Messicoles du Poitou-Charentes : cahier technique

La Coronille Queue de scorpion est une plante annuelle, glauque et glabre, appartenant à la famille des Fabacées. Sa tige couchée ou érigée porte des feuilles sessiles un peu charnues, les inférieures simples, les autres à trois folioles dont une beaucoup plus grande. Ses fleurs, sur pédoncule court naissant à l’aisselle des feuilles, sont disposées en couronne. Les grandes gousses très arquées, noueuses et striées, rappellent une queue de scorpion. Cette plante calcicole affectionne les champs caillouteux, mais elle n’est pas strictement messicole puisqu’on la rencontre le plus souvent au sein des pelouses et prairies sèches où elle peut parfois former des tapis denses.
La Coronille queue de scorpion, bien qu’encore présente en tant que plante messicole en Charente, mais très rare, semble absente des cultures dans les autres départements de la région, où elle se rencontre uniquement dans le milieu naturel (coteaux calcaires).

Le Pied-d’alouette est une Renonculacée annuelle, xérophile qui pousse sur des sols argilo-limoneux drainants. C’est une plante duveteuse, très ramifiée. Ses feuilles sont multifides à lanières linéaires. Ses fleurs, en panicule lâche, sont de couleur bleu violet à symétrie bilatérale avec le sépale supérieur prolongé par un long éperon. Son fruit est un follicule unique glabre aux graines noires et ridées. Le Pied d’alouette d’Ajax, espèce horticole des jardins, dont la hampe florale n’est pas rameuse comme le Pied-d’alouette royal, a parfois été rencontré dans les moissons sans être pris en compte dans le cadre de cet inventaire.

L’espèce, considérée disparue de la Charente-Maritime (SBCO, 1998), a été retrouvée dans le cadre de cet inventaire en 4 localités distinctes. Par ailleurs, elle a été observée dans la Vienne : la plaine céréalière du Mirebalais (2 localités) et aux alentours de Poitiers (deux localités). Bien que non observée dans les Deux-Sèvres, la proximité des stations recensées dans la Vienne laisse penser que cette espèce doit s’y trouver malgré tout.

Le Bleuet est une espèce annuelle qui peut être rencontrée sur différents types de sols, même s’il préfère les alluvions argilo-sableuses. Cette espèce, qui appartient à la famille des Astéracées, se repère facilement à ses hampes florales bleu foncé émergeant des cultures, le plus souvent celles de céréales ou de colza. Il se distingue des Bleuets horticoles des actuelles jachères fleuries par une seule rangée de pétales (corolle simple) et sa couleur bleu ciel.
Autrefois très présente dans les plaines de la région et dans la mémoire collective, le Bleuet s’est beaucoup raréfié en Poitou-Charentes. Il reste malgré tout l’une des plantes messicoles les plus fréquemment observées, avec des stations souvent abondantes. Cette espèce est strictement inféodée aux moissons, même si elle peut survivre quelques temps au sein des jachères.
Le Bleuet est présent dans les 4 départements du Poitou-Charentes, mais reste toutefois plus rare en Charente-Maritime et en Deux-Sèvres.

Le Caucalis à fruits aplatis est une plante annuelle des moissons sur sols calcaires. Cette plante fait partie des quelques Apiacées (Ombellifères) à fruits hérissés de petites épines. La tige est dressée, striée et ramifiée. Les feuilles sont plusieurs fois découpées en courts segments linéaires. La solide ombelle porte 2 à 3 ombellules, chacune ramifiée en rameaux aux extrémités fleuries. Les fleurs sont blanches à rosées et les fruits longs d’1 cm, épineux et sans bec. Cette espèce peut être éventuellement confondue avec les Torilis dont elle diffère par la présence sur la tige de poils étalés et non dirigés vers le bas.

La plante est présente dans toute l’Europe quoique moins fréquente dans les régions nordiques. Elle est rare en Poitou-Charentes et connue uniquement en Deux-Sèvres dans la plaine d’Airvault et en Vienne dans les plaines de la région de Civaux. Les stations bibliographiques du nord de Poitiers (Montamisé en 1995 pour la donnée la plus récente) n’ont pas été retrouvées.

La Calépine irrégulière est une Brassicacée annuelle qui pousse de préférence sur sols calcaires et colonise principalement les cultures d’hiver, notamment le colza appartenant à la même famille qu’elle. On la trouve également dans les friches et les terrains rudéralisés.
C’est une plante glabre et glaucescente. Ses feuilles basales, en rosette, sont généralement pennatilobées et les feuilles caulinaires sont dentées et embrassent la tige par deux oreillettes aiguës. Ses fleurs sont petites, blanches à pétales de taille irrégulière. Ses fruits sont des silicules en forme de citron de 3 à 4 mm de long, portés par un pédoncule arqué vers le haut.

Cette espèce eurasiatique est signalée comme assez rare à l’échelon national (JAUZEIN, 1995). En Poitou-Charentes, elle a été observée dans tous les départements où elle est assez rare à rare, hormis la Vienne où elle semble plus fréquente. On la rencontre formant parfois des tapis denses en sous-étage de culture de colza généralement cantonnée à la bordure du champ et ne laissant pas beaucoup de place à d’autres espèces.

Le souci des champs est une plante annuelle de la famille des Astéracées, haute de 15 à 30 cm, aux tiges rameuses et aux feuilles lancéolées, faiblement dentées. Ce souci sauvage fleurit de la fin du printemps jusqu’aux premières gelées et se repère facilement par ses petits capitules solitaires de 15 à 25 mm de diamètre, jaune lumineux ou jaune orangé et ne s’ouvrant qu’en présence d’un soleil radieux. La dispersion de l’espèce et son étalement en colonies sur les substrats calcaires que la plante affectionne, sont favorisés par ses fruits, des akènes, très caractéristiques avec leur forme recourbée, bordée d’ailes.

Présente en Europe moyenne et méridionale, mais également en Afrique septentrionale et en Asie mineure, le Souci des champs se rencontre dans toute la France. Il est assez commun en Poitou-Charentes, surtout affilié aux vignes non touchées par les épandages de pesticides. On le rencontre également au bord de cultures céréalières où il est souvent considéré comme le témoin de la présence passée d’anciennes vignes.

Le Buplèvre à feuilles rondes est une espèce annuelle, calcicole, plus ou moins xérophile aimant les sols argileux à argilo-limoneux bien drainés. Contrairement à ce que son apparence peut laisser penser, cette espèce appartient à la famille des Apiacées (Ombellifères).
Elle se distingue facilement du Buplèvre à feuilles ovales (2 à 3 ombelles) par ses ombelles plus nombreuses (4 à 8 ombelles).

Considéré au début du XXe siècle comme assez répandu dans la Vienne et les Deux-Sèvres (Souché, 1901), il est aujourd’hui au bord de l’extinction en Poitou-Charentes. Redécouvert en 2008 en une station d’un seul pied localisée en bordure d’un chemin d’exploitation sur la commune de Montamisé dans la Vienne, sa précédente observation datait de plus de 20 ans sur les communes de Vendeuvre (86) en 1983 et Migné-Auxances (86) en 1984 et 1986 (BARON, 1993). Un passage a été réalisé les 2 années (2009 et 2010) suivant sa redécouverte, afin de repérer à nouveau l’espèce, sans succès.

Le Buplèvre à feuilles ovales est une Apiacée (Ombellifère) annuelle qui affectionne les sols calcaires secs et caillouteux bien drainés. Cette plante semble strictement messicole et se rencontre au sein des champs de céréales et de colza où elle peut localement former des populations assez importantes. Ce buplèvre ressemble beaucoup au Buplèvre à feuilles rondes, plus rare, dont il se différencie notamment par un nombre d’ombelles plus faible (2-3).
Le Buplèvre à feuilles ovales est une plante méditerranéenne qui connaît une raréfaction importante au niveau national et dont l’état de conservation est jugé préoccupant (estimé en situation précaire dans le cadre du Plan National d’Action (ABOUCAYA et al., 2000). Contrairement au Buplèvre à feuilles rondes, pourtant plus rare dans notre région, il est présent dans un nombre restreint de départements français dont ceux du Poitou-Charentes. Notre région porte donc une certaine responsabilité quant à la préservation de cette espèce à l’échelle nationale. Ce buplèvre est présent dans les 4 départements de la région Poitou-Charentes où il reste malgré tout assez rare.

Le Brome faux seigle est une graminée annuelle ou bisannuelle, en touffes lâches, de la famille des Poacées. Les tiges sont dressées et lisses, de 40 à 100 cm de hauteur. Les feuilles sont à gaine glabre ou rarement pubescente vers le bas ; la face supérieure du limbe est glabre et sa face inférieure un peu pubescente ; la ligule est courte et irrégulièrement dentée. Son inflorescence en panicule lâche mesure de 7 à 20 cm de longueur ; ses épillets de 10 à 25 mm de longueur sont longuement pédicellés ; elle possède 4 à 11 fleurs imbriquées qui deviennent divergentes en fin de floraison ; à maturité les bords de la lemme de 7 à 9 mm de longueur sont souvent enroulés autour du caryopse qui est très épais et mesure plus de 1,5 mm de large. Sa floraison a lieu de juin à août.

On peut trouver ce Brome sur tous types de substrats. Autrefois assez répandue en France, l’espèce a considérablement régressé depuis 50 ans, elle est devenue très rare. En Poitou-Charentes, elle n’a été observée récemment qu’une seule fois, en Charente-Maritime.

Cette graminée annuelle fréquente les cultures et les friches sur sols calcaires. Dans le genre Bromus, cette espèce est reconnaissable à sa tige glabre mais velue aux nœuds, à ses feuilles planes et molles, sa ligule courte et déchirée. Les épillets linéaires-lancéolés sont assez nombreux, fixés à l’extrémité d’un long pédoncule. Au cours de la floraison, les épillets prennent une couleur rouge violacé. La panicule formée par ces épillets est lâche et pend sur 20 à 30 cm de longueur. Ce genre est difficile d’identification. Il convient donc de bien observer les fleurs sous loupe binoculaire.

Cette plante autrefois répandue dans toute l’Europe est aujourd’hui en nette régression. Au cours du siècle dernier, le Brome des champs n’a été observé qu’à 14 reprises en Poitou-Charentes et ce, presque exclusivement en Vienne.