxen 1951 : végétation rudérale, anthropogène, nitrophile à dominance d’espèces vivaces
    • Arction lappae Tüxen 1937 : communautés planitiaires vivaces
      • Arctienion lappae Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : communautés mésophiles à méso-hygrophiles
      • Sambucenion ebuli O.Bolòs & Vigo in Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : communautés mésophiles à méso-xérophiles

COR 1991

  • 87.1/87.2 Friches vivaces à hautes herbes bisannuelles sur sol eutrophe

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc

Confusions possibles

La friche à Sureau yèble ne peut être assimilée à aucun autre habitat. Les friches à bardanes et Berce commune peuvent être confondues avec des groupements voisins de la classe des GLECHOMO-URTICETEA (ourlets vivaces nitrophiles, objets d’une fiche séparée) : les ourlets externes de l’Aegopodium podagraria et les ourlets internes de l’Alliarion petiolatae. Tous ces habitats affectionnent un sol frais et riche en nitrates. Ils ont en commun la Grande ortie Urtica dioica, la Benoîte commune Geum urbanum, le Lierre terrestre Glechoma hederacea, le Lamier blanc Lamium album. La distinction se base sur le niveau de perturbation (les ourlets sont plus stables que les friches), l’exposition lumineuse et la présence/absence des espèces caractéristiques.

Dynamique

Espaces de transition, les friches rudérales s’installent sur des espaces pionniers nitrophiles ou des prairies riches et abords herbacés abandonnés. Leur non-entretien aboutit, suivant une
dynamique spontanée, à l’installation de ligneux, notamment de
l’ormaie rudérale avec l’Orme champêtre et le Cornouiller sanguin, mais aussi des espèces opportunistes comme l’Arbre à papillons Buddleja davidii ou encore nitrophiles comme le Sureau hièble.

Espèces indicatrices

[plante2] Arctium lappa, Arctium minus, Ballota nigra, Conium maculatum, Heracleum sphondylium, Rumex obtusifolius, Sambucus ebulus
[plante1] Acer pseudoplatanus, Aegopodium podagraria, Aehtusa cynapium ssp.elata, Alliaria petiolata, Anthriscus sylvestris, (Artemisia verlotiorum), Artemisia vulgaris, Borago officinalis, Brachypodium sylvaticum, Bryonia alba, (Buddleja davidii), Chaerophyllum temulum, Chelidonium majus, Cirsium arvense, Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Geranium pyrenaicum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Hedera helix, Lactuca serriola, Lamium album, Lamium maculatum, Malva sylvestris, Pastinaca urens, (Reynoutria japonica), (Reynoutria x bohemica), Rubus caesius, Urtica dioica, Viola odorata
[champignons] Lepista personata, Leucoagaricus bresadolae

Valeur biologique

La flore des friches à bardanes et Sureau yèble est relativement banale car les plantes qui la composent présentent une large répartition géographique et transgressent dans d’autres habitats. A noter que dans les départements de la Vienne et de la Charente-Maritime, la Grande Bardane Arctium lappa est une espèce déterminante pour la désignation des Z.N.I.E.F.F. Plus qu’une valeur biologique intrinsèque, ces friches rudérales vivaces nitrophiles constituent des habitats d’espèces. Le cortège abrite de nombreuses plantes entomogames attirant en été de nombreux insectes à la recherche de nectar. Le développement tardif de cette communauté végétale est à favoriser pour permettre notamment à des espèces d’insectes de se reproduire (fonction de gîte et de couvert).

Ce sont aussi des habitats refuges et des corridors de déplacement d’un milieu à l’autre pour l’avifaune, les micromammifères, les hérissons et petits mustélidés. Par conséquent ils peuvent devenir des foyers de ressource alimentaire pour des prédateurs et des territoires de chasse, notamment pour les rapaces.

Menaces

Ces friches nitrophiles des milieux frais délaissés ne seraient menacées que par un entretien drastique de l’espace rural. La floraison et la fructification tardives de ses espèces caractéristiques nécessitent un entretien également tardif, à l’automne, afin de permettre aux espèces d’assurer leur cycle de reproduction.

C’est aussi valable pour la faune associée qui apprécie, notamment le long des routes et chemins, de pouvoir s’y réfugier, s’y déplacer, voire de s’y reproduire. Les friches et autres espaces délaissés constituent toujours des habitats refuge à prendre en compte.

Statut régional

L’habitat est bien représenté sur l’ensemble du territoire concerné, le long des chemins, sur les espaces urbains et ruraux délaissés, toujours à proximité de la fréquentation humaine.

 

Lieux piétinés secs

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La végétation qui constitue cet habitat est capable à la fois de supporter l’extrême tassement du sol, qui devient alors asphyxique, et de résister au surpiétinement de ses organes végétatifs. L’aspect de ce type de végétation diffère en fonction de l’importance du tassement. Ainsi cet habitat se présente sous la forme d’un tapis ras, plaqué au sol, composé d’un mélange d’espèces végétales de faible taille, annuelles et vivaces, à racines pivotantes, en rosette (plantains, P. major, P. coronopus), en touffe (Pâturin annuel Poa annua), traçante (Renouée des oiseaux Polygonum aviculare) ou couvrante (Mauve commune Malva neglecta). La végétation des lieux piétinés se rencontre principalement au niveau des chemins ruraux d’exploitation avec notamment la Matricaire odorante Matricaria discoidea (sur les bords et au milieu), mais aussi dans l’étroit espace de transition entre le bitume et la banquette herbeuse des bords de route tassé par les roues des voitures qui débordent légèrement de la chaussée, au pied des arbres dans les villes et les villages, ou encore sur les trottoirs non goudronnés. Par ailleurs, la moindre fissure du bitume des trottoirs et des routes des agglomérations peut permettre l’expression de cet habitat, avec par exemple l’apparition de touffes de Pâturin annuel Poa annua ou de Herniaire velue Herniaria hirsuta entre le bitume et le pied des murs.

Cet habitat se rencontre également au sein des pelouses urbaines des parcs et jardins régulièrement tondues et très fréquentées. Les espèces végétales sont ici accompagnées par le semis de départ composé de graminées (Lolium perenne, Festuca sp., Poa pratensis…). Ce type de pelouse parfois pelé, laissant apercevoir la terre nue aux endroits les plus tassés (lieu surfréquenté) est en générale pauvre en espèces. En effet, seules quelques espèces de graminées (semis de départ) assurent la majorité du recouvrement.

Les bords de chemins, les parkings et les sols stabilisés en graviers sur sols sableux voient se développer un faciès de cet habitat avec une dominance d’Eragrostis minor accompagné parfois par la Sagine apétale Sagina apetala.

Enfin, les prairies temporaires récemment semées et les prairies surpâturées sont également des milieux propices au développement de la végétation des lieux piétinés. Ces prairies se caractérisent en général par une abondance de Patience élégante Rumex pulcher souvent accompagnées de Pâquerette Bellis perennis, du Trèfle rampant Trifolium repens et de l’Achillée millefeuille Achillea millefolium.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • POLYGONO ARENASTRI-POETEA ANNUAE Rivas Mart. 1975 corr.Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées
    • Polygono arenastri-Coronopodion squamati Braun-Blanq. Ex G.Sissingh 1969 : communautés eurosibériennes estivales
    • Polycarpion tetraphylli Rivas-Martinez 1975 : communautés méditerranéennes occidentales pré-estivales à irradiation thermoatlantique

COR 1991

  • 87.2 – Végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées (POLYGONO-POETEA)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

La confusion n’est en général pas possible. Néanmoins, comme détaillé dans le paragraphe précédant, ce type de végétation peut se rencontrer au sein d’une formation végétale (prairies, gazons). Cet habitat est également proche des friches rudérales annuelles, stade dynamique suivant par arrêt du piétinement.

Dynamique

L’arrêt du piétinement et du désherbage périodique va permettre à cet habitat de s’enrichir des espèces des friches rudérales annuelles. C’est la première étape du cheminement vers les friches à hautes herbes du Dauco-Melilotion et, au bout de nombreuses années d’évolution, si la gestion et le type de sol sont adaptés, vers les prairies mésophile de fauche riches en fleurs

Valeur biologique

Il s’agit d’une végétation pionnière colonisatrice des espaces urbains pour l’instant impropres à l’installation de toutes autres formations végétales. Elle participe donc souvent à la biodiversité ordinaire des villages et des agglomérations qui ont malgré tout bien du mal à lui accorder une petite place (le désherbage quasi-systématique est de rigueur).

En absence de désherbage, les processus biologiques de dégradation de la matière organique issue de cette végétation pionnière, conduisent à la formation d’humus superficiel (parfois par-dessus le bitume ou le béton) qui prépare l’installation d’autres espèces végétales. Par ailleurs les espèces végétales de cet habitat participent à l’aération et la restructuration des sols grâce à leurs racines qui jouent un rôle de décompactage des sols au moins en superficie.

Espèces indicatrices

[plante2] Capsella bursa-pastoris, Coronopus squamatus, (Coronopus didymus), Crassula tillaea, Eragrostis minor, Erophila verna, (Euphorbia maculata), Hernaria glabra, Lepidium ruderale, Malva neglecta, Matricaria discoidea, Poa annua, Poa infirma, Polygonum aviculare, Polycarpon tetraphyllum, Plantago coronopus, Plantago major ssp. major, Portulaca oleracea, Sagina apetala, Spergularia rubra, Trifolium suffocatum.
[plante1] Achillea millefolium, Bellis perennis, Cynodon dactylon, Rumex pulcher, Sagina procumbens, Sporobolus indicus, Trifolium repens
[briophytes] Barbula convoluta, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Pseudocrossidium hornschuchianum
[orthopteres] Oedipoda caerulescens
[champignons] Panaeolus foenisecii, Psathyrella lacrymabunda, Russula pectinatoides, Scleroderma cepa, Scleroderma polyrrhizum, Vascellum pratense

Menaces

Sur les trottoirs des villes et les allées des parcs ou des cimetières, cette végétation est régulièrement détruite, soit par des moyens mécaniques (binage, arrachage…), soit par des moyens chimiques (désherbants). Cet habitat présente néanmoins un fort pouvoir de recolonisation par les plantes annuelles et n’est donc absolument pas menacé.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est très fréquent. On le rencontre principalement au sein des agglomérations, sur les trottoirs, les allées et les pelouses urbaines des espaces verts, mais aussi au sein des prairies surpiétinées.

Pelouse des lieux hyperpiétinés

Chiendent dactyle Cynodon dactylon

Grand Plantain Plantago major et Plantain corne-de-cerf Plantago coronopus

Végétation des bords de route

 

Friches rudérales pluriannuelles mésophiles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les friches rudérales pluriannuelles mésophiles, communément dénommées friches à hautes herbes, sont généralement localisées sur les talus des bords de routes, les vieilles jachères (plus 3 ans au moins) et les friches ouvertes périurbaines. Elles sont composées de nombreuses vivaces et bisannuelles (hémicryptophytes). Elles présentent donc une strate herbacée relativement haute (environ 1 mètre) qui domine un tapis herbacé bas. La terre nue y est relativement rare ce qui ne permet plus aux adventices et plantes messicoles annuelles de s’y développer en grande abondance.

Ce type de friche semble indifférent à la nature des sols. Il se développe aussi bien sur sols calcaires, argileux ou sableux. Plusieurs faciès peuvent être observés en Poitou-Charentes :

  • les friches à carottes et Picris hieracioides, sur sols neutres à basiques où la Picride et la Carotte sauvage, particulièrement abondantes, donnent son aspect à l’habitat.
  • les friches sur sols sableux à Viperine Echium vulgare, molènes Verbascum sp. et onagres Oenothera sp..
  • les friches des bords de route avec une certaine abondance du Fromental Arrhenatherum elatius, de l’Armoise Artemisia vulgaris et, plus rarement dans notre région, de la Tanaisie Tanacetum vulgare.

En automne et en hiver, lorsque l’habitat n’est pas fauché, les restes secs de l’armoise, de la carotte ou encore des molènes persistent au sein d’une nappe de graminées sèches couleur paille généralement plus basse.

A l’inverse, la fauche fréquente des friches pluriannuelles mésophiles contraint les espèces vivaces et bisannuelles à un stade végétatif bas, sous la forme de rosettes et peut donner à l’habitat l’aspect de pelouses entretenues, type gazon. Ainsi la gestion différenciée appliquée aux pelouses des espaces verts urbains ou des pelouses de jardins particuliers habituellement tondus tous les quinze jours permet généralement l’expression d’une friche à hautes herbes, parfois plus ou moins proche d’un stade plus évolué : les prairies mésophiles de fauche à Fromental.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • ARTEMISIETEA VULGARIS Lohmeyer, Preising et Tüxen ex von Rochow 1951
    • ONOPORDETALIA ACANTHII Braun-Blanq. & Tüxen ex Klika in Klika & Hadač 1944
      • Dauco carotae-Melilotion albi Görs 1966 : communautés subouvertes de hautes herbes, non thermophiles, de substrats grossiers, souvent rapportés

COR 1991

87.1 x 87.2 Friches moyennement sèches à hautes herbes (carottes, mélilots, onagres) sur sols pauvres

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Les confusions peuvent exister lorsqu’il y a persistance de quelques espèces d’autres types de friches de stades dynamiques différents, tels que les friches rudérales thermophiles (chardons) et les friches rudérales annuelles (adventices nombreuses). On peut
également parfois confondre cet habitat avec son stade dynamique postérieur, les prairies mésophiles de fauche, dont il partage quelques espèces comme, par exemple, le Fromental Arrhenatherum elatius.

Dynamique

La dynamique des friches rudérales pluriannuelles mésophiles va dépendre de la fréquence et du type de fauche réalisés.

La fauche tardive avec exportation de la matière va entraîner un appauvrissement du sol qui va être propice à son évolution vers le stade des prairies mésophiles de fauche. Généralement, les jachères et les bords de route sont broyés sans que la matière issue de la coupe ne soit exportée ce qui a tendance à maintenir l’habitat au stade de la friche à hautes herbes.

En revanche l’abandon de la fauche conduit l’habitat au boisement. La friche laisse alors assez rapidement la place à l’ormaie rudérale.

Si le sol est légèrement décapé (tonte trop rase, passage de la herse-étrille), les stades régressifs peuvent alors se développer avec l’apparition des chardons et/ou des adventices et plantes messicoles annuelles.

Espèces indicatrices

[plante2] Artemisia vulgaris, Cichorium intybus, Daucus carota, Echium vulgare, Hypericum perforatum, Linaria vulgaris, Pastinaca sativa, Picris hieracioides, Malva sylvestris, Melilotus officinalis, Melilotus albus, Oenothera sp., Reseda lutea, Reseda luteola, Senecio jacobaea, Tanacetum vulgare, Tragopogon porrifolius subsp. porrifolius, Verbascum thaspsus, Verbascum pulverulentum, Verbena officinalis
[briophytes] Eurhynchium hians, Eurhynchium stokesii, Plagiomnium undulatum
[champignons] Agaricus arvensis, Agaricus bitorquis, Agaricus romagnesii, Volvariella gloiocephala, Volvariella murinella
[mammiferes] Lepus europaeus, Oryctolagus cunniculus
[oiseaux] Alectoris rufa, Burhinus oedicnemus, Carduelis cannabina, Carduelis carduelis, Phasianus colchicus, Tetrax tetrax
[reptiles] Coluber viridiflavus, Lacerta viridis
[orthopteres] Euchorthippus declivus, Meconema thalassinum, Oecanthus pellucens, Phaneroptera falcata, Platycleis albopunctata, Platycleis tessellata, Tettigonia viridissima
[lepidopteres] Iphiclides podalirius
[coleopteres] Graphosoma italicum
[mollusques] Helicella itala

Valeur biologique

En été, ce type d’habitat est particulièrement riche en insectes et notamment en orthoptères, qui peuvent être parfois relativement abondants. Ces friches constituent alors de véritables réservoirs alimentaires pour l’avifaune de plaine et/ou urbaine (oedicnème, perdrix, outarde, pouillot, rouge-gorge …). Lorsque ces friches se rapprochent de la composition spécifique des prairies mésophiles, il arrive qu’elles soient riches en fleurs et donc attractives pour de nombreux insectes butineurs (syrphes, papillons, abeilles sauvages et domestique…). Par ailleurs il n’est pas rare de voir chasser des oiseaux de proie tels que le faucon crécerelle à la recherche de quelques micro-mammifères parfois abondants au sein de ce type d’habitat.

Le maintien de la population d’Outarde canepetière, espèce menacée à l’échelle européenne, tout comme l’Oedicnème criard, en Poitou-Charentes, dépend étroitement de celui des jachères dans le paysage agricole intensif.

Menaces

Les friches à hautes herbes ne sont pas particulièrement menacées. Cependant la promotion des agro-carburants, rendant obsolète le seuil de 10% de gel agricole obligatoire, porte un coup fatal au maintien des jachères dans les plaines agricoles. Ainsi, certaines vieilles jachères jusqu’alors inexploitées risquent d’être labourées pour les besoins de l’agriculture intensive.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est très fréquent. On le rencontre principalement au sein des vieilles jachères des plaines agricoles, des friches périurbaines, des espaces verts urbains et des bords de route.

 

Friches rudérales pluriannuelles thermophiles

Rédacteur : David Suarez

Physionomie – écologie

Cet habitat se présente sous la forme d’une friche herbacée plus ou moins dense, dont la physionomie est marquée par l’abondance d’espèces végétales bisannuelles hautes et souvent épineuses, accompagnées en sous-strate par un mélange discontinu d’annuelles et de vivaces plus basses.

Ces friches se développent sur des sols récemment remués, secs et bien éclairés, généralement sur terrains calcaires et/ou caillouteux bien drainés : zones remaniées par des travaux de terrassement (constructions de routes, extension de l’urbanisation…), talus routiers, de voie ferrée, sites industriels, abords des carrières, cultures abandonnées, terrains « vagues »… C’est un groupement pionnier et fugace qui ne subsiste guère plus de 3-4 ans, rapidement remplacé par des fourrés à ronces et prunelliers du Pruno-Rubion fruticosi ou par des prairies mésophiles en cas de fauche régulière. Le cortège végétal y est souvent très diversifié : composées épineuses (Carduus, Carthamus, Eryngium, Cirsium), mélilots, molènes, onagres, accompagnés par des adventices issues d’autres continents pouvant parfois se montrer localement envahissantes (Ambrosia artemisiifolia, Datura ssp, Senecio inaequidens…). Parfois quelques annuelles à affinité plutôt messicoles peuvent y trouver refuge, lorsque la végétation n’est pas trop dense (Iberis amara, Papaver rhoeas, Ajuga chamaepitys). Cette diversité floristique attire de nombreux insectes butineurs, qui trouvent ici une réserve de nourriture qui peut s’avérer précieuse en zone urbaine.

En Poitou-Charentes, ces friches sont présentes un peu partout, souvent en périphérie des grandes agglomérations comme Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Niort… où elles apparaissent et disparaissent çà et là, au gré des nombreux remaniements d’origine anthropique et de leur dynamique évolutive rapide.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance : Onopordion acanthii Br.-Bl, Gajewski, Wraber Walas 1936

COR 1991

87.1 Friches sèches à grands chardons et molènes sur sols très riches en azote

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Non retenu

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu principalement avec les autres types de friches que l’on peut rencontrer sur les terrains remaniés : friches rudérales pluriannuelles mésophiles du Dauco-Melilotion albi sur sols plus riches et à dominante de vivaces, friches rudérales vivaces nitrophiles de l’Arction lappae, sur sol profond et très riche en azote… La différenciation n’est pas toujours aisée, car ces différentes friches sont parfois en contact direct. Un groupement pionnier à annuelles (Sisymbretea) se développe sur les terrains nus avant l’apparition des friches, et continue d’exister ensuite par place dans les zones dénudées au sein de celles-ci, formant une mosaïque plus ou moins complexe en fonction des différents stades d’évolution.

Dynamique

Ce groupement succède aux friches rudérales à annuelles des Sisymbretea, pionnières des sols secs remaniés. Lorsque les terrains sur lesquels il se développe ne sont pas entretenus, les ronces se montrent rapidement envahissantes et l’on passe alors aux fourrés du Pruno-Rubion fruticosi. Des arbustes apparaissent ensuite, comme le Prunellier Prunus spinosa, le Fusain d’Europe Euonymus europaeus, le Sureau noir Sambucus nigra, le Budleya Budleja davidii, puis des arbres : Orme champêtre Ulmus minor, Robiniers Robinia pseudaccacia… Une ormaie rudérale achève ainsi la dynamique naturelle.

En cas de fauche régulière, des graminées vivaces font leur apparition, et la structure de la végétation se densifie : on passe alors à une friche graminéenne sèche du Falcaro-Poaion, puis à une prairie de fauche.

Espèces indicatrices

[plante2] Althaea cannabina, Artemisia absinthium, Carduus nutans, Carthamus lanatus, *Centaurea calcitrapa, Cichorium intybus, Cirsium eriophorum, Cynara cardunculus, *Cynoglossum creticum, Cynoglossum officinale, Dipsacus fullonum, *Ecballium elaterium, *Echium asperrimum, Echium vulgare, *Galactites elegans, *Hyoscyamus niger, Lactuca viminea, *Lavatera cretica, Marrubium vulgare, *Nepeta cataria, Onopordum acanthium, Pastinaca sativa, Picris echioides, Rapistrum perenne, *Scolymus hispanicus, Silybum marianum, *Stachys germanica, Verbascum blattaria, Verbascum densiflorum, Verbascum lychnitis, Verbascum phlomoides, Verbascum floccosum, *Verbascum sinuatum, Verbascum thapsus, Verbascum virgatum
[plante1] Artemisia vulgaris, Amaranthus deflexus, Anchusa italica, (Artemisia verlotiorum), Cirsium arvense, Cirsium vulgare, (Conyza sumatrensis), Daucus carota, Diplotaxis tenuifolia, Euphorbia lathyris, Hypericum perforatum, Lactuca scariola, Malva sylvestris, (Oenothera biennis), Orobanche amethystea, Picris hieracoides, Reseda lutea, *Scorzonera laciniata, (Senecio inaequidens), Silene latifolia subsp. alba, *Sisymbrium austriacum, Tordylium maximum
[briophytes] Barbula unguiculata, Brachythecium rutabulum, Dicranella varia, Hypnum cupressiforme, Hypnum lacunosum, Phascum cuspidatum, Pottia davalliana, Pottia intermedia, Pottia lanceolata, Scleropodium purum
[oiseaux] Chardonneret élégant (Carduelis carduelis)
[champignons] Coprinus comatus, C. micaceus

Valeur biologique

Cet habitat très commun dans la région ne présente pas de valeur biologique majeure. Néanmoins, la gamme étendue de substrats sur lesquels il se développe peut parfois permettre l’installation d’espèces végétales plus rares, issues d’autres groupements pionniers. C’est le cas de certaines plantes adventices des cultures (messicoles), qui, suite à l’utilisation massive d’herbicides, trouvent ici un habitat de substitution. Cependant, l’apparition de ces espèces est souvent fugace, puisqu’il s’agit souvent d’annuelles qui ne supportent pas longtemps la densification rapide de la végétation. Dans notre région, située au croisement de plusieurs influences climatiques, notamment méditerranéenne, l’extension de l’aire de répartition de certaines espèces s’effectue souvent le long des grandes voies de communication (voies ferrées, grandes routes…), via les friches installées sur leurs talus. Cette colonisation existait déjà du temps des romains. La grande diversité floristique qui le caractérise attire de nombreux insectes butineurs, parmi lesquels on peut parfois observer des lépidoptères peu communs.

Menaces

Cet habitat n’est pas menacé en Poitou-Charentes, puisqu’il est bien présent un peu partout, notamment en périphérie urbaine. Par contre, les surfaces occupées ainsi que leur localisation sont changeantes, puisque ce groupement lié aux terrassements et remaniements de terrains reste fugace, victime de sa propre dynamique naturelle.

Statut régional

Habitat commun partout en Poitou-Charentes, notamment aux abords des grandes agglomérations.

Les Astéracées épineuses sont en général bien représentées dans les friches thermophiles.

Les molènes comptent parmi les végétaux les plus spectaculaires des friches thermophiles.

 

Pavements

Rédacteur : Guy Chezeau

Physionomie – écologie

Cet habitat est formé d’un tapis végétal ras discontinu occupant les espaces présents entre les pavés au sol ou dans les fissures d’autres types de revêtements durs. Il s’agit d’un milieu soumis à un piétinement et ou à un roulage intenses. Le sol n’est pas véritablement développé mais simplement constitué d’éléments plus ou moins décomposés, toujours enrichis en azote et mélangés à la terre ou au sable qui ont servis à sceller les pavés lors de leur mise en place.

Ces derniers sont constitués de matériaux la plupart du temps allochtones (granite, grès reconstitué, dalles de calcaire ou de ciment….). Les conditions de vie au niveau de ces microhabitats sont sévères : gorgés d’eau après une pluie, arides en période de sécheresse, soumis à des désherbages fréquents, ils ne peuvent être colonisés que par un faible nombre d’espèces.

Parmi les hémicryptophytes, l’espèce la plus représentée est la Sagine rampante, accompagnée de quelques thérophytes comme le Pâturin annuel auxquels se joignent des mousses du genre Bryum, l’ensemble constituant une végétation à faible recouvrement.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Saginion procumbentis Tüxen Ohba in Géhu, Richard Tüxen 1972

Communautés eurosibériennes, mésophiles à mésohygrophiles, dans les interstices des pavés, riches en Bryophytes pionniers.

Polycarpion tetraphylli Rivas-Martinez 1975

Communautés méditerranéennes occidentales, pré-estivales, à irradiation thermoatlantique.

COR 1991

86 p.p. Villes et villages

Confusions possibles

Un groupement végétal est très voisin et montre la plupart des mêmes espèces. Il s’agit du Polygono arenastri – Coronopodion squamati Br.-Bl. correspondant à la végétation des pelouses urbaines très piétinées et négligées. Cependant, l’absence des pavés permettra d’éviter la confusion.

Dynamique

Il n’y a pas de dynamique naturelle sauf cas exceptionnel lié à l’abandon avec arrêt du piétinement.

Espèces indicatrices

[plante2] Sagina procumbens
[plante1] (Euphorbia maculata), Poa annua, Plantago major ssp.major, Polycarpon tetraphyllum, Polygonum aviculare, Portulaca oleracea, Sagina apetala, Saxifraga tridactylites, *Tragus racemosus, *Tribulus terrestris, Verbena officinalis
[briophytes] Barbula convoluta, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Lunularia cruciata, Marchantia polymorpha
[lichens] Collema tenax

Valeur biologique

Ce type d’habitat ne renferme en général pas d’espèce végétale patrimoniale (sauf dans certaines localités du littoral 17 où peuvent apparaître des espèces thermophiles comme la Croix-de-Malte Tribulus terrestris) ; c’est un milieu pratiquement azoïque, les pavés même disjoints ne permettant pas l’installation d’espèces animales. Sa valeur biologique reste donc faible.

Menaces

Le Saginion procumbentis correspond à une communauté qui n’a jamais été banale ni répandue en Poitou-Charentes, les pavements ne constituent pas, en effet, une technique très utilisée dans les cours de ferme ou les chemins sur des sols qui restent filtrants et sèchent rapidement.

Les pavements modernes sont parfaitement ajustés et ne laissent place à aucune espèce végétale, on peut donc souhaiter que les rares pavements anciens encore rescapés soient conservés en l’état.

Statut régional

Ces milieux n’ont fait l’objet d’aucun inventaire en région, ils sont par conséquent mal connus. On peut cependant estimer qu’ils subsistent essentiellement en milieu urbain.

 

Ruines et vieux murs

Rédacteur : Guy Chezeau

Physionomie – écologie

Ces habitats créés par l’homme sont artificiels, cependant un abandon prolongé leur confère des analogies importantes avec les milieux rocheux naturels. Si la nature du substrat ne joue qu’un rôle limité, l’exposition et surtout le nombre et l’importance des anfractuosités constituent des facteurs primordiaux conditionnant la nature de la végétation et la présence d’une faune conséquente. La proximité géographique ou historique des activités humaines a pour conséquence un enrichissement de ces milieux en azote. L’épaisseur relativement faible du mur détermine des variations de température qui peuvent être assez brutales en fonction des conditions météorologiques mais aussi de l’exposition. Ceci explique en partie l’importance que prennent les Cryptogames dans la végétation : lichens, mousses et fougères. Les plantes à fleurs sont représentées par des thérophytes (pâturin, cardamine…), des hémicryptophytes (pariétaire) et des chaméphytes herbacés (cymbalaire, giroflée) ou succulents (sedum), toutefois lorsque les trous et fissures sont suffisamment importants peuvent se développer des phanérophytes notamment des lianes (lierre) voire des arbustes (figuier). Le recouvrement est très variable, de 10 à 20% en général, il peut atteindre plus de 50% lorsque des lithophytes de type lichens et mousses se développent en utilisant leurs proprietés de reviviscence.

On pourra distinguer entre d’une part les facades très chaudes et ensoleillées des murs riches en lithophytes et en chasmophytes appartenant à la classe des Asplenietea trichomanis, abritant la majeure partie de la faune et d’autre part les facades plus humides avec mousses et fougères de la classe des Parietarietea judaicae.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Communautés nitrophiles, seules présentes en ville :

PARIETARIETEA JUDAICAE Rivaz-Martinez in Rivaz Goday 1964

Syn. : Cymbalario-Parietarietea diffusae Oberdorfer, Görs, Korneck, Lohmeyer, Müller, Philippi Seibert 1967 nom. nud. (atr. 2B, 8)

Parietarietalia judaicae Rivaz-Martinez ex Rivaz Goday 1964

Communautés vivaces non nitrophiles

ASPLENIETEA TRICHOMANIS (Br.-Bl. In Meier Br.-Bl. 1934) Oberdorfer 1977

COR 1991

86.1 Villes

86.2 Villages

Confusions possibles

L’artificialité de ces habitats rend les confusions difficiles, pourtant l’identification phytosociologique ne semble pas toujours facile, spécialement lorsque le nombre des espèces est faible. Il n’est en effet pas rare d’avoir à faire à une végétation monospécifique (pariétaire) ou limitée à un très petit nombre d’espèces.

Dynamique

La dynamique est faible voire nulle lorsque la végétation muricole est installée ; les interventions humaines souvent drastiques peuvent entrainer par contre une réinstallation puis une évolution rapide de cette même végétation.

Sur les ruines laissées à l’abandon, on assiste à l’évolution vers un mileu préforestier avec l’installation d’espèces arbustives puis d’arbres correspondant au manteau.

Espèces indicatrices

[plante2] (Centranthus rubrer) , (Cheiranthus cheiri), (Corydalis lutea), (Corydalis ochroleuca), (Cymbalaria muralis), (Dianthus caryophyllus), (Erigeron karvinskianus), Parietaria judaica, Umbilicus rupestris
[plante1] Asplenium adiantum-nigrum, Asplenium ruta-muraria, Asplenium ceterach, Hedera helix, Polypodium cambricum, Polypodium interjectum, Polypodium vulgare, Sedum acre
[briophytes] Anomodon viticulosus, Bryum caespiticium, Bryum capillare, Didymodon rigidulus, Didymodon vinealis, Grimmia crinita, Grimmia orbicularis, Grimmia pulvinata, Homalothecium sericeum, Hypnum cupressiforme, Orthotrichum anomalum, Pseudocrossidium revolutum, Schistidium apocarpum, Tortula muralis, Trichostomum crispulum
[mammiferes] Eliomys quercinus, Myotis mystacinus, Myotis nattereri, Pipistrellus ssp., Plecotus austriacus, Suncus etruscus
[mollusques] Balea perversa, Chilostoma squamatinum, Clausilia rugosa parvula, Lauria cylindracea, Pupilla bigromata, Pupilla triplicata, Pyramidula spp.
[reptiles] Hierophis viridflavus, Podarcis muralis
[oiseaux] Athene noctua, Petronia petronia, Phoenicurus ochruros, Phoenicurus phoenicurus, Troglodytes troglodytes
[arachnides] Segestria ssp.
[coleopteres] Anthophora ssp., Osmia ssp., Sitaris muralis,

Valeur biologique

Ces habitats abritent une flore et une faune constituées d’espèces pouvant paraître banales, pourtant ils constituent des témoins des écosystèmes qui ont accompagné l’homme au
cours des temps historiques dans ses installations en milieu
urbain.

Actuellement, ils participent grandement au maintien de corridors biologiques en secteur urbain.

Menaces

La menace principale vient des réfections qui sont menées au nom de la modernisation et de l’embellissement et qui ont entrainé un ravalement des murs tant en ville que dans la plupart des communes rurales. En rase campagne de nombreux murs de pierre sèche ont également été sacrifiés au bénéfice des remembrements.

Statut régional

Ces habitats ne sont pas recensés au titre des inventaires naturalistes et à ce titre sont souvent mal connus ; leur fonction dans le maintien d’une biodiversité dite « ordinaire » est mise à mal un peu partout, elle est pourtant incontestable, ils mériteraient donc d’être sérieusement répertoriés.
En Poitou-Charentes, les secteurs où les parcelles agricoles sont délimitées par des murs de pierre sèche sont rares, on les rencontre encore dans certaines parties des Deux Sèvres et de la Vienne. Les vieux murs sont toujours en secteur bâti.

Les vieux murs sont le lieu de naturalisation de nombreuses espèces végétales introduites depuis longtemps pour leurs vertus décoratives ou médicinales

 

Grottes et cavités artificielles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les grottes et les cavités artificielles ont une physionomie et des conditions de température et d’hygrométrie qui leur sont particulières.

Les grottes naturelles sont issues de la dissolution de la roche calcaire formant ainsi un réseau karstique. La région Poitou-Charentes compte plusieurs centaines de grottes naturelles. Leur développement reste cependant assez modéré si on le compare avec celui des cavités d’autres régions plus connues pour la pratique de la spéléologie, telles que celles Var ou de l’Aveyron. Les grottes se caractérisent par l’absence ou presque de lumière, une température généralement stable, une absence de courant d’air et une hygrométrie souvent élevée.

La combinaison de ces critères correspond aux exigences écologiques des chiroptères en hibernation, mais aussi en période de reproduction pour certaines espèces. Les chauves-souris cavernicoles recherchent en hiver des gîtes pourvus d’une ambiance fraîche et humide (10°C ; 80% d’humidité), une grande tranquillité et une absence de courant d’air. Une température plus élevée est indispensable pour la période de reproduction.

Les grottes comportent souvent des passages étroits parfois inaccessibles pour l’homme et permettant généralement la communication entre des « salles » de plus grands volumes.

Certaines grottes sont parfois caractérisées par le passage de rivières souterraines ou la présence d’une nappe phréatique.

L’entrée des grottes naturelles est généralement insérée au sein des parois rocheuses ou simplement se présente sous forme d’un gouffre situé à même le sol.

Les cavités artificielles, très nombreuses dans la région, se présentent généralement sous la forme de galeries labyrinthiques, hautes de plafond (2 à 3 mètres, quelques fois plus) avec un développement qui peut atteindre plusieurs kilomètres avec peu ou pas de dénivelé. La lumière y est là aussi absente, sauf dans les premiers mètres après l’entrée, la température généralement stable peut néanmoins connaître des écarts plus importants à la proximité des entrées et des puits d’aération. Ces derniers peuvent d’ailleurs être à l’origine de courants d’air qui parcourent une partie ou la totalité des galeries.

L’hygrométrie est généralement moins importante que dans les cavités naturelles.

Les cavités naturelles et artificielles de la région Poitou-Charentes constituent, en hiver, le milieu de prédilection des chauves-souris cavernicoles dont elles accueillent d’importantes populations. Par ailleurs quelques cavités naturelles abritent aussi de fortes colonies de reproduction. Ces populations sont, pour certaines espèces, d’intérêt national. Par conséquent, plusieurs de ces gîtes sont désignés comme sites à haute valeur patrimoniale (site Natura 2000, ZNIEFF, Site CREN).

Phytosociologie et correspondances typologiques

CORINE 1991

65.4 Grottes naturelles

88 Espaces souterrains artificiels (carrières, mines…)

Directive Habitats 1992

8310 Grottes non exploitées par le tourisme

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible avec un autre habitat naturel. Les abris sous roche sont très peu profonds et ne sont pas considérés pas comme des grottes car la lumière y pénètre dans leur totalité ou quasi-totalité. Généralement, ces excavations sont moins riches en biodiversité faunistique car elles ne réunissent pas les conditions nécessaires à l’hivernage ou la reproduction des chiroptères. Ces abris peuvent néanmoins accueillir temporairement quelques individus de chauves-souris en période de transit entre les gîtes d’été et d’hiver ou être utilisés comme gîtes secondaires au cours des nuits de chasse.

Dynamique

La dynamique végétale est nulle car la lumière ne permet pas à la végétation de se développer. Seules les entrées de grottes peuvent accueillir quelques fougères, accompagnées de quelques bryophytes, tant que l’apport de lumière reste suffisant. L’ouverture d’une entrée nouvelle va donc perturber l’équilibre de la grotte en créant un puit de lumière, mais aussi en favorisant l’apparition de courants d’air, en diminuant les conditions d’hygrométrie et en rendant la grotte plus vulnérable aux écarts de température. De telles ouvertures vont donc généralement nuire à la richesse biologique de la grotte.

Espèces indicatrices

[mammiferes] En hibernation : Barbastella barbastellus, Eptesicus serotinus, Miniopterus schreibersi, Myotis bechsteini, Myotis blythii, Myotis daubentoni, Myotis emarginatus, Myotis myotis, Myotis mystacinus, Myotis nattereri, Nyctalus lasiopterus, Nyctalus leisleri, Nyctalus noctula, Pipistrellus kuhlii, Pipistrellus nathusii, Pipistrellus pipistrellus, Plecotus auritus, Plecotus austriacus, Rhinolophus euryale, Rhinolophus ferrrumequinum, Rhinolophus hipposideros
En reproduction : Rhinolophus euryale, Miniopterus schreibersi, Myotis emarginatus, M.myotis, Rhinolophus ferrumequinum
Meles meles, Vulpes vulpes
[oiseaux] Chouette effraie (Tyto alba), Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes)
[lepidopteres] La Découpure (Scoliopteryx libatrix) ; en hibernation : Paon du jour (Inachis io), Vulcain (Vanessa atalanta)
[arachnides] Meta bourneti, Meta menardi

Valeur biologique

Les grottes naturelles et, parfois, les cavités artificielles jouent un rôle prépondérant pour le maintien des populations de chauves-souris. Ces mammifères sont tous protégés et figurent aux annexes II et/ou IV de la Directive européenne Habitats Faune-Flore.

Les grottes constituent des gîtes de reproduction ou d’hibernation, parfois simplement des gîtes temporaires pour les chauves-souris. Selon les espèces, elles sont fréquentées plutôt l’hiver ou plutôt l’été, soit par des colonies de mâles soit par des colonies de reproduction, et parfois les deux pour les espèces qui se reproduisent dans les cavités naturelles.

Certaines cavités de la région Poitou-Charentes abritent des colonies de chauves-souris dont les effectifs sont d’importance nationale et européenne.

Les grottes, outres les chauves-souris, accueillent une faune comprenant des espèces très spécialisées telles que l’Araignée cavernicole Meta menardi qui vit et chasse dans les grottes ou encore la noctuelle (lépidoptère) nommée « la Découpure » Scoliopteryx libatrix. Quelques papillons de jour fréquentent les grottes pour y passer la mauvaise saison comme le Paon du Jour ou le Vulcain. Certains animaux comme le Loir fréquentent les entrées de grottes où la lumière est faible mais encore présente. Le Blaireau, le Lapin ou le Renard peuvent à l’occasion y creuser leur terrier. Des oiseaux peuvent même y nicher à l’image du Troglodyte mignon ou du Rougequeue noir. Enfin les grottes peuvent servir d’abri à quelques amphibiens pour passer l’hiver.

Menaces

La fréquentation humaine est à l’origine de dérangements parfois fatals au sein des colonies de chauves-Souris. Les périodes hivernale et estivale sont particulièrement sensibles. Les chauves-souris plongées en léthargie hivernale vont utiliser l’énergie utile à leur hibernation à chaque réveil occasionné par d’éventuels dérangements. Cela peut compromettre leur survie lors du réveil printanier car elles sont alors trop faibles pour aller chasser. L’été ce sont les jeunes encore non volants qui sont menacés par l’affolement de la colonie qui risque de les faire tomber (à terre) sans possibilité d’en réchapper.

D’autres activités humaines parfois observées dans les cavités artificielles telles que le feu, l’organisation de soirées improvisées (« rave party »)… sont autant de menaces qui peuvent peser sur leur richesse biologique.

L’aménagement des grottes (création d’ouverture ou de nouvelles entrées) peut enfin modifier les conditions internes (température, hygrométrie) à un tel point qu’elles deviennent défavorables à l’installation d’une colonie de chauves-souris pour les années à venir.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est localisé aux régions au sous-sol calcaire. La Charente et la Vienne sont les départements où cet habitat est le plus fréquent. En revanche, en Deux-Sèvres, les grottes sont plus rares.

Les sites les plus remarquables sont intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : grotte de Rancogne, Fosse Mobile, grotte de Grosbot
17 : carrière de l’Enfer, carrière de Fief de Foye
79 : carrières de Loubeau
86 : carrières des Pieds Grimaud, grottes de la basse vallée de la Gartempe, de la vallée de l’Anglin, carrière des Lourdines

 

Parois siliceuses

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les parois rocheuses siliceuses du Poitou-Charentes sont principalement composées de roche granitique et plus localement de formations géologiques schisteuses. Ces falaises verticales ne permettent l’installation de la végétation qu’à l’occasion des fissures de la roche et les végétaux y sont plutôt dispersés, localisés et discrets. Le sol issu de la dégradation de la roche est pauvre en bases et en nitrates. L’enrichissement en matières azotées contribue à la variabilité de l’habitat en favorisant la présence de plantes nitrophiles au détriment du cortège spécifique caractéristique. Les plantes vasculaires sont représentées surtout par les fougères accompagnées d’une certaine abondance de lichens et de bryophytes. Selon l’exposition et les conditions d’humidité, les périodes de sécheresse peuvent être prolongées et les amplitudes thermiques parfois importantes (conditions héliophile et thermophile), ce qui favorisent la présence d’une flore particulièrement spécialisée tels que les sedums ou le Nombril de Vénus. En revanche, certaines espèces supportant mal la dessiccation, telles que la Doradille de Billot Asplenium obovatum subp. billotii vont préférer les roches très ombragées et dont les fissures collectent les eaux de pluie.

En Poitou-Charentes, l’habitat est entièrement regroupé dans les falaises eu-atlantiques siliceuses (Asplenio billotti-Umbilicion rupestris) et se décline en 2 associations végétales et plusieurs groupements à statut incertain :

  • en conditions thermophiles et héliophiles, communauté à Umbilicus rupestris et Silene vulgaris ssp. bastardii ( Umbilico rupestris-Silenetum bastardii )
  • en conditions hygrophiles-sciaphiles, communauté à Asplenium obovatum ssp. billotii et Umbilicus rupestris (Umbilico rupestris-Asplenietum billotii).

Au titre des groupements de statut incertain, il faut mentionner une communauté à Polypodium cambricum (existe aussi sur rochers calcaires mais avec une composition floristique différente), une communauté appauvrie ne possédant que quelques Asplenium et/ou Polypodium vulgare.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF2004

ASPLENIETALIA SEPTENTRIONALIS Oberdorfer al. ex Loisel

Asplenio billotii-Umbilicion rupestris de Foucault

Umbilico rupestris-Silenetum vulgaris ssp. bastardii (Godeau) de Foucault, Godeau Bouzillé in de Foucault

Umbilico rupestris-Asplenietum billotii de Foucault

CORINE 1991

62.21 Falaises siliceuses des montagnes médio-européennes

62.212 Falaises siliceuses hercyniennes

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

8220-13 Végétation chasmophytique des pentes rocheuses silicicoles

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible avec un autre habitat naturel. Les falaises siliceuses, outre la nature de la roche, présentent une végétation relativement différente des parois calcaires, composée en autres d’Asplenium septentrionale, Umbilicus rupestris ou encore d’Asplenium obovatum subsp. billotii. Certaines fougères, apparemment indifférentes à la nature de la roche, telles que Asplenium trichomanes, ont en fait différencié des sous-espèces distinctes selon le substrat : ssp.quadrivalens sur calcaire et ssp.trichomanes sur silice.

L’abondance des lichens caractérise assez souvent les parois siliceuses, contrairement aux parois calcaires où ils sont généralement moins fréquents.

Dynamique

La végétation des parois siliceuses peut se développer grâce à l’accumulation d’humus et de particules minérales au sein des fissures de la roche. Le sol est donc de très faible profondeur parfois même quasi inexistant et ne permet généralement pas l’installation d’espèces ligneuses hormis peut être quelques Ericacées dans les anfractuosités les plus prononcées.

La dynamique naturelle de ce type d’habitat est donc quasiment stable.

Il arrive parfois que le lierre « escalade » la falaise pour former une nappe dense et uniforme au détriment de la végétation chasmophytique des parois.

Espèces indicatrices

[plante2] *Asplenium foreziense, *Asplenium obovatum subp. billotii, *Asplenium septentrionale, Asplenium trichomanes ssp trichomanes, Micropyrum tenellum, Sedum album, sedum rupestre, Umbilicus rupestris
[plante1] Coincya cheiranthos, Digitalis purpurea
[briophytes] Amphidium mougeotii Barbilophozia attenuata, Barbilophozia barbata, Bartramia pomifera, Campylopus pilifer, Campylopus polytrichoides Cynodontium bruntonii, Dicranoweisia cirrata, Diplophyllum albicans, Grimmia decipiens, Grimmia laevigata, Grimmia montana, Hedwigia ciliata, Jamesionella autumnalis, Marsupella emarginata, Metzgeria conjugata, Plagiothecium nemorale, Plagiothecium succuletum, Pterogonium gracile, Racomitrium heterostichum, Racomitrium lanuginosum, Scapania compacta, Schistostega pennata, Targionia hypophylla, Tritomaria quinquedentata
[lichens] Buellia sp., Chrysothrix candellaris, Cladonia coccifera gr, Diploschistes scruposus, Lecanora orosthea, Lepraria sp., Parmelia conspersa, Parmelia omphalodes, Parmelia pulla, Pertusaria lactea, Rhizocarpon gr.geographicum, Tephromela atra, Umbilicaria pustulata
[champignons] Geopora arenosa

Valeur biologique

Les parois rocheuses siliceuses abritent une flore originale et très spécialisée participant à la biodiversité ordinaire mais aussi patrimoniale du Poitou-Charentes. Certaines espèces sont en effet rares à très rares pour la région, telles que la Doradille de Billot Asplenium obovatum subsp. billotii disséminé en quelques localités au sein du Poitou-Charentes et la Doradille du Forez Asplenium foreziense connue seulement d’une unique station contenant une seule touffe.

Les parois rocheuses servent par ailleurs de support de nidification à certains oiseaux rares dans la région et protégés tels que le Faucon pèlerin ou simplement d’habitat de chasse et d’hivernage à d’autres espèces non nicheuses.

Menaces

La végétation des parois rocheuses se développe sur un sol quasi inexistant et de ce fait est très sensible à l’érosion et au piétinement. Quelques exemples en région Poitou-Charentes montrent que la pratique intensive de « sports de nature » tels que l’escalade sur ce type de parois nuit au maintien de cet habitat naturel sensible en bon état de conservation d’autant que la pratique de ce sport est parfois accompagnée de traitements herbicides de la roche.

Les plantes à croissance relativement difficile et lente mettront beaucoup de temps à recoloniser ce type de milieu après de telles perturbations d’origine anthropique.

La proximité des activités humaines telles que la présence d’une zone urbaine dans l’environnement proche des falaises constituent parfois une menace de banalisation des espèces de cet habitat soit par apparition d’espèces exogènes envahissantes échappées des jardins voisins, soit par une gestion plutôt « jardinée » pratiquée parfois par les services d’entretien municipaux. Ce type de gestion se traduit souvent par l’introduction d’espèces horticoles et par l’usage d’herbicides.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est localisé aux affleurements cristallins présents aux confins du Limousin des départements de la Charente et de la Vienne, mais aussi à la faveur de discordances géologiques (Ligugé, 86) ou encore au sein de la Gâtine Poitevine dans le département des Deux-Sèvres. Il manque totalement en Charente-Maritime.

Sites remarquables :

16 : gorges de l’Issoire (St Germain-de-Confolens), vallée de la Tardoire
79 : vallée de l’Argenton (nombreux sites), vallée de la cascade de Pommiers
86 : Iles de Pont (Ligugé), vallée de la Gartempe (Lathus-Saint-Rémy, Saulgé)

Les parois siliceuses abritent 2 fougères rares en région Poitou-Charentes

 

Parois calcaires

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Les falaises calcaires du Poitou-Charentes sont pour la plupart composées de calcaire du Jurassique moyen et supérieur qui a la propriété d’être assez dur et de calcaire plus tendrecomme le tuffeau du Crétacé supérieur. Ces parois sont souvent façonnées par l’érosion qui permet le rajeunissement du milieu. Le substrat issu de la dégradation de la roche est riche en base et généralement pauvre en azote. L’enrichissement en matières azotées est un facteur de variabilité et favorise l’apparition de plantes nitrophiles ( Parietarietalia judaicae ) telles que Chelidonium majus et/ou Geranium robertianum. L’exposition au soleil et les conditions d’hygrométrie influent sur la composition spécifique de la végétation des parois calcaires. Cette dernière héberge souvent des espèces naturalisées échappées des jardins telles que Centranthus ruber, Dianthus caryophyllus, Cheiranthus cheiri ou encore le figuier Ficus carica, parfois naturalisé dans certaines falaises du sud de la région.

On distingue 2 types de communautés différentes pouvant s’installer sur ces parois selon le niveau d’éclairement. La première, plutôt héliophile et thermophile, se rencontre sur les falaises continentales sèches ( Potentilletalia caulescentis ) avec Asplenium ruta-muraria, Parietaria judaica et Ceterach officinarum. La végétation, composée surtout de plantes vasculaires, est généralement clairsemée et localisée au niveau des fissures.

La seconde, sciaphile, comprend au moins 5 communautés végétales distinctes, dont 4 sont rares et localisées :

  • une communauté basale, répandue, à Scolopendre et divers Asplenium, colonisant les rochers calcaires forestiers de toute la région ;
  • une communauté à Polypodium cambricum, thermo-sciaphile, connue surtout dans la moitié sud de la région ;
  • une communauté à Asplenium trichomanes ssp.pachyrachis, continentale-thermophile, connue seulement des environs de Poitiers, d’ Angles-sur-l’Anglin et d’Angoulême ;
  • une très rare communauté à Cystopteris fragilis, et diverses autres fougères, de talus forestier en ambiance climatique fraîche (nettes affinités avec la végétation des falaises calcaires ombragées collinéennes ou montagnardes) ;
  • une communauté thermophile et hygrophile se développant au niveau de suintements ombragés et de sources calcaires, généralement en exposition sud et dominée par Adiantum capillus-veneris (Adiantetea capilli-veneris). L’abondance de cette fougère facile à reconnaître confère à ce groupement végétal une physionomie en forme de draperie tout à fait particulière. Cette communauté, d’origine méditerranéenne, est surtout répandue en Charente (environs d’Angoulême) mais elle se raréfie fortement plus au nord.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF2004

ADIANTETEA CAPILLI-VENERIS Braun-Blanquet

ADIANTETALIA CAPILLI-VENERIS Braun-Blanquet

Adiantion capilli-veneris Braun-Blanquet

ASPLENIETEA TRICHOMANIS Br.-Bl. In Meier Braun-Blanquet

POTENTILLETALIA CAULESCENTIS Br.-Bl. In Braun-Blanquet Jenny

Potentillion caulescentis Br.-Bl. In Braun-Blanquet Jenny

Cystopteridion fragilis (Nordhagen) Richard

PARIETARIETALIA JUDAICAE Rivas-Martinez ex Rivas-Goday

Parietario judaicae-Centranthion rubri Rivas-Martinez

CORINE 1991

62.1- Végétation des falaises continentales calcaires sèches
62.51– Falaises continentales humides méditerranéennes
62.52– Falaises continentales humides septentrionales

Directive Habitats 1992

8210– Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible avec un autre habitat naturel. En effet les falaises calcaires se distinguent non seulement par la nature de la roche mais aussi par une végétation relativement différente des parois siliceuses, même si quelques fougères, indifférentes à la nature de la roche, telles que Asplenium trichomanes, peuvent être présentes dans les deux cas.

D’autre part, quelques espèces des falaises humides septentrionales se retrouvent au sein d’autres habitats naturels, souvent en contact avec ce dernier lorsqu’elles sont insérées en contexte forestier. Il s’agit des forêts de pentes sur calcaire ( Tilio-acerion  ; COR : 41.41) dont la strate herbacée comporte aussi une certaine abondance de Phyllitis scolopendrium.

Dynamique

L’érosion naturelle des parois calcaires contribue au rajeunissement permanent de la végétation. D’autre part, le sol de très faible profondeur, parfois quasi inexistant, ne permet généralement pas l’installation d’espèces ligneuses. Dans les fissures les plus profondes et les plus stables, ou sur des corniches, les ligneux arrivent tout de même à s’installer pour former des fourrés de corniche tels que les fourrés à Prunus mahaleb, Rhamnus alaternus, Rhamnus saxatilis (en Charente seulement) ou sous une forme plus nitrophile à Ulmus minor et Sambucus nigra.

Dans le cas de fissures prononcées ou lorsque que la pente devient moins abrupte il est possible d’observer une végétation proche de celle des corniches caractérisée par la présence de divers sedums et parfois même celle des pelouses sèches calcicoles (pelouse à Seslérie bleue, par exemple).

Enfin, il arrive parfois que le lierre « escalade » la falaise pour former une nappe dense et uniforme au détriment de la végétation chasmophytique caractéristique de ce type de parois.

Espèces indicatrices

[plante2] *Adiantum capillus-veneris , Asplenium adiantum-nigrum, Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes ssp.pachyrachis, Asplenium trichomanes ssp.quadrivalens, Ceterach officinarum, *Cystopteris fragilis, Parietaria judaica, Phyllitis scolopendrium, Polypodium cambricum, Polypodium interjectum, Sedum album, Sedum rupestre, Silene nutans
[plante1] *Campanula rotundifolia, Cardamine hirsuta, Centranthus ruber, Cheiranthus cheiri, Cymbalaria muralis, Dianthus caryophyllus, Draba muralis, Ficus carica, Geranium lucidum, Geranium robertianum, Hedera helix
[briophytes] Anomodon viticulosus, Cephaloziella baumgartneri, Conocephalum conicum, Didymodon tophaceus, Eucladium verticillatum, Fissidens gracilifolius, Frullania dilatata, Grimma crinita, Grimmia orbicularis, Grimmia tergestina, Gymnostomum calcareum, Gyroweisia tenuis, Jungermannia atrovirens, Leptobarbula berica, Orthotrichum anomalum, Porella arboris-vitae, Porella platyphylla, Radula complanata, Scorpidium circinatum, Seligeria pusilla, Southbya nigrella, Southbya tophacea, Tortella inflexa, Tortella nitida, Tortella tortuosa, Tortula marginata, Weisia crispata
[lichens] Aspicilia calcarea, Caloplaca heppiana, Caloplaca saxicola, Collema cristatum, Lecanora crenulata, L. dispersa, Opegrapha sp., Placynthium nigrum, Protoblastenia rupestris, Verrucaria glaucina, V. nigrescens
[mollusques] Abida secale, Chilostoma squamatinum, Chondrina avenacea, Cochlostoma septemspirale, Granopupa granum, Helicigona lapicida, Pyramidula spp.

VALEUR BIOLOGIQUE

Les parois rocheuses calcaires sèches ensoleillées ( Potentilletalia caulescentis ) abritent une flore originale et très spécialisée participant à la biodiversité ordinaire du Poitou-Charentes. Certaines fougères comme les Asplenium trouvent ici leur milieu de prédilection avec les vieux murs en pierres calcaires qui constituent un milieu de substitution à ce type de végétation.
Les suintements et une exposition ensoleillée (thermophile mais pas héliophile stricte) sur parois calcaires font partie des exigences écologiques d’Adiantum capillus veneris, petite fougère inscrite sur la Liste Rouge des espèces rares et menacées de la région Poitou-Charentes.

Les parois rocheuses servent de support de nidification à certains oiseaux rares dans la région et protégés tels que le Faucon pèlerin, ou simplement d’habitat de chasse et d’hivernage à d’autres espèces telles que le Tichodrome..

Menaces

La végétation des parois rocheuses se développe sur un sol quasi inexistant et de ce fait est très sensible à l’érosion et au piétinement. Ainsi, la pratique – parfois intensive à la bonne saison – de « sports de nature » tels que l’escalade, peut porter préjudice à ce type d’habitat, d’autant qu’elle est parfois accompagnée de traitements herbicides de la roche. Les plantes, à croissance relativement difficile et lente, mettront beaucoup de temps à recoloniser ce type de milieu après de telles perturbations anthropiques.

La proximité des activités humaines telles que la présence d’une zone urbaine dans l’environnement proche des falaises contribue parfois à la banalisation des espèces de cet habitat soit par apparition d’espèces exogènes envahissantes échappées des jardins voisins soit par une gestion plutôt « jardinée » de ces espaces parfois pratiquée par les services municipaux. Ce type de gestion se traduit souvent par l’introduction d’espèces horticoles et par l’usage d’herbicides.

Statut régional

En Poitou-Charentes, région de plaine, ce type de milieu est rare et disséminé, malgré l’importance des sédiments calcaires. C’est en Charente qu’il est le mieux représenté, puis en Vienne et en Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, pour partie situés sur le socle armoricain, faisant figure de « parent pauvre »

Sites remarquables :

16 : vallées des Eaux Claires, de l’Anguienne, de la Boême (environs d’Angoulême)
17  : falaises de Meschers (estuaire Gironde)
86 : Vallée de l’Anglin, Rocher du Porteau à Poitiers, coteau de Mauroc à St Benoit

Deux faciès contrastés de l’habitat

Deux fougères rares des falaises calcaires régionales

 

Forêts de pin maritime

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

La forêt de Pin maritime et Chêne vert correspond à une formation mixte qui se développe au niveau de la dune boisée sur une bonne partie du littoral centre atlantique où elle constitue un habitat endémique. On observe là le résultat d’une gestion forestière ancienne sur des sables d’origine marine modelés par le vent en dunes ayant souvent de fortes teneurs en calcaire (sables coquilliers) et fixés par les plantations.

Les forestiers y ont favorisé une espèce pionnière, le Pin maritime Pinus pinaster au détriment du Chêne vert Quercus ilex, espèce climacique. La bordure maritime est parfois occupée par une chênaie verte pure, le chêne présentant une meilleure résistance aux embruns. Le chêne se développe volontiers sous le couvert bien éclairé du boisement de pins maritimes. Le pin, espèce héliophile disparaît par contre en sous bois de chêne vert.

L’importance variable de l’une ou l’autre espèce favorise selon les cas le développement en sous bois d’espèces fortement héliophiles (daphné, cistes, troène, clématites en sous bois de pin) ou au contraire plus ou moins sciaphiles (fragon petit houx, chèvrefeuille des bois, lierre, en sous bois de Chêne vert). La flore herbacée est riche en Orchidées (Céphalanthère rouge Cephalanthera rubra, Céphalanthère à feuilles en épée Cephalanthera longifolia, Epipactis à fleurs pendantes Epipactis phyllanthes, Platanthère à fleurs verdâtres Platanthera chlorantha). Un parasite, le Monotrope sucepin Monotropa hypopitys, peut également y être observé. S’y ajoutent un peu partout des espèces nitrophiles ou liées au piétinement qui témoignent d’une importante fréquentation humaine liée à l’explosion d’activités ludiques dites « vertes » (Centaurée rude Centaurea aspera et Queue de lièvre Lagurus ovatus indiquée rare par les botanistes du XIXème siècle). Les espèces de lisière pénètrent plus ou moins profondément en suivant les allées forestières (Clématite flamme Clematis flammula, Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum…)

La forêt de Pin maritime des Landes correspond à une formation en grande partie artificielle liée à la plantation de résineux pour une production rapide de bois sur des terrains privés (à 99% selon le CRPF) sur une superficie de 29000 ha sur le sud de la Charente Maritime et le sud ouest de la Charente. Toujours selon le CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière) le Pin maritime occupe 65% des boisements sur un territoire boisé à plus de 47 %. Il y a là une politique forestière qui a consisté à privilégier de manière très importante une espèce, le Pin maritime, dont l’indigénat sur le secteur est considéré comme vraisemblable. Ces boisements ont été favorisés sur des sols acides (pH voisin de 5) correspondants aux sables argilo-sableux du Tertiaire. Ces sols toujours ingrats, souvent hydromorphes, ont donné lieu à une forte et ancienne déprise agricole. Cette culture mono spécifique du pin a été remise en cause par les techniciens avec quelques difficultés sans attendre les importants dégâts occasionnés par les récents ouragans (décembre 1999) qui ont mis à mal ces plantations fragiles parce qu’équiennes.

Le sous bois peut se trouver totalement absent dans les plantations très jeunes n’ayant pas encore subi de dépressage. En futaie régulière, apparaissent les espèces du fourré acidiphile et en futaie claire les espèces climaciques avec le châtaignier, le chêne pédonculé ou le chêne tauzin.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • QUERCETEA ILICIS Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
    • Querco ilicis-Pinenion maritimi Géhu &Géhu-Franck
      • Association : Pino pinastri-Quercetum ilicis

COR 1991

  • 42.811 : forêts de Pins et de Chênes verts des Charentes
  • 42.813 Plantations de Pins maritimes des Landes

Directive habitat et Cahiers d’habitats

  • 2180 Dunes boisées littorales thermo–atlantiques à chêne vert

Confusions possibles

Aucune confusion n’est possible pour ce qui est de l’habitat type de Pin maritime et Chêne vert sur le littoral et encore moins pour la
plantation mono spécifique artificielle de pin maritime des landes.

Dynamique

La forêt dunaire peut être soumise à une dynamique naturelle sur sa façade littorale.

La gestion forestière peut entraîner une forte dynamique du pin au détriment du chêne.

Espèces indicatrices

[plante2] *Arbutus unedo, Cephalanthera longifolia, Cephalanthera rubra, *Cistus monspeliensis, Daphne gnidium, *Epipactis phyllantes, Juniperus communis, Monotropa hypopitys, *Osyris alba, Pinus pinaster, *Phillyrea angustifolia, Quercus ilex, Rubia peregrina
[plante1] Anthoxanthum odoratum, Calluna vulgaris, Erica ciliaris, Genista tinctoria, Lobelia urens, Molinia caerulea, Pteridium aquilinum
[oiseaux] Caprimulgus europaeus, Dendrocopos major, Loxia curvirostra, Parus cristatus,
[coleopteres] Calosoma sycophanta, Ergastes faber, Nalanda fulgicollis
[lepidopteres] Bupalus piniara, Clavistega sylvestrana, Dendrolimus pini, Hyloicus pinastri, Petrophora chlorosata, Thaumatopea pityocampa, Thera sp.
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Ephippiger ephippiger, Leptophyes punctatissima, Oecanthus pellucens, Meconema meridionale, Pholidoptera griseoaptera
[champignons] Agaricus silvaticus, Antrodia serialis, Auriscalpium vulgare (sur cônes de pin), Cantharellus lutescens, Cortinarius cedretorum, Dacrymyces variisporus, Gomphidius glutinosus (sous épicéa), Gomphidius roseus (sous pin), Gomphidius rutilus (sous pin), Hydnellum ferrugineum, Hygrophoropsis aurantiaca, Hygrophorus latitabundus, Hypholoma capnoides, Lactarius deliciosus,Lactarius deterrimus (sous épicéa), Lactarius sanguifluus, Lactarius semisanguifluus, Leucocortinarius bulbiger (sous cèdre), Mycena seynesii (sur cônes de pin), Phaeolus schweinitzii, Phellinus pini, Pseudohydnum gelatinosum, Ramaria abietina, Ramaria fennica (sous épicéa), Ramaria gracilis, Ramaria ochraceovirens, Russula amara, Russula drimeia, Russula queletii, Russula sanguinaria, Russula torulosa, Sparassis crispa, Strobilurus esculentus (sous épicéa), Strobilurus tenacellus (sous pin), Suillus bellini, Suillus bovinus (sous pin), Suillus collinitus (sous pin), Suillus granulatus (sous pin), Suillus grevillei (sous mélèze), Suillus luteus, Suillus placidus (sous pin à 5 aiguilles), Trichaptum abietinum, Trichaptum hollii, Tricholoma auratum, Tricholoma equestre, Tricholoma myomyces, Tricholoma terreum, Tricholomopsis rutilans
[lichens] Chaenotheca ferruginea, Imshaugia aleurites

Valeur biologique

La forêt littorale de pin maritime et chêne vert constitue un habitat endémique du Poitou-Charentes (il déborde sur le sud de la Vendée ainsi que sur le nord du Médoc), ceci lui confèrant une valeur biologique de premier plan. Elle peut héberger localement des espèces végétales ou animales possédant une valeur patrimoniale comme la pirole Pyrola chlorantha ou le raisin d’ours Arctostaphyllos uva-ursi en Oléron ou des espèces à caractère méditerranéen comme les cistes.

L’ourlet à Garance et Ciste à feuilles de sauge, constitué d’un mélange d’espèces méditerranéennes et atlantiques, constitue une association originale, le RUBIO PEREGRINAE – CISTETUM SALVIFOLIAE.

Ce milieu possède une valeur paysagère autant que sociale de grande importance ce qui a amené l’Office National des Forêts à pratiquer une politique de communication suite au dépérissement du Pin maritime apparu dans les années 1990. La disparition des pins suite à plusieurs étés très secs notamment, a entraîné l’introduction de résineux de remplacement moins sensibles à la présence de coquilles calcaires dans les sables dunaires (Pin d’Alep, Pin parasol Cupressus variés…)

Un certain nombre d’espèces animales trouvent dans la forêt littorale comme dans la pinède artificielle un milieu refuge voire, pour les oiseaux, un lieu de nidification

En lisière, dans la zone de contact aves l’arrière-dune, une espèce de l’annexe II de la Directive habitats – le Cynoglosse des dunes Omphalodes littoralis – forme parfois de petites stations (Ré, Oléron).

Menaces

La forêt dunaire à Pin maritime et Chêne vert est soumise un peu partout à de fortes pressions liées à la sur fréquentation touristique, aux aménagements divers sur la dune boisée (parkings) ou à une gestion forestière favorisant l’enrésinement dans une optique productiviste.

La forêt de Pin maritime des Landes, beaucoup moins fréquentée, n’est soumise à aucune autre menace que celles des tempêtes qui, comme l’ouragan de 1999, peuvent entraîner des dégâts considérables avec chablis.

Statut régional

La forêt de Pin maritime et Chêne vert n’existe que sur la frange littorale de 17. La forêt de Pin maritime des Landes couvre plus de 40% de la Double charentaise et saintongeaise.

16 : Double charentaise

17 : Double saintongeaise pour la forêt de Pin maritime des Landes. Iles de Ré (forêts du Lizay, de la Combe à l’Eau, bois Henri IV ), d’Oléron (forêts des Saumonards, de Saint Trojan) et presqu’île d’Arvert (forêt de La Coubre – La Tremblade) pour la forêt littorale de Pin maritime et Chêne vert.

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