Messicoles du Poitou-Charentes : cahier technique

La Petite amourette est une graminée annuelle frêle et élégante, avec ses panicules composées d’épillets triangulaires vert pâle caractéristiques qui s’agitent sous l’effet du vent. Elle se développe sur des sols sableux ou argileux acides. On la rencontre en bordure des cultures de céréales et dans les jachères, mais cette espèce n’est pas strictement messicole puisqu’on peut également l’observer dans diverses zones dénudées comme les bordures de chemins ou les secteurs écorchés au sein des landes acides. Elle diffère de l’Amourette commune (Briza media) notamment par son caractère annuel et ses épillets plus petits.

En Poitou-Charentes, cette espèce cosmopolite reste toutefois peu commune et n’a pas été observée récemment dans le département des Deux-Sèvres où elle est considérée comme disparue.

La Bifora rayonnante est une plante annuelle des moissons de préférence sur sols calcaires appartenant à la famille des Apiacées. Elle ne dépasse guère les 30 cm de hauteur et présente des feuilles plusieurs fois divisées en segments étroits et allongés, des ombelles portant 4 à 8 ombellules portant elles-mêmes de nombreuses fleurs blanches. Les pétales des fleurs situées en bordure des ombellules sont beaucoup plus grands que les autres et leur donnent un aspect très asymétrique. Les fruits des Bifora sont typiquement composés de 2 graines globuleuses jointives leur donnant une forme très reconnaissable. L’espèce présentée ici ne doit pas être confondue avec le Bifora à deux coques (style très court, moins de 1 mm) dont elle diffère par la forme de ses fruits (style nettement plus long) et ses segments foliaires plus étroits.
Cette espèce thermophile fréquente les régions méditerranéennes et remonte péniblement jusqu’à nos latitudes. Avec l’intensification de l’agriculture au cours des dernières décennies, les populations françaises sont devenues très réduites. Cette plante autrefois potentiellement invasive est aujourd’hui en forte régression sur l’ensemble du territoire national. En Poitou-Charentes, l’espèce n’a été observée que dans les plaines de Moncontour et aux alentours de Poitiers dans la Vienne.

La Folle avoine est une graminée annuelle de la famille des Poacées et fréquentant préférentiellement les champs de céréales (blé et orge) sur des sols calcaires. Cette graminée germe à l’automne et est capable de passer l’hiver au stade végétatif, suivant ainsi le rythme de croissance des cultures d’hiver (céréales et colza) au sein desquelles elle se développe. Ses tiges dressées peuvent atteindre plus d’un mètre de hauteur et dépassent alors largement la culture. Cette espèce se différencie d’Avena sterilis et d’Avena sativa par ses fleurs articulées et ses glumelles velues. Elle est également très proche d’Avena barbata dont la lemme est pourvue de deux arêtes terminales remplacées par deux petites pointes membraneuses chez Avena fatua.

Le nombre conséquent de données obtenues lors de l’inventaire réalisé de 2005 à 2009 et le nombre de communes concernées par sa présence attestent du caractère commun de cette messicole dans la région. La Folle avoine forme dans les cultures des nappes denses et étendues.

L’Alchémille des champs est une plante annuelle des cultures sur sols siliceux (granite, schistes) qui fréquente également les murs et les pelouses ouvertes. Elle appartient à la grande famille des Rosacées. Cette plante au port étalé dépasse très rarement les 10 centimètres de hauteur. Elle se reconnaît aisément à la forme caractéristique des feuilles, en coin à la base et divisée en trois segments profonds et dentés. Sa racine pivotante lui permet d’aller chercher l’eau dans les profondeurs du sol. Les inflorescences sont discrètes, compactées à l’aisselle des feuilles opposées et portent des petites fleurs verdâtres sans pétale.
Un risque de confusion existe avec l’Alchémille oubliée (Aphanes australis). Elle diffère de cette dernière par ses fruits plus grands et ses stipules moins profondément incisées. A noter que ces plantes ont la capacité remarquable de produire des graines fertiles en absence de fécondation.

L’Alchémille des champs est présente et assez commune dans toute la France, excepté en région méditerranéenne où elle se fait plus rare. Elle est très commune en région Poitou-Charentes.

L’Agrostis jouet-du-vent est une Poacée (graminée) annuelle, mésophile, qui pousse sur des sols sablonneux temporairement humides, acides ou neutres. Elle germe à l’automne et est capable de passer l’hiver au stade végétatif, suivant ainsi le rythme de croissance des céréales d’hiver au sein desquelles elle se développe. Cette grande graminée dépasse largement la hauteur de la culture qu’elle colonise et tire son nom populaire de ses amples et légères panicules dont la prise au vent est maximum. La panicule est en effet étalée et pyramidale à la floraison, c’est-à-dire avec des rameaux plus allongés à la base de l’inflorescence.

Considérée assez commune dans la Vienne au début au XXe (SOUCHE, 1901) jusque dans les années 90 (BARON, 1989), sa situation semble largement s’être dégradée. Pourtant réputée envahissante et assez commune sur le territoire national, cette plante s’avère néanmoins très rare dans notre région, puisqu’elle n’a été observée que dans le département de la Vienne au cours de l’inventaire. D’autre part, signalons qu’elle est historiquement absente de la flore de Charente-Maritime.

La Buglosse azurée est une plante méridionale fréquentant préférentiellement les friches sèches calcaires mais dispose aussi d’aptitudes écologiques lui permettant de croître dans les moissons, surtout en lisière par pieds isolés. Cette plante de la famille des Boraginacées dépasse rarement un mètre de hauteur. Elle est recouverte de soies blanchâtres et raides. Les feuilles uniquement pétiolées dans le bas ont un limbe de forme oblongue à lancéolée, denté ou non. Pendant les mois chauds de l’année, cette buglosse se pare de nombreuses fleurs d’un beau bleu azur ne passant que difficilement inaperçues.

Cette plante est présente en Europe méridionale et centrale, en Asie occidentale ainsi qu’en Afrique septentrionale. Présente çà et là dans le Poitou-Charentes du siècle dernier, la Buglosse azurée, non revue en Charente et Charente-Maritime, est devenue une rareté avec seulement 3 observations depuis 2005 en Vienne et Deux-Sèvres.

La buglosse des champs appartient à la famille des Boraginacées et pousse principalement dans les moissons, mais aussi les jachères et les vignes non traitées, surtout sur sols sablonneux ou argileux acides. La Buglosse des champs ou Lycopsis est une espèce annuelle ou bisannuelle assez basse, hérissée de poils, aux feuilles irrégulièrement dentées. Ses fleurs de couleur bleu pâle, rarement blanches, sont petites et peuvent facilement passer inaperçues, d’autant que la plante est rarement abondante sur ses stations.

Ce taxon est présent dans toute l’Europe. Quoique non revue en Deux- Sèvres, la Buglosse des champs est encore assez fréquemment observée en Poitou-Charentes.

L’Ammi commun est une plante des cultures sur sols calcaires ou siliceux et semble particulièrement affectionner les cultures de tournesol et de colza. On la rencontre parfois dans les friches et les terrains vagues. Elle appartient à la famille des Apiacées (Ombellifères). Cette plante qui peut atteindre 80 cm de hauteur présente une tige striée très ramifiée et des feuilles de taille et de forme variables selon leur position : les feuilles basales sont plusieurs fois divisées avec des folioles ovales-lancéolées et les feuilles supérieures sont simplement entières et dentées. L’ombelle est composée de nombreux rayons portant chacun une ombellule densément fleurie. Les ombelles et les ombellules sont surmontées d’un ensemble de fines bractées plus ou moins divisées.
Cette espèce méditerranéenne ne s’est implantée que très récemment sur le territoire français, notamment grâce à sa capacité à résister à la plupart des herbicides. Elle reste toutefois peu commune en Poitou-Charentes mais lorsque sa présence est avérée, elle couvre souvent de vastes surfaces de cultures. Plutôt rare il y a une trentaine d’années, cette plante est en expansion dans notre région.

La Guimauve hirsute est une plante annuelle des cultures sur sols calcaires. Cette espèce n’est pas une messicole stricte. Elle fréquente aussi les friches et les pelouses des coteaux calcaires. De la famille des Malvacées, elle est reconnaissable parmi les autres espèces de cette famille à son port couché, sa forte pilosité, ses feuilles découpées, ses pétales dépassant peu du calice et ses fleurs isolées sur les pédoncules.

Présente presque partout en France, la Mauve hirsute se rencontre dans la plupart des grandes plaines du Poitou-Charentes, où elle semble assez commune. Bien que l’espèce semble en régression à l’échelle nationale, il paraît difficile de statuer sur l’évolution des populations dans notre région.

Le Vulpin des champs est une graminée assez haute (20 à 90 cm), annuelle commensale des cultures sur sols calcaires et évitant les terres trop sèches. Il possède une tige dressée et comme chez beaucoup de vulpins une forme dite genouillée ou coudée à sa base. Les feuilles sont vertes, assez longues, larges de moins d’un centimètre et scabres sur les bords et sur la face supérieure. L’inflorescence se présente comme un faux épi de 4 à 10 cm de longueur et de forme subcylindrique et effilée aux deux extrémités. L’identification de l’espèce nécessite l’emploi d’une loupe pour l’examen minutieux des fleurs.

Cette plante cosmopolite serait en expansion dans toute la France. En Poitou-Charentes, ce taxon semble particulièrement bien représenté en Vienne et plutôt disséminé dans les autres départements de la région. Le Vulpin des champs, bien que parfois abondant dans les cultures céréalières, est une espèce à surveiller.